Gaelle Hubert – Hey Listen Blog d'actualités sur l'art. Mon, 22 Jul 2019 13:05:52 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.10 /heylisten.fr/wp-content/uploads/2018/09/cropped-logo-et-texte-hey-listen-2.png?fit=32,32 Gaelle Hubert – Hey Listen 32 32 94317584 [MUSIQUE] Clara Ysé /musique-clara-yse /musique-clara-yse#respond Mon, 22 Jul 2019 12:58:35 +0000 /?p=3255 Il est de ces chansons qui, dés les premières notes de la première écoute, vous obsède. C’est ainsi que, depuis deux jours, je repasse en boucle le premier morceau de l’album de Clara Ysé, « Le monde s’est dédoublé ». Déjà, les paroles sont magnifiques, elles racontent la douleur qui transforme la réalité, mais aussi la joie […]

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Il est de ces chansons qui, dés les premières notes de la première écoute, vous obsède. C’est ainsi que, depuis deux jours, je repasse en boucle le premier morceau de l’album de Clara Ysé, « Le monde s’est dédoublé ». Déjà, les paroles sont magnifiques, elles racontent la douleur qui transforme la réalité, mais aussi la joie renaissante après les épisodes sombres. Clara Ysé a une voix puissante, à la fois chaude et insaisissable. Cette musique a des airs de fin du monde et de fête où l’on tape du pieds. C’est une énorme bouffée d’air et d’ivresse triste. Le reste de l’album est superbe aussi, avec des passages en espagnol et en anglais, et toujours ces envolées vocales totalement jouissives.

A découvrir absolument pour passer un bel été.

 

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[FILM] Conte d’été /rohmer-conte-dete /rohmer-conte-dete#respond Mon, 15 Jul 2019 07:00:43 +0000 /?p=3248 En ce moment et jusqu’au 23 juillet, le Cinéma Star de Strasbourg consacre à Eric Rohmer une rétrospective de ses œuvres. Pour coller à la saison et pour enfin découvrir ce réalisateur que l’on m’a tant vanté, je suis allée voir Conte d’été. Eh bien, c’était une merveilleuse idée. Je passerai ma semaine dans la […]

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En ce moment et jusqu’au 23 juillet, le Cinéma Star de Strasbourg consacre à Eric Rohmer une rétrospective de ses œuvres. Pour coller à la saison et pour enfin découvrir ce réalisateur que l’on m’a tant vanté, je suis allée voir Conte d’été. Eh bien, c’était une merveilleuse idée. Je passerai ma semaine dans la salle de cinéma, pour ne rien manquer du programme.

Conte d’été est sorti en 1996, c’est-à-dire avant le smartphone. Et les amours d’été sans smartphone, c’est beaucoup plus intéressant. Le décor : Bretagne, soleil, un garçon, une guitare et trois filles. Il y a l’incertitude de Gaspard, qui attend sa tendre Léna à Dinard et la guette tous les jours sur la plage. Il y a les « à demain » de Margaux, l’adorable serveuse de la crêperie qui n’est apparemment qu’une amie. Et puis les appels manqués de la ténébreuse Solene, rencontrée un samedi soir, qui est moins facile qu’elle en a l’air. Trois filles qui donnent du grain à moudre au jeune Gaspard et à son cœur indécis.

J’ai rarement vu tant de naturalisme dans les caractères des personnages. Tantôt romantiques et vaillants, tantôt jaloux et lâches, on s’y identifie immédiatement et on s’attendrit devant les baisers volés et les disputes insensées. Il y a plusieurs passages musicaux, chantés, joués à la guitare ou à l’accordéon, qui viennent rythmer le film avec beaucoup de justesse. Et surtout, les dialogues, qu’ils soient profonds ou plus futiles, tiennent une place centrale et construisent l’intrigue du début à la fin.

Rohmer est décidément un réalisateur à connaître (pour ma part, ce n’est que le début !), son esthétique est singulière et jubilatoire.

Vous pouvez aussi écouter ce podcast très chouette : Philosopher avec Rohmer (2/3) / France Culture

Et si vous vivez à Strasbourg, venez donc au Cinéma Star !

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[LECTURE] 17 ans et toutes ses dents ! /lecture-17-ans-et-toutes-ses-dents /lecture-17-ans-et-toutes-ses-dents#respond Mon, 10 Jun 2019 17:56:32 +0000 /?p=3233 Je souhaitais partager avec vous la découverte de ce premier roman d’une grande qualité. Autrice et analyste en signature, Marie Laure Pace nous embarque dans un récit où se mêlent les petites choses du quotidien et les grands mystères de l’existence. Cette lecture m’est arrivée au moment juste, alors que je recommençais à m’intéresser à […]

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Je souhaitais partager avec vous la découverte de ce premier roman d’une grande qualité. Autrice et analyste en signature, Marie Laure Pace nous embarque dans un récit où se mêlent les petites choses du quotidien et les grands mystères de l’existence.

Cette lecture m’est arrivée au moment juste, alors que je recommençais à m’intéresser à la parapsychologie, aux « mondes parallèles » et aux dons surnaturels que certains possèdent. Quoi de mieux que la fiction pour explorer les tréfonds de l’âme humaine ?

Ici, on suit la correspondance entre Lou et Alexandra, deux meilleures amies qui étudient respectivement à Paris et New York. Très vite, on comprend que c’est plus que de l’amitié qui les lie. C’est aussi une vision de la vie, qui ne se limite pas au rationnel et au monde matériel. Au fil des pages, les lettres s’enchaînent. On y suit la vie des deux jeunes filles, leurs émerveillements quotidiens, leurs préoccupations et leurs grands projets. En avance sur leur époque, elles échangent aussi sur des thèmes très contemporains, comme l’homosexualité et l’écologie. Et elles ne sont pas seules. De mystérieux personnages interviennent à travers leurs mots et déclament d’impressionnantes prophéties.

 17 ans et toutes ses dents est un roman épistolaire dynamique, à l’écriture élégante, qui aborde nombre de thèmes passionnants. Je vous souhaite de croiser sa route et de vous laisser surprendre par ses rebondissements, qui abondent jusqu’au bout !

Retrouvez le livre juste ici !

Illustration : Clarisse Pace

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[PODCAST] Quelque chose en nous du romantisme /podcast-romantisme /podcast-romantisme#respond Sun, 28 Apr 2019 07:00:00 +0000 /?p=3193 Cette semaine sur France Culture, La Série Documentaire (LSD pour les intimes) était consacrée au Romantisme dans la littérature. Ce mouvement, né au 18ème siècle, est difficile à résumer et à caractériser. « On sent le romantique, on ne le définit pas » a dit Louis-Sébastien Mercier, en 1801. Plutôt que de s’en tenir à la réflexion, […]

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Cette semaine sur France Culture, La Série Documentaire (LSD pour les intimes) était consacrée au Romantisme dans la littérature. Ce mouvement, né au 18ème siècle, est difficile à résumer et à caractériser. « On sent le romantique, on ne le définit pas » a dit Louis-Sébastien Mercier, en 1801. Plutôt que de s’en tenir à la réflexion, cette série de podcasts vous propose donc de l’éprouver à travers quatre œuvres littéraires : Les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, Novalis de Victor Hugo, Aurélia et le Rêve ou la Vie de Gérard de Nerval et… Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë !

Il y a quelques années, j’ai été marquée par la lecture de ce roman, dans lequel les personnages sont à la fois tellement passionnants et tellement détestables. L’on pourrait dire que c’est une histoire d’amour, mais où la nécessité et la cruauté ont pris le dessus sur la tendresse. Je vous le recommande vivement, tant pour l’haletant méli-mélo sentimental que pour l’ambiance  inquiétante déployée par la talentueuse autrice. Et que ce soit pour vous y donner goût ou pour approfondir votre amour pour cette oeuvre, je vous conseille également d’écouter le podcast à son sujet. Vous y entendrez aussi bien des spécialistes de la littérature que des étudiants de la Sorbonne ou encore des passages du livre.

Bonne écoute !

 

A écouter sur France Culture juste ici !

 

 

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[YOUTUBE] Emmanuelle Galivarts /youtube-emmanuelle-galivarts /youtube-emmanuelle-galivarts#respond Mon, 22 Apr 2019 08:51:57 +0000 /?p=3186 C’est une #inspiration un peu particulière que je partage avec vous aujourd’hui. Il s’agit non pas d’une oeuvre, mais d’une fille en chair et en os, et surtout de sa chaîne Youtube ! A la fois intéressée par la théorie et la pratique, Emmanuelle Galivarts publie des vidéos sur la danse et le cirque. Elle […]

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C’est une #inspiration un peu particulière que je partage avec vous aujourd’hui. Il s’agit non pas d’une oeuvre, mais d’une fille en chair et en os, et surtout de sa chaîne Youtube ! A la fois intéressée par la théorie et la pratique, Emmanuelle Galivarts publie des vidéos sur la danse et le cirque. Elle s’interroge sur le milieu du spectacle vivant, la condition et la place des artistes, ou encore l’histoire des ces disciplines singulières, entre l’art et la performance sportive. Elle vous fait aussi des mini-cours sur le trapèze, le main à main, ou encore le tissus aérien, et vous apprend très simplement à analyser un spectacle. Et enfin, si vous voulez devenir danseur ou circassien, ou bien vous initier à ces pratiques, elle vous aiguillera sur les formations et vous donnera un tas de conseils ! 

Ses vidéos sont agréables à regarder et à écouter, ses propos sont très clairs et pleins de références. Surtout, elles posent plein de questions passionnantes sur l’art et la société. Allez donc faire un tour : La chaîne d’Emmanuelle Galivarts !

Pour vous donner envie, voici une petite vidéo parmi beaucoup d’autres :

 

Image de couverture : © E.Wagner

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[FILM] La Religieuse /film-la-religieuse /film-la-religieuse#respond Tue, 16 Apr 2019 08:46:12 +0000 /?p=3181 Cela faisait longtemps que je n’avais pas été tant emballée par un film. Pas tant pour l’intrigue ou le scénario, qui, quand on y regarde de plus près, peuvent sembler un peu redondants, que pour l’ambiance qui s’en dégage et les questions qu’il soulève. Le nom du film de Jacques Rivette, La Religieuse, ne pouvait […]

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Cela faisait longtemps que je n’avais pas été tant emballée par un film. Pas tant pour l’intrigue ou le scénario, qui, quand on y regarde de plus près, peuvent sembler un peu redondants, que pour l’ambiance qui s’en dégage et les questions qu’il soulève.

Le nom du film de Jacques Rivette, La Religieuse, ne pouvait être plus simple et ne pouvait tomber plus juste. C’est l’histoire d’une jeune femme, Suzanne Simonin, que l’on destine et condamne au couvent, pour des raisons familiales et financières. Mais celle-ci, bien qu’ayant une foi sincère, ne se sent pas « appelée ». Au couvent, parmi les sœurs, tout semble se retourner contre elle. Les saisons défilent et la jeune femme passe de la rébellion à la résignation, en passant par l’espoir, la joie et la détresse. Sa seule consolation est de prier, encore et toujours, et de se rendre irréprochable aux yeux de Dieu.

Ce film ne serait pas ce qu’il est sans la magnifique et talentueuse Anna Karina. Son visage à lui seul, entouré par sa coiffe de nonne, dit toutes les émotions d’une femme rêvant de liberté mais trop humble pour l’exiger. Les lieux du tournage, principalement des cellules et des lieux de prière, semblent chargés d’énergie. Certains plans du film sont vraiment beaux et les couleurs brutes et bleutées sont absolument séduisantes.

Il s’agit, à l’origine, d’une oeuvre de Diderot. Elle pose, aujourd’hui encore, beaucoup de questions à propos de la foi, des institutions religieuses, mais aussi de la femme et de ses représentations. Ce film est, plus généralement, une réflexion sur l’acceptation, la résignation, la soumission, l’amour, le bien et le mal. Un vaste programme, en somme.

FICHE ALLOCINÉ

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Winter Family, L’entretien 2/2 /winter-family-lentretien-2-2 /winter-family-lentretien-2-2#respond Thu, 21 Mar 2019 20:41:18 +0000 /?p=3173 Winter Family, c’est le duo d’artistes composé de Ruth Rosenthal et de Xavier Klaine. [Pour lire la première partie de l’article, c’est ici !] Cette fois, ils nous parlent de légitimité, du statut d’artiste et de souffrance agréable… Après une longue tournée en France avec H2 Hébron (Nanterre-Amandiers, TNB, MC93…), Ruth et Xavier vont se […]

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Winter Family, c’est le duo d’artistes composé de Ruth Rosenthal et de Xavier Klaine. [Pour lire la première partie de l’article, c’est ici !] Cette fois, ils nous parlent de légitimité, du statut d’artiste et de souffrance agréable…


Après une longue tournée en France avec H2 Hébron (Nanterre-Amandiers, TNB, MC93…), Ruth et Xavier vont se consacrer aux concerts et à la création d’un nouvel album. On dit souvent (moi la première) qu’il y a quelque chose de mystique dans leur musique. Déjà parce que l’orgue y est très présent, ensuite parce que Ruth a ce timbre de voix grave et solennel qui rappelle les cantiques. C’est d’ailleurs dans une église dont sa tante avait les clés que Xavier s’est exercé à l’orgue. Aujourd’hui, ils savent comment s’y prendre pour pouvoir jouer dans ces lieux saints, ce qui n’est finalement pas si compliqué, puisqu’ils ne sont pas du tout anticléricaux.

Tous les deux sont athées, mais aiment les lieux chargés d’énergie.

Vous avez plus de chance de les croiser à une soirée techno qu’à la première d’une pièce de théâtre. Ils s’y sentent plus à l’aise et craignent moins le moment fatidique où on leur demandera leur avis. « Les concerts, c’est pas pareil. T’aimes ou t’aimes pas, et personne n’en parle ensuite pendant des heures avec un air d’expert » Parmi ses derniers coups de cœur, Ruth nomme quand même Milo Rau. Et le hip-hop marocain.  Xavier cite Théo Mercier, Nicolas Roggy, Yasmeen Godder, Philou Petit ainsi que Meytal Blanaru, Nico Teen et Guy Marc Hinant.

Vivre de ses créations, on se doute bien, n’est pas chose facile. Surtout avec le développement des réseaux sociaux, qui a changé toute la donne ces dernières années. Xavier raconte que dans les années 90, faire son auto-promotion n’allait pas du tout de soi. « Maintenant, même un micro label aux USA te demandera d’avoir une data fan base de 15 000 membres. Sinon, c’est même pas la peine d’envoyer tes démos. Quand j’étais gamin, avec mes groupes de hardcore Alive The Roupettes ou Blockheads, on collait parfois des affiches ou on filait des flyers avant de jouer, et encore, c’était le maximum de l’humiliation envisagée pour un groupe. C’était ponctuel et drôle. Maintenant, c’est complètement intégré de se sur-vendre sur les réseaux quotidiennement. Les salles te demandent de partager l’event, les labels de faire tourner l’info de sortie d’album, d’un nouveau clip, etc. C’est étrange, on est devenus directeurs de la communication bénévoles de nos projets »

 

Le duo, qui a vécu dans plusieurs pays, remarque que le statut d’artiste n’est pas perçu pareil dans toutes les cultures. « Aux États-Unis, il n’y a pas de subventions publiques donc l’underground musical est très ramassé, intense, vivace, avec un niveau incroyable, question de survie, mais la création théâtrale est quasi impossible.

En Israël, il y a très peu d’argent consacré à la création. Etre artiste est un métier comme un autre, le statut d’artiste n’est pas fantasmé comme en France. Et la très grande majorité des artistes doivent nécessairement travailler à côté, c’est banal et accepté.

Ruth était au pupitre lumières à l’Opéra National de Tel Aviv et bossait dans deux restaurants le jour pour survivre. Et pourtant il y a un grand nombre de projets intéressants dans ce pays. Il faut dire que les sujets sont malheureusement brûlants”

Au vu de leur expérience dans la musique et le théâtre, on pourrait penser que Winter Family ne connaît ni le doute, ni le syndrome de l’imposteur. Pourtant, Xavier ressent parfois encore ce manque de légitimité, notamment lorsqu’il travaille avec des techniciens qui ont beaucoup plus d’expérience et de savoir que lui. Ruth, quant à elle, adopte plutôt l’attitude inverse. Elle ne se sent ni musicienne, ni comédienne, elle n’a pas le bac, elle fait les choses comme elle le sent et ça l’amuse beaucoup. « Peut-être que je suis un imposteur » (rires).

 

Tous les deux sont d’accord pour dire que ce qui importe le plus, c’est de prendre du plaisir.

Pour eux, ce qui compte dans un parcours, c’est davantage l’honnêteté, le travail et les rencontres qu’un diplôme reconnu.

Xavier ajoute :  » La rencontre par hasard avec le chorégraphe Paco Decinà a changé ma vie. J’étais pas très bien, je me suis remis à la musique brutalement pour lui proposer un truc au piano à l’arrache. Et ça lui a plu, il m’a proposé de monter sur scène avec ses danseurs et j’ai bossé avec lui pendant 5 ans. Tout a changé « .

Quand pour terminer, on leur demande quels conseils ils donneraient à un jeune qui veut se lancer dans une voie artistique, Ruth soupire et dit : « Moi je ne me sens pas trop de donner des conseils. L’important, peut importe ce qu’on fait, c’est d’être honnête. Faire ce dont tu as vraiment envie. C’est pas toujours facile, parce que tu veux du public, tu veux être aimée. » Xavier continue : « C’est ambigu de vouloir faire des choses un peu raides et en même temps de vouloir absolument plaire à tout le monde… Ce boulot, c’est une souffrance agréable, c’est parfois intense, mais franchement pas bien méchant comparé à la plupart des autres boulots sur cette planète”

 

Juste ici, retrouvez la chaîne Youtube de Winter Family !

 

Image de couverture © JB Toussaint

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Winter Family, L’entretien 1/2 /winter-family-lentretien-1-2 /winter-family-lentretien-1-2#respond Fri, 15 Mar 2019 23:41:54 +0000 /?p=3148 Il y a quelques temps déjà, je vous ai parlé du duo Winter Family et de leur album South from Here, qui m’a rendue un peu accro. Depuis, ils ont poursuivi leur grande tournée en France et j’ai pu voir deux de leurs spectacles à la MC93. J’ai rarement vu plus brut et radical au […]

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Il y a quelques temps déjà, je vous ai parlé du duo Winter Family et de leur album South from Here, qui m’a rendue un peu accro. Depuis, ils ont poursuivi leur grande tournée en France et j’ai pu voir deux de leurs spectacles à la MC93. J’ai rarement vu plus brut et radical au théâtre, et moi quand c’est honnête, ça me touche. Ruth Rosenthal et Xavier Klaine partagent avec nous un peu de leur univers et de leur réalité.


Xavier Klaine a grandi en Lorraine. Formé à la musique classique au conservatoire et à la géopolitique sur les bancs de la Sorbonne, il s’est épris pour les drones de l’orgue et le métal. Ruth, quant à elle, est née à Haïfa, en Israël. Elle a étudié à la School of Visual Theatre, une école d’art pluridisciplinaire à Jérusalem où elle a pratiqué le théâtre, l’écriture et la marionnette.

C’est lors d’une soirée à Jaffa que Ruth Rosenthal et Xavier Klaine se sont trouvés. Ruth a pris un micro, a improvisé quelques paroles, presque en blaguant. Et surprise, ça sonnait bien. A la fin de la soirée, elle a proposé à Xavier, qui était en Israël pour rendre visite à des amis, de faire la musique de son prochain spectacle. Le spectacle n’a jamais eu lieu mais le duo, baptisé Winter Family, ne s’est plus quitté.

A cette époque, Ruth travaillait à l’opéra de Tel Aviv à la lumière et dans restaurants, tandis que Xavier jonglait entre sa passion pour la musique et un job bureaucratique qui ne lui plaisait pas.

Depuis, le duo a voyagé entre Israël, les États-Unis et la France, a produit un livre, trois albums magnifiques et de nombreux spectacles, sans compter leurs nombreuses collaborations avec d’autres artistes.

Quand on leur demande s’ils font du théâtre documentaire, ils acquiescent sans hésiter.

Dans leurs spectacles, pas de place pour la fiction ou l’illusion du quatrième mur.

Tous les ingrédients sont documentaires, issus du réel et fortement politiques. Leurs deux dernières créations, Jérusalem Plomb Durci et H2 Hébron, abordent les relations conflictuelles entre Israël et la Palestine.

A l’origine du premier, il y a un enregistrement radiophonique créé pour France culture.

A écouter juste ici !

« Quand il est passé à la radio, on l’a écouté dans un petit transistor. A l époque on habitait à la campagne. On s’est dit que c’était bien, mais que ça manquait de ce dont on voulait parler : la dictature. On arrivait pas à transmettre ça uniquement avec le son. Alors on a décidé de faire un spectacle. »

La Winter Family a joué Jérusalem Plomb Durci en Israël, dans un petit théâtre plutôt de gauche. Beaucoup ont aimé, beaucoup aussi ont choisi de ne pas venir. Ruth explique : « Moi j’ai plutôt un entourage de gauche. Mais c’est quand même difficile d’en parler, parce que les gens en ont marre, parce que ça ne sert à rien d’en parler et que rien ne change. Soit t’es activiste, et j’ai des amis qui le sont, soit tu prends de la distance. Ça se comprend, mais c’est critiquable. »

En France, le spectacle a provoqué différentes réactions. Lorsqu’ils ont joué au Festival d’Avignon en 2012, le duo a reçu des menaces, aussi bien pro-israéliennes que pro-palestiniennes, pour arrêter le festival.

Montrer ce que les gens ne connaissent pas, c’est prendre des risques.

Côté public, ils se sont vus reprocher d’employer le terme de « dictature » pour parler d’Israël, ou à l’inverse, de ne pas assez parler de la Palestine.

Pour H2 Hébron, Ruth et Xavier se sont rendus sur place, à Hébron, cette ville palestinienne si représentative de l’occupation. Ils ont recueilli des témoignages de soldats, d’habitants et de colons, qu’ils ont mis bout à bout pour en faire le texte d’une visite guidée. Visite qui se déroule autour d’une maquette de la ville, réalisée en impression 3D avec une incroyable précision. Durant le spectacle, le public n’est pas ménagé : c’est un flot d’informations qui déferle au-dessus de bruits parasites, dans une ambiance oppressante et dérangeante, puisqu’on se retrouve à manger une glace sous des lampes chauffantes, surpris par des bruits d’explosion.

C’est ça le théâtre documentaire, c’est du réel. Parfois, ça cogne.

Ce n’est pas fini ! On revient très vite avec la suite de l’article !
N’hésitez pas à nous suivre sur Facebook pour être informé de sa publication 🙂

 

Image de couverture © JB Toussaint

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[FILM] MY NAME IS JOE /film-my-name-is-joe /film-my-name-is-joe#respond Tue, 26 Feb 2019 11:03:43 +0000 /?p=3155 La moitié des fois où je pleure devant un film, c’est parce que le réalisateur me charme avec du mélodrame criant. M’avoir comme ça, c’est trop facile. Devant My Name is Joe, en revanche, j’ai versé de vraies grosses larmes. Même après avoir éteint mon ordinateur, la tristesse persistait. Joe est un brave type, un […]

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La moitié des fois où je pleure devant un film, c’est parce que le réalisateur me charme avec du mélodrame criant. M’avoir comme ça, c’est trop facile.

Devant My Name is Joe, en revanche, j’ai versé de vraies grosses larmes. Même après avoir éteint mon ordinateur, la tristesse persistait. Joe est un brave type, un peu beauf au premier abord, marqué par un passé difficile et qui tente de sortir la tête de l’eau. Sarah, quant à elle, est assistante sociale, sensible et rassurante. Contre toute attente, ces deux opposés tombent amoureux et vivent quelques jours paisibles. Jusqu’à ce que la loi du plus fort vienne raviver de vieilles histoires à Glasgow.

Ce qui est très fort chez Ken Loach (du peu que j’en connaisse, du moins) c’est qu’il y a une montée en tension très progressive qui fait qu’on atteint le sommet de l’intrigue sans n’avoir rien vu venir. Surtout, c’est une fois que les personnages nous sont bien familiers que la situation se fragilise, exactement à l’endroit où l’on pouvait soupçonner la faille sans toutefois y porter trop attention. On constate peu à peu et avec impuissante l’immense fatalité dans laquelle tout le monde est embarqué.

Même s’il ne faut pas vous attendre à un super happy ending, ce film est vraiment drôle, humain et extrêmement touchant. Si en plus de ça, vous aimez les paysages anglais et les accents à couper au couteau, je vous le recommande chaudement.

 

FICHE ALLOCINÉ

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Céline et Vincent : le documentaire par la photographie /celine-et-vincent-le-documentaire-par-la-photographie /celine-et-vincent-le-documentaire-par-la-photographie#respond Tue, 19 Feb 2019 20:32:28 +0000 /?p=3121 Céline et Vincent ont choisi de faire de la photo le centre de leur vie. A bord de leur camion et accompagnés de leur lapin, ils parcourent les routes françaises et européennes et questionnent le monde dans lequel ils vivent. Ils se sont notamment engagés dans un projet à long terme sur la question de […]

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Céline et Vincent ont choisi de faire de la photo le centre de leur vie. A bord de leur camion et accompagnés de leur lapin, ils parcourent les routes françaises et européennes et questionnent le monde dans lequel ils vivent. Ils se sont notamment engagés dans un projet à long terme sur la question de l’immigration, loin des clichés médiatiques : Europe 2050. 

 


 

Hey Listen : Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec la photographie ?

Céline : Je me rappelle des portes ouvertes de l’école dans laquelle j’ai étudié, l’Institut Saint-Luc. J’avais seize ans. Pour le concours d’entrée, j’ai demandé à mon oncle de me prêter son argentique. Toutes les photos de la pellicule étaient floues. Je me souviens aussi du premier appareil photo que j’ai acheté. C’était sur une braderie, un boîtier allongé violet, avec deux modes : 20-36 ou format panoramique.

Vincent : Moi, je me rappelle de ma première rencontre avec un appareil photo. Chez mes parents, il y avait le boîtier de mon père dans une vitrine. J’avais une attirance un peu spécifique pour cet objet, je le trouvais beau. Et je me rappelle des pellicules que ma mère faisait développer chez Maxicolor. On recevait les enveloppes par La Poste.

Portrait d’une famille vivant dans une courée, avril 2008. Lille, France – 20 avril 2008.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce médium ?

V : J’aime bien la partie un peu psychorigide, technique, contrôlée, avec des réglages. Le mélange entre quelque chose de créatif et la contrainte technique. J’aime aussi que l’image en photo soit synthétique, qu’elle suffise, pas comme au cinéma.

C : Pour moi, ça été de garder le souvenir d’une image. S’attarder sur quelque chose qui ne nous marquerait pas forcément sans la photographie. Et le côté « balade », se laisser attirer par ce qui nous entoure. J’aimais bien dire que c’est comme une extension de la main.

   « J’ai une certaine nostalgie de l’argentique, parce qu’il y a l’odeur de chimie, une sorte de rituel, de protocole »

Depuis vos débuts, à quel point avez-vous changer de regard ?

C : Ce qui a changé pour moi, ça a été de ne plus faire de photo tous les jours. Au début, je ne comprenais pas comment on pouvait en avoir assez. Il y avait quelque chose de spontané, un regard novice, expérimental. Après, je suis passée à quelque chose de plus construit.

V : Je pense pas que pour moi le souci technique ait changé, même si je suis plus exigeant. En revanche, l’idée de construction, de série, de narration, a évolué. Je suis passé du studio à l’extérieur.

Plan rapproche de la barriere construite par la Macedoine à la frontiere grecque pour empecher les migrants de prendre la route des Balkans, janvier 2018. Idomeni, Grece – 6 janvier 2018.

Préférez-vous l’argentique ou le numérique ? Pratiquez-vous les deux ?

C : C’est différent. On pratique les deux. Moins l’argentique par souci économique et technique. Mais j’ai une certaine nostalgie de l’argentique, parce qu’il y a l’odeur de chimie, une sorte de rituel, de protocole.

 

Quelle place votre pratique prend-elle dans votre vie ?

C : Beaucoup de place. Même si on ne fait pas assez de photo.

V : Oui, ça prend énormément de temps et de place, puisqu’on a organisé toute notre vie autour de ça. En revanche, ce n’est pas la partie prise de vue qui nous occupe le plus, malheureusement. Je n’ai pas l’impression de faire autre chose. Des schémas électriques, des plans de camion, des sauvegardes… Pour pouvoir en vivre, on doit faire beaucoup d’autres choses par ailleurs : organiser notre vie en fonction de ça, chercher des sources de financement, faire des sites web, s’occuper des portfolios. Toute la partie administrative prend beaucoup de temps.

C : On devrait faire plus de photos.

V : Et des choses un peu plus légères.

J’ai lu dans votre bio une phrase de Céline à l’intention de Vincent : « tu fais des images, pas des photos ». Céline, qu’entendais-tu par là ?

C : A l’époque où l’on s’est rencontrés, Vincent faisait du studio et moi de la photographie en extérieur. Dans le studio, il y a une part de mise en scène, de scénarisation. Moi j’étais plus portée sur l’image instantanée, documentaire. Je considérais le travail de Vincent plus comme des images.

V : Céline a une vision de la photographie qui est plus proche de ce que la photo a apporté quand elle est apparue : garder sur une pellicule un instant T qu’on ne pouvait pas saisir autrement, pas par la peinture par exemple.

C : La photographie de Vincent s’approche plus de la peinture.

 

Le fait de travailler en duo a-t-il changé votre rapport à la photographie ?

V : Comme je me suis pris dans la figure que je ne faisais pas des images, je me suis dit que j’allais essayer de faire des photos ! (rires)

C : Et moi je me suis pris dans la figure qu’il fallait assumer les photos qu’on faites !  Mon rapport au sujet a beaucoup changé. On a le souci de défendre ce qu’on fait. Avant, ça ne m’aurait pas dérangée de faire du bénévolat pour approcher les gens, pour pouvoir faire des photos. Aujourd’hui, ça me dérangerait.

V : Comme c’est un travail écrit ensemble, ça suppose de composer avec la façon de faire de l’autre. Je dirais que d’une part, je me suis confronté à des sujets auxquels je ne me serais pas confronté seul. Et d’autre part, l’idée de construction, de travaux sur le long terme a changé l’horizon temporel que j’envisageais pour la production d’un travail, sa rigueur d’écriture.

 

Quel lien faites-vous entre la pratique de la photographie et celle du documentaire ? Pouvez-vous imaginer l’une sans l’autre ? L’une prime-t-elle sur l’autre ?

V : Pour moi, la pratique documentaire est une pratique de la photographie parmi d’autres. La distinction que je ferais, c’est ce qui concerne le temps. La pratique photographique peut être relativement courte, alors que la caractéristique de la pratique documentaire, c’est le temps et la narration sur le long terme. Ma pratique de la photo n’est pas exclusivement documentaire, mais en ce moment c’est le documentaire qui prime.

Façade d’un centre de demandeurs d’asile, couvert de neige, poussette de bebe garee devant la porte dans la neige, centre de demandeurs d’asile de la Croix rouge, novembre 2017. Pukalaidun, Finlande – 22 novembre 2017.

Pour vous, la rencontre humaine découle-t-elle de la pratique photographique ?

C : Non, par contre la photographie m’a permis de faire des rencontres que je n’aurais pas faites. La photographie te permet d’aller là où tu ne serais pas allé sans elle.

V : C’est vrai qu’on s’est retrouvés dans des situations qui ne se seraient pas posées. Je ne me suis jamais fait autant contrôler par la police qu’en faisant de la photographie, en Hongrie par exemple… C’est vrai que depuis que je fais des images, j’ai rencontré plus de personnes. Notamment Céline.

 

La photographie est-elle avant tout un prétexte à la rencontre ?

C : Non, pas pour moi.

V : Non plus, si j’ai envie de rencontrer quelqu’un, je n’ai pas besoin de la photographie pour ça.

   « La photographie te permet d’aller là où tu ne serais pas allé sans elle. »

Diriez-vous que votre intérêt pour le documentaire est plus motivé par la rencontres des individualités, des petites mythologies, ou par la compréhension d’une histoire collective, d’un contexte politique ?

V : Les deux, ça dépend. Et puis très souvent, le contexte politique détermine aussi les petites histoires individuelles pour lesquelles on rencontre les gens.

Une poupee posee sur un canape, dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, novembre 2015. Linz, Autriche – 25 novembre 2015.

Vous considérez-vous comme des artistes engagés ?

C : Non, nous ne sommes pas des artistes. On ne devrait pas se présenter comme artiste. Photographes engagés, peut-être, mais pas artistes.

V : On a des convictions, des trucs à défendre. Mais ce qui m’énerve fondamentalement, c’est que très souvent la notion d’art, d’artistes, permet d’introduire un clivage, souvent méprisant. Dire « ça c’est de l’art et ça, ça n’en est pas », c’est une distinction qui est établie par les artistes pour valoriser leurs productions. Ça me gonfle cette idée d’art. Donc engagés oui, artistes certainement pas.

 

En 2015, vous vous êtes lancés dans un projet conséquent : Europe 2050. Comment est née cette initiative ?

C : Elle est née d’une envie de partir, d’abord. On s’est dit que ce serait chouette de voyager et de faire de la photo. On a commencé à Calais, où on a fait le premier portrait. C’est ce qui nous a décidés à avoir cette démarche de rencontrer les gens de façon transparente, franche. Et ce qui nous avait dérangés, c’est qu’on avait accosté cette personne parce qu’on savait que c’était un migrant. C’est dommage, parce qu’à chaque fois qu’on aborde ces gens, c’est parce que ce sont des migrants. Ça nous a questionnés. Quand on est revenus, on avait quelques photos, un propos et une envie de développer les choses. Et on a fait un second voyage.

Centre ville de Sofia, entre les boulevards Maria Luisa à l’Ouest et Vasili Levski à l’Est. Les croix gammées et les slogans racistes sont très nombreux, peu ont fait l’objet de recouvrement ou de tentative d’effacement. En revanche une part non négligeable a été recouverte par des slogans « anti-fa » de contestation, janvier 2016. Sofia, Bulgarie – 10 janvier 2016.

Jusqu’ici, qu’avez-vous appris de ces voyages, ces rencontres, sur le plan politique et humain mais aussi artistique ?

V : Documenter le sujet de l’immigration nous a permis de mieux le percevoir, d’en comprendre le traitement médiatique et comment nous, on voulait le traiter. L’immigration en Europe, c’est quand même la lose. C’est un sujet qui est particulièrement mal abordé, mal traité, avec une gestion collective déplorable. On laisse des gens dans une certaine misère. La gestion de la crise migratoire par l’Union européenne, par les différents pays européens, c’est un bazar sans nom.

C : Disons qu’il est censé y avoir une certaine cohérence de traitement des cas, mais on se rend compte que, pays par pays, chacun fait avec ses moyens et ses possibilités.

  « Engagés, oui. Artistes, certainement pas. »

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

C : Elles ont été à la fois relationnelles, parce que ce n’est pas facile de vivre à deux 24h/24, mais aussi matérielles. Les principales difficultés étaient liées à notre mode de vie et de transport : trouver des toilettes, se brosser les dents, ça n’a pas toujours été évident.

V : C’est aussi parce qu’on avait pas un gros camion avec tout le confort moderne. Quand on vit dans 4m³ avec un lapin, on a vite fait le tour. Surtout quand il pleut, qu’il y a de la neige, qu’il fait froid, que c’est humide…

C : Il y a aussi les difficultés de la langue. Même si Vincent se débrouille assez bien en anglais, moi un peu moins. On est quand même limité dans son vocabulaire. C’est dommage. Il y a des phrases que je n’ai pas comprises, des sentiments que je percevais un peu moins.

: Et puis quand même, il y a la difficulté du sujet. Voir les gens pleurer, voir les gens tristes, voir le traitement de leurs dossiers, c’est pas drôle, c’est pesant cette misère permanente. Il y a eu une accumulation de souffrances rencontrées qui a été pesante à un moment. Et quand tu vois la stupidité qui caractérise la gestion de cette « crise » migratoire, en dépit de tout bon sens et de toute humanité, c’est aberrant.

Temoignages ecrits, plusieurs demandeurs d’asile ont note leur age et leur ville, village d’origine, ainsi que l’alaphabet et les chiffres dans leur langue maternelle. Salzbourg, Autriche – 20 november 2015.

Ce projet change-t-il votre façon de voir le monde au quotidien ?

V : Non, moi je l’ai toujours trouvé aussi stupide et médiocre. Ça a confirmé un peu ce que je pensais de l’être humain, avec cette logique animale qui fait qu’il est dominé par ses préjugés. Réfléchir ça lui fait mal au cerveau, alors c’est chacun pour soi.

C : Moi, ce qui a changé, c’est que je me suis rendue compte qu’on pouvait se laver avec 1,5L d’eau. Quand on rentre, on se dit qu’on gaspillera un peu moins, qu’on consommera moins. Finalement, on retombe très vite dans les habitudes et la facilité que la société nous donne.

 

Comment êtes-vous accompagnés dans votre démarche ?

C : On est entrés sur une plate-forme de diffusion, Hans Lucas, qui nous accompagne.

V : Ils mettent en contact des productions photographiques avec des diffuseurs, notamment la presse. On est aussi aidés par des amis proches pour les relectures textuelles (François Rougier) et photographiques (Marc Dubord et Bernard Minier).

C : Et ma mère nous suit aussi dans notre travail. C’est la première à s’y intéresser.

 

Y a-t-il d’autres envies photographiques que vous espérez concrétiser ?

V : Ces travaux-là, j’aimerais qu’on puisse les développer, les pérenniser. Et puis j’aimerais avoir le luxe d’avoir un endroit où faire des natures mortes de temps en temps, ou des portraits.

C : Moi j’aimerais bien qu’on puisse développer un peu plus de sujets à court terme, comme celui de la vie sur la route et des chômeurs.

Photo issue de la série Une vie sur la route | sujet en cours |

Espérez-vous quelque chose en particulier du projet Europe 2050 ?

V : J’aimerais bien qu’on arrive un peu à diffuser nos convictions, nos points de vue. Parce que quand on entend que les demandeurs d’asile roulent en belle bagnole, qu’ils portent des fringues de marque et qu’ils gagnent 1500€ par mois, ça m’énerve. J’aimerais bien qu’on essaie un peu de réhabiliter l’esprit critique et qu’on laisse tomber ces photos de presse trop émotionnelles qui ne renseignent rien. Pour dépasser les préjugés, il faut se battre, il y a du boulot. On y arrivera pas, mais on essaie.

C : On est entourés d’images chocs, on nous parle d’émotion tout le temps, c’est ça qui prime. J’étais aussi à un moment à cette recherche d’images qui marquent les esprits, mais en fait ce ne sont pas celles qui feront changer les choses et qui feront réfléchir.

V : On voit toutes ces photos de gamins morts sur les plages, ça n’a rien changé à la vision que les Européens ont des migrants.

C : J’espère qu’on perde cette envie d’aller chercher l’image qu’on attend.

 


Toutes les photos sont créditées © Brugère Isaert | Hans Lucas


Le site web de Céline et Vincent : https://soeurlaroute.com

Le blog dédié à Europe 2050 : https://www.europe2050.com/a-propos

La plateforme Hans Lucas : http://www.hanslucas.com/isaertbrugere/photo

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