« COMMENT BÂTIR UN UNIVERS QUI NE S’EFFONDRE PAS DEUX JOURS PLUS TARD 2/3 : RELATIVITÉS »

Dans nos vies rythmées par les cadrans omniprésents, il est rare de s’interroger sur la manière dont le temps et l’espace peuvent être vécus et appréhendés comme objets d’étude.

C’est dans une démarche presque scientifique que les commissaires d’expositions Marie Koch et Vladimir Demoule organisent, en collaboration avec divers artistes contemporains, un cycle de recherche sur ces questions de l’espace et du temps. Le projet s’organise en trois volets, chacun donnant lieu à une exposition publique et, en parallèle, à des ateliers. Le deuxième volet du cycle, qui se tient actuellement à la Maison Populaire de Montreuil, gravite autour du thème des « Relativités ».

Depuis la théorie d’Einstein en 1907, nous abordons le thème temps/espace de manière moins arbitraire, sans nous limiter au système du référentiel. Ce dernier définit, grâce à quatre coordonnées, les notions de position et de vitesse. Or, Einstein démontre que ce référentiel est relatif dans la mesure où il est déterminé par des facteurs humains, notamment psychologiques, donc variables.

C’est sur ces notions essentielles, que sont le temps, l’espace et la réalité, que les onze artistes participant au volet « Relativités » nous proposent de nous interroger.

À l’intérieur même de la salle d’exposition, l absence de parcours prédéfini indique déjà la démarche d’expérimentation voulue par les commissaires. Le spectateur, tel un chercheur, semble aller de découverte en découverte. Il est poussé dans sa réflexion grâce aux œuvres présentées : des installations vidéos ou interactives, des photographies, des sculptures cinétiques et des enregistrements audio.

Quelques uns des artistes ont recours à des instruments pour montrer que la notion abstraite du temps ne peut se limiter à la perception humaine du « réel ». Avec son installation vidéo Tacet , Pierre-Laurent Cassière propose par exemple de faire à la fois l’expérience visuelle d’un diapason en mouvement et l’expérience physique de sa vibration. Il rend sensible la fréquence normalement imperceptible de l’instrument.

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Tout au long de l’exposition se pose la question des limites de la perception humaine. En effet, l’homme semble appréhender le temps au travers de sa mémoire et de sa projection dans le futur. Le référentiel dont parlait Einstein pourrait donc varier selon des facteurs psychologiques. Matthieu Pasquiat exploite cette dimension en rassemblant ses souvenirs et ceux de sa famille pour les rationaliser et les ancrer dans un environnement. Il crée ainsi une sorte de mémoire collective entre l’archive et le rêve, l’histoire et l’imaginaire. Il évoque la déformation possible de notre perception du temps et du réel.C’est également sur ce sujet que porte le travail de Daniel Spoeri, qui tente d’immortaliser à la manière d’un témoignage archéologique l’instant d’un repas.

Le travail de recherche ne s’arrête pas là. Alors que la psychologie humaine semblait tenir une place majeure dans l’exposition, Alix Desaubliaux déconstruit le « propre de l’homme » en pourvoyant son Self-Conscious Bo t d’une conscience et d’une mémoire virtuelle. Il faut alors s’interroger sur la conservation des données informatiques et des références collectives que constituent les réseaux sociaux. Comment inscrire sa trace humaine sur une toile virtuelle, donc hors du temps ?

Si les onze artistes participant au projet engendrent une multitude de question, ils refusent d’y répondre catégoriquement. Cette riche exposition multi-sensorielle est surtout un travail de recherche et d’expérimentation dont l’objectif est de déconstruire nos idées préconçues sur le temps et le réel pour enfin découvrir qu’ils sont relatifs.

Écrit par Gaëlle Hubert


Du 4 mai au 2 juillet 2016

Maison Populaire , 9 bis rue Dombaste, 93100 Montreuil

Plus d’infos sur www.maisonpop.fr

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