Hey Listen Blog d'actualités sur l'art. 2016-10-20T08:00:22Z /?feed=atom WordPress Laurie Lalizou <![CDATA[Oscar Wilde, L’impertinent absolu]]> /?p=1866 2016-10-19T18:44:39Z 2016-10-20T08:00:22Z Le Petit Palais ouvre ses portes à l’écrivain irlandais Oscar Wilde, pour sa première grande exposition française permettant de découvrir sa vie et son oeuvre à travers un parcours chronologique développé en sept salles. 

Aubrey Beardsley, J’ai baisé ta bouche Iokanaan, The
Studio, n°1, avril 1893. Collection Merlin Holland

On entre dans l’exposition comme on entrerait chez Wilde : la première pièce est décorée d’un motif présent chez ce dernier et qui lui est cher, la scénographie veut ainsi nous aider à plonger dans son univers. Aussi, une multitude d’oeuvres, provenant de médiums artistiques variés (peintures, photographies, manuscrits, lettres, dessins etc..) servent cette ambition. Cependant, tout cet éclectisme ne nous immerge que très peu dans la psychologie de l’artiste, même si ses aphorismes, ponctuent toute l’exposition. Si le spectateur a une riche documentation à sa disposition, il s’agit essentiellement de (trop) courts extraits de critiques ou de (très beaux) manuscrits, mais sous vitrine. De même les explications ornant les murs de chaque salle éclairent sur les oeuvres présentées, mais restent très factuelles et biographiques.

En revanche, l’oeuvre d’Oscar Wilde, Salomé, est quant à elle bien plus développée : une salle entière lui est consacrée. Néanmoins, ce n’est pas tellement celle de Wilde que l’on y découvre, mais plus la Salomé mythologique et inspirée de ses représentations faites par l’artiste ! Il est très intéressant de voir de quelles manières l’artiste et son oeuvre sont devenus une source d’inspiration pour d’autres artistes. Salomé a ainsi permis à Aubrey Beardsley de créer un magnifique portofolio de dix-sept illustrations, exposées au Petit Palais.

Si l’oeuvre de Wilde a permis de créer d’autres d’oeuvres d’art, son image et sa personne elles-mêmes donnent aussi naissance à des productions artistiques, comme le portrait Toulouse Lautrec, ou les représentations satiriques faites de lui, lors de son séjour aux États-Unis.

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), La Danse mauresque, 1895. Panneau pour la baraque de la Goulue, à la Foire du Trône à Paris. © RMN-Grand Palais
(musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Dans un second temps, l’association des oeuvres critiquées par Wilde avec des extraits de ces critiques nous permet d’appréhender sa vision de l’art et ses goûts artistiques personnels. Par exemple, il aime, ou semble aimer les thèmes antiques – ou tardo-antiques -, que l’on retrouve dans sa critique sur la peinture de Sir William Blake Richmond, Electre sur la tombe d’Agamemnon, de 1874, mais également dans son choix du sujet pour sa pièce Salomé, à propos d’une princesse juive du Ier siècle. De même, Wilde semble développer un attrait particulier pour ce qui attrait à la poésie, à une esthétique onirique, bien plus qu’au réalisme et naturalisme. En effet, si il met en avant les oeuvres de Blake ou Evelyn de Morgan, Ils dénigrent celles de Tissot, qu’il juge trop réalistes.

Cliquer pour visualiser le diaporama.

De fait, ce n’est pas tant son caractère «d’impertinent absolu » qui est développé au Petit Palais, mais plus sa relation aux arts et sa propre aura artistique. L’exposition met également en avant des oeuvres singulières, notamment de sublimes tableaux emblématiques du courant préraphaélite, peu représenté dans les musées français.

John Roddam Spencer Stanhope (1829-1908), L’Amour
et la jeune fille, 1877. © Fine Arts museum de San
Francisco Achat du musée, du European Art Trust Fund,
du Grover A. Magnin

 


Du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017

Petit Palais – Paris

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Gaelle Hubert <![CDATA[« COMMENT BÂTIR UN UNIVERS QUI NE S’EFFONDRE PAS DEUX JOURS PLUS TARD 3/3 : ENTROPIES »]]> /?p=1849 2016-10-19T08:22:03Z 2016-10-19T08:00:39Z C’est lorsque l’on prend conscience de la déconstruction permanente de notre espace vital que l’on commence à capturer ce qui nous sert de repère, ce qui nous rassure.

Après « Simulacres » et « Relativités », Marie Koch et Vladimir Demoule consacrent le troisième volet de leur projet d’exposition aux « Entropies ». Cette dernière thématique vient s’inscrire logiquement dans la continuité de ce qui a déjà été présenté. Après avoir interrogé notre appréhension du réel et bousculé des données spatiales que nous pensions figées, les deux commissaires d’exposition nous invitent à présent à étudier comment le temps vient marquer l’espace et le dégrader. Et surtout, comment nous, humains, nous réagissons face à la déconstruction de notre univers.

L’« entropie », mesure thermodynamique théorisée par le physicien Clausius, fait état de la désorganisation d’un système. L’augmentation de l’entropie est inéluctable dés lors que le temps commence à s’écouler. On peut calquer ce mécanisme thermodynamique sur l’évolution d’un système de manière générale. Notre univers, celui dans lequel nous évoluons chaque seconde, serait donc voué à se déconstruire lui aussi. Alors qu’il nous sert de repère et qu’il nous semble infiniment stable, l’espace qui nous entoure est en constante dégradation. En prendre conscience est effrayant. Si l’humain a cette manie de capturer, d’enregistrer ce qu’il vit, c’est finalement par peur de voir son monde s’émietter sous ses pieds.

vue d'exposition, © Aurélie Cenno

vue d’exposition, © Aurélie Cenno

Par la photographie, la sculpture ou l’installation, les artistes tentent de fixer en image ou en volume ce à quoi ils tiennent. Il s’agit tant de souvenirs personnels que de données ou de lieux dont ils redoutent la perte. Pour contrer cette inquiétude, l’humain cherche inconsciemment à s’approprier l’espace en en créant des représentations. Il photographie ses proches, crée l’empreinte ou la carte de lieux escarpés, recense des statistiques sur le bonheur dans son pays… En confinant son monde dans des figurations, l’homme peut le contempler et le posséder symboliquement. Nandita Kumar, elle, a projeté dans une bouteille l’image d’un futur proche et inquiétant : celui de l’urbanisation indienne. En l’enfermant dans cet espace réduit, elle prévient autant qu’elle rassure : le futur est là, dans cette bouteille close.

Vue d'exposition, Felicie D'Estienne D'Orves, Etalon Lumière, © Aurélie Cenno

Vue d’exposition, Felicie D’Estienne D’Orves, Etalon Lumière, © Aurélie Cenno

Mais cette sauvegarde est vaine : tout se déconstruit. D’une part, les supports matériels s’altèrent avec le temps comme un disque qui tourne ou une photo qu’on découpe, d’autre part le réel lui-même se déconstruit. Alors que l’on croyait l’habiter, le monde se noie dans la quantité de représentations et de copies que l’homme en a fait. Nous ne le connaissons plus dans sa réalité matérielle et immédiate.

Les artistes tentent alors de mesurer ce temps qui passe et nous effraie. Félicie d’Estienne d’Orves se lance dans ce projet ambitieux avec son Etalon lumière. Avec la contribution d’un astrophysicien, elle rend visible, sur un mètre en acier, la vitesse de la lumière depuis la Terre jusqu’au Soleil et jusqu’à Mars. Alors que l’on pensait la vitesse de la lumière aussi immuable que la mesure d’un mètre, elle se révèle tangible. De la Terre à Mars, la lumière peut aussi bien mettre 3 secondes que 22… Le côté universel de la mesure est totalement déconstruit et nous offre une vision du temps plus large, moins anthropocentrique.

 

Vue d'exposition © Aurélie Cenno

Vue d’exposition © Aurélie Cenno

Quant à l’artiste Miao Xiaochin, il tente de dématérialiser, grâce aux outils informatiques, notre passé, notre histoire. Il se réapproprie les grandes références de l’histoire de l’art (notamment Bruegel et Raphaël) et les rassemble dans un montage vidéo sonore. Ainsi, il les confine dans un même univers (très psychédélique), sauvé dans une dimension immatérielle comme une archive. Il s’engage en même temps dans la création d’une archéologie contemporaine en représentant des brides de notre civilisation où la technologie tient une grande place. Ces images qui conjuguent passé, présent et futur forment finalement un cycle : une éternelle renaissance de notre univers après sa destruction.

Miao Xiaochun, Restart, 2008 - 2010, Vidéo, animation digitale 3D, 14’22” Courtesy de la Galerie Paris-Beijing Mention du copyright: © Miao Xiaochun

Miao Xiaochun, Restart, 2008 – 2010, Vidéo, animation digitale 3D, 14’22”
Courtesy de la Galerie Paris-Beijing
Mention du copyright: © Miao Xiaochun

Grâce à ce dernier volet, « Entropies », nous prenons conscience de ce qui mène l’homme à multiplier les projections de son propre monde. La démarche des artistes, qui font aussi face à la déconstruction de l’univers, est de tirer de cette inquiétude quelque chose de poétique et qui motive la création.


Du 5 octobre au 10 décembre 2016

Maison populaire, 9 bis rue Dombasle, 93100 Montreuil

Entrée libre

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Gaelle Hubert <![CDATA[Mini Critique #6 – Juste la fin du monde]]> /?p=1834 2016-10-16T14:08:18Z 2016-10-16T14:07:09Z Juste la fin du monde, une petite perle de Xavier Dolan …

Juste la fin du monde


Par : Xavier Dolan

Durée : 1h37

Date de sortie : 21 septembre 2016

Résumé : Après une longue absence, Louis, talentueux auteur, choisit de retrouver le nid familial. Il a une terrible nouvelle à annoncer.


Assis dans l’avion, le personnage principal joué par Gaspard Uliel annonce d’emblée la couleur. Son retour auprès de ses proches n’est pas sans motivation:  il doit leur annoncer qu’il va mourir. Quand, comment, pourquoi ?  C’est ce qui semble être l’intrigue principale du scénario.

Les retrouvailles ne sont pas sans tourmentes. Elles viennent ébranler la petite vie tranquille de sa mère, sa soeur et son frère, marié. L’arrivée de Louis réveille en chacun d’eux un passé apparemment bouleversé. Petit à petit, chacun des personnages exprime ses reproches, ses appréhensions. Comme si tous les liens qui unissaient cette petite famille gravitaient autour de l’enfant prodige enfin revenu. Alors qu’ils attendent de lui un comportement de médiateur, Louis reste dans la retenue, toujours rongé par la nouvelle qu’il ne parvient pas à formuler.

Du début à la fin, la tension du synopsis est redoublée par le style de Xavier Dolan. Cadrages très serrés, plans très lents… Tout est mis en oeuvre pour laisser au spectateur le temps de plonger dans les pensées des personnages si complexes. Esthétiquement, les lumières et les textures font de ce film une petite perle dont on reconnaît bien la marque de fabrique.

DONC ?!

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Xavier Dolan s’est entouré des plus talentueux acteurs français du moment. Donc si vous ne faites pas partie de ceux que les films d’auteur excèdent, Juste la fin du monde devrait vous faire vivre un moment fort. Vous allez rire (parfois nerveusement) et vous allez grincer des dents devant les bégaiements de Marion Cotillard. En plus,on vous laisse découvrir la fin…

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Manon Raoul http://heylisten.fr <![CDATA[Un nouveau musée pour l’art du verre – MusVerre]]> /?p=1815 2016-10-09T11:30:46Z 2016-10-09T11:30:46Z C’est à Sars-Poterie, dans le nord de la France près de la frontière belge, que ce nouveau musée à ouvert ses portes le 1er octobre 2016. Ce dernier, le Musverre, présente un atelier et un espace d’exposition autour de l’art verrier.

Le bâtiment est paré de pierres bleues du Hainaut, connues pour leur durabilité – résistant aux intempéries et à la pollution – et leur réaction face à la lumière extérieure, permettant à l’architecture d’évoluer en fonction des saisons et des heures du jour. Conçut par Raphaël Voinchet de l’agence W-Architectures, la structure présente une géométrie précise d’arrêtes ciselées rappelant la structure cristalline de la silice, la matière originelle du verre. La sobriété et l’élégance du lieu se veut serein et, depuis l’intérieur, rythmés de vues sur le jardin et les paysages alentours. L’espace mêle ainsi la transparence du verre à la nature, apportant un moment de détente au visiteur. L’architecture avait pour défi la mise en valeur des oeuvres exposées, symbolisant ainsi le lien entre un patrimoine issu de la production traditionnelle locale et la modernité liée à la création artistique contemporaine.

Le MusVerre en août 2016 © MusVerre, C. Bonami

Le MusVerre en août 2016 © MusVerre, C. Bonami

Le Département du Nord souhaitait concilier quatre problématiques clés : créer un musée s’inscrivant dans le paysage, dévoilant par son architecture seule les oeuvres présentées, un parcours riche et une visite rythmée par des vues sur la nature environnante, et enfin, des espaces distincts pour que chaque objet trouve sa place et révèle sa symbolique.

D’une surface d’exposition de 1000 m2 et d’ateliers pédagogiques, le Musverre entend augmenter son rayonnement et l’attractivité de son territoire et ainsi développer son activité culturelle, touristique et économique.

 » Dans le contexte économique et social actuel et dans une région très fragilisée, cet investissement est un véritable défi : mettre la culture au coeur d’un territoire rural, en faire un outil d’accompagnement d’une stratégie de développement qui s’appuie sur un patrimoine local spécifique et s’ouvre à la création et à l’innovation.  » – Aude Cordonnier, Directrice du Musverre.

Pour l’inauguration d’un lieu abritant à la fois des collections prestigieuses et des oeuvres qui témoignent de l’histoire industrielle verrière de Sars-Poteries (19ème et 20ème siècle), mais aussi des créations contemporaines, une demande a été faite auprès de l’artiste Ann Veronica Janssens. Elle réalise alors une installation, Six Magic Mirror et Gauffrettes, dans une approche minimaliste rappelant les oeuvres de Rafael Hefti dans l’exposition Minimal Myth. Ses créations étaient composées de plaques de verre où il apposait des filtres colorés permettant à la fois de tamiser, de réfléchir la lumière, de refléter le visiteur, etc. Hefti jouait ainsi de l’espace d’exposition, comme Ann Veronica Janssens qui répond au caractère épuré de l’architecture, en laissant « rentrer un morceau de paysage » dans le champ visuel. Ses recherches artistiques sont basées sur l’expérience sensorielle de la réalité, elle invite le spectateur à franchir un seuil nouveau, aux limites du vertige et de l’éblouissement. Elle souligne le caractère fugitif, éphémère ou fragile de notre vision de l’espace, du temps, de notre reflet qu’elle nous renvoie.

 » J’utilise les propriétés de la lumière, de la réfraction et de la réflexion pour explorer différentes perspectives de la couleur et me sers de la lumière pour qu’elle s’infiltre dans la matière afin de créer une expérience perceptive qui mette en mouvement cette matérialité et en dissolve les résistances. « 

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Magic Mirror Pink, Ann Veronica Janssens © Andrea Rossetti, Courtesy Gallery Shipper

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Patternity Irridescentlean, Rafael Hefti


76, rue du Général-de-Gaulle, 59216 Sars-Poteries

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h

http://musverre.lenord.fr/fr/Accueil.aspx

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Gaelle Hubert <![CDATA[Herb Ritts, Le photographe de la pureté]]> /?p=1804 2016-10-08T13:30:37Z 2016-10-08T13:25:59Z La Maison Européenne de la Photographie rend hommage à l’un des plus talentueux photographes contemporain à travers un parcours esthétique et lumineux…

Parcourir l’exposition consacrée à Herb Ritts, c’est se laisser submerger par toute la beauté que la photographie est capable d’offrir.

Le photographe californien, décédé en 2002, est l’auteur des clichés de mode les plus célèbres et de portraits de stars devenus iconiques. Il parvient à saisir ce que ses modèles, y compris ceux qui ont déjà été tant photographiés, ont de particulier. Il crée la photo, celle qui n’a jamais été faite, qui restera dans les mémoires et qui pourrait être regardée pendant des heures. Ceux dont Herb Ritts a capté l’image évoquent souvent une relation de confiance avec lui, si ce n’est une réelle affection.

Ce qui rend ses oeuvres si fascinantes, c’est le mélange de force et de finesse qui s’en dégagent. Il est presque déconcertant de faire face à un tel équilibre.

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Stephanie, Cindy, Christy, Tatjana, Naomi, Hollywood 1989 © Herb Ritts Foundation

Herb Ritts n’est pas un photographe du quotidien qui capturait des scènes presque au hasard en croisant les doigts. Au contraire, c’est un architecte, un sculpteur. Chacune de ses compositions est étudiée, les lignes se croisent exactement là où l’oeil aimerait les voir se croiser. On a beau chercher les imperfections de l’image, les éléments qui briseraient l’équilibre, l’oeil ne peut se détacher de cette forme pure et harmonieuse. L’artiste cherche aussi à rendre la matière, le modelé de la peau, c’est comme s’il avait choisi lui-même le marbre pour créer ses modèles.

Chaque corps, par le mouvement ou la tension qui l’anime, exprime la perfection. Les muscles en action se déploient dans l’espace et les muses aux morphologies sublimes dévoilent leur nudité. Semblables à des divinités grecques ou des héros mythologiques, les modèles de Herb Ritts incarnent le Canon de la beauté antique.

Le Beau est plus facile à ressentir qu’à définir avec des termes conceptuels. Si l’on s’attache à la théorie de Kant, il est question d’un sentiment universel et non d’un ensemble de caractéristiques esthétiques. Il existe effectivement des images dont nul ne peut nier la beauté, l’immensité. Face à un coucher de soleil sur la mer ou la montagne, chacun vit le Beau comme une expérience personnelle, tout en sachant que ce sentiment est partagé universellement. La perfection est incarnée au plus haut point dans la nature, que rien ne peut troubler. Les corps photographiés par Herb Ritts sont si exceptionnels qu’ils s’apparentent à des éléments naturels, des paysages vivants. Ils dégagent la même sérénité qu’une étendue de terre ou qu’un ciel dégagé de Californie.

Waterfall IV, Hollywood 1988 © Herb Ritts Foundation

Waterfall IV, Hollywood 1988
© Herb Ritts Foundation

On pourrait penser, à raison, qu’une telle perfection dégagerait de la rigidité. Comme une photo de classe où les élèves seraient obsessionnellement alignés et rangés par ordre de taille. Pourtant, les photographies d’Herb Ritts n’ont rien de superficiel. Au contraire, elles sont une expression de la pureté. Une pureté universelle qui naît à la fois de la perfection et de la spontanéité. C’est peut-être en cela que le travail du photographe a, comme il le disait lui-même, un caractère universel. Le jugement esthétique est dépendant des cultures et des époques, tandis que la pureté est une notion immuable.

Nous l’avons vu, le corps humain est au cœur du travail d’Herb Ritts. Au-delà de son intérêt pour l’anatomie, il travaille sur l’interaction entre le corps et son environnement, la manière dont l’un entre en contact avec l’autre. Il capte l’instantané où l’eau vient glisser sur la peau, où un tissu tendu enveloppe un corps nu. Et il étudie comment la lumière imprègne les surfaces, pour mieux la maîtriser et la réinventer.

Une technique irréprochable alliée à une sensibilité artistique comme celle-ci est rare dans l’histoire de la photographie. Le panorama des œuvres présentées à la MEP nous transporte dans un monde fait de formes pures, pour le plus grand bonheur des yeux. Si l’on peut faire un parallèle entre la photographie et la musique, Herb Ritts a véritablement l’« œil absolu ».


Du 7 septembre au 30 octobre 2016

Maison Européenne de la Photographie

Du mercredi au dimanche de 11h à 19h45

Plein tarif : 8€ ; Tarif réduit : 4,50€

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Margaux Gillet <![CDATA[Nuit Blanche 2016]]> /?p=1796 2016-09-30T11:56:11Z 2016-09-30T11:55:33Z Nuit Blanche nous propose cette d’année d’effectuer un parcours initiatique le long de la Seine à travers les créations contemporaines d’une dizaine d’artistes réunis autour de la thématique du franchissement – géographique, humain, artistique et culturel.

La 15eme édition de la Nuit Blanche est confiée à Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo, mais également commissaire d’exposition indépendant ayant notamment participé à la Monumenta du Grand Palais de 2011 – exposant une œuvre d’Anish Kapoor -, mais également à l’exposition Une brève histoire de l’avenir qui s’est tenu l’an dernier au Musée du Louvre. Il s’inspire du roman vénitien du XVe siècle Le Songe de Poliphile afin d’élaborer une trame imaginaire dans lequel le visiteur sera plongé le temps d’une nuit. Tel Poliphile dans son parcours initiatique, le visiteur sera confronté à différentes épreuves de transformation de soi, mais également à des émotions incarnées dans les oeuvres proposées.

On retrouvera notamment des œuvres réalisées par Anich Kapoor, Erwin Olaf, Christian Rizzo, Nicolas Buffe, et bien d’autres. Le parcours est répartit en plusieurs ères émotionnelles correspondant à des passages du Songe de Poliphile. Les grandes étapes de l’histoire ont d’ailleurs été adaptées par Yannik Haenel dans la nouvelle Le Retour des temps désirables, publiée sous forme de feuilletons sur 20minutes.fr et dans le journal Stylist mais que vous pouvez également retrouver sur le site de la Nuit Blanche (www.nuitblanche.paris).

En reprenant les étapes du conte initiatique italien, les différents artistes vont nous inciter au franchissement. Entre les deux berges de la Seine – axe central de ce parcours -, les différents médiums artistiques, les arts visuels et la littérature, les époques – en mêlant à la fois l’œuvre médiévale à la création contemporaine, mais aussi à l’histoire générale de Paris à travers son architecture, écrin de la manifestation culturelle.  Vous pourrez ainsi observer une installation contemporaine sur la façade de la Conciergerie, datant du début du XIVe siècle, ou encore, une projection d’Erwin Olaf sur la façade de l’Hôtel de Ville.

N’hésitez pas à préparer votre parcours sur le site de Nuit Blanche et sur leur compte Instagram @Nuitblanche2016 où ils ont créés de manière ingénieuse et graphique une carte pour vous y retrouver dans toutes ces oeuvres ! Et pour ce qui n’auraient pas le temps, rassurez vous, des médiateurs seront présent pour vous renseigner au devant des oeuvres !

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Gaelle Hubert <![CDATA[Penser l’art au féminin]]> /?p=1763 2016-10-08T13:53:33Z 2016-09-20T20:03:10Z La question féministe, objet d’un combat majeur, a acquis sa place dans les débats actuels. En dehors des champs politiques et idéologiques, le thème du féminisme s’ouvre aujourd’hui à d’autres horizons, pour le plus grand bien de notre culture historique et artistique. C’est donc sans surprise que l’on voit fleurir une ribambelle d’ouvrages et d’émissions qui se penchent sur le sujet. Les musées aussi – notamment le Centre Pompidou en 2009 – se mettent à la page en consacrant des expositions consacrées uniquement à des artistes contemporaines, dans le but d’atténuer le manque de visibilité dont elles souffrent.

L’exposition Belle de Jour, qui se tient actuellement au Musée Sainte-Croix de Poitiers, propose de redécouvrir l’art au féminin de manière plus large. Il est autant question des femmes inspiratrices que de celles qui créent et qui trouvent plus ou moins facilement leur place dans l’histoire de l’art.

Romaine BROOKS, The Weeping Venus, 1916-1917, huile sur toile Collection des musées de Poitiers Cliché N° : 984-4-1_1022-T 015, © Musées de Poitiers/Hugo Maertens, Bruges

Romaine BROOKS, The Weeping Venus, 1916-1917, huile sur toile
Collection des musées de Poitiers
Cliché N° : 984-4-1_1022-T 015, © Musées de Poitiers/Hugo Maertens, Bruges

À l’origine de toute œuvre, il y a source d’inspiration et motivation à créer. Les idées qui jaillissent de l’esprit des artistes sont multiples, mais le motif de la femme apparaît très régulièrement. Il constitue presque un genre autonome, à l’égal du paysage ou du portrait. Depuis les formes les plus primitives de l’art, la femme est célébrée pour ce qu’elle a d’unique, à commencer par sa fertilité. Les figures féminines sculptées qu’on trouve dans les cultures mésopotamienne ou égyptienne en sont le premier exemple. La corpulence évoquant la maternité est mise en avant : une poitrine opulente, des hanches larges… C’est sa force de mère nourricière qui est exaltée, faisant presque de son sexe un objet de louange. Cette symbolique divine est confirmée par l’existence de déesses comme Isis, Vénus ou, des siècles plus tard, la Vierge Marie. Dans la représentation de la femme, il y a donc une dimension spirituelle, peut-être inconsciente chez les artistes. The Wheeping Venus de Romaine Brooks prouve toutefois que de telles références peuvent être intégrées dans des œuvres modernes par choix, comme pour témoigner d’un héritage artistique qui est amené à perdurer.

Le motif féminin est également uni allégoriquement à des domaines tels que la musique, la danse ou la poésie. Ces associations ont certainement pour origine le mythe des neuf Muses, médiatrices entre les dieux et les poètes. Elles apportent aux artistes l’inspiration divine et, finalement, deviennent elles-mêmes égéries. Dans grand nombre de légendes provenant de cultures diverses, la femme est au cœur du récit pour incarner le mystère, le fantastique ou l’épique. Tout au long de l’histoire de l’art, en particulier chez les symbolistes ou les préraphaélites, les héroïnes de contes et de légendes deviennent les figures centrales des œuvres et deviennent allégories de ce qui émerveille l’homme. La peinture d’Edgard Maxence, L’Ame de la Forêt, est l’exemple parfait pour illustrer l’utilisation du motif féminin d’une manière à la fois hiératique et ésotérique.

Edgard Maxence, L'Ame de la Forêt, 1898

Edgard Maxence, L’Ame de la Forêt, 1898

Mais la puissance évocatrice de la femme ne se limite pas à ce qu’elle symbolise de plus abstrait. Sa force inspiratrice réside aussi très fortement dans son existence physique, matérielle. Elle est un être de chair et un être sensible. La volupté de son corps ou la froideur de son visage sont des sujets d’étude majeurs. Ils correspondent à la fois à l’expérience sensorielle, parfois sensuelle et à une palette d’émotions. Ils appellent donc au désir, à la contemplation ou à la répulsion. C’est ce qui explique l’importance du motif féminin dans les portraits et les nus. La représentation de la femme comprend aussi un intérêt pour les choses matérielles qui lui sont associées : robes, étoffes, chapeaux… Derrière de nombreux portraits se dissimule la volonté d’afficher une certaine richesse et un goût distingué pour l’habillage. Ce n’est certainement pas le cas de La femme à l’ombrelle rouge de Jules Chéret, qui ne nous séduit pas par le faste de ses vêtements, mais plutôt par le charme que dégage un ruban ou un tissus froissé. Le cadre de la scène contribue à séduire le spectateur dans la mesure où le modèle, surpris dans son quotidien, nous apparaît alors comme réel et accessible.

Par ailleurs, comment expliquer la fascination des artistes pour leurs muses ? Si pour certains il suffit de beaucoup d’amour (comme c’est le cas pour le couple Picasso/Dora Maar), d’autres cherchent la singularité ou le paradoxe qui produira l’étincelle. Ces derniers proviennent souvent de l’audace et de l’émancipation. Quand Tamara de Lempicka peint Kizette en rose, elle est particulièrement intéressée par l’opposition entre la tenue sage que porte sa fille et son attitude désinvolte, presque provocante. C’est en détournant les codes que Kizette crée le charme propre aux muses inspiratrices.

Camille CLAUDEL, La valse, 1893, bronze Collection des musées de Poitiers Cliché N° : 953-11-67_I2009-1622, © Musées de Poitiers/Ch Vignaud

Camille CLAUDEL, La valse, 1893, bronze
Collection des musées de Poitiers
Cliché N° : 953-11-67_I2009-1622, © Musées de Poitiers/Ch Vignaud

L’émancipation féminine dans l’histoire de l’art ne se limite heureusement pas à être un modèle légèrement effronté. Là où est la véritable révolution, c’est lorsque les femmes passent du statut d’inspiratrice à celui de créatrice. Avant le Siècle des Lumières, leur marginalisation dans le monde artistique leur vaut l’anonymat ou le manque de visibilité. L’une des premières artistes à acquérir la reconnaissance de ses confrères est Elisabeth Vigée-Lebrun, qui devient peintre officielle à Versailles. Aujourd’hui, nous redécouvrons des artistes qui sont restées injustement dans l’ombre, comme c’est la cas pour Camille Claudel. La jeune fille marche dans les pas d’Auguste Rodin, mais peine à se détacher de son maître, à qui elle voue une passion amoureuse. Elle trouve finalement son caractère propre, dont témoigne La Valse, une sculpture en bronze représentant deux danseurs tourbillonnant dans un élan fragile. Le style expressionniste de son œuvre la distingue de Rodin et la mène à son autonomie et son indépendance artistique. Elle est la preuve que la femme a sa place en tant qu’actrice dans le monde de l’art et plus seulement en tant que muse ou spectatrice.

Pourtant, les femmes artistes contemporaines restent largement sous-représentées dans les galeries et les musées. Les Guerilla Girls, un collectif d’artistes féministes, tentent d’inverser la tendance avec des affiches et des évènements marquant, véhiculant un message fort. Avec la multiplication des mouvements actifs comme celui-ci, espérons que le monde de l’art des années à venir saura se débarrasser de ses comportements discriminatoires.

Guerrilla Girls

Guerrilla Girls

On constate que l’art au féminin est un sujet riche et vaste, qui mérite d’être étudié avec du recul. C’est justement là la volonté du Musée Sainte-Croix de Poitiers, qui présente son exposition Belles de jour. A travers la collection enrichie par le Musée des Beaux-Arts de Nantes, on constate la révolution féminine dans son approche artistique, historique et sociologique. C’est l’occasion de découvrir des chefs-d’oeuvres et de réaliser à quel point la femme est au cœur de la création, comme muse allégorique, modèle sensuel ou créatrice indépendante.

Écrit par Gaëlle Hubert


Belles de Jour, exposition au Musée Sainte-Croix à Poitiers jusqu’au 9 octobre 2016

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Alexia Lalangue <![CDATA[La Beat Generation au Centre Pompidou]]> /?p=1747 2016-09-22T18:43:14Z 2016-09-19T09:49:57Z Depuis le 22 juin maintenant le centre Georges Pompidou nous propose au dernier étage de son bâtiment haut en couleur une exposition consacrée au phénomène culturel qu’a été la « Beat generation ». L’aventure s’achève le 3 octobre, voici les raisons pour lesquelles la visite est incontournable.

L’événement se vit comme une expérience et se lit comme un carnet de voyage. Ainsi la scénographie, savamment pensée, s’improvise carte des Etats-Unis d’Amérique en créant une ligne de démarcation entre l’activité artistique de la côte Est et celle de la côte Ouest. Cette frontière imaginaire est matérialisée par le manuscrit original sous forme de rouleau du roman manifeste de Jack Kerouac On the road. Il ne s’agit donc pas seulement de transmettre une mode, une effervescence artistique liée à un contexte précis mais bel et bien une philosophie de vie, tournée vers la route.

Jack Kerouac, On the Road, (tapuscrit original), 1951, Papier calque, 360 × 22 cm. Collection James S. Irsay © Estate of Anthony G. Sampatacacus and the Estate of Jan Kerouac © John Sampas, Executor, The Estate of Jack Kerouac

Jack Kerouac, On the Road, (tapuscrit original), 1951, Papier calque, 360 × 22 cm. Collection James S. Irsay © Estate of Anthony G. Sampatacacus and the Estate of Jan Kerouac © John Sampas, Executor, The Estate of Jack Kerouac

Techniquement parlant le rouleau en lui même ne permet pas au lecteur de revenir en arrière aisément, aussi il se conçoit dans l’exposition comme une métaphore du voyage. L’idée de circulation est indéniablement à l’honneur. Certains poèmes sont inscrits sur des pans de tissus, l’installation des murs dans l’espace offre des jeux de perspective et de superposition infinis. La scénographie est bâtit comme un vaste courant d’air. Elle symbolise la circulation des idées, la cause profonde du combat des Beats face à une Amérique réactionnaire et archaïque sous bien des aspects.

Cependant pour encourager son évolution positive et permettre d’entretenir un espoir de changement il était nécessaire de la cerner cette Amérique. Aussi la visite regorge de précieux documents témoignant du désir des intellectuels et artistes de dresser un portrait aussi réaliste qu’acerbe de leur pays. Le recueil de photographie de Robert Franck Americans 1958 en collaboration avec Jack Kerouac qui a écrit la préface constitue un exemple type. Il met en vedette ces personnages de la vie quotidienne aux Etats-Unis, ces macs, ces vieilles personnes à l’air désabusé qui semblent avoir pour unique préoccupation l’attente silencieuse et journalière sur les bancs publics ainsi que bien d’autres spécimens. Ces témoignages ont cultivé l’envie de tracer la route en encourageant la perte volontaire de repères.

Vue d'exposition. Photographie par Alexia Lalangue

Vue d’exposition. Photographie par Alexia Lalangue

Vue d'exposition. Photographie par Alexia Lalangue

Vue d’exposition. Photographie par Alexia Lalangue

C’est à partir de cette dernière que les Beats se sont appropriés les objets de leur quotidien pour s’en créer de nouveaux, d’avantage en adéquation avec leurs aspirations artistiques et intellectuelles. La disposition de l’exposition, encore une fois, a su rendre parfaitement cette réalité en présentant au public des exemples de machines à écrire, radio… L’écriture ne peut se passer de son instrument pour les Beats. Le simple son qu’émet l’inscription sur le papier d’un signe suivit du retour de chariot permet de jouir et d’entretenir pendant la création une expérience plus vivante de l’écriture. L’acte d’écrire transforme l’auteur en musicien et c’est en cela qu’elle est si jubilatoire.

Par conséquent la forme intimement reliée au fond prends des allures d’impros de jazz, les respirations saccadées du texte apporte une dynamique nouvelle et poétique puisqu’intrinsèquement musicale. Cette débordante énergie trouve sa parfaite expression dans le film Pull my daisy présenté juste après les machines à écrire dans la scénographie. Réalisé par Robert Frank en 1959 toujours en collaboration avec Jack Kerouac mais aussi Alfred Leslie, Peter Orlovsky, le document met l’accent sur la nonchalante narration de la voix off, l’unique voix du film. Ainsi les intonations rythmées du narrateur en écho avec la piste de jazz en fond constituent un manifeste, l’art poétique de la « beat generation ». Cette esthétisation systématique de la vie a contribué à élaborer une attitude, une posture type, celle du hipster. Un personnage constamment tourné vers l’expérimentation, une recherche permanente et surtout l’entretien du dialogue entre les différents supports. Une conception de l’art que le réalisateur Bruce Conner a exploité plus que quiconque dans son film Looking for mushrooms (projeté lors de l’exposition) qui met en parallèle l’activité atomique de l’armée américaine avec la recherche de champignons hallucinogènes. Les deux univers paradoxaux que le film confronte par la voie de l’art s’épousent parfaitement. Cependant l’intérêt du document aujourd’hui est surtout d’esquisser un projet de dispositif.

Vue d'exposition. Photographie par Alexia Lalangue

Vue d’exposition. Photographie par Alexia Lalangue

L’exposition nous propose donc de découvrir une des origine du dispositif artistique lui même parent de la performance. Bien d’autres tentatives d’installations de l’époque sont à découvrir à Beaubourg dans le cadre de l’événement.

Vue d'exposition. Photographie par Alexia Lalangue

Vue d’exposition. Photographie par Alexia Lalangue

« Beat generation » regorge de richesses aussi bien au niveau de sa scénographie particulièrement en phase avec l’essence du sujet que par son contenu. L’abondance des documents mais surtout la diversité de leur support (peinture, poème, livre, objets du quotidien, film…) contribuent à créer un monde en perpétuel mouvement, les bruits des projections se confondent, les images abondent, les couleurs se superposent si bien que l’on ne sait plus où placer son regard. L’objectif de l’installation serait de transmettre un message de génération à génération en invitant le visiteur à toujours se laisser porter par le rythme saccadé et dansant de la machine à écrire.

Écrit par Alexia Lalangue


Du 22 juin au 3 octobre 2016

Centre Pompidou, Paris


Colloque BEAT GENERATION : L’INSERVITUDE VOLONTAIRE
28 – 30 septembre 2016
Petite salle – Centre Pompidou, Paris
Entrée libre

LE PROGRAMME DES TROIS JOURS :

• « Beat Archives : The Art of Life », 28 septembre 2016, à 19h00 : https://www.centrepompidou.fr/id/cKAA8GL/ra55AbB/fr

• « Aux sources de la Beat Generation : la littérature et le cinéma français », 29 septembre 2016, à 11h15 : https://www.centrepompidou.fr/id/cBoopKn/rX55Aj4/fr

• « La réalité est un film », 30 septembre 2016, à 11h15 :
https://www.centrepompidou.fr/id/cMRRXMn/ry55A4d/fr

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Gaelle Hubert <![CDATA[Les transfigurations de Valerio Adami]]> /?p=1737 2016-09-22T18:43:20Z 2016-09-17T08:46:39Z Dans la chapelle Saint-Sauveur de Saint Malo, les vieilles pierres côtoient l’art contemporain. Les œuvres exposées sont celles de l’artiste italien Valerio Adami, avec qui le commissaire d’exposition Christophe Penot instaure le dialogue…

Valerio Adami, aujourd’hui octogénaire, est reconnu par les historiens de l’art comme un peintre d’exception. On peut s’extasier devant la technique de ses toiles mais également devant la richesse de leur dimension conceptuelle. La présentation de son travail incite à une réflexion esthétique sur la création, le beau, le but de l’art.

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Valeri Adami dans son atelier

Ses toiles longuement pensées et minutieusement construites n’en restent pas moins imprégnées de sensibilité et de spontanéité…

Sensibilité en ce qui qui concerne les couleurs choisies par l’artiste qui, bien qu’intellectuel, ne se limite pas à la rationalité. Sa palette, savamment organisée dans de grands pots, est aussi riche que les nuances de ses émotions et de ses souvenirs. Ses associations de couleur évoquent pour chacun de nous des images, en faisant appel à notre mémoire et notre sensibilité. La monumentalité de ses toiles contribue à nous plonger dans des ambiances singulières et chargées d’émotion.

Quant à la spontanéité, c’est elle qui fait découler naturellement de la main de l’artiste les lignes de son dessin. Grâce à sa maîtrise technique, Valerio Adami peut laisser évoluer le crayon sur le papier sans se soucier des contraintes. Son esprit, ainsi libéré, fait naître des images étonnantes. Elles sont le produit d’une association d’idées puisées dans l’inconscient et la mémoire de l’artiste.

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Valerio Adami, Notte Stelatta

Ses tableaux et ses dessins expriment souvent une violence guerrière : celle du fascisme, qui a marqué son enfance. Il a pourtant su exploiter cette horreur, puisqu’il en a tiré une insatiable soif d’art, de connaissances et de liberté. Sa culture littéraire et artistique ainsi que ses nombreux voyages viennent enrichir ses compositions avec une grande intelligence. Parmi ses références visuelles et iconographiques, on reconnaît l’enfant foudroyé de la Transfiguration de Raphaël, mais aussi le dieu grec Pan ou encore Colombine, tirée de la Commedia dell’arte. Ses œuvres sont également riches en références du point de vue esthétique. On perçoit notamment l’intérêt de l’artiste pour Picasso

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Valerio Adami, L’Etoile du Matin

à travers ses visages décomposés et ses personnages aux perspectives multiples. Les lignes noires qui contournent les formes rappellent à la fois le style des bandes-dessinées et la technique des vitraux (avec laquelle il a déjà travaillé par ailleurs).  Le résultat est presque surréaliste et invite à la contemplation en même temps qu’à l’analyse.

Valerio Adami, avec son parcours sans faute et sa frénésie créatrice, est une perle rare de l’art contemporain. Il laissera derrière lui des œuvres uniques et des écrits maintenant essentiels aux théoriciens de l’art.

Écrit par Gaëlle Hubert


Exposition « Transfigurations » du 18 juin au 9 octobre 2016


Saint-Malo, chapelle Saint-Sauveur

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Margaux Gillet <![CDATA[L’ego-trip de Michel Houellebecq s’expose au Palais de Tokyo]]> /?p=1712 2016-09-06T21:59:20Z 2016-09-06T21:59:20Z Cet été, le Palais de Tokyo nous propose une exposition non pas « sur » Michel Houellebecq mais une exposition « de » Michel Houellebecq, l’occasion d’entrer dans l’univers de cet auteur, figure centrale de la littérature contemporaine.

En concevant son exposition, Michel Houellebecq a cherché à mêler les différents médiums artistiques, mettant ainsi sur le même plan son œuvre d’auteur et ses œuvres plastiques qui sont en majeur partie des photographies. Ainsi, l’ensemble des œuvres exposées font référence à ses ouvrages, références que seul les lecteurs assidu de Michel Houellebecq peuvent comprendre – laissant ainsi la majeur partie du public exclu du sens caché. L’exposition se compose d’ailleurs comme un de ses romans avec une trame générale composée de deux parties : sa vision du monde, et sa vision de la vie, et de nombreuses bifurcations incarnées dans des salles où le visiteur est maitre de son parcours, se laissant ainsi happer par des œuvres qui l’attire au loin.

Vue de l’exposition de Michel Houellebecq, Rester vivant, Palais de Tokyo (23.06 – 11.09.2016). Photo : André Morin

Vue de l’exposition de Michel Houellebecq, Rester vivant, Palais de Tokyo (23.06 – 11.09.2016). Photo : André Morin

 

 

Pour le fond, Michel Houellebecq opte pour des thèmes classiques – pour ne pas dire clichés – avec des critiques simplistes de la société. Il dénonce notamment l’obsession de la rentabilité du temps dans la société de marché, mais aussi le fait que dans le tourisme de masse, le désir d’une nature vierge est chassé par un désir de confort donnant lieu à des stations balnéaires.

 

 

 

Vue de l’exposition de Michel Houellebecq, Rester vivant, Palais de Tokyo (23.06 – 11.09.2016). Photo : André Morin

Vue de l’exposition de Michel Houellebecq, Rester vivant, Palais de Tokyo (23.06 – 11.09.2016). Photo : André Morin

En ce qui concerne les œuvres à proprement parler, j’avoue ne pas avoir été séduite par la poésie du travail de Michel Houellebecq qui manque selon moi d’universalisme. L’exemple le plus démonstratif étant cette vitrine où Michel Houellebecq expose les jouets de son chien. Mais bon, après tout, le but en confiant à l’Auteur les reines d’une exposition au Palais de Tokyo, était qu’il exprime sa personnalité. Il lui aurait donc été difficile de faire autrement que de faire une exposition centrée autour de sa personne car il semblerait que l’univers de Michel Houellebecq soit véritablement ainsi : absurde et égocentrique.

 

Michel Houellebecq, Dans les bras (II). Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris.

Michel Houellebecq, Dans les bras (II). Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris.

 

Légende top image : Michel Houellebecq, Espagne #005 Tirage pigmentaire (2016) sur papier Baryta, Contrecollé sur aluminium 88,1 x 60 cm Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris.

 


Palais de Tokyo

Du 23 juin au 11 septembre 2016

De 12h à minuit tous les jours sauf le mardi

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