[FILM] Conte d’été

En ce moment et jusqu’au 23 juillet, le Cinéma Star de Strasbourg consacre à Eric Rohmer une rétrospective de ses œuvres. Pour coller à la saison et pour enfin découvrir ce réalisateur que l’on m’a tant vanté, je suis allée voir Conte d’été . Eh bien, c’était une merveilleuse idée. Je passerai ma semaine dans la salle de cinéma, pour ne rien manquer du programme.

Conte d’été est sorti en 1996, c’est-à-dire avant le smartphone. Et les amours d’été sans smartphone, c’est beaucoup plus intéressant. Le décor : la Bretagne, un soleil, un garçon, une guitare et trois filles. Il y a l’incertitude de Gaspard, qui attend sa tendre Léna à Dinard et la guette tous les jours sur la plage. Il y a les « à demain » de Margaux, l’adorable serveuse de la crêperie qui n’est apparemment qu’une amie. Et puis les appels manqués de la ténébreuse Solene, rencontrée un samedi soir, qui est moins facile qu’elle en a l’air. Trois filles qui donnent du grain à moudre au jeune Gaspard et à son cœur indécis.

J’ai rarement vu tant de naturalisme dans les caractères des personnages. Tantôt romantiques et vaillants, tantôt jaloux et lâches, on s’identifie très vite à eux et on essaie de décrypter les rouages de leurs états d’âme instables. Difficile aussi de ne pas s’attendrir devant les baisers volés, les regards mielleux et les disputes insensées, qui caractérisent bien les histoires d »amour à la Rohmer ! Il y a plusieurs passages musicaux, chantés, joués à la guitare ou à l’accordéon, qui viennent rythmer le film avec beaucoup de justesse. Il y a surtout beaucoup de dialogues, certains profonds, d’autres plus futiles, qui tiennent une place centrale et construisent l’intrigue du début à la fin.

J’ai déjà entendu, de certaines bouches : « chez Rohmer, il ne se passe rien ! ». Au contraire, il s’en passe des choses, quand ça parle ! Encore faut-il avoir l’amour des mots, de la lecture entre les lignes et de la psychologie du quotidien…

Rohmer est décidément un réalisateur à connaître. Son esthétique est singulière et jubilatoire. Ses oeuvres ne plairont sans doute pas aux cinéphiles de l’action et aux amateurs de frissons, mais elles séduiront celles et ceux pour qui l’été a quelque chose de romantique et de mélancolique, de léger et de tragique à la fois.

Vous pouvez aussi écouter ce podcast France Culture : Philosopher avec Rohmer (2/3) / France Culture

Et si vous vivez à Strasbourg, venez donc au Cinéma Star !

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