Herb Ritts, Le photographe de la pureté
La Maison Européenne de la Photographie rend hommage à l’un des plus talentueux photographes contemporain à travers un parcours esthétique et lumineux…
Parcourir l’exposition consacrée à Herb Ritts, c’est se laisser submerger par toute la beauté que la photographie est capable d’offrir.
Le photographe californien, décédé en 2002, est l’auteur des clichés de mode les plus célèbres et de portraits de stars devenus iconiques. Il parvient à saisir ce que ses modèles, y compris ceux qui ont déjà été tant photographiés, ont de particulier. Il crée la photo, celle qui n’a jamais été faite, qui restera dans les mémoires et qui pourrait être regardée pendant des heures. Ceux dont Herb Ritts a capté l’image évoquent souvent une relation de confiance avec lui, si ce n’est une réelle affection.
Ce qui rend ses oeuvres si fascinantes, c’est le mélange de force et de finesse qui s’en dégagent. Il est presque déconcertant de faire face à un tel équilibre.
Herb Ritts n’est pas un photographe du quotidien qui capturait des scènes presque au hasard en croisant les doigts. Au contraire, c’est un architecte, un sculpteur. Chacune de ses compositions est étudiée, les lignes se croisent exactement là où l’oeil aimerait les voir se croiser. On a beau chercher les imperfections de l’image, les éléments qui briseraient l’équilibre, l’oeil ne peut se détacher de cette forme pure et harmonieuse. L’artiste cherche aussi à rendre la matière, le modelé de la peau, c’est comme s’il avait choisi lui-même le marbre pour créer ses modèles.
Chaque corps, par le mouvement ou la tension qui l’anime, exprime la perfection. Les muscles en action se déploient dans l’espace et les muses aux morphologies sublimes dévoilent leur nudité. Semblables à des divinités grecques ou des héros mythologiques, les modèles de Herb Ritts incarnent le Canon de la beauté antique.
Le Beau est plus facile à ressentir qu’à définir avec des termes conceptuels. Si l’on s’attache à la théorie de Kant, il est question d’un sentiment universel et non d’un ensemble de caractéristiques esthétiques. Il existe effectivement des images dont nul ne peut nier la beauté, l’immensité. Face à un coucher de soleil sur la mer ou la montagne, chacun vit le Beau comme une expérience personnelle, tout en sachant que ce sentiment est partagé universellement. La perfection est incarnée au plus haut point dans la nature, que rien ne peut troubler. Les corps photographiés par Herb Ritts sont si exceptionnels qu’ils s’apparentent à des éléments naturels, des paysages vivants. Ils dégagent la même sérénité qu’une étendue de terre ou qu’un ciel dégagé de Californie.
On pourrait penser, à raison, qu’une telle perfection dégagerait de la rigidité. Comme une photo de classe où les élèves seraient obsessionnellement alignés et rangés par ordre de taille. Pourtant, les photographies d’Herb Ritts n’ont rien de superficiel. Au contraire, elles sont une expression de la pureté. Une pureté universelle qui naît à la fois de la perfection et de la spontanéité. C’est peut-être en cela que le travail du photographe a, comme il le disait lui-même, un caractère universel. Le jugement esthétique est dépendant des cultures et des époques, tandis que la pureté est une notion immuable.
Nous l’avons vu, le corps humain est au cœur du travail d’Herb Ritts. Au-delà de son intérêt pour l’anatomie, il travaille sur l’interaction entre le corps et son environnement, la manière dont l’un entre en contact avec l’autre. Il capte l’instantané où l’eau vient glisser sur la peau, où un tissu tendu enveloppe un corps nu. Et il étudie comment la lumière imprègne les surfaces, pour mieux la maîtriser et la réinventer.
Une technique irréprochable alliée à une sensibilité artistique comme celle-ci est rare dans l’histoire de la photographie. Le panorama des œuvres présentées à la MEP nous transporte dans un monde fait de formes pures, pour le plus grand bonheur des yeux. Si l’on peut faire un parallèle entre la photographie et la musique, Herb Ritts a véritablement l’« œil absolu ».
Du 7 septembre au 30 octobre 2016
Maison Européenne de la Photographie
Du mercredi au dimanche de 11h à 19h45
Plein tarif : 8€ ; Tarif réduit : 4,50€