Dans l’atelier de Sébastien Thomazo

Sébastien Thomazo, artiste peintre et illustrateur, a accepté d’accueillir Gaëlle chez lui, en Bretagne, pour lui faire visiter son étonnant atelier.

La brume se lève doucement sur la campagne bretonne, à quelques kilomètres de Plancoët. C’est ici, dans une grande maison baignée de lumière, que vivent Sébastien Thomazo et sa petite famille. C’est dans cette même maison que Sébastien a installé son – ou plutôt ses – ateliers.

Chaque espace de la maison est consacré à une pratique artistique. Au dernier étage, là où il fait le plus frais, il se réfugie pour peindre. En dessous, dans la chambre, il dessine sur une table où sont disposés ses flacons d’encre et une incroyable quantité de plumes. Et c’est dans le salon qu’il réalise ses gyotako, une technique chinoise qui consiste à utiliser des poissons comme des tampons pour réaliser des empreintes. Également collectionneur d’os, de statuettes, de petits dessins et de diverses bricoles, il a quasiment fait de sa maison un cabinet de curiosités.

D’abord relieur, Sébastien Thomazo a développé un fort intérêt pour l’esthétique du livre et le travail d’artisan, mais aussi pour la richesse de la littérature et de la poésie. Il s’inspire parfois de bribes de romans ou de quelques vers d’un recueil pour créer ses peintures et ses dessins.

Après avoir longtemps travaillé en série, il réalise, depuis peu, des œuvres uniques. Ce sont majoritairement des portraits, souvent de face, dans lesquels on trouve à la fois quelque chose de sombre et d’enfantin. Sa fascination pour le corps humain et la morphologie transparaissent dans ses personnages : des tatoués, des obèses, des maigres et des têtes de débiles incroyablement expressives. Pour travailler, Sébastien aime être dans le silence. Environ toutes les vingt minutes, il sort de l’atelier puis revient pour porter un regard neuf sur son œuvre en cours.

L’encre et les plumes avec lesquelles Sébastien travaille sont rebelles : elles le surprennent chaque fois et s’échappent en minuscules éclaboussures auxquelles il ne s’attendait pas. Son trait, lorsqu’il gratte et griffonne,est extrêmement énergique, au point que les plumes se brisent parfois. Il a appris à maîtriser toutes les possibilités de l’encre et des outils, de la plume classique utilisée sous tous ses angles au simple bout de bois.

Sébastien travaille aussi avec des objets récupérés, des éléments organiques… et des ossements. Son assemblage le plus impressionnant est un squelette entièrement constitué de petits os issus de viandes qu’il a consommées avec sa famille pendant plusieurs mois. Il raconte que ce projet a été éprouvant, à cause de l’odeur et de la manipulation inhabituelle de restes d’animaux.

En plus de ces pratiques singulières, il réalise aussi des illustrations, pour des pochettes d’album ou des affiches de spectacles. Il est alors confronté à la question du compromis, puisqu’il s’agit d’associer deux univers : d’un côté son propre style et de l’autre celui du groupe ou du théâtre qui passe la commande. Mais Sébastien ne cède pas aux concessions et ne collabore qu’avec des gens qui adhèrent à son univers.

Être artiste est bien plus qu’un métier, c’est un mode de vie. Ce qui guide Sébastien, c’est sa capacité à s’émerveiller devant les choses simples et sa passion pour la pratique. Il dit que le métier d’artiste demande à la fois du talent et du travail et qu’il est important de ne pas « tomber dans le charme de la technique ». Il faut savoir s’en libérer au profit de la singularité.


LE SITE DE L’ARTISTE


Crédits photo : Gaëlle Hubert

Leave A Comment

You must be logged in to post a comment.