Dernier volet d’un triptyque, cette exposition, participant à la Biennale Internationale des Arts Numériques à Paris et en Île-de-France, axe son propos sur les conséquences du numérique observées dans la pratique artistique contemporaine. L’espace culturel et dynamique de la Maison Populaire de Montreuil présente neuf artistes pratiquant et utilisant ce médium de manières différentes, apportant divers regards sur ce qui berce notre quotidien. Nous ne pouvons qu’admettre que la numérisation du monde a des conséquences innombrables dans notre vie de tous les jours, notamment jusque dans l’art d’aujourd’hui. Le numérique, phénomène initié par la science, permet ici de lier deux pratiques de prime abord antagonistes : l’art et la créativité scientifique. Cette invention accroit ainsi les possibilités physiques et créatrices de l’art, permettant notamment à des objet de prendre vie dans l’espace d’exposition.
Jean-Benoit Lallemant avec Trackpad, US drone strike Wasiristan 2013 présente une toile de lin tendue sur châssis derrière laquelle un mécanisme reporte les points d’impacts d’une « guerre télécommandée ». Un bruit constant et discret frappe l’œuvre, la déforme, telles les frappes aériennes des drones américains au Wasiristan et au Yémen. Aucune image, seul un léger bruit et mouvement apportent à l’œuvre toute sa force, rappelant des destructions opérées par le biais du numérique et du développement des possibilités militaires. Malgré une toile qui paraît vierge, la création de Jean-Benoit Lallemant propose une vision lourde de sens et nous présente à nous spectateur l’ampleur de l’horreur humaine. Dans cette veine destructrice, Renaud Auguste-Dormeuil propose de donner au négatif de la chose un aspect poétique. Dans sa série The Day Before, il reconstitue la voie lactée des jours ayant précédés l’effroyable à l’aide d’un logiciel, ici Guernica. Il présente ainsi ce que l’on pourrait appeler « le calme avant la tempête », présentant un ciel étoilé doux, comme un baume apaisant les blessures de la guerre.
Aram Bartholl, quant à lui, replace l’être humain au sein de l’univers numérique avec ses Are You Human ? représentant lesCAPTCHA – symboles utilisés sur internet afin de permettre le traitement sécurisé des données – qui témoignent de la différence entre l’homme et la machine car seul l’homme est capable de les déchiffrer. Cette dimension humaine est sensible aussi dans l’oeuvre de Bertrand Planes qui calcule son temps de vie avec Life Clock. L’horloge, réglée à l’âge de l’artiste, s’écoule lentement et donne à réfléchir sur le temps qui passe, à notre passé et futur, aux choses que nous avons accomplies et celles qu’ils nous reste encore à découvrir. L’oeuvre devient alors la vanité que nous regardons dans les musées, la représentation de notre finitude et la réalisation que nous ne sommes pas immortels…
L’ART ET LE NUMÉRIQUE EN RÉSONNANCE 3/3 : CONSÉQUENCES
Exposition du 07 octobre au 12 décembre 2015
Maison Populaire – 9 bis rue Dombasle – 93100 MONTREUIL
Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 21h et le samedi de 10h à 16h30
Informations :