Dans l’atelier de Sabatina Leccia

Le site des Grands Voisins, dans le 14ème arrondissement de Paris, regorge d’espaces où les artistes viennent travailler, exposer, se rencontrer. L’artiste-brodeuse Sabatina Leccia a accepté de nous ouvrir les portes de son atelier pour nous faire découvrir son univers.

Hey Listen : Qu’est-ce qui vous a amené à employer cette technique artistique qui mêle la peinture et la broderie ?

Sabatina Leccia : Un jour j’étais dans la rue, ou peut-être dans les transports en commun. Dans mon sac, il y avait de l’encre et un tissus et, par accident, l’encre s’est renversée sur mon tissus. Quand je suis rentrée chez moi et que j’ai découvert ça, j’étais un peu dépitée. Mais à l’époque, je brodais déjà et, très vite, je me suis dit « finalement, elle est pas mal cette tâche, je pourrais l’exploiter et broder dessus »… Tout est parti de là.

HL : Qu’est-ce qui vous plaît dans l’association de ces deux techniques ?

SL : Ce qui m’intéresse, c’est le côté imprévu. On ne peut jamais contrôler exactement la couleur, la forme que va prendre la tâche. Dans la broderie aussi, il y a quelque chose d’imprévu. Je ne fais jamais de dessin au préalable, je me laisse guider par mes intuitions. C’est ce qui donne des tableaux organiques

HL : Comment êtes-vous arrivée aux Grands Voisins ?

SL : C’était un coup de chance ! Je cherchais un atelier et Aude, avec qui je partage cet espace, m’a dit de postuler aux Grands Voisins. Mais quand j’ai envoyé mon dossier, c’était trop tard. Finalement Aude a eu un atelier plus grand que prévu et elle m’a proposé de le partager avec elle.

On est arrivées en avril 2016 mais il a fallu tout réaménager, puisqu’ici c’est un ancien laboratoire pour les souris. On a dû refaire la peinture, monter les étagères (qui sont en fait des bancs récupérés), bref tout installer.

HL : C’est important pour vous, d’être dans un environnement agréable?

SL : Oui, moi je trouve ça plus encore chouette qu’une résidence d’artistes. Parce qu’il n’y a pas que des artistes ici, il y a aussi des gens qui font de l’agriculture urbaine, des associations, des hébergés, tous ces gens d’univers différents qui se rencontrent. Ça nous amène nous-même vers d’autres horizons.

HL : Concrètement, qu’est-ce que vous faites dans votre atelier ?

SL : On fait tout. De l’administratif, beaucoup d’administratif… Aussi de la création, des recherches d’idées, on échange avec Aude ou avec d’autres personnes, on peut s’allier avec d’autres résidents pour monter des projets…

Comme l’ambiance est détendue et sereine, c’est un lieu de travail mais pas que. Ça peut être aussi un lieu de détente.

HL : Quelles sont pour vous les conditions idéales pour travailler ?

SL : J’aime bien les fins de journée, c’est plus calme puisque j’ai fini toutes les tâches administratives et que ça se calme sur le site des Grands Voisins. Il y a moins de bruit dans le couloir, la lumière est plus douce, il fait moins chaud.

HL : Avez-vous besoin de rituels pour vous mettre à travailler ?

SL : Non, généralement j’arrive et je m’y mets sans problème. Je suis quelqu’un d’assez disciplinée. Même quand je travaillais seule chez moi, une heure après être levée, je commençais à travailler. Ça m’angoisse de rester sans rien faire.

HL : Est-ce que vous travaillez en musique ou en silence ?

SL : J’aime bien travailler en musique, j’aime aussi le silence. Quand j’avais des grandes commandes de tableaux, j’écoutais beaucoup d’émissions. C’était génial parce que ça m’a appris pleins de choses que j’ai ensuite eu envie d’introduire dans mon travail.

HL : A quoi ressemble l’atelier idéal ?

SL : Plus de place, c’est toujours bien ! Je trouve ça agréable d’avoir des endroits qui ne sont pas saturés, pour pouvoir respirer et avoir l’esprit clair.

Parfois je me dis que l’atelier idéal est peut-être au milieu de la nature, dans la forêt. J’ai fait une résidence en Estonie et j’ai adoré. C’est un pays très calme, très en lien avec la nature. C’est agréable de créer dans de nouvelles conditions, je pense qu’on fait des choses différentes.

HL : L’agitation de Paris ne vous inspire pas particulièrement ?

SL : Je fais le contre-pieds, puisque quand je brode, c’est un moment très méditatif. Je pense que j’ai développé ça pour contraster avec l’extérieur. Peut-être que dans la forêt je ferais quelque chose de plus agité.

HL : Ça vous apaise de travailler de cette manière ?

SL : Oui, ça m’est arrivé de faire des journées entières de broderie. C’est dur de sortir et de voir les voitures, les gens excités, parce qu’on se déconnecte de la réalité.

Comme mon travail est très répétitif, ça me libère l’esprit. On est dans une action simple et calme donc ça fait venir pleins de choses, les idées, l’imagination…

C’est drôle, je donne des ateliers pour adultes le soir et, à la fin du cours, ils me disent « Je suis content, je vais bien dormir ce soir ». Ça les apaise.

HL : Quand les idées vous viennent-elles ?

SL : Ça peut être n’importe quand. J’ai un carnet où je les note. J’aime bien avoir une trace.

Trouver des idées, c’est un travail constant mais pas fatiguant, c’est quelque chose qui t’habite. Ça fait partie de ton être donc tu y penses tout le temps…


Le site officiel de l’artiste : http://www.sabatinaleccia.com/

Pour vous initier à la broderie artistique avec Sabatina Leccia :

Chez Flanelle, atelier de styliste
24, rue de Montreuil – 11e
07 64 09 86 97
www.atelier-de-styliste.com

Le Poisson Bleu

19 Rue Ternaux, 75011 Paris

06 16 98 10 64

https://www.lepoissonbleu.info/

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