De la même période, d’Europe mais de pays différents, ces trois artistes ne se sont pourtant jamais rencontrés. Rangés par l’Histoire de l’Art dans des courant picturaux différents, ils vivent dans un même monde en mutation à la fin du XIXe siècle, bouleversé par les évolutions techniques, politiques et sociales à l’approche et au lendemain de la première Guerre Mondiale.
Ils assistent ainsi au développement des sciences physiques et naturelles, procédant, à cette époque, davantage par l’expérimentation et la série. Munch, Hodler et Monet introduisent ainsi ce modèle scientifique dans leur processus créatif à travers une conception méthodique des séries et l’utilisation récurrente de certains motifs. On retrouvera ainsi à de multiples reprises la maison rouge chez Munch, l’horizon des Alpes chez Hodler, ou encore la transparence de l’eau chez Monet. L’exposition propose de revenir sur des thèmes et motifs récurrents dans l’oeuvre de ces trois artistes tels que la neige, l’eau, le soleil. Tous partent d’une observation attentive de la nature, puis tentent de représenter ses effets à travers l’immobilité du médium pictural. Tous trois tentent de « peindre l’impossible » : la lumière éblouissante du soleil, l’éclat de la neige, les mouvements et variations de la lumière sur l’eau.
Face à l’émergence de la photographie, ces artistes vont soumettre une contre-proposition en mettant l’accent sur la singularité du médium pictural : l’expressivité de la couleur, enfin dégagée de son devoir d’imitation optique au profit des sensations. Monet, Hodler et Munch utilisent la couleur comme une substance visuelle de la nature afin de constituer un nouveau langage reposant sur les sensations et les émotions. Ainsi, tous trois participent à cette même histoire des avants-gardes artistiques allant de l’impressionnisme à l’abstraction. L’exposition dépasse les cases préconçues par l’histoire de l’art afin de classer chaque artiste dans un courant pictural. Mettre cote à cote ces tableaux, amène à jouir de ces oeuvres emblématiques autrement, à travers un axe de recherche commun : représenter l’impalpable.
Le musée Marmottan nous propose donc une exposition bien loin des monographies habituelles ou des expositions traitant des grands courants de l’Histoire de l’Art, et ce au profit d’une pure et simple délectation des oeuvres. On peut ainsi y redécouvrir des Monet emblématiques de la collection du musée, présentés selon des axes qui nous amènent à les voir comme on ne les avait jamais perçu auparavant. C’est également le moyen de profiter des nombreux chefs-d’oeuvres du Munchmuseet d’Oslo prêtés pour l’occasion.
Crédit photo couverture : Edvard Munch, Neige fraîche sur l’avenue, 1906, huile sur toile, 80 x 100 cm, Oslo, Munchmuseet / Photo © Munch Museum
Musée Marmottan Monet
Du 15 septembre 2016 au 22 janvier 2017
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Plein tarif : 11€ / Tarif réduit : 7,50€
]]>Hey Listen : Pouvez vous nous présenter le projet de l’association Jour et Nuit Culture ?
Rodolfo Oviedo Vega : L’objectif principal de cette association est de défendre le droit à la création. Jour et Nuit Culture est née du fait que Alejandro Saga, Morgane Planchais et moi avions besoin d’espace pour travailler. Ainsi nous avons décidé de créer un véritable espace de création. Ce dernier est dédié à tout le monde, mais on s’est essentiellement focalisé sur des artistes étrangers, car ce sont eux qui ont le plus souvent des difficultés à trouver des ateliers à Paris ou à bénéficier des aides existantes pour la création. C’était d’ailleurs notre cas au début, c’est pour cela que nous avons souhaité partager cet espace. Ainsi l’association a accueillie dans un premier temps environ 45 artistes en permanence au sein des 21 ateliers situés Rue Saint Charles, après, nous nous sommes diversifié en proposant d’autres activités mais la principale reste encore la résidence d’artistes.
HL : Qu’elles sont les grandes étapes de la création de l’association ?
ROV : Nous avons commencé par prendre possession d’un lieu en 2010, puis nous avons fait les démarches juridiques afin de justifier nos activités. Nous avons ensuite entrepris des travaux dans ces locaux situés au 61 rue saint Charles afin de recevoir des artistes et de créer des ateliers. Puis, pour maintenir en place ces structures, nous avons cherché de quelle manière avoir des ressources. On a alors mis en place une cotisation de la part des artistes résidents puis, dans un second temps nous nous sommes mis à proposer des espaces à d’autres artistes dans le domaine des arts vivants, mais également des espaces pour des cours de yoga ou de danse par exemple.
HL : Quel a été le rôle de la mairie de Paris dans la mise en place de ce projet d’association ?
ROV : A l’initiative de Bertrand Delanoé, la mairie de Paris a mis à disposition des locaux vides pour des collectifs artistiques. Ainsi nous avons été le premier lieu à Paris à bénéficier de ce projet. Nous nous sommes donc engagés à quitter les locaux rue Saint Charles pour nous installer à Saint Michel et la mairie a donné sa confiance au collectif en contribuant à subventionner une partie du loyer.
HL : Pourquoi avoir choisit de faire cette association à Paris ?
ROV : Le système nous a permis de le faire ici. On vient du milieu des squats, on savait comment prendre possession d’un lieu. Apres la difficulté résidait dans la partie législative : comment faire en sorte que le projet soit adopté ? La partie légale est plus compliquée que de juste prendre possession d’un lieu. Nous souhaitions avoir des espaces corrects pour travailler dans les meilleures conditions, cela nous a donc poussé à négocier un contrat dans le cadre de la loi, et cela était d’avantage réalisable à Paris plutôt qu’ailleurs.
HL : La plupart de vos artistes-résidents sont de nationalités différentes. Pourquoi est-ce si important de représenter différentes cultures au sein d’un même endroit à Paris ?
ROV : Parce que ça reflète Paris ! Et puis c’est un atout. Nous souhaitons jouer un rôle pour ces artistes étrangers, un rôle d’intégration. En même temps ça nous permet de nous intégrer en tant qu’association dans le quartier. C’est pour ça que c’est si important de faire des partenariats locaux qui font entrer en jeux ces différentes nationalités. On a donc décidé de créer un partenariat avec le cinéma – avec le projet Images Nomades qui diffuse des films d’origines différentes. On ne connaissait rien au cinéma, mais c’était pour l’association une première étape dans la mise en place d’activités hors les murs. Ainsi on a pu prendre conscience de notre capacité à gérer aussi des choses à l’extérieur de l’immeuble, et ce dans la volonté de créer un partenariat de confiance au sein de notre quartier.
HL : Pouvez vous nous parler des futurs projets de l’association ?
ROV : Nous allons tout d’abord maintenir les portes ouvertes tous les mois. Il faut que ce soit une activité régulière afin de créer une habitude pour les habitants du quartiers, de leur montrer que nous existons. Ensuite, en septembre, on commence avec le projet d’Andonio Nodar : « from portrait to self-portrait’‘, qui consiste à photographier les artistes-vivant d’une ville. Ainsi les artistes parisiens vont défiler dans l’association, il va les photographier, leur donner une copie de la photographie afin que ces artistes puissent travailler sur leur propre portrait. On va donc tenter de monter une exposition avec toutes ces œuvres là. Pour le moment il y a déjà 350 artistes qui ont intégré le projet (dont Julio Le Parc ou Antoni Tapiès), et on espère avoir plus de 1000 artistes d’ici décembre. L’idée est de faire ensuite donation de ces œuvres à la ville afin qu’elles soient exposées dans un lieu correct. On a d’ailleurs déjà fait un accord avec la mairie de Cachan. Puis, on va faire des essais de projections de cour-métrages dans le cadre des Images Nomades afin de rassembler au cours d’une soirée plusieurs réalisateurs qui pourront échanger avec leur publics.
Rodolfo Oviedo Vega profite ainsi de cet espace pour créer des peintures abstraites empruntes de lyrisme. Originaire de El Salvador, il aime repousser les limites de la matière picturale en intégrant divers matériaux à ses œuvres. Cela lui permet ainsi de matérialiser les souvenirs de ses voyages dans ses toiles.
HL : Dans vos œuvres vous mélangez des influences provenant des différents pays que vous avez parcourus à travers vos voyages, pourquoi est ce si important de mélanger ces cultures ?
ROV : Selon moi, l’Art doit retranscrire un vécu ou bien des phénomènes sociaux, naturels ou autre. Comme j’ai beaucoup voyagé j’ai cherché un moyen d’exprimer ce vécu là. Le sujet du voyage et des migrations me passionne. C’est ça mon sujet : tous les motifs pour lesquels un homme se déplace. Pourquoi moi-même je me déplace ? Cela peut être pour un motif économique, politique, pour enrichir l’âme, comme quand on fait un pèlerinage à la Mecque ou au lieu de naissance du Bouddha. Il y a d’ailleurs toujours eu ce sens du sacré dans mon art. A chaque période j’ai trouvé des moyens d’exprimer cela, en ce moment c’est à travers l’usage de l’or car c’est un élément qui renvoi au sacré dans toutes les cultures.
HL : Vous utilisez également des matériaux très variés dans vos oeuvres. Pourquoi cette attention accordée au choix des matériaux ?
ROV : Quand on voyage, certes il y a la photographie, mais elle n’est pas un souvenir matériel en soit. Je choisit des choses imprégnées du lieu, ce sont des témoignages matériels de l’endroit en question. Il y a un souvenir dedans, une valeur plus riche, qui a son propre témoignage en lui même. A partir de ce constat là, il me semble évident de pouvoir mélanger ces éléments dans mes œuvres. Le fait de mélanger les matériaux renvoi à mon bagage culturel, à mon vécu. C’est un témoignage et c’est un rappel, car quand tu revois ton travail, cela te rappelle des moments que tu as vécu, et tu te vois toi même. C’est exactement comme dans la vie, quand on relis des notes que l’on a écrites ou des choses que l’on a fait il y a un certain temps et que l’on reviens sur nos pas en se demandant comment on en est arrivé là.
HL : Pouvez vous me parler de votre parcours en tant qu’artiste ?
ROV : Durant mon enfance j’allais à une école jésuite, j’ai donc reçu une éducation très rigide. Puis à 12 ans j’ai intégré unconservatoire d’art où je me suis spécialisé dans le dessin et la gravure. J’ai commencé à peindre en 2005. A 15 ans j’ai commencé à travailler pour un journal, puis à 17 ans j’ai ouvert un bar-galerie à El-Salvador. Le but était de proposer à des étudiants qui n’avaient pas beaucoup de ressources des repas dans un espace artistique. Ainsi, on mangeais au milieu des expositions. C’est à partir de là que je me suis mis véritablement à vivre de mon art. Après, j’ai beaucoup voyagé : en Colombie, au Guatemala, au Mexique. Puis je suis venu en France où j’ai réalisé des expositions dans le sud de la France. Ensuite, je me suis installé à Paris, je vivais dans la rue, et on m’a parlé d’un squat. Je me suis intégré à ce collectif et y ai rencontré Alejandro Saga. Mes deux premières années en France étaient vraiment dures. Mais quand on m’a proposé un billet d’avion pour rentrer à El Salvador, j’ai dit non.
HL : A quel moment avez vous décidé de faire de la peinture abstraite ?
ROV : Alors que je voyageais, je ressentais cette volonté de représenter ce que j’étais entrain de vivre, mais je ne souhaitais pas le faire de manière académique comme on me l’avait appris à l’école. Cela ne suffisait pas à représenter ce que je vivais. Les indiens font des patchwork avec des éléments de leur passé, j’ai voulu faire de la même façon un patchwork de ce que j’étais entrain de vivre. Puis j’ai appliqué des couleurs et c’est devenu abstrait.
Aujourd’hui, artiste de renom, Rodolfo Oviedo Vega cumule les casquettes : artiste peintre, directeur de l’association Jour et Nuit Culture mais aussi vice-président de l’association ACA (Association Centro Américaine) pour la culture de l’Amérique Central. Il a reçu le Prix du Sénat Français cette année et expose dans le monde entier.
Site internet : http://www.jouretnuitculture.org http://www.oviedovega.com/
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La 15eme édition de la Nuit Blanche est confiée à Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo, mais également commissaire d’exposition indépendant ayant notamment participé à la Monumenta du Grand Palais de 2011 – exposant une œuvre d’Anish Kapoor -, mais également à l’exposition Une brève histoire de l’avenir qui s’est tenu l’an dernier au Musée du Louvre. Il s’inspire du roman vénitien du XVe siècle Le Songe de Poliphile afin d’élaborer une trame imaginaire dans lequel le visiteur sera plongé le temps d’une nuit. Tel Poliphile dans son parcours initiatique, le visiteur sera confronté à différentes épreuves de transformation de soi, mais également à des émotions incarnées dans les oeuvres proposées.
On retrouvera notamment des œuvres réalisées par Anich Kapoor, Erwin Olaf, Christian Rizzo, Nicolas Buffe, et bien d’autres. Le parcours est répartit en plusieurs ères émotionnelles correspondant à des passages du Songe de Poliphile. Les grandes étapes de l’histoire ont d’ailleurs été adaptées par Yannik Haenel dans la nouvelle Le Retour des temps désirables, publiée sous forme de feuilletons sur 20minutes.fr et dans le journal Stylist mais que vous pouvez également retrouver sur le site de la Nuit Blanche (www.nuitblanche.paris).
En reprenant les étapes du conte initiatique italien, les différents artistes vont nous inciter au franchissement. Entre les deux berges de la Seine – axe central de ce parcours -, les différents médiums artistiques, les arts visuels et la littérature, les époques – en mêlant à la fois l’œuvre médiévale à la création contemporaine, mais aussi à l’histoire générale de Paris à travers son architecture, écrin de la manifestation culturelle. Vous pourrez ainsi observer une installation contemporaine sur la façade de la Conciergerie, datant du début du XIVe siècle, ou encore, une projection d’Erwin Olaf sur la façade de l’Hôtel de Ville.
N’hésitez pas à préparer votre parcours sur le site de Nuit Blanche et sur leur compte Instagram @Nuitblanche2016 où ils ont créés de manière ingénieuse et graphique une carte pour vous y retrouver dans toutes ces oeuvres ! Et pour ce qui n’auraient pas le temps, rassurez vous, des médiateurs seront présent pour vous renseigner au devant des oeuvres !
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En concevant son exposition, Michel Houellebecq a cherché à mêler les différents médiums artistiques, mettant ainsi sur le même plan son œuvre d’auteur et ses œuvres plastiques qui sont en majeur partie des photographies. Ainsi, l’ensemble des œuvres exposées font référence à ses ouvrages, références que seul les lecteurs assidu de Michel Houellebecq peuvent comprendre – laissant ainsi la majeur partie du public exclu du sens caché. L’exposition se compose d’ailleurs comme un de ses romans avec une trame générale composée de deux parties : sa vision du monde, et sa vision de la vie, et de nombreuses bifurcations incarnées dans des salles où le visiteur est maitre de son parcours, se laissant ainsi happer par des œuvres qui l’attire au loin.
Pour le fond, Michel Houellebecq opte pour des thèmes classiques – pour ne pas dire clichés – avec des critiques simplistes de la société. Il dénonce notamment l’obsession de la rentabilité du temps dans la société de marché, mais aussi le fait que dans le tourisme de masse, le désir d’une nature vierge est chassé par un désir de confort donnant lieu à des stations balnéaires.
En ce qui concerne les œuvres à proprement parler, j’avoue ne pas avoir été séduite par la poésie du travail de Michel Houellebecq qui manque selon moi d’universalisme. L’exemple le plus démonstratif étant cette vitrine où Michel Houellebecq expose les jouets de son chien. Mais bon, après tout, le but en confiant à l’Auteur les reines d’une exposition au Palais de Tokyo, était qu’il exprime sa personnalité. Il lui aurait donc été difficile de faire autrement que de faire une exposition centrée autour de sa personne car il semblerait que l’univers de Michel Houellebecq soit véritablement ainsi : absurde et égocentrique.
Légende top image : Michel Houellebecq, Espagne #005 Tirage pigmentaire (2016) sur papier Baryta, Contrecollé sur aluminium 88,1 x 60 cm Courtesy de l’artiste et Air de Paris, Paris.
Palais de Tokyo
Du 23 juin au 11 septembre 2016
De 12h à minuit tous les jours sauf le mardi
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Collection Berardo www.museuberardo.pt Praca do Imperio
Horaires : 10h-19h du mardi au dimanche
Tarif : Gratuit
Certes c’est un classique, mais un classique inévitable. Avec ses plus de 800 œuvres du XXe et XXIe siècle, la collection Berardo n’a rien à envier aux autres collections européennes d’art contemporain. Elle présente notamment des chefs d’oeuvres de la peinture abstraite, surréaliste, de l’art conceptuel et du pop-art. En plus, c’est gratuit. Profitez d’être dans le quartier de Belém pour aller déguster un Pasteis de Nata authentique à la sortie (Pasteis de Belem – R.Belém, 1300-085 Lisboa).
Museu do Chiado www.museuartecontemporanea.pt
4 Rua Serpa Pinto
Horaires : 10h-18h mardi au dimanche
Tarif : 4€ – gratuit le dimanche entre 10h et 14h
Dans l’ancien couvent de Sao Francisco, le Museu do Chiado propose une collection axée sur les avants-gardes du XIXe et du XXe siècle. On y retrouve des œuvres de Rodin, de Jorge Vieira, ou encore de José de Almada Negreiros. A cela s’ajoute les expositions temporaires proposées par le Musée. Jusqu’au 25 septembre 2016 vous pourrez contempler une série de photographies réalisées par André Cepeda à Porto, dans laquelle la présence humaine est résiduelle. Ainsi, à travers ses vues de la ville portugaise, André Cepada incite à requestionner la notion de lieu comme témoignage de l’histoire. De même, jusqu’en juin 2017, le musée propose une exposition sur les avants-gardes et les néo-avants-gardes portugais, ce qui permet d’avoir un aperçu de la question de la modernité chez les artistes portugais du XXe et du XXIe siècle.
Museu do Design e da Moda www. Mude.pt
24 Rua Augusta
Horaires : mardi au dimanche 10h-18h
Tarif : Gratuit
Abaixo as fronteiras! Vivam o design e as artes jusqu’au 8 septembre 2016.
Dans le quartier Baixa, le Musée du Design et de la Mode est installé dans une ancienne banque, ce qui donne un cadre atypique aux collections de design industriel et de haute couture datant des années 1930 à aujourd’hui. Vous pourrez ainsi voir des pièces Franck Gehry ou du mobilier de Arne Jacobsen. Dans les anciennes chambres fortes sont présentées des expositions temporaires telles que Abaixo as fronteiras! Vivam o design e as artes qui se déploie à la fois dans les locaux de Lisbonne et de Elvas, et qui propose une réflexion sur la relation entre le design et les courants picturaux tels que le constructivisme, le pop-art, ou encore l’abstraction lyrique.
Museu da Electricidade
https://www.maat.pt/pt
Av Brasilia
Horaires : mardi au dimanche 10h-18h
Tarif : Gratuit
Situé dans une ancienne centrale thermoélectrique en briques rouges datant du début du XXe siècle, le Museu da Electricidade propose des expositions temporaires (photographie, peinture, sculpture) en plus de ses collections permanentes expliquant comment la centrale produisait de l’électricité. Vous pourrez également en profiter pour boire un verre sur les rives du Tejo.
Pour appréhender la scène contemporaine lisboète, il faut bien évidemment aller faire un tour dans ses galeries, notamment dans la galerie Monumental qui expose une série de photographies réalisées par Ana Sofia Pacheco sur le thème de l’eau comme origine de la vie. Nous vous conseillons également de vous rendre à la galerie Filomena Soares qui propose cet une exposition sur Miguel Rio Branco, photographe coloriste brésilien qui avait eu le droit à une très belle exposition à la Maison Européenne de la Photographie en 2005. Enfin, n’hésitez pas à faire un tour à la galerie Cristina Guerra ainsi qu’à la galerie Graca Brandao qui proposent généralement des oeuvres d’une grande qualité.
Galerie Monumental:
http://www.galeriamonumental.com
Campo dos Martires da Patria, 101
Galerie Filomena Soares:
http://www.gfilomenasoares.com
Rua da Manutenção 80
Galerie Cristina Guerra:
http://www.cristinaguerra.com
Rua Santo Antonio à Estrela, 33
Galerie Graca Brandao: http://www.galeriagracabrandao.com Rua dos Caetanos 26A
Nous vous conseillons également d’aller faire un tour à la LX Factory, haut lieu de la création contemporaine lisboète. Cette ancienne manufacture de textile, située au pied du Pont du 25 Avril accueille aujourd’hui des galeries, des librairies, des ateliers d’artistes, des restaurants, et de nombreuses activités telles que des concerts.
LX Factory
www.lxfactory.com
Rua Rodrigues de Faria, 103
Mais la plus grande des galeries de la capitale portugaise se trouve dans la rue avec sa collection de street art classée parmi les plus belles du monde. Le service culturel de la ville soutient d’ailleurs cette production par le biais de la GAU (Galeria de Arte Urbana) qui souhaite intégrer le street art au plan urbanistique de Lisbonne. Ainsi vous tomberez régulièrement sur ces murs peints qui ponctuent la ville et qui ajoutent un caractère poétique à son architecture.
Enfin, pour ceux qui visitent un peu la région, profitez-en pour aller faire un tour au Centre Culturel de Cascais – situé dans un ancien couvent de carmélites – ou bien à celui de Setubal. Tous deux gratuits, ils proposent des expositions d’art contemporain et des manifestations culturelles telles que des concerts, ou bien des séances de cinéma d’art et d’essai.
Centro Cultural de Cascais :
www.fundacaodomluis.pt
Horaires: mercredi au dimanche 10h à 18h
Tarif : 3€
Casa da Cultura à Setubal :
http://www.casadacultura-setubal.pt
R. de Trás da Guarda 26, Setúbal
Horaires : ouvert 24h/24 le dimanche, mardi, mercredi et vendredi.
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« Ciels. De beaux et grands ciels tout tourmentés de nuages, chiffonnés de couleurs profonds, entrainant. Rien dessous s’il n’y a rien. » – Eugène Boudin.
Eugène Boudin entretient un lien profond avec la région et tout particulièrement avec le Havre, ville pour laquelle il a réalisé des copies de chefs-d’oeuvre au début de sa carrière, lieu qu’il a représenté tout au long de sa vie. Ainsi, dès l’entrée de l’exposition nous est présenté Le coup de vent devant Frascati, vision qui est mise en parallèle avec la vue de cette même baie que l’on aperçoit derrière les parois vitrées du bâtiment du MUMA. Ainsi le ton est donné, le lien semble évident, comme si le temps s’était arrêté, comme si rien n’avait changé depuis. Nous avons alors le même point de vue que celui d’Eugène Boudin au moment de créer son tableau puisque suite aux ravages de la guerre, le grand hôtel La Frascati a laissé place à l’actuel Musée Malraux. Cela permet ainsi de montrer d’entrée de jeu le lien entre la Normandie et cet artiste généralement considéré comme le précurseur de l’impressionnisme.
Grâce au fond d’atelier d’Eugene Boudin, l’exposition permet de revenir sur sa manière de créer, son évolution en tant qu’artiste, mais aussi sur une partie de son œuvre plus intime qui n’était pas dédiée au marché. Par la mise en parallèle de ses œuvres expérimentales avec ses chefs-d’œuvre, le MUMA nous invite à comprendre la démarche d’Eugène Boudin ainsi qu’à redécouvrir son œuvre, bien plus subversive qu’elle n’y parait.
Débutant sur son ascension en tant qu’artiste, l’exposition présente ses deux parrains, Thomas Couture et Troyon, qui l’ont recommandé afin qu’il obtienne une bourse pour se rendre à Paris. Vous pourrez ensuite observer les premières copies qu’Eugène Boudin a réalisé pour le musée du Havre depuis la capitale, ainsi que ses premières œuvres autonomes, et ce toujours dans une volonté de souligner son caractère d’autodidacte, ainsi que les liens que celui-ci a toujours entretenu avec la région normande.
La visite se poursuit de manière thématique, en revenant sur les grands thèmes qui ont parcourus l’intégralité de son œuvre. Contrairement à ses successeurs impressionnistes, Eugène Boudin n’a pas réalisé de séries, mais certains de ses sujets ont été représentés à de multiples reprises. C’est notamment le cas des ciels, des scènes de plages ou bien des marines. Mais peu importe le sujet, on constate chez l’artiste une volonté constante de retranscrire l’atmosphère d’un moment et d’un lieu particulier à travers son travail sur la lumière. Baudelaire caractérise ainsi en 1859 les œuvres d’Eugène Boudin de « beautés météorologiques ». Les plages normandes deviennent alors le sujet propice à cette volonté de retranscrire « une impression vrai », une atmosphère caractéristique de la Normandie avec cette nouvelle bourgeoisie qui se donne en spectacle dans un paysage aménagé, signe de sa modernité.
« Parfois en me promenant mélancolique, je regarde cette lumière qui inonde la terre, qui frémit sur l’eau, qui joue sur les vêtements et j’ai des défaillances de voir combien il faut de génie pour saisir tant de difficultés, combien l’esprit de l’homme est borné, de ne pouvoir mettre toutes ces choses ensemble dans sa tête et puis encore je sens que la poésie est là, et comment l’arracher. J’entrevois parfois ce qu’il faudrait exprimer. » – Eugène Boudin, mars 1854.
Mais surtout, cette exposition présente grâce à ses œuvres restées dans le cadre personnel, un artiste qui a su proposer un art relevant d’avantage de l’esquisse que de l’esthétique académique. On découvre alors un artiste qui dès la fin du XIXe siècle a su mettre en valeur le geste, sa perception, mais surtout son « impression ». Terme qu’il emploie d’ailleurs pour parler de son œuvre avant même l’attribution de l’expression au mouvement par Louis Leroy en 1874.
Ainsi le MUMA nous présente Eugène Boudin dans toute sa dualité, en mettant en relation les œuvres qu’il avait réalisé pour le marché avec celles issues de son fond d’atelier. Le visiteur est alors plongé au cœur du processus de création de l’artiste, et redécouvre ainsi l’oeuvre de celui qui fut le maître de Monet.
Musée d’art Moderne André Malraux
2, boulevard Clemenceau
76600 Le Havre
jusqu’au 26 septembre 2016
Plein tarif: 10€
Entrée gratuite pour les moins de 26 ans et pour tous le premier samedi de chaque mois.
muma-lehavre.fr normandie-impressionniste.fr
]]>Nobuyoshi Araki est un artiste originaire de Tokyo, ville qu’il a tenté de capter et de retranscrire à travers ses photographies. Depuis les années 1970, l’ensemble de son travail renvoi à cette ville, à ses traditions et à son atmosphère. Il a fait de Tokyo le thème central de son œuvre avec le sexe et la mort.
De part leurs sujets licencieux, les œuvres d’Araki peuvent nous procurer le sentiment d’être un voyeur face à la vie privée de l’artiste. Dans l’une de ses premières série, le voyage sentimental, Araki partage le reportage sur son mariage avec Aoki Yoko ainsi que sa nuit de noces.
A cette série d’oeuvres mêlant la vie privée de l’artiste à la fiction, va s’en suivre de nombreuses œuvres polémiques. Le travail d’Araki a été à de nombreuses reprises condamné pour son obscénité. Il n’hésite pas à exposer la vision des poils pubiens, ou bien des organes génitaux. C’est notamment le cas dans ses photographies de femmes nues encordées qui ne sont pas sans nous rappeler l’art du bondage japonais du XVe siècle. Cette technique lui permet ainsi de suspendre le geste érotique. Malgré leur sujet, ces photographies sont d’une poésie surprenante : à la violence du cordage se superpose un visage féminin serein et détendu. Araki s’inscrit donc comme l’un des artistes qui ont permis de faire évoluer le cadre législatif japonais face aux productions artistiques.
A travers ses différentes séries, Araki propose une véritable remise en cause de la photographie comme médium documentaire. Alors que ses images de fleurs témoignent d’un instant éphémère suspendu par l’appareil photographique, l’oeuvre constituant ainsi un document de ce moment passé, Araki préfère dans d’autres séries semer le trouble de la temporalité et du caractère documentaire de l’image photographique.
« La photographie est une parodie du monde. C’est une parodie du Je » témoigne Araki qui aime jouer sur les illusions en mêlant des photographies de sa vie personnelle à des images relavant de l’auto-fiction.
Malgré un engagement personnel dans son œuvre, Araki reste fortement attaché à la tradition japonaise. Il s’inscrit dans une continuité artistique que ce soit dans la reprise de sujets, de l’esthétique et de supports. Ses photographies érotiques ne sont pas sans nous rappeler les shunga (gravures japonaises érotiques dans le style ukiyo-e). Ses séries sont régulièrement déployées à l’horizontal rappelant les emaki (livres japonais se dépliant sur leur ensemble). De même, dans sa série Tokyo Tombeau, les photographies sont présentées en longueur, elles se juxtaposent comme une peinture japonaise sur rouleau.
L’oeuvre d’Araki tente ainsi de documenter ce qui est constitutif de la culture japonaise, tel Robert Frank avec la civilisation américaine des années 1960 avec son ouvrage The Americans. Araki mêle dans un travail très personnel, les traditions d’une civilisation, son esthétique, son état d’esprit, afin de dresser un portrait du Japon moderne, un pays entre les traditions extreme-orientales et la modernité occidentale apportée après la réouverture du pays sur le reste du monde en 1868.
Exposition au Musée Guimet jusqu’au 5 septembre 2016
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Pour la 9e année consécutive, Enghein-les-Bains, ville ayant reçue le label »ville créative » par l’UNESCO, nous propose d’accéder gratuitement aux œuvres de la scène artistique émergente du 1er au 5 juin 2016. Le thème du festival est, cette année, orienté vers la science grâce au partenariat effectué à l’occasion du 350e anniversaire de l’Académie des Sciences. Ainsi, le visiteur pourra s’interroger et prendre conscience des enjeux qui questionnent la perception à l’ère de la création numérique, et ce, grâce à une volonté qu’ont eu les différents artistes de solliciter les publics grâce à la mise en place de dispositifs interactifs et ludiques.
Ainsi, on ira voir sans hésiter le Portrait (E)mouvent réalisé par Josephine Derobe qui propose un portrait jouant sur les divers procédés de mise en trois-dimensions. Le spectateur sera alors plongé dans ce portrait, remettant en jeux la perception classique du portrait pour accéder à la personne représentée. Je vous recommande également le Voyage panoramique Itération n°2 d’Adelin Schweitzer qui est une expérience immersive. Grace à des casques de réalité augmentée, la vision et la perception du spectateur sont déplacées dans une machine volante, permettant ainsi à l’homme de réaliser son éternel rêve : voler. Pour les mélomanes, le festival propose plusieurs oeuvres autour des dispositifs de création du son, comme par exemple Choir Mob de Nicolas d’Alessandro, Crowing Verse de Junya Oikawa et Self Music de Jinyao Lin. Enfin, on fera un tour à l’exposition Hémisphères présentée au Centre des Arts et prolongée dans l’exposition Ecritures sonores à la médiathèque, qui sont des parcours sensoriels avec des installations visuelles et sonores, et des dispositifs immersifs et interactifs.
Le festival propose également une programmation de spectacles vivants, notamment par le biais de la Compétition Internationale, concours destiné à soutenir les créations d’artistes émergeant suite à un appel à projet international. Des performances sont présentées, où la présence de l’homme est rejetée au profit de la machine, dans le but d’interroger le spectateur sur le rapport qu’entretient l’homme avec la communication. Une performance visuelle et musicale du français Alex Augier est particulièrement prometteuse – OQPO OOOO – tentant de redonner aux sons leurs formes premières : la forme d’objets mathématiques. D’autres œuvres sont présentées hors du cadre de la compétition, comme par exemple le ballet de Cie Pulso, lauréate de la Compétition Internationale 2015, qui est un solo de danse multimédia où ce sport s’associe à un décor variant en fonction des sons produits par la performeuse.
Divers prototypes seront à la disposition des visiteurs à la Fabrique Numérique, espace qui regroupe universitaires et entreprises travaillant sur la question de l’objet de demain. Ces réalisations pourront ainsi expérimenter les objets du futur. Des Labos, des conférences-performances suivies de discutions liées à la perception entre le public, des artistes et scientifiques, seront aussi dispensés au cours du festival.
Enfin, après tant de réflexion et de questionnements sur nos perceptions, le monde de demain et la place du numérique dans celui-ci, laissez-vous aller à la musique de 2MANYDJ’S et de Molécule, la dernière trouvaille d’Ed-Banger Records.
Du 1er au 5 juin 2016 à Enghien-les-Bains
Programmation
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Dès l’entrée de l’exposition, l’oeuvre de Bazilebustamante nous accueille avec son esthétique baroque, colorée et exubérante. D’entrée de jeu, nous savons à quoi nous attendre : les photographies des années 1980 sont »pictorialistes », bien loin des clichés documentaires américains des années 1970. C’est peut être ça d’ailleurs, la légèreté des années 1980 : des tableaux photographiques loin du reportage documentaire ou du conceptualisme ! Mais cette exposition tend au final à nous démontrer le contraire.
Le Centre George Pompidou tente ici de revaloriser cette période artistique en mettant l’accent sur ses paradoxes et ses contrastes. Malgré son apparence, la photographie des années 1980 élabore une critique de la culture et de la société contemporaine. L’exposition présente ainsi différents thèmes qui ont marqués la réflexion de ces artistes photographes : l’individualisme grandissant, la théâtralité de l’espace social, la subordination à la société de consommation, l’épuisement de la culture moderne. Ces photographes qui ont voulu s’encrer dans un style non-documentaire sont alors présentés comme témoignant de la réalité contemporaine.
Mais malgré la portée critique de ces œuvres, mise en avant par l’exposition, nous sommes bien dans une photographie « fabriquée », mise en scène, jouant sur l’ironie, le pastiche, l’humour, le détournement et l’illusion. Les années 80 donnent alors à voir une esthétique de l’apparence, peu importe les domaines considérés et c’est ce dont témoigne l’oeuvre de Florence Paradeis, à travers cette photographie qui semble être le document d’une situation banale de la vie quotidienne. Or, ici la photographe ne saisie pas la réalité dans un instant précis. Son travail est le résultat d’une mise en scène visant à reconstituer le quotidien suivant la prise de vue. Nous sommes donc face à une réalité théâtralisée, à une image qui sème le doute sur ce qui relève de l’apparence ou du réel.
La galerie photographique du Centre George Pompidou nous propose donc une exposition qui questionne, qui interroge sur le sens et la portée de cette décennie dans l’histoire de l’Art. Et ce, à travers de grands chefs-d’oeuvres qu’il est toujours agréable de découvrir ou de redécouvrir sous un angle différent.
Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris
Du 24 février au 23 mai 2016, tous les jours sauf le mardi de 11h00 à 21h00