Art – Hey Listen Blog d'actualités sur l'art. jeu, 15 Déc 2016 13:00:12 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7 Magritte : la trahison des images /?p=2033 /?p=2033#respond Thu, 15 Dec 2016 13:00:12 +0000 /?p=2033 René Magritte, peintre surréaliste s’il en est, nous plonge dans un univers à la fois magique et plein de sens. La trahison des images, thème principal de notre exposition, nous invite à aller au-delà des illusions, mais aussi du sens commun, de nos croyances de tous les jours. Une visite qui bouleverse en invitant le visiteur à réfléchir sur lui.

Le surréalisme a souvent mauvaise réputation dans le grand public. Il nous faut reconnaître que souvent les œuvres surréalistes nous dépassent, nous n’en saisissons pas le sens, ni même le but. Cependant, René Magritte ne cache pas ici la signification de son œuvre : montrer que les images, que ce que nous prenons souvent comme une vérité absolue, nous illusionnent souvent et nous mentent.

René Magritte, La Trahison des images
(Ceci n’est pas une pipe), 1929, Huile sur toile, 60,33 x 81,12 x 2,54 cm, Los Angeles County Museum of Art.
Purchased with funds provided by the Mr. and Mrs. William Preston Harrison Collection. © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / Banque d’Images, Adagp, Paris, 2016

Dénoncer de fausses évidences, laisser entendre que des objets les plus communs ne correspondent pas à la vision que l’on en a, voilà ce que Magritte souhaite nous dire, en faisant de l’image un moyen de communication, qu’il hissait à la hauteur des mots. Si nous pouvons avoir l’impression, au premier abord, que cette dénonciation des illusions ne s’appuient sur aucun fondement (après tout, une pipe est une pipe, rien de plus), c’est que nous n’avons pas encore découvert les autres œuvres de Magritte, qui explicitent sa volonté de s’appuyer sur une base rationnelle, celle d’Hegel ou encore de Platon.

Les vacances d’Hegel nous illustre la volonté de l’artiste de s’appuyer sur une méthode privilégiée par ce philosophe, à savoir la dialectique. L’eau tombe dans le verre que le parapluie repousse, expression d’une logique qui nous invite à réfléchir, comme le faisait Hegel, sur les contradictions qu’entraînent souvent ce qui nous semble évident, pour aller au-delà.

René Magritte, Les vacances de Hegel, 1958
Huile sur toile, 60 x 50 cm
Collection particulière
© Adagp, Paris 2016
© Photothèque R. Magritte / Banque d’Images, Adagp, Paris, 2016

Magritte rend à la peinture un rôle que beaucoup lui ôtèrent : restituer le réel, lui rendre sa vérité. Incitation pour le visiteur à examiner ses propres croyances, sa propre vie. Hegel n’est pas la seule référence philosophique opérée par notre artiste, qui consacre une salle à l’Allégorie de la Caverne, créé par Platon. Étant incontestablement contre les apparences et le domaine de la perception sensible de manière générale, qu’il considère comme trompeur, l’allusion à Platon ne s’en justifie que davantage.

La clef des champs, est un tableau des plus parlant : sortir de l’enfermement, accéder à un ailleurs qui nous ouvre des champs de connaissance plus importants… Autant d’idées qui se regroupent chez Platon derrière une volonté de trouver ce qui peut former une certitude absolue. Si Platon considérait qu’à cet égard les images, les apparences échouaient à nous apprendre quoi que ce soit de certain, c’est certainement ce que nous retrouvons dès l’intitulé de l’exposition : Magritte, La trahison des images.

René Magritte, La clef des champs, 1936. Huile sur toile, 80 x 60 cm. Centre Pompidou

Une exposition très riche, comme nous l’avons vu, en références et en démonstrations. Cependant, inutile d’être philosophes pour apprécier à leur juste valeur ces tableaux, puisque un extrait des plus explicite de l’Allégorie de la Caverne est notée sur le mur menant à la salle consacrée à celle-ci, guidant ainsi notre réflexion.

Le Centre Pompidou, qui souvent se consacre aux artistes contemporains, nous dévoile les œuvres d’un Magritte qui attire aussi bien les adultes que les enfants, un défi réussi qui parle à chacun.

Crédits top image : René Magritte, Les Merveilles de la nature, 1953, Huile sur toile, 77,5 . 98,1 cm. Museum of Contemporary Art Chicago. Gift of Joseph and Jory Shapiro, 1982.48© Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / BI, Adagp, Paris, 2016


Centre Pompidou

Jusqu’au 23 janvier 2017

Tarif plein : 14€ ; Réduit : 11€

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Munch, Hodler, Monet rassemblés au Musée Marmottan /?p=1993 /?p=1993#respond Wed, 30 Nov 2016 09:00:14 +0000 /?p=1993 Trois artistes : Munch, Hodler et Monet. Trois peintres que l’histoire de l’art a pris l’habitude de distinguer voir d’opposer afin d’incarner les grands courants picturaux de la seconde moitié du XIXème siècle. Les rassembler est le défi que s’est lancé le musée Marmottan Monet !

De la même période, d’Europe mais de pays différents, ces trois artistes ne se sont pourtant jamais rencontrés. Rangés par l’Histoire de l’Art dans des courant picturaux différents, ils vivent dans un même monde en mutation à la fin du XIXe siècle, bouleversé par les évolutions techniques, politiques et sociales à l’approche et au lendemain de la première Guerre Mondiale.

Solen

Edvard Munch, Le Soleil, 1912, Huile sur toile, 123 x 176,5 cm, Oslo, Munchmuseet / Photo © Munch Museum

Ils assistent ainsi au développement des sciences physiques et naturelles, procédant, à cette époque, davantage par l’expérimentation et la série. Munch, Hodler et Monet introduisent ainsi ce modèle scientifique dans leur processus créatif à travers une conception méthodique des séries et l’utilisation récurrente de certains motifs. On retrouvera ainsi à de multiples reprises la maison rouge chez Munch, l’horizon des Alpes chez Hodler, ou encore la transparence de l’eau chez Monet. L’exposition propose de revenir sur des thèmes et motifs récurrents dans l’oeuvre de ces trois artistes tels que la neige, l’eau, le soleil. Tous partent d’une observation attentive de la nature, puis tentent de représenter ses effets à travers l’immobilité du médium pictural. Tous trois tentent de « peindre l’impossible » : la lumière éblouissante du soleil, l’éclat de la neige, les mouvements et variations de la lumière sur l’eau.

Claude Monet, La Barque, 1887, Huile sur toile, 146 x 133 cm, Paris, Musée Marmottan Monet © The Bridgeman Art Library

Claude Monet, La Barque, 1887, Huile sur toile, 146 x 133 cm, Paris, Musée Marmottan Monet © The Bridgeman Art Library

Face à l’émergence de la photographie, ces artistes vont soumettre une contre-proposition en mettant l’accent sur la singularité du médium pictural : l’expressivité de la couleur, enfin dégagée de son devoir d’imitation optique au profit des sensations. Monet, Hodler et Munch utilisent la couleur comme une substance visuelle de la nature afin de constituer un nouveau langage reposant sur les sensations et les émotions. Ainsi, tous trois participent à cette même histoire des avants-gardes artistiques allant de l’impressionnisme à l’abstraction. L’exposition dépasse les cases préconçues par l’histoire de l’art afin de classer chaque artiste dans un courant pictural. Mettre cote à cote ces tableaux, amène à jouir de ces oeuvres emblématiques autrement, à travers un axe de recherche commun : représenter l’impalpable.

Claude Monet, La Maison vue du jardin aux roses, 1922-1924, Huile sur toile, 81 x 92 cm, Paris, Musée Marmottan Monet © The Bridgeman Art Library

Claude Monet, La Maison vue du jardin aux roses, 1922-1924, Huile sur toile, 81 x 92 cm, Paris, Musée Marmottan Monet © The Bridgeman Art Library

Le musée Marmottan nous propose donc une exposition bien loin des monographies habituelles ou des expositions traitant des grands courants de l’Histoire de l’Art, et ce au profit d’une pure et simple délectation des oeuvres. On peut ainsi y redécouvrir des Monet emblématiques de la collection du musée, présentés selon des axes qui nous amènent à les voir comme on ne les avait jamais perçu auparavant. C’est également le moyen de profiter des nombreux chefs-d’oeuvres du Munchmuseet d’Oslo prêtés pour l’occasion.

 

Crédit photo couverture : Edvard Munch, Neige fraîche sur l’avenue, 1906, huile sur toile, 80 x 100 cm, Oslo, Munchmuseet / Photo © Munch Museum


Musée Marmottan Monet 

Du 15 septembre 2016 au 22 janvier 2017

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h 

Plein tarif : 11€ / Tarif réduit : 7,50€

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Le tricot : symboliques de son utilisation dans l’art contemporain /?p=1980 /?p=1980#respond Fri, 25 Nov 2016 15:39:35 +0000 /?p=1980 Aujourd’hui, il est presque aussi tendance de se mettre à la « tricothérapie » qu’à la gym suédoise ou qu’à l’aquabiking. Et si les artistes étaient à l’origine de ce renouveau du tricot ?

Bien avant son introduction dans la création artistique contemporaine, le tricot est une activité manuelle de longue tradition. Classée dans les arts populaires, cette pratique largement répandue pendant des siècles a d’abord répondu à un besoin de se vêtir, de se réchauffer et d’habiller un intérieur. La laine est un matériau simple et économique que l’on peut remployer aisément dans un processus de création, déstructuration, restructuration. Si les objets tricotés attirent autant aujourd’hui, c’est que leur simplicité brute marque une opposition face aux matériaux industriels ou aux images virtuelles dont notre environnement est saturé.

Aurélie Mathigot, Cinderella, 2008.

Aurélie Mathigot, Cinderella, 2008.

Le terme de « largement répandue » reste à nuancer puisque l’on sait que le tricot a été et reste encore une pratique typiquement féminine. Celle-ci renvoie à quelque chose de maternel, à un univers d’amour et de protection. Elle évoque en conséquent la sédentarité qui a caractérisée la vie des femmes au foyer pendant des siècles. Confinées dans un environnement qui ne dépassait pas les murs de leur logis, ou au mieux les frontières de leur ville, les femmes étaient vouées à occupées leurs journées par des passes-temps comme celui-ci. Pour les enfants qui ont grandi avec cette manière de concevoir le quotidien d’une femme, le tricot les renvoie au cercle familial et à une certaine nostalgie.

Même s’il est tout à fait concevable de tricoter en solitaire, les adeptes de ce loisir (puisque de nos jours, il n’est plus question de besoin), ont tendance à se regrouper pour le pratiquer. Il suggère donc une idée de partage et de convivialité. On tricote en même temps qu’on parle, on tisse une conversation au rythme des aiguilles. Olga Boldyreff a bien compris l’universalité de cette occupation, qu’on retrouve dans presque toutes les cultures : « C’est un objet qui met en joie et entraîne une complicité immédiate avec les gens, hommes et femmes, de quelque origine qu’ils soient. » Il semblait donc naturel aux artistes d’inviter le tricot dans la rue, de le faire sortir des foyers pour créer du lien entre les passants et investir l’espace public qu’ils côtoient au quotidien.

Si la laine, par sa douceur et sa chaleur, apporte du réconfort, elle a aussi une connotation ludique et juvénile. Les premières images qui nous viennent à l’esprit sont souvent celles, vues dans les dessins animés, du chat désobéissant qui joue avec une pelote ou un pompon. Ces représentations tirées du monde de l’enfance renvoient à un imaginaire ludique et créatif. En effet, le tricot peut être employé pour fabriquer peluches, poupées et monstres, pour donner corps aux fantasmes de l’enfant.

Les artistes utilisent ce caractère à la fois innocent et moqueur de l’objet tricoté pour venir ridiculiser un monument, une image. Ainsi, ils dédramatisent des sujets sérieux ou sensibles comme peuvent le faire les enfants sans même s’en rendre compte.

Ishknits, statue de Frank Rizzo à Philadelphia, 2012. Photo : Conrad Benner (Streetsdept.com)

Ishknits, statue de Frank Rizzo à Philadelphia, 2012. Photo : Conrad Benner (Streetsdept.com)

Au-delà de ces différente symboliques, on peut attribuer au tricot une signification bien plus profonde. A l’heure où tout va vite, où le temps est précieux et compté, une simple pièce réalisée à la main est une métaphore du temps écoulé. L’artiste Knitorious Meg le dit : « Le temps passé à tricoter ou crocheter témoigne d’une réelle intention et d’un véritable engagement envers la pièce réalisée ». Dans cet engagement, on peut voir à la fois l’amour, l’attente et la quête d’un accomplissement. Puisqu’un ouvrage en tricot est quelque chose en construction dont la finalité nous est inconnue, il reste jusqu’au bout un objet indéterminé. La création, une fois mise en route, laisse encore mille possibilités de surprises et d’aboutissements. Il est en cela une métaphore presque existentielle.

Olga Boldyreff, Les devenirs, 2015. Photo : http://espacegred.fr/

Olga Boldyreff, Les devenirs, 2015. Photo : http://espacegred.fr/

Il est important de garder à l’esprit qu’un objet tricoté porte en lui une grande vulnérabilité. Lors de sa création, on peut facilement manquer une maille, ce qui serait soit une erreur irréversible, soit une faute à réparer. Il est aussi vite arrivé de briser, sans le vouloir, l’objet fini. Chaque maille est dépendante de l’autre. Si l’une d’entre elle se casse, c’est tout l’ouvrage qui se défait. Finalement, malgré son apparente solidité et sa symbolique protectrice, le tricot reste quelque chose de fragile dont la conservation est facilement menacée.

En utilisant cette technique traditionnelle mais originale pour notre époque, les artistes sont sûrs de raviver différents souvenirs et émotions chez les spectateurs. Maintenant, on a presque envie d’apprendre à manier les aiguilles nous-même…

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Age of Anxiety /?p=1960 /?p=1960#respond Fri, 25 Nov 2016 13:36:01 +0000 /?p=1960 « Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse » disait Nietzsche. Pour les Etats-Unis, ce-dit chaos pourrait bien coïncider avec la période trouble que fut la Grande Dépression des années 1930. Qu’en est-il alors de l’ « étoile qui danse » ?

L’exposition qui se tient au musée de l’Orangerie nous prouve justement que l’anxiété peut se transformer en énergie créatrice. Au cœur de cet « age of anxiety » que sont les années 30, les artistes américains prennent différentes voies pour exprimer leurs craintes, leur rage ou leur soif de liberté.

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Edward Hopper (1882-1967), Gas (Station-service), 1940, Huile sur toile, 66.7 x 102.2 cm, New York, Museum of Modern Art (MoMA)

Ceux pour qui la Grande Dépression apparaît comme un déboussolement se lancent en quête de leur identité à travers celle de leur nation. Les paysages ruraux ou bétonnés qui constituent leur quotidien en disent beaucoup sur leur époque. Non loin des vastes étendues de champs s’élèvent des bâtisses grises, symboles du capitalisme qui s’effondre alors. Le paysage rural est à la fois évocateur de destruction, de désertion et de renouveau. Ces terrains vierges comme des toiles blanches apparaissent comme une opportunité de fonder les bases d’une nouvelle culture visuelle.

Alors que la foi des américains dans le capitalisme s’ébranle, ces derniers prônent un retour à la terre et aux valeurs traditionnelles. Le thème de la vie paysanne, qui séduit par son aspect brut et authentique, est omniprésent. L’univers des fermiers, pourtant rudimentaire, évoque un univers stable et rassurant pour les traumatisés du Krach boursier.

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Grant Wood (1891-1942), American Gothic (Gothique américain), 1930, Huile sur panneau d’aggloméré, 78 x 65.3 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago, Friends of American Art Collection. © The Art Institute of Chicago

Les artistes ressentent le besoin de dépeindre leur réalité contemporaine tout en portant un regard sur leur passé. En effet, c’est dans leur histoire que les américains puisent la matière de leur identité. Certains trouvent refuge dans la glorieuse époque coloniale tandis que d’autres reviennent sur des époques plus sombres qui ternissent et nuancent l’image d’un pays peuplé de héros. Thomas Hart Benton affiche quant à lui son parti pris pour l’intégration des afro-américains à la culture américaine.

 

 

 

 

 

 

 

Thomas Hart Benton (1889-1975), Cotton Pickers (Cueilleurs de coton), 1945, Huile sur toile, 81.3 x 121.9 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago. © The Art Institute of Chicago. © T.H. and R.P. Benton Testamentary Trusts / ADAGP Paris 2016

Thomas Hart Benton (1889-1975), Cotton Pickers (Cueilleurs de coton), 1945, Huile sur toile, 81.3 x 121.9 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago. © The Art Institute of Chicago. © T.H. and R.P. Benton Testamentary Trusts / ADAGP Paris 2016

Plutôt que de s’efforcer à accepter cette société en chute libre, d’autres peintres visent la libération de l’esprit par de nouvelles formes artistiques. Ils s’éloignent de la tradition figurée pour explorer l’abstraction, dont la source créatrice est, selon Pollock, l’expression de l’inconscient. C’est également sur cette idée que se fonde l’art surréaliste, inspiré aux artistes américains par quelques grandes figures européennes comme Miro ou Dali. En associant et juxtaposant librement des images, on parvient à des scènes presque onirique qui reflètent la psychologie de l’artiste. Les œuvres de Osvaldo Louis Guglielmi, par exemple, sont le miroir de sa pensée prolétarienne inquiétée par la décadence de son temps.

Oswaldo Louis Guglielmi (1906-1956), Phoenix (Portrait in the Desert; Lenin) (Phoenix (Portrait dans le désert ; Lénine), 1935, Huile sur toile, 76.2 x 63.8 cm. Sheldon Museum of Art, University of Nebraska-Lincoln, NAA-Nelle

Oswaldo Louis Guglielmi (1906-1956), Phoenix (Portrait in the Desert; Lenin) (Phoenix (Portrait dans le désert ; Lénine), 1935, Huile sur toile, 76.2 x 63.8 cm. Sheldon Museum of Art, University of Nebraska-Lincoln, NAA-Nelle

Les artistes ne sont pas les seuls à chercher un échappatoire à cette société en déclin. En effet, c’est toute la population qui s’enivre de distraction. Concerts, bals ou cinémas sont autant de moyens de faire face à une dure réalité. Les peintres représentent l’abondance vide, le foisonnement désespéré des divertissements auxquels la population s’adonne avec ardeur.

Reginald Marsh (1898-1954), Twenty Cent Movie (Film à vingt cents), 1936, Crayon carbone, encre et huile sur panneau de particules, 76.2 × 101.6 cm, Whitney Museum of American Art, New York

Reginald Marsh (1898-1954), Twenty Cent Movie (Film à vingt cents), 1936, Crayon carbone, encre et huile sur panneau de particules, 76.2 × 101.6 cm, Whitney Museum of American Art, New York

D’autres encore utilisent la peinture comme purgatoire. Ils expriment l’horreur et la désillusion auxquelles ils sont confrontés à travers des peintures très sombres. C’est d’abord une démarche introspective, une façon de se libérer de la haine ou de la peur qu’ils éprouvent. C’est également la projection d’une triste réalité sociale et économique et une manière de dénoncer les facettes les plus médiocres du contexte mondial de cette époque. Joe Jones, avec son  American Justice, s’inclut dans cette deuxième catégorie d’artistes en montrant avec violence les dérives de la société américaine.

Joe Jones (1909-1963), American Justice (Justice américaine), 1933, Huile sur toile, 76,2 x 91,4 cm. Columbus Museum of Art, Ohio

Joe Jones (1909-1963), American Justice (Justice américaine), 1933, Huile sur toile, 76,2 x 91,4 cm. Columbus Museum of Art, Ohio

Ces années troubles marquent également l’âge d’or du cinéma américain. L’énergie créatrice des cinéastes comme John Ford prend le dessus sur les conditions matérielles parfois difficiles dans lesquelles les compagnies doivent travailler. Les décors et les scénarios sont bien emprunts d’un esprit sombre et chaotique, mais les productions foisonnent dans tous les registres. La technique de la colorisation qui apparaît ensuite apporte un nouvel essor au septième art, libérant des possibilités esthétiques et ouvrant les portes à l’imaginaire.

Le Musée de l’Orangerie propose, en plus de cette riche exposition, plusieurs visites-ateliers, conférences et concerts en lien avec l’Amérique des années 30. Toute la programmation est disponible sur le site : http://www.musee-orangerie.fr/fr/evenement/la-peinture-americaine-des-annees-1930.


Crédits pour la photo de couverture : Georgia O’Keeffe (1887-1986), Cow’s skull with Calico Roses (Crâne de vache avec roses), 1931, Huile sur toile, 91.4 x 61 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago, Alfred Stieglitz Collection, don de Georgia O’ Keeffe © The Art Institute of Chicago © Georgia O’Keeffe Museum / ADAGP Paris 2016


Du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017

Musée de l’Orangerie

Tarifs : 9€ – 6,50€ (tarif réduit)

Gratuité pour les moins de 25 ans

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Rodolfo Oviedo Vega, Artiste et Directeur d’association – l’entretien /?p=1780 /?p=1780#respond Thu, 17 Nov 2016 08:00:03 +0000 /?p=1780 Nous sommes allé à la rencontre de Rodolfo Oviedo Vega, artiste et directeur de l’association Jour et Nuit Culture, lieu de création artistique mêlant résidence d’artistes et événement culturels tels que des expositions, des débats et des festivals de cinema.

Hey Listen : Pouvez vous nous présenter le projet de l’association Jour et Nuit Culture ?

Rodolfo Oviedo Vega : L’objectif principal de cette association est de défendre le droit à la création. Jour et Nuit Culture est née du fait que Alejandro Saga, Morgane Planchais et moi avions besoin d’espace pour travailler. Ainsi nous avons décidé de créer un véritable espace de création. Ce dernier est dédié à tout le monde, mais on s’est essentiellement focalisé sur des artistes étrangers, car ce sont eux qui ont le plus souvent des difficultés à trouver des ateliers à Paris ou à bénéficier des aides existantes pour la création. C’était d’ailleurs notre cas au début, c’est pour cela que nous avons souhaité partager cet espace. Ainsi l’association a accueillie dans un premier temps environ 45 artistes en permanence au sein des 21 ateliers situés Rue Saint Charles, après, nous nous sommes diversifié en proposant d’autres activités mais la principale reste encore la résidence d’artistes.

Équipe de Jour et Nuit Culture lors de la visite de Murakami

HL : Qu’elles sont les grandes étapes de la création de l’association ?

ROV : Nous avons commencé par prendre possession d’un lieu en 2010, puis nous avons fait les démarches juridiques afin de justifier nos activités. Nous avons ensuite entrepris des travaux dans ces locaux situés au 61 rue saint Charles afin de recevoir des artistes et de créer des ateliers. Puis, pour maintenir en place ces structures, nous avons cherché de quelle manière avoir des ressources. On a alors mis en place une cotisation de la part des artistes résidents puis, dans un second temps nous nous sommes mis à proposer des espaces à d’autres artistes dans le domaine des arts vivants, mais également des espaces pour des cours de yoga ou de danse par exemple.

Composition N°500, 200×400 cm, feuille d’or et acrylique, Paris 2015

HL : Quel a été le rôle de la mairie de Paris dans la mise en place de ce projet d’association ?

ROV : A l’initiative de Bertrand Delanoé, la mairie de Paris a mis à disposition des locaux vides pour des collectifs artistiques. Ainsi nous avons été le premier lieu à Paris à bénéficier de ce projet. Nous nous sommes donc engagés à quitter les locaux rue Saint Charles pour nous installer à Saint Michel et la mairie a donné sa confiance au collectif en contribuant à subventionner une partie du loyer.

HL : Pourquoi avoir choisit de faire cette association à Paris ?

ROV : Le système nous a permis de le faire ici. On vient du milieu des squats, on savait comment prendre possession d’un lieu. Apres la difficulté résidait dans la partie législative :  comment faire en sorte que le projet soit adopté ? La partie légale est plus compliquée que de juste prendre possession d’un lieu. Nous souhaitions avoir des espaces corrects pour travailler dans les meilleures conditions, cela nous a donc poussé à négocier un contrat dans le cadre de la loi, et cela était d’avantage réalisable à Paris plutôt qu’ailleurs.

HL : La plupart de vos artistes-résidents sont de nationalités différentes. Pourquoi est-ce si important de représenter différentes cultures au sein d’un même endroit à Paris ?

ROV : Parce que ça reflète Paris ! Et puis c’est un atout. Nous souhaitons jouer un rôle pour ces artistes étrangers, un rôle d’intégration. En même temps ça nous permet de nous intégrer en tant qu’association dans le quartier. C’est pour ça que c’est si important de faire des partenariats locaux qui font entrer en jeux ces différentes nationalités. On a donc décidé de créer un partenariat avec le cinéma –  avec le projet Images Nomades qui diffuse des films d’origines différentes. On ne connaissait rien au cinéma, mais c’était pour l’association une première étape dans la mise en place d’activités hors les murs. Ainsi on a pu prendre conscience de notre capacité à gérer aussi des choses à l’extérieur de l’immeuble, et ce dans la volonté de créer un partenariat de confiance au sein de notre quartier.

HL : Pouvez vous nous parler des futurs projets de l’association ?

ROV : Nous allons tout d’abord maintenir les portes ouvertes tous les mois. Il faut que ce soit une activité régulière afin de créer une habitude pour les habitants du quartiers, de leur montrer que nous existons. Ensuite, en septembre, on commence avec le projet d’Andonio Nodar : « from portrait to self-portrait’‘, qui consiste à photographier les artistes-vivant d’une ville. Ainsi les artistes parisiens vont défiler dans l’association, il va les photographier, leur donner une copie de la photographie afin que ces artistes puissent travailler sur leur propre portrait. On va donc tenter de monter une exposition avec toutes ces œuvres là. Pour le moment il y a déjà 350 artistes qui ont intégré le projet (dont Julio Le Parc ou Antoni Tapiès), et on espère avoir plus de 1000 artistes d’ici décembre. L’idée est de faire ensuite donation de ces œuvres à la ville afin qu’elles soient exposées dans un lieu correct. On a d’ailleurs déjà fait un accord avec la mairie de Cachan. Puis, on va faire des essais de projections de cour-métrages dans le cadre des Images Nomades afin de rassembler au cours d’une soirée plusieurs réalisateurs qui pourront échanger avec leur publics.

Rodolfo Oviedo Vega profite ainsi de cet espace pour créer des peintures abstraites empruntes de lyrisme. Originaire de El Salvador, il aime repousser les limites de la matière picturale en intégrant divers matériaux à ses œuvres. Cela lui permet ainsi de matérialiser les souvenirs de ses voyages dans ses toiles.

HL : Dans vos œuvres vous mélangez des influences provenant des différents pays que vous avez parcourus à travers vos voyages, pourquoi est ce si important de mélanger ces cultures ?

ROV : Selon moi, l’Art doit retranscrire un vécu ou bien des phénomènes sociaux, naturels ou autre. Comme j’ai beaucoup voyagé j’ai cherché un moyen d’exprimer ce vécu là. Le sujet du voyage et des migrations me passionne. C’est ça mon sujet : tous les motifs pour lesquels un homme se déplace. Pourquoi moi-même je me déplace ? Cela peut être pour un motif économique, politique, pour enrichir l’âme, comme quand on fait un pèlerinage à la Mecque ou au lieu de naissance du Bouddha. Il y a d’ailleurs toujours eu ce sens du sacré dans mon art. A chaque période j’ai trouvé des moyens d’exprimer cela, en ce moment c’est à travers l’usage de l’or car c’est un élément qui renvoi au sacré dans toutes les cultures.

Composition n°450, 161×130 cm, Paris, 2013

HL : Vous utilisez également des matériaux très variés dans vos oeuvres. Pourquoi cette attention accordée au choix des matériaux ?

ROV : Quand on voyage, certes il y a la photographie, mais elle n’est pas un souvenir matériel en soit. Je choisit des choses imprégnées du lieu, ce sont des témoignages matériels de l’endroit en question. Il y a un souvenir dedans, une valeur plus riche, qui a son propre témoignage en lui même. A partir de ce constat là, il me semble évident de pouvoir mélanger ces éléments dans mes œuvres. Le fait de mélanger les matériaux renvoi à mon bagage culturel, à mon vécu. C’est un témoignage et c’est un rappel, car quand tu revois ton travail, cela te rappelle des moments que tu as vécu, et tu te vois toi même. C’est exactement comme dans la vie, quand on relis des notes que l’on a écrites ou des choses que l’on a fait il y a un certain temps et que l’on reviens sur nos pas en se demandant comment on en est arrivé là.

Composition n°509, 35x35cm, acrylique, Paris, 2016

HL : Pouvez vous me parler de votre parcours en tant qu’artiste ?

ROV : Durant mon enfance j’allais à une école jésuite, j’ai donc reçu une éducation très rigide. Puis à 12 ans j’ai intégré unconservatoire d’art où je me suis spécialisé dans le dessin et la gravure. J’ai commencé à peindre en 2005. A 15 ans j’ai commencé à travailler pour un journal, puis à 17 ans j’ai ouvert un bar-galerie à El-Salvador. Le but était de proposer à des étudiants qui n’avaient pas beaucoup de ressources des repas dans un espace artistique. Ainsi, on mangeais au milieu des expositions. C’est à partir de là que je me suis mis véritablement à vivre de mon art. Après, j’ai beaucoup voyagé : en Colombie, au Guatemala, au Mexique. Puis je suis venu en France où j’ai réalisé des expositions dans le sud de la France. Ensuite, je me suis installé à Paris, je vivais dans la rue, et on m’a parlé d’un squat. Je me suis intégré à ce collectif et y ai rencontré Alejandro Saga. Mes deux premières années en France étaient vraiment dures. Mais quand on m’a proposé un billet d’avion pour rentrer à El Salvador, j’ai dit non.

HL : A quel moment avez vous décidé de faire de la peinture abstraite ?

ROV : Alors que je voyageais, je ressentais cette volonté de représenter ce que j’étais entrain de vivre, mais je ne souhaitais pas le faire de manière académique comme on me l’avait appris à l’école. Cela ne suffisait pas à représenter ce que je vivais.  Les indiens font des patchwork avec des éléments de leur passé, j’ai voulu faire de la même façon un patchwork de ce que j’étais entrain de vivre. Puis j’ai appliqué des couleurs et c’est devenu abstrait.

Prix du Sénat 2016

Aujourd’hui, artiste de renom, Rodolfo Oviedo Vega cumule les casquettes : artiste peintre, directeur de l’association Jour et Nuit Culture mais aussi vice-président de l’association ACA (Association Centro Américaine) pour la culture de l’Amérique Central. Il a reçu le Prix du Sénat Français cette année et expose dans le monde entier.

Site internet : http://www.jouretnuitculture.org http://www.oviedovega.com/

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Alechinsky et l’amour de l’encre /?p=1911 /?p=1911#respond Wed, 16 Nov 2016 17:24:24 +0000 /?p=1911 Matisse est né à Cateau-Cambrésis. C’est là que se trouve aujourd’hui le musée qui porte son nom. Il accueille actuellement l’oeuvre de Pierre Alechinsky, artiste belge dont l’âge avancé n’enlève rien à son « hyper-activité » créatrice.

Le Musée Matisse de Cateau-Cambrésis est d’abord un lieu de rencontres. Rencontres entre le public et les collections, mais aussi entre les artistes eux-même. Qu’ils soient contemporains ou non, les artistes exposés au musée semblent liés par des idées, des inspirations. Les oeuvres se répondent et s’inscrivent dans un prolongement d’idées. C’est de cette vocation de créer un dialogue résonnant entre les murs du musée qu’est née l’idée d’une exposition consacrée à Pierre Alechinsky.

Vue d’exposition. Crédits photo Gaëlle Hubert

Le travail de l’artiste belge s’inscrit dans la continuité de l’exposition Matisse et la gravure qui a vu le jour fin 2015. Celle-ci s’intéressait à un aspect parfois délaissé du travail de Matisse, qui a pourtant inspiré de nombreux artistes. Alechinsky fait justement partie de ceux-là.

Issus d’une formation en typographie, en illustration du livre et en gravure, il touche également à la peinture, à la calligraphie et à la céramique. C’est autour de son travail sur les livres illustrés, ainsi que sur les recherches et correspondances qui y sont liées, que l’exposition Marginalia gravite.

Le parcours qui se tient au Musée Matisse rend compte de la richesse de l’oeuvre de Pierre Alechinsky en mettant l’accent sur les relations de qualité qui ont enrichi sa pensée. Sont exposées, comme témoignage de ces amitiés, de nombreuses oeuvres collaboratives où le dessin de l’artiste vient se lier aux écrits. Ces travaux sont l’occasion de repenser la répartition des textes et des illustrations dans l’espace. A travers la calligraphie, l’artiste s’intéresse également à la lettre comme signe, comme image qui peut être détournée. Il joue avec la forme des mots en même temps qu’avec leur sens en faisant preuve d’un humour moqueur, imprégné de surréalisme. Il créé des dialogues amusants entre des supports pré-existants (actes de notariat, feuilles de paiement…) et les illustrations qu’il intègre. A la manière des palimpsestes, les supports sont réemployés pour créer un sens nouveau.

Dans ses livres illustrés comme dans ses toiles, Alechinsky a le souci de la composition. La présence de la marge ou de la prédelle dans ses oeuvres est une constante. Elles viennent encadrer ou souligner le motif central, en prenant parfois une importance étonnante. En effet, le cadre, qu’on considère souvent comme annexe, apparaît sous un autre jour dans les oeuvres de l’artiste. Il vient soit décorer les toiles de sa couleur ou sa monochromie, soit conférer un sens supplémentaire au reste du tableau, parfois par une narration abstraite. Parmi les nombreuses préoccupations communes entre Matisse et Alechinsky, on distingue notamment l’utilisation de l’ouverture. Ce qui chez le premier prend la forme d’une fenêtre se traduit chez le second par cette ouverture entre les marges. La forme ronde fait également partie des motifs récurrents communs aux deux artistes. L’Astre et désastre, entre autre, semble apparaître comme une synthèse de ces recherches sur la composition : on y retrouve à la fois la prédelle monochrome qui contraste avec la richesse des couleurs, l’idée d’ouverture et la forme du rond.

Il ne faudrait pourtant pas penser que le travail d’Alechinsky est calqué sur celui de son inspirateur. Loin de marcher dans ses pas aveuglément, il crée une réinterprétation des images qui l’ont inspirées. L’artiste dit lui-même que rien n’est vierge, que la création est toujours nourrie des visions qui nous précèdent.

C’est grâce à sa maîtrise technique irréprochable et sa culture artistique que Pierre Alechinsky a fourni (et continue de fournir) des oeuvres aussi riches, tant par les références qu’on peut en extraire, que par une simple et pure poésie.


Jusqu’au 12 mars 2017

Musée de Matisse, Cateau-Cambrésis

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Un bestiaire mécanique – horloges et automates à la renaissance /?p=1888 /?p=1888#respond Sun, 23 Oct 2016 09:00:17 +0000 /?p=1888 Un tic-tac incessant, des yeux qui roulent, une langue qui sort, … Les œuvres s’animent au cœur de la galerie Kugel.

Depuis toujours, l’homme rêve de donner vie à un être artificiel et c’est à la fin du Moyen-Âge qu’il pourra y parvenir avec l’apparition de l’horlogerie. Ce rêve s’incarna en de luxueuses horloges à la Renaissance représentant des animaux ou des personnages en bronze doré destinés au plaisir des princes. Les premiers automates sont ainsi créés, une pratique entre science et l’art, avec des mouvements prédéfinis se répétant au grès du pendule. Un bras qui bouge, une langue qui sort, les yeux qui roulent, une bouche qui s’ouvre, etc.

La Galerie Kugel, grande galerie d’antiquaires à Paris, présente pour la première fois une exposition entière consacré aux horloges et automates de la Renaisse conçus entre 1580 et 1630. C’est la plus grande collection jamais assemblée – plus de 30 modèles sont présentés. Principalement des animaux exotiques – éléphant, lion, ours, … – mais aussi des personnages tels que des dompteurs d’ours ou un turc à cheval brandissant son cimeterre.

Conçus dans la ville d’Augsbourg, principal centre artistique germanique à cette époque, ces merveilleux objets combinant l’art, la sculpture, l’horlogerie et parfois l’ébénisterie, furent offert dans le cadre de cadeaux diplomatiques, notamment à Istanbul ou en Chine. Ils fascinèrent les cours européenne avant comme aujourd’hui.

Malgré un nombre important de ces automates exposés à la galerie, une seule grande pièce compose l’exposition. Le tour se fait assez rapidement et peu frustrer lorsque l’on voit la qualité de ces créations qui donnent envie d’en voir toujours plus ! Une très belle exposition, gratuite qui plus est, et rapide. Penchez vous sur chaque horloge et regardez en tous les recoins, elles regorgent de détails !

 


Galerie J.Kugel – 25 quai Anatole France, 75007, Paris

Entrée Libre du Lundi au Samedi de 10h30 à 19h

Du 9 septembre au 5 novembre 2016

 

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Oscar Wilde, L’impertinent absolu /?p=1866 /?p=1866#respond Thu, 20 Oct 2016 08:00:22 +0000 /?p=1866 Le Petit Palais ouvre ses portes à l’écrivain irlandais Oscar Wilde, pour sa première grande exposition française permettant de découvrir sa vie et son oeuvre à travers un parcours chronologique développé en sept salles. 

Aubrey Beardsley, J’ai baisé ta bouche Iokanaan, The
Studio, n°1, avril 1893. Collection Merlin Holland

On entre dans l’exposition comme on entrerait chez Wilde : la première pièce est décorée d’un motif présent chez ce dernier et qui lui est cher, la scénographie veut ainsi nous aider à plonger dans son univers. Aussi, une multitude d’oeuvres, provenant de médiums artistiques variés (peintures, photographies, manuscrits, lettres, dessins etc..) servent cette ambition. Cependant, tout cet éclectisme ne nous immerge que très peu dans la psychologie de l’artiste, même si ses aphorismes, ponctuent toute l’exposition. Si le spectateur a une riche documentation à sa disposition, il s’agit essentiellement de (trop) courts extraits de critiques ou de (très beaux) manuscrits, mais sous vitrine. De même les explications ornant les murs de chaque salle éclairent sur les oeuvres présentées, mais restent très factuelles et biographiques.

En revanche, l’oeuvre d’Oscar Wilde, Salomé, est quant à elle bien plus développée : une salle entière lui est consacrée. Néanmoins, ce n’est pas tellement celle de Wilde que l’on y découvre, mais plus la Salomé mythologique et inspirée de ses représentations faites par l’artiste ! Il est très intéressant de voir de quelles manières l’artiste et son oeuvre sont devenus une source d’inspiration pour d’autres artistes. Salomé a ainsi permis à Aubrey Beardsley de créer un magnifique portofolio de dix-sept illustrations, exposées au Petit Palais.

Si l’oeuvre de Wilde a permis de créer d’autres oeuvres d’art, son image et sa personne elles-mêmes donnent aussi naissance à des productions artistiques, comme le portrait Toulouse Lautrec, ou les représentations satiriques faites de lui, lors de son séjour aux États-Unis.

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), La Danse mauresque, 1895. Panneau pour la baraque de la Goulue, à la Foire du Trône à Paris. © RMN-Grand Palais
(musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Dans un second temps, l’association des oeuvres critiquées par Wilde avec des extraits de ces critiques nous permet d’appréhender sa vision de l’art et ses goûts artistiques personnels. Par exemple, il aime, ou semble aimer les thèmes antiques – ou tardo-antiques -, que l’on retrouve dans sa critique sur la peinture de Sir William Blake Richmond, Electre sur la tombe d’Agamemnon, de 1874, mais également dans son choix du sujet pour sa pièce Salomé, à propos d’une princesse juive du Ier siècle. De même, Wilde semble développer un attrait particulier pour ce qui tend à la poésie, à une esthétique onirique, bien plus qu’au réalisme et naturalisme. En effet, s’il met en avant les oeuvres de Blake ou Evelyn de Morgan, il dénigre celles de Tissot, qu’il juge trop réalistes.

De fait, ce n’est pas tant son caractère «d’impertinent absolu » qui est développé au Petit Palais, mais plus sa relation aux arts et sa propre aura artistique. L’exposition met également en avant des oeuvres singulières, notamment de sublimes tableaux emblématiques du courant préraphaélite, peu représenté dans les musées français.

John Roddam Spencer Stanhope (1829-1908), L’Amour
et la jeune fille, 1877. © Fine Arts museum de San
Francisco Achat du musée, du European Art Trust Fund,
du Grover A. Magnin

 


Du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017

Petit Palais – Paris

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« COMMENT BÂTIR UN UNIVERS QUI NE S’EFFONDRE PAS DEUX JOURS PLUS TARD 3/3 : ENTROPIES » /?p=1849 /?p=1849#respond Wed, 19 Oct 2016 08:00:39 +0000 /?p=1849 C’est lorsque l’on prend conscience de la déconstruction permanente de notre espace vital que l’on commence à capturer ce qui nous sert de repère, ce qui nous rassure.

Après « Simulacres » et « Relativités », Marie Koch et Vladimir Demoule consacrent le troisième volet de leur projet d’exposition aux « Entropies ». Cette dernière thématique vient s’inscrire logiquement dans la continuité de ce qui a déjà été présenté. Après avoir interrogé notre appréhension du réel et bousculé des données spatiales que nous pensions figées, les deux commissaires d’exposition nous invitent à présent à étudier comment le temps vient marquer l’espace et le dégrader. Et surtout, comment nous, humains, nous réagissons face à la déconstruction de notre univers.

L’« entropie », mesure thermodynamique théorisée par le physicien Clausius, fait état de la désorganisation d’un système. L’augmentation de l’entropie est inéluctable dés lors que le temps commence à s’écouler. On peut calquer ce mécanisme thermodynamique sur l’évolution d’un système de manière générale. Notre univers, celui dans lequel nous évoluons chaque seconde, serait donc voué à se déconstruire lui aussi. Alors qu’il nous sert de repère et qu’il nous semble infiniment stable, l’espace qui nous entoure est en constante dégradation. En prendre conscience est effrayant. Si l’humain a cette manie de capturer, d’enregistrer ce qu’il vit, c’est finalement par peur de voir son monde s’émietter sous ses pieds.

vue d'exposition, © Aurélie Cenno

vue d’exposition, © Aurélie Cenno

Par la photographie, la sculpture ou l’installation, les artistes tentent de fixer en image ou en volume ce à quoi ils tiennent. Il s’agit tant de souvenirs personnels que de données ou de lieux dont ils redoutent la perte. Pour contrer cette inquiétude, l’humain cherche inconsciemment à s’approprier l’espace en en créant des représentations. Il photographie ses proches, crée l’empreinte ou la carte de lieux escarpés, recense des statistiques sur le bonheur dans son pays… En confinant son monde dans des figurations, l’homme peut le contempler et le posséder symboliquement. Nandita Kumar, elle, a projeté dans une bouteille l’image d’un futur proche et inquiétant : celui de l’urbanisation indienne. En l’enfermant dans cet espace réduit, elle prévient autant qu’elle rassure : le futur est là, dans cette bouteille close.

Vue d'exposition, Felicie D'Estienne D'Orves, Etalon Lumière, © Aurélie Cenno

Vue d’exposition, Felicie D’Estienne D’Orves, Etalon Lumière, © Aurélie Cenno

Mais cette sauvegarde est vaine : tout se déconstruit. D’une part, les supports matériels s’altèrent avec le temps comme un disque qui tourne ou une photo qu’on découpe, d’autre part le réel lui-même se déconstruit. Alors que l’on croyait l’habiter, le monde se noie dans la quantité de représentations et de copies que l’homme en a fait. Nous ne le connaissons plus dans sa réalité matérielle et immédiate.

Les artistes tentent alors de mesurer ce temps qui passe et nous effraie. Félicie d’Estienne d’Orves se lance dans ce projet ambitieux avec son Etalon lumière. Avec la contribution d’un astrophysicien, elle rend visible, sur un mètre en acier, la vitesse de la lumière depuis la Terre jusqu’au Soleil et jusqu’à Mars. Alors que l’on pensait la vitesse de la lumière aussi immuable que la mesure d’un mètre, elle se révèle tangible. De la Terre à Mars, la lumière peut aussi bien mettre 3 secondes que 22… Le côté universel de la mesure est totalement déconstruit et nous offre une vision du temps plus large, moins anthropocentrique.

 

Vue d'exposition © Aurélie Cenno

Vue d’exposition © Aurélie Cenno

Quant à l’artiste Miao Xiaochin, il tente de dématérialiser, grâce aux outils informatiques, notre passé, notre histoire. Il se réapproprie les grandes références de l’histoire de l’art (notamment Bruegel et Raphaël) et les rassemble dans un montage vidéo sonore. Ainsi, il les confine dans un même univers (très psychédélique), sauvé dans une dimension immatérielle comme une archive. Il s’engage en même temps dans la création d’une archéologie contemporaine en représentant des brides de notre civilisation où la technologie tient une grande place. Ces images qui conjuguent passé, présent et futur forment finalement un cycle : une éternelle renaissance de notre univers après sa destruction.

Miao Xiaochun, Restart, 2008 - 2010, Vidéo, animation digitale 3D, 14’22” Courtesy de la Galerie Paris-Beijing Mention du copyright: © Miao Xiaochun

Miao Xiaochun, Restart, 2008 – 2010, Vidéo, animation digitale 3D, 14’22”
Courtesy de la Galerie Paris-Beijing
Mention du copyright: © Miao Xiaochun

Grâce à ce dernier volet, « Entropies », nous prenons conscience de ce qui mène l’homme à multiplier les projections de son propre monde. La démarche des artistes, qui font aussi face à la déconstruction de l’univers, est de tirer de cette inquiétude quelque chose de poétique et qui motive la création.


Du 5 octobre au 10 décembre 2016

Maison populaire, 9 bis rue Dombasle, 93100 Montreuil

Entrée libre

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Un nouveau musée pour l’art du verre – MusVerre /?p=1815 /?p=1815#respond Sun, 09 Oct 2016 09:30:46 +0000 /?p=1815 C’est à Sars-Poterie, dans le nord de la France près de la frontière belge, que ce nouveau musée à ouvert ses portes le 1er octobre 2016. Ce dernier, le Musverre, présente un atelier et un espace d’exposition autour de l’art verrier.

Le bâtiment est paré de pierres bleues du Hainaut, connues pour leur durabilité – résistant aux intempéries et à la pollution – et leur réaction face à la lumière extérieure, permettant à l’architecture d’évoluer en fonction des saisons et des heures du jour. Conçut par Raphaël Voinchet de l’agence W-Architectures, la structure présente une géométrie précise d’arrêtes ciselées rappelant la structure cristalline de la silice, la matière originelle du verre. La sobriété et l’élégance du lieu se veut serein et, depuis l’intérieur, rythmés de vues sur le jardin et les paysages alentours. L’espace mêle ainsi la transparence du verre à la nature, apportant un moment de détente au visiteur. L’architecture avait pour défi la mise en valeur des oeuvres exposées, symbolisant ainsi le lien entre un patrimoine issu de la production traditionnelle locale et la modernité liée à la création artistique contemporaine.

Le MusVerre en août 2016 © MusVerre, C. Bonami

Le MusVerre en août 2016 © MusVerre, C. Bonami

Le Département du Nord souhaitait concilier quatre problématiques clés : créer un musée s’inscrivant dans le paysage, dévoilant par son architecture seule les oeuvres présentées, un parcours riche et une visite rythmée par des vues sur la nature environnante, et enfin, des espaces distincts pour que chaque objet trouve sa place et révèle sa symbolique.

D’une surface d’exposition de 1000 m2 et d’ateliers pédagogiques, le Musverre entend augmenter son rayonnement et l’attractivité de son territoire et ainsi développer son activité culturelle, touristique et économique.

 » Dans le contexte économique et social actuel et dans une région très fragilisée, cet investissement est un véritable défi : mettre la culture au coeur d’un territoire rural, en faire un outil d’accompagnement d’une stratégie de développement qui s’appuie sur un patrimoine local spécifique et s’ouvre à la création et à l’innovation.  » – Aude Cordonnier, Directrice du Musverre.

Pour l’inauguration d’un lieu abritant à la fois des collections prestigieuses et des oeuvres qui témoignent de l’histoire industrielle verrière de Sars-Poteries (19ème et 20ème siècle), mais aussi des créations contemporaines, une demande a été faite auprès de l’artiste Ann Veronica Janssens. Elle réalise alors une installation, Six Magic Mirror et Gauffrettes, dans une approche minimaliste rappelant les oeuvres de Rafael Hefti dans l’exposition Minimal Myth. Ses créations étaient composées de plaques de verre où il apposait des filtres colorés permettant à la fois de tamiser, de réfléchir la lumière, de refléter le visiteur, etc. Hefti jouait ainsi de l’espace d’exposition, comme Ann Veronica Janssens qui répond au caractère épuré de l’architecture, en laissant « rentrer un morceau de paysage » dans le champ visuel. Ses recherches artistiques sont basées sur l’expérience sensorielle de la réalité, elle invite le spectateur à franchir un seuil nouveau, aux limites du vertige et de l’éblouissement. Elle souligne le caractère fugitif, éphémère ou fragile de notre vision de l’espace, du temps, de notre reflet qu’elle nous renvoie.

 » J’utilise les propriétés de la lumière, de la réfraction et de la réflexion pour explorer différentes perspectives de la couleur et me sers de la lumière pour qu’elle s’infiltre dans la matière afin de créer une expérience perceptive qui mette en mouvement cette matérialité et en dissolve les résistances. « 

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Magic Mirror Pink, Ann Veronica Janssens © Andrea Rossetti, Courtesy Gallery Shipper

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Patternity Irridescentlean, Rafael Hefti


76, rue du Général-de-Gaulle, 59216 Sars-Poteries

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h

http://musverre.lenord.fr/fr/Accueil.aspx

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