Lilas Cuby de Borville – Hey Listen Blog d'actualités sur l'art. Mon, 22 Jul 2019 13:05:52 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.10 /heylisten.fr/wp-content/uploads/2018/09/cropped-logo-et-texte-hey-listen-2.png?fit=32,32 Lilas Cuby de Borville – Hey Listen 32 32 94317584 Grottes cosmiques au Centquatre /grottes-cosmiques-au-centquatre /grottes-cosmiques-au-centquatre#respond Mon, 03 Dec 2018 06:00:14 +0000 /?p=3062 Plonger dans l’antre de la grotte ornée du Pont-d’Arc, c’est possible, à Paris, depuis l’ouverture de l’exposition de Raphaël Dallaporta, Chauvet – Pont-d’Arc, L’inappropriable, au Centquatre. Raphaël Dallaporta est un photographe qui se plaît à explorer les marges de son médium par le biais de différents traitements, convoquant aussi bien sa fonction documentaire que sa […]

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Plonger dans l’antre de la grotte ornée du Pont-d’Arc, c’est possible, à Paris, depuis l’ouverture de l’exposition de Raphaël Dallaporta, Chauvet – Pont-d’Arc, L’inappropriable, au Centquatre.


Portait_© Raphaël-Dallaporta, Éditions Xavier-Barral, 2016

Raphaël Dallaporta est un photographe qui se plaît à explorer les marges de son médium par le biais de différents traitements, convoquant aussi bien sa fonction documentaire que sa portée symbolique. Dans son travail, il interroge le statut de l’image photographique.  Avec Chauvet – Pont-d’Arc, L’inappropriable, il réalise une installation immersive, alliant image et son, sous la forme d’un vaste diaporama en noir et blanc. Celui-ci est composé de plusieurs planisphères qui, ensemble, forment ce panorama photographique.

Les prises de vues constituant le projet ont été réalisées sur le site géologique de la Grotte Chauvet, nom sous lequel on la connait le mieux. Xavier Barral est le commissaire de cette exposition ainsi que l’éditeur du livre qui s’y rapporte, tandis que l’installation multimédia a été conçue par le studio On-situ.

Les photographies ont été obtenues par le biais d’un dispositif de prises de vue automatisées, permettant de recomposer en détail les prises de vues effectuées dans la grotte Chauvet. Ce procédé permet notamment de restituer les volumes avec une impressionnante précision qui participe pleinement de la force de cette expérience immersive.

Ce dispositif, qui a été construit par l’artiste spécialement pour ce projet, doit son origine à l’inventeur américain Richard Buckminster Fuller, qui – dès 1946 – avait mis au point ce procédé de projection bien particulier. Fuller avait commencé par appliquer ce système à une carte du monde, ainsi décomposée en 20 triangles et destinée à être projetée sur un polyèdre. On parle, depuis, de « projection de Fuller » pour désigner cette méthode.

Dans le projet de Raphaël Dallaporta, les vues sphériques obtenues d’après cette captation sont ensuite projetées sur un support polygonal, surface finale du procédé sur laquelle les images de la grotte se révèlent dans l’espace d’exposition.

On retrouve dans l’ouvrage d’exposition ces mêmes polygones, qui, sous leur aspect déplié, créent des formes géométriques – agencements fragmentés, imprévisibles – qui ne sont pas sans rappeler certaines structures géométriques astrales. Travailler ces vues sphériques – dont la rotation peut évoquer celle des planètes – pour traiter ce lieu n’est pas sans lien avec l’hypothèse anthropologique rapprochant la création des grottes et celle du cosmos.

Dans cette installation photographique, le contexte semble évincé : ainsi, on ne pénètre pas dans la grotte car on se trouve déjà à l’intérieur, contemplant des reliefs sans fin. Oubliant où l’on se trouve, ce que l’on regarde, et ce que l’on connait de ce qu’on regarde, restent les images, incontestablement nouvelles.

Les plans en cadrage rapproché participent, eux aussi, de cette découverte de l’inconnu, en flouant le rapport d’échelle. S’opère alors une perte de repères, et la projection glisse vers une abstraction qui fait la part belle à l’imagination et aux hypothèses visuelles en tout genre.

« Une grotte nécessite d’être traitée avec une infinie retenue : comme un paysage, un espace naturel qui anime un sentiment profond de l’immémorial en nous. » (R. Dallaporta)

On doit l’aspect indubitablement contemplatif de Chauvet – Pont-d’Arc, L’inappropriable à une composition conçue spécialement pour ce travail par Marihiko Hara. Les images sont effectivement bercées par diverses sonorités atmosphériques. La composition semble inspirée de bruits naturels, et on peut entendre par exemple la chute de gouttes d’eau – possiblement formatrices des futures stalactites. Les dessins sur les parois de la grotte se font presque oublier, à la faveur des impressionnants volumes de la caverne dans son ensemble, ses détails, ses recoins, sa texture. L’art pariétal ne semble donc pas ici au centre, et le regard ne s’y attarde pas. L’image en noir et blanc ne permet pas de distinguer les couleurs. Ainsi, pas de hiérarchie entre la paroi naturelle et les inscriptions humaines qu’elle porte. Si l’on mesure l’importance de ce témoignage archéologique, c’est donc surtout un nouveau rapport à l’image que propose le film de Raphaël Dallaporta. La grotte parait évoluer sous nos yeux dans un mouvement rotatif perpétuel ; la lenteur du déplacement des images contribuant à cette ambiance hypnotique. C’est une fresque qui se dresse et semble se composer à l’instant même où on la découvre.

Chauvet-Pont D’arc : l’inappropriable donne l’impression de se trouver devant quelque chose d’irréel, malgré la renommée du site. Plutôt que de se faire la documentation d’un témoignage historique, le travail de Raphaël Dallaporta suggère d’autres possibilités et pose un regard nouveau sur cet espace unique. C’est un monde autonome, qui semble tout à fait détaché de la réalité que nous connaissons. Dallaporta donne ainsi à voir une création abstraite de ce lieu si particulier, qui préserve et entretient son propre mystère.

 


Jusqu’au 06.01.2019

Du mercredi au dimanche, 14h-19h

Le CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial – 75019 Paris

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Dans l’atelier d’Aurélia Deschamps /aurelia-deschamps /aurelia-deschamps#respond Fri, 17 Aug 2018 17:50:53 +0000 /?p=2912 Aurélia Deschamps est une illustratrice bruxelloise. En parallèle de sa collaboration auprès de journaux majoritairement Belges – Agir par la Culture, Kairos, Editions Vite – Aurélia Deschamps mène de nombreux projets d’illustration dans l’édition jeunesse et dirige des ateliers de création dans diverses structures culturelles à Bruxelles. Son travail explore, entre autres, le dessin, le collage, […]

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Aurélia Deschamps est une illustratrice bruxelloise. En parallèle de sa collaboration auprès de journaux majoritairement Belges – Agir par la Culture, Kairos, Editions Vite – Aurélia Deschamps mène de nombreux projets d’illustration dans l’édition jeunesse et dirige des ateliers de création dans diverses structures culturelles à Bruxelles. Son travail explore, entre autres, le dessin, le collage, ainsi que différents procédés d’impressions qu’elle se plait à expérimenter.


Hey Listen : Bonjour Aurélia ! Pourrais-tu définir ton activité ?

Aurélia Deschamps : Je suis à la base illustratrice mais je fais aussi d’autres activités en parallèle. En ce moment j’anime pas mal d’ateliers pour enfants et adultes dans différentes institutions culturelles, et je travaille aussi à l’organisation d’expo collectives. Je dirais donc que je suis d’abord illustratrice, même si je fais d’autres choses à côté.

HL : Concernant la céramique, tu en fais depuis le début en parallèle de l’illustration ou bien est-ce que c’est venu après ?

A.D : Ah non, c’est tout nouveau, ça fait seulement un an que je fais de la céramique. Ça faisait un moment que ça m’attirait, et puis, comme ça fait longtemps que je suis sortie des études, il y a un moment où tu as besoin de te nourrir de nouvelles choses… Et je me suis donc inscris à des cours du soir. Au début, c’était pour lier l’illustration à la céramique, pour voir comment je pouvais peindre sur les objets que je créais… Mais je ne savais pas du tout si ça me plairait de faire des choses en volume, et finalement c’était le cas. Le fait de réaliser un objet par la terre, a été une vraie révélation pour moi. J’ai découvert que j’avais un réel plaisir à explorer les possibilités de la terre et que je ne devais pas associer à tout prix des illustrations à mes pièces, dans un premier temps en tout cas. C’est une technique aux possibilités infinies, et il y a tellement de choses à faire que je voudrais continuer à explorer ça.

Cliquer pour visualiser le diaporama.

HL : Comment tu envisages de faire évoluer cette pratique alors ? Tu souhaiterais l’approfondir ?

A.D : J’ai envie de voir jusqu’où je peux aller avec cette pratique, mais oui je me verrais bien avoir un atelier et faire de la céramique en parallèle de l’illustration. Ça ne sera pas des productions en grande série en tous cas, mais plutôt des objets ou sculptures qui seraient en lien avec ma pratique en illustration.

HL : Quels sont tes supports de prédilection ? Est-ce que tu travailles principalement sur papier ou bien certaines créations peuvent-elles naître et aboutir uniquement depuis la tablette graphique (si tu en utilises) ?

A.D : Il y a toujours un support papier, c’est obligatoire pour moi. D’autant plus que je n’utilise pas du tout la tablette graphique, je ne sais même pas comment ça marche ! Je vais peut-être m’y mettre bientôt ceci dit… Cela m’arrive de passer par Photoshop pour recomposer certains de mes éléments dessinés à la main, c’est parfois plus rapide quand tu as une commande et ça peut te permettre d’essayer plus de choses. Il y a comme une pression en moins.

HL : Et comment procèdes-tu ?

A.D : Je scanne mes dessins et je les assemble sur Photoshop, exactement comme un collage, donc le processus est identique finalement. J’essaie quand même d’avoir un maximum d’originaux, donc ce n’est pas non plus un passage systématique, parfois tout se fait sur papier du début à la fin.

HL : Quelle part occupe le dessin d’observation dans ton processus de création ? Est-ce que ça constitue une base inévitable de laquelle tu cherches ensuite à t’éloigner ou bien est-ce qu’au contraire, tu t’y réfères tout au long de la création ?

A.D : C’est marrant que tu en parles parce que j’ai fait un mémoire là-dessus ! J’ai fait beaucoup de dessin d’observation et de carnet de croquis en école, et maintenant j’en fais beaucoup moins. Mais je m’inspire néanmoins toujours beaucoup du réel, parfois par le biais d’un livre, de photographies, d’images existantes. Je transforme ensuite ce réel en le reproduisant avec ma propre vision.

HL : Un de tes anciens projets, L’oiseau d’Ourdi, est une interprétation d’un conte des frères Grimm. Qu’est-ce qu’implique une telle démarche ? Qu’est-ce qui est différent dans ta démarche lorsque tu travailles à partir d’une matière première très présente comme celle-ci, plutôt que de dessin libre ?

A.D : Fondamentalement, ça ne change rien. L’illustration, traditionnellement, se réfère toujours à un texte de toutes façons, comme c’est le cas dans L’oiseau d’Ourdi. D’autant plus qu’un conte est toujours très imagé, ce qui constitue déjà un certain univers. De manière générale, je pars très souvent d’un thème pour créer mes illustrations, mais avec ce projet, la matière première était effectivement déjà très nourrissante.

HL : A propos de conte, qu’est-ce que tu penses de l’a priori très répandu qui consiste à associer systématiquement illustration et jeune public ? Est-ce que toi tu t’adresses à un public en particulier ?

A.D : Pas du tout, je m’adresse à tout le monde. Je trouve que ce qu’il ne faut justement pas faire c’est de mettre les choses dans des cases. Souvent on relie systématiquement illustration et bande dessinée aux enfants, et c’est dommage. Parmi les raccourcis assez clichés, on me demande souvent aussi si je fais des caricatures, typiquement dans les discussions de covoiturages… Pour moi l’illustration c’est de l’art, c’est du dessin, c’est du collage, c’est beaucoup de choses ! On voit d’ailleurs qu’une évolution se fait petit à petit, vers une ouverture plus large encore : il y a beaucoup moins de barrières aujourd’hui entre art et l’illustration, et plus d’expositions de dessin contemporain qu’avant … Et en parlant de sortir du cadre, la BD contemporaine (ou alternative) sort vraiment des cases traditionnelles, au sens propre. Certains dessins se font sur des pages entières, d’autres agencent le texte complètement à leur guise, sans organiser la narration dans des cases, etc. Donc on voit que des pas se franchissent réellement en illustration. Dans ma pratique personnelle par exemple, je fais autant du dessin d’observation que des illustrations liées à un texte littéraire ou d’un thème qui me tient à cœur, des images pour la presse, des affiches pour tel évènement, ou encore des projets de livres pour la jeunesse. C’est-à-dire que ça va vraiment dans tous les sens.

HL : Concernant justement les dessins de presse que tu as produits, je pense notamment à cette illustration de buste de personnalités politiques pour le journal Kairos, est-ce que tu dois respecter certaines conditions dans ton traitement du sujet ou bien est-ce que tu as carte blanche ?

A.D : Je suis complètement libre dans mes collaborations avec Kairos, oui, d’autant plus qu’il s’agit d’un travail bénévole. Et de manière générale, quand on fait appel à toi ou qu’on accepte de te publier, c’est pour te laisser carte blanche. En créant des illustrations dans ce contexte-là, on donne notre propre interprétation de l’article, donc c’est un travail très délicat mais en même temps vraiment intéressant ! C’est super de pouvoir réagir à l’actualité comme ça, de manière très personnelle.

HL : Et comment est-ce que tu considères le rôle que tu as quand tu crées des illustrations sur des sujets d’actualités assez brûlants ? Parce qu’il y a le texte, qui bien sûr est capital, mais l’illustration doit cohabiter avec et détient un peu le pouvoir de donner une autre lecture, en filigrane…

A.D : Exactement, et ça c’est justement, pour moi, la définition de l’illustration. C’est-à-dire que le dessin, ou l’image, va donner – pas forcément une autre lecture – mais dire autre chose, en venant compléter le texte. Parce que si on illustre le texte en dessinant simplement ce dont il parle exactement, ça n’a aucun intérêt. Le dessin doit emmener ailleurs. L’illustration ajoute un peu de poésie à un texte d’actualité.

HL : Et les textes dont tu fais l’illustration, comment est-ce que tu les abordes ? Est-ce que tu te plonges complètement dedans ?

A.D : Oui. En général avec ce genre d’articles, qui ne sont pas toujours simples et qui sont assez lourds, le mieux c’est de les lire, puis de se laisser le temps de les digérer avant de revenir dessus. Il y a parfois une phrase très imagée qui surgit, et je me dis qu’il faut peut-être s’en tenir à ça, car on ne pourra illustrer toutes les idées de l’article quoi qu’il arrive. Mais l’illustration pourra donner le ton, l’ambiance de l’article.

HL : Plus récemment, on a pu voir tes illustrations sur le thème de l’interdiction à l’avortement en Irlande. Selon toi, en quoi le dessin apporte quelque chose en plus à un tel sujet ?

A.D : J’ai fait cette illustration pour soutenir la campagne « Repeal the 8TH » en faveur de l’abrogation du 8ème amendement de la constitution en Irlande interdisant l’avortement. Elle a été conçue sous la forme d’un GIF, où on voit les femmes se déplacer sur une sorte d’escalator et tourner en rond sur l’image. Il s’agissait surtout d’un engagement personnel fort pour moi. Je pense que l’image parle plus directement et peut donner une autre lecture. C’est différent d’un témoignage ou une photo. Sur cette image par exemple, j’ai voulu montrer que ce problème concernait largement tous types de personnes, en montrant des femmes de différents âges et différentes situations notamment.

HL : Quand tu choisis d’incorporer du texte dans tes dessins, à quelles difficultés peux-tu faire face ? Est-ce que la cohabitation entre ces deux éléments est risquée ?

A.D : Ce sont des questions qui m’intéressent beaucoup, effectivement ! En fait, de la même manière que pour les graphistes, quand j’intègre du texte à une illustration, le texte devient alors un élément graphique à part entière. Je le traite donc comme je traite le dessin. Et j’aime bien mettre des mots dans mes illustrations, je trouve que ça ajoute une certaine poésie.

HL : Tu le fais justement dans une série de dessins sur le thème des personnages mythologiques (Ovide). Est-ce que dans ce cas-là le dessin est né du texte ?

A.D : Oui, c’est ça. Je trouvais le texte tellement magnifique que j’avais envie de travailler dessus, et notamment d’effectuer ce travail graphique dont on vient de parler. Et c’est un questionnement qui est toujours complexe. Là, le texte était écrit à la main, et ce n’est pas toujours facile de trouver comment le traiter pour qu’il rende bien avec le dessin.

HL : Tu participes régulièrement à des expositions – au Musée de la bande dessinée à Bruxelles par exemple. Est-ce que tu considères qu’il y a suffisamment d’expositions qui mettent l’illustration à l’honneur ?

A.D : Il faudrait vraiment qu’on donne plus de moyen aux expositions d’illustrations. Il y en a heureusement de plus en plus, mais ce qui est dommage c’est qu’elles n’ont presque jamais lieu dans les musées, mais plutôt dans les petites galeries, les associations culturelles, ce genre de choses.

Cliquer pour visualiser le diaporama.

HL : Est-ce qu’il serait nécessaire de concevoir des dispositifs d’expositions adaptés à l’illustration ?

A.D : Je pense au contraire que l’illustration mérite d’être exposée comme toute œuvre d’art. Ce sont des images à part entière, et il n’y a donc pas de raisons pour qu’elles ne soient pas aussi encadrées, par exemple.

HL : Quels sont tes projets actuels ?

A.D : Je suis en ce moment en train de développer plusieurs ateliers pour enfants et adultes dans des centres culturels avec mon association LES ATELIERS DU CAILLOU. Concernant ma pratique personnelle, plusieurs projets d’illustration jeunesse sont en cours, et j’aimerais les publier par la suite. A côté de ça, je suis en train d’expérimenter la risographie avec une amie imprimeuse. C’est un procédé que je n’avais jamais employé avant, et une super découverte ! Nous sommes en train de monter un projet de calendrier pour l’année 2019 avec 11 autres illustrateurs bruxellois, un projet local donc !

Je vais aussi créer une exposition collective l’année prochaine à Bruxelles, où je serai à la fois curatrice et artiste. Là, je sortirai un peu de mon domaine puisque le projet se penche sur la photographie, son détournement éventuel et son articulation avec le dessin. Ce dernier projet est très récent et il faut encore en préciser les contours… à suivre !


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César, la rétrospective /cesar-la-retrospective /cesar-la-retrospective#respond Wed, 14 Mar 2018 21:51:14 +0000 /?p=2881 Le Centre Pompidou invite à (re)découvrir l’œuvre de César à travers une rétrospective consacrée au sculpteur, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort. C’est sous le commissariat de Bernard Blistène, Directeur du Musée national d’art moderne de Paris, que s’est ouverte cette exposition, en décembre dernier. César Baldaccini, connu sous le nom de César, […]

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Le Centre Pompidou invite à (re)découvrir l’œuvre de César à travers une rétrospective consacrée au sculpteur, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort. C’est sous le commissariat de Bernard Blistène, Directeur du Musée national d’art moderne de Paris, que s’est ouverte cette exposition, en décembre dernier.

César Baldaccini, connu sous le nom de César, est un sculpteur français. Originaire de Marseille, il a étudié à l’École des Beaux-arts de Marseille en 1935, avant de poursuivre son parcours artistique aux Beaux-arts de Paris. Il y rencontre des acteurs majeurs de la scène artistique du 20e siècle, notamment des sculpteurs tels que Pablo Picasso, Germaine Richier ou Alberto Giacometti. Cette exposition offre une appréhension privilégiée de l’œuvre menée par César pendant près d’une cinquantaine d’années. Les volumes des sculptures de ses diverses séries se découvrent dans une déambulation libre au sein de l’espace dégagé d’une seule et même pièce.

Atelier de la rue Lhomond 1967 Photo © Michel Delluc

L’exposition dépeint combien César était un artiste proche des matériaux, dont le travail peut s’assimiler, dans une certaine mesure, à celui d’un artisan. Le sculpteur disait que, jeune, il aurait aimé travailler des matériaux dits « nobles », tels que le bronze ou le marbre, mais que par manque de moyens il s’est tourné vers des matériaux de récupération, tels que les rebuts d’usines alentours. Le métal, bien que d’abord utilisé par simple nécessité, finit par devenir une évidence pour César, qui fait de ce matériau l’élément principal de son travail, à force de se laisser guider par ce dernier dont il ne cesse d’expérimenter les possibilités et de tester les limites.

Les séries d’œuvres Compressions, Empreintes et Expansions composent le noyau du travail « brut » de César. Tirées d’expérimentations sur la matière, elles sont le témoin de l’importance de la manipulation et de l’interaction avec le matériau pour César, qui considérait le travail manuel de l’artiste comme une étape indispensable à toute création. Si cette conception de la création artistique s’apparente à une vision classique de l’art, la mise en œuvre par César se faisait néanmoins l’écho du progrès technique, qu’il embrasse franchement. Par exemple, une découverte majeure pour César fut celle d’une presse américaine géante, trouvée au hasard chez un ferrailleur à Gennevilliers. Il est immédiatement fasciné par sa taille, puisqu’elle permet de transformer une voiture entière en un bloc de ferraille compressé. C’est justement grâce à cette machine qu’il réalise les fameuses Compressions, qui ont la part belle dans l’exposition. Réalisées à partir de 1959 et jusqu’en 1970, les créations de cette série marquent en effet un tournant majeur dans sa carrière. Ce geste radical bouleverse la sculpture moderne et inaugure un terrain créatif que le sculpteur ne cessera d’explorer.

A l’inverse des Compressions, les Expansions consistent en un écoulement et un gonflement de matière, dont le volume augmente pendant la conception. C’est la découverte de la mousse de polyuréthane par l’artiste qui initie ces œuvres, car César se plait à tester les différentes possibilités de ce mélange de résine, à travers diverses manipulations qui laissent néanmoins libre court à la matière. Le processus était parfois réalisé en public lors de happenings, de 1967 à 1969.

Le travail de la fonderie, plus traditionnel, est essentiel pour César, qui porte une relation particulière aux métaux et à ce qu’il expérimente avec leurs différentes déclinaisons. L’artiste s’intéressait par exemple au bronze tout autant qu’à la fonte de fer, notamment pour réaliser plusieurs versions des Expansions, à partir de moulages des originaux. Il est aussi le premier artisan à utiliser la soudure à l’arc, utilisée par exemple pour réaliser les sculptures animales de son « bestiaire ».

César Chauve-souris 1954 Fer forgé 144 x 215 x 12 cm MNAM / Centre Pompidou, Paris © SBJ / Adagp, Paris 2017 Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI Service de la documentation photographique du MNAM / Dist. RMN-GP

Si le matériau et toutes les possibilités qu’il recouvre fascinait César, le pendant intellectuel de son travail l’intéressait tout autant. Le

César Fanny Fanny 1990 Bronze soudé 200 × 120 × 260 cm Collection particulière, Courtesy Fondation César, Bruxelles © SBJ / Adagp, Paris 2017 Photo © DR

travail physique était, pour lui, indissociable du travail mental. Il disait éprouver la nécessité de toucher pour pouvoir penser, et plus spécialement, pour imaginer. Considérant l’art comme une sorte de jeu, il prenait plaisir à penser ses créations tout comme à appréhender la matière, avec beaucoup de dérision.

« Lorsque je fais un Fer, je suis sculpteur et lorsque je fais une Compression, je suis artiste. », disait César (en référence à deux de ses séries), qui portait effectivement un regard lucide, non seulement sur sa création, mais aussi sur son inscription dans l’histoire de l’art. Ainsi, bien que fervent pratiquant du geste spontané, il n’en gardait pas moins un œil ouvert sur une démarche plus large, ancrée dans le paysage artistique de son temps. Il était notamment pleinement engagé dans le mouvement artistique du Nouveau Réalisme, qui émerge en parallèle du mouvement Pop Art aux Etats-Unis.  Prônant de « nouvelles approches perceptives du réel », le Nouveau Réalisme – entre abstraction et figuration – s’intéressait beaucoup aux objets du quotidien de son époque, tout comme le faisait César, par exemple avec les carrosseries de véhicules qui passaient dans sa presse.

« En changeant d’échelle, l’objet change de qualité »

La démarche créatrice de César se porte aussi sur des jeux d’échelle, notamment grâce à l’utilisation d’un outil traditionnel de sculpture : le pantographe.  César effectue d’importants agrandissements par le biais de cet instrument en bois dont les tiges articulées permettent de reproduire un dessin en l’agrandissant ou bien en le réduisant, sans en modifier les proportions initiales. Il s’est servi de ce procédé pour réaliser, entre autres, ses Empreintes humaines. César reproduit par exemple son propre pouce ainsi que le sein d’une danseuse du Crazy Horse, autours desquels on se déplace dans l’espace d’exposition, ainsi confrontés à ces fragments de corps humains.

César Sein 1967 Résine de polyuréthane laquée 82 × 266 × 193 cm Musée d’art de Toulon Photo © Lothaire Hucki © villa Noailles, 2016

Au travers des créations de ses séries des Expansions, Empreintes et Compressions – entre autres – la pratique artistique de César constitue donc, tout en même temps qu’un travail manuel, une véritable démarche conceptuelle qui mérite d’y jeter un œil !

 

Légende photo de couverture : Photomontage anticipant l’installation du Pouce de 6m devant le Centre Pompidou pour la rétrospective César / Architectes : Renzo Piano et Richard Rogers, 1977 / Pouce © SBJ / Adagp, Paris 2017 / Courtesy Luxembourg & Dayan, Photo © Daniel Gonzalez / Bâtiment © Studio Piano & Rogers, Photo © Centre Pompidou / Georges Meguerditchia


Jusqu’au 26 mars au Centre Pompidou, à Paris

Lundi-Dimanche :  11h – 21h
–  sauf jeudi : 11h-23h  
et fermé le mardi –

 

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Malik Sidibé, Mali Twist à la Fondation Cartier /malik-sidibe-mali-twist /malik-sidibe-mali-twist#respond Mon, 18 Dec 2017 23:41:44 +0000 /?p=2786 La Fondation Cartier pour l’art contemporain expose pour la deuxième fois le travail de Malik Sidibé dans Mali Twist. Menée par André Magnin et Brigitte Ollier, cette rétrospective rassemble un riche ensemble de photographies retraçant l’œuvre du célèbre photographe malien, décédé en 2016 à Bamako, où il a mené son travail jusqu’à la fin de […]

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La Fondation Cartier pour l’art contemporain expose pour la deuxième fois le travail de Malik Sidibé dans Mali Twist. Menée par André Magnin et Brigitte Ollier, cette rétrospective rassemble un riche ensemble de photographies retraçant l’œuvre du célèbre photographe malien, décédé en 2016 à Bamako, où il a mené son travail jusqu’à la fin de sa vie.

Parmi ces lumineuses photographies en noir et blanc, certaines viennent d’être tirées spécialement pour l’exposition, d’après des négatifs du photographe datant des années 1960-1970. D’autres sont des tirages d’époque, dont certains sont exposés sur leur support d’origine : de simples feuillets cartonnés colorés sur lesquels Malik Sidibé,  au lendemain d’une soirée, présentait aux intéressés les photographies prises la veille à peine, après avoir passé une partie de la nuit à les développer. Il côtoyait assidument ces« surprises-parties », où tous se retrouvaient pour danser, et porte un regard complice sur ses modèles avec lesquels il partage notamment une passion pour la musique de la période yéyé, mise à l’honneur dans l’exposition.

Malick Sidibé
Regardez-moi !, 1962
Tirage gélatino-argentique
99,5 x 100,5 cm
Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris
© Malick Sidibé

La musique constitue effectivement une composante forte de Malik Sidibé, Mali Twist, dont le titre est lui-même une référence directe à la chanson éponyme de Boubacar Traoré, chanteur, guitariste et compositeur de blues, malien lui aussi. On peut ainsi entendre ce morceau en arpentant l’espace d’exposition, ainsi que beaucoup d’autres recouvrant divers styles de la scène musicale africaine comme américaine, des années 1960 à l’orée des années 2000.

Malick Sidibé
Pique-nique à la Chaussée, 1972
Tirage gélatino-argentique
60,5 x 50,5 cm
Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris
© Malick Sidibé

Les jeunes maliens capturés par Sidibé vibrent d’une énergie sincère qui rend ses photographies étonnamment vivantes. Ils posent, seuls ou en groupe, dans des portraits où ils exhibent des tenues emblématiques de la mode des années 1960, et affichent leur amour de la pop et du rock’n’roll en invitant parfois leurs vinyles favoris sur la photo. A cette image, la photographie de Malik Sidibé capture à la fois des instants avec une spontanéité saisissante, mais fait également la part belle à la photographie de la mise en scène, notamment dans l’enceinte de son studio. Il disait apprécier le travail de composition dans ce type de prise de vue : « En studio, j’aimais le travail de composition. Le rapport du photographe avec le sujet s’établit avec le toucher. Il fallait arranger la personne, trouver le bon profil, donner une lumière sur le visage pour le modeler, trouver la lumière qui embellit le corps. » Le photographe n’hésitait pas non plus à jouer avec ses modèles lors de ces séances de pose, en imaginant par exemple les attitudes et le maquillage qui conviendrait le mieux à chacun. Il ouvre son propre studio en 1962, à Bamako, et ne l’a jamais quitté depuis.  Là, il prendra beaucoup de portraits, notamment dans les années 1970,  se consacrant désormais plus à cette pratique qu’à celle du reportage, pratiqué principalement au début de sa carrière.

Malick Sidibé
Un jeune gentleman, 1978
Tirage gélatino-argentique
40,5 x 30,5 cm
Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris
© Malick Sidibé

Malick Sidibé Mon chapeau et pattes d’éléphant, 1974 Tirage gélatino-argentique 60,5 x 50,5 cm Courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève © Malick Sidibé

 

 

 

L’apparente simplicité de la démarche de Sidibé s’érode au fur et à mesure de l’exposition, grâce à des photographies qui livrent non seulement le témoignage d’une époque, qui voit la récente indépendance du Mali, mais révèlent surtout les visages de ceux qui l’ont traversée. Malik Sidibé nous dit quelque chose d’eux, et de la photographie en général, à travers une vision rafraichissante et profondément humaine.

 

Photo de couverture : Malick Sidibé, Nuit de Noël, 1963, Tirage gélatino-argentique, 100,5 x 100 cm, Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris © Malick Sidibé


Malick Sidibé, Mali Twist – 20 octobre 2017 / 25 février 2018

Fondation Cartier pour l’art contemporain

261 Boulevard Raspail, 75014 Paris

Du mardi au dimanche (11 :00 – 20 :00)

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Cadrage sur l’Europe /cadrage-sur-leurope /cadrage-sur-leurope#respond Tue, 17 Oct 2017 10:05:21 +0000 /?p=2705 A l’Atelier Néerlandais, l’ambassade des Pays-Bas et le Nederlands Fotomuseum ont coproduit l’exposition L’Europe autrement ! qui s’y tiendra jusqu’au 17 décembre. Une bonne occasion de regarder l’Europe, tant évoquée et questionnée, à travers l’objectif des photographes… L’exposition propose un regard croisé sur l’identité de l’Europe et des citoyens qui la composent, par trois photographes. […]

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A l’Atelier Néerlandais, l’ambassade des Pays-Bas et le Nederlands Fotomuseum ont coproduit l’exposition L’Europe autrement ! qui s’y tiendra jusqu’au 17 décembre. Une bonne occasion de regarder l’Europe, tant évoquée et questionnée, à travers l’objectif des photographes…

L’exposition propose un regard croisé sur l’identité de l’Europe et des citoyens qui la composent, par trois photographes. Les séries des Néerlandais Nico Brick et Otto Snoeck se mêlent ainsi aux célèbres clichés du Français Henri Cartier-Bresson. Le noir et blanc de ce dernier répond à la contemporanéité des deux autres, contrastant notamment avec les couleurs vives des images crues d’Otto Snoeck.

Avec sa série Parlements de l’Union européenne, Nico Brick adopte une approche qu’on pourrait qualifier d’analytique, par ses cadrages systématiques des différentes salles de parlement à travers toute l’Union européenne. L’agencement de ces pièces désertes, comme leur décors et leur mobilier dit quelque chose de l’identité de son pays, qui nous est ainsi révélée dans ces photographies en polyptyques.

Parliament, Strasbourg, EU © Nico Bick

L’Europe d’Otto Snoeck dans sa série Nation est plus vivante et s’oppose à l’apparente neutralité de Nico Brick. Le photographe pose un regard à la fois acerbe, léger, et chargé d’humour sur divers rassemblements nationalistes dans plusieurs pays européens. A travers cette approche franche et sans concession, les peuples européens sont rapprochés les uns des autres, ainsi raillés ensemble dans ces clichés. La scénographie participe, elle aussi, de cette idée de partage puisque les photographies reproduites sont posées telles quelles au sol, par bloc d’affiches que chaque visiteur est libre de ramener sous son bras.

Italy, Rome, after the soccer game Italy – France, 9 July 2006 © Otto Snoek

France, Paris, Fête nationale, 14 July © Otto Snoek

Ces photographies disposées au sol répondent ainsi aux tirages en noir et blanc d’Henri Cartier-Bresson, qui sont, eux, à contempler le long des murs. Dans sa série Les Européens, le célèbre photographe français a immortalisé l’Europe dans un moment de transition, l’après-guerre. Lui aussi, comme Snoeck, se concentre principalement sur les scènes quotidiennes, avec une certaine poésie, et dresse de cette Europe un portrait humaniste plutôt que politique.

The Berlin wall, West Berlin, West Germany, 1962 © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

Tous participent à composer un portrait singulier de l’Europe, de 1929 à aujourd’hui, à travers diverses approches photographiques que l’exposition met en regard.

L’Europe autrement ! est à visiter jusqu’au 12 décembre à l’Atelier Néerlandais.

Gare Saint Lazare, Place de l’Europe, Paris, France, 1932 © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos


Atelier Néerlandais

121 rue de Lille, 75007 Paris

Ouvert du mardi au dimanche, 13h-19h

Tarif plein : 4€ ; Tarif réduit : 2€

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PROMENADE AVEC VAN GOGH /promenade-avec-van-gogh /promenade-avec-van-gogh#respond Tue, 04 Jul 2017 19:23:28 +0000 /?p=2586 Cet été, les œuvres du peintre néerlandais Vincent van Gogh sont mises à l’honneur dans une mise en scène bien particulière au sein de l’exposition « Imagine : Van Gogh ». Les organisateurs, Annabelle Mauger et Julien Baron, avaient déjà collaboré aux projets de CATHEDRALE D’IMAGES, une société mettant en place des spectacles audiovisuels immersifs sur un principe […]

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Cet été, les œuvres du peintre néerlandais Vincent van Gogh sont mises à l’honneur dans une mise en scène bien particulière au sein de l’exposition « Imagine : Van Gogh ». Les organisateurs, Annabelle Mauger et Julien Baron, avaient déjà collaboré aux projets de CATHEDRALE D’IMAGES, une société mettant en place des spectacles audiovisuels immersifs sur un principe semblable à celui-ci.

Imagine Van Gogh – Almond blossoms (c)lililillilil

Il s’agit d’une exposition immersive qui redéfinit l’espace de la Grande halle de La Villette en y projetant des toiles du maître, ou bien quelques parcelles habillement sélectionnées. On peut suivre la pratique du peintre à travers différents moments de sa production artistique comme sa période arlésienne, « japoniste », ou encore celle de sa fin de vie, à travers ses dernières toiles emblématiques. Des éléments succincts de sa biographie et son parcours artistiques sont lisibles mais l’exposition n’impose pas pour autant un fil de visite chronologique ou linéaire. Elle incite plutôt à plonger son regard dans les toiles de Van Gogh afin d’en apprécier toute la richesse, proposant ainsi de les découvrir par soi-même ou bien d’en faire une relecture plus intuitive.

Champ de blé aux corbeaux, Vincent Van Gogh (1890)

Les œuvres apparaissent dans l’exposition par le biais de projections de grande envergure et leur diversité fait apparaître les circonvolutions du parcours du peintre, dont les différentes inspirations se laissent deviner en contemplant les visuels. En effet, dans cet espace d’exposition de plus de deux mille m2, les organisateurs ont établi un véritable dialogue entre l’image et la scénographie qui favoriserait encore une fois l’interprétation personnelle de chacun.

Dans cette exposition, la contemplation se fait par l’action, et chaque visiteur devient l’inventeur d’une fiction qui lui est propre, ainsi guidé par les détails des toiles qu’il parcoure dans sa déambulation. Les cadrages rapprochés, majoritaires, créent une certaine proximité avec celles-ci et poussent à imaginer et prolonger les lignes par la pensée. Cette liberté laissée à l’interprétation trouve sa cohérence dans les toiles mêmes de Van Gogh, dont le style s’inspire de l’impressionnisme mais se rapproche progressivement de l’expressionnisme et du fauvisme. L’exposition vise en effet à susciter la curiosité et l’attrait pour les toiles réelles de Van Gogh, tout en donnant à contempler leur image dans l’espace d’exposition.

Imagine Van Gogh – Flowers (c)lililillilil

Imagine : Van Gogh fait donc la part belle à la plasticité de l’œuvre de Van Gogh à travers un large panel de dessins et de toiles, dont la scénographie renforce l’expressivité. Les photographies des œuvres donnent en effet un aperçu exceptionnel des médiums utilisés par le peintre. La plupart des images appartiennent au domaine public tandis que d’autres prises de vues ont été effectuées spécialement pour ce projet. Leur exposition à travers la scénographie adoptée rend compte non seulement de sa touche si particulière, mais aussi de l’ensemble de l’œuvre de Van Gogh. Les producteurs de l’exposition entendent justement, à travers une telle approche, « donner un autre support à l’œuvre », plutôt que de simplement dématérialiser celle-ci.

Amandier en fleurs, Vincent Van Gogh (1890)

La musique aussi met en lumière l’œuvre de Vincent van Gogh, en rythmant l’expérience proposée. Le système audio multicanal, synchronisé avec les vidéoprojecteurs, participe ainsi pleinement de la dimension sensible du spectacle. On entend effectivement au cours du cheminement des icônes de la musique classique telles que les morceaux d’Eric Satie, Mozart ou encore Bach. L’universalité des morceaux choisis, dont certains relèvent volontairement de compositeurs contemporains au peintre, vise à susciter l’émotion dans ce moment de partage entre l’œuvre et son regardeur.

Autoportrait, Vincent Van Gogh (1889)

L’exposition Imagine : Van Gogh présente une approche sensible qui propose une nouvelle lecture de ces œuvres et amènera jeunes et moins jeunes à comprendre les impulsions et les différentes périodes picturales qui ont rythmé l’œuvre de Van Gogh.


Exposition jusqu’au 10 septembre 2017

Grande halle de La Villette

Plein tarif : 14.90

Moins de 16 ans et tous les lundi : 12.90

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OUVERTURE DE LA MAISON CAILLEBOTTE. VISITE EN TERRE IMPRESSIONNISTE /ouverture-de-la-maison-caillebotte-visite-en-terre-impressionniste /ouverture-de-la-maison-caillebotte-visite-en-terre-impressionniste#comments Mon, 26 Jun 2017 09:05:49 +0000 /?p=2571 A Yerres, la maison du célèbre impressionniste Gustave Caillebotte ouvre ses portes aux visiteurs après une vingtaine d’années de restauration. En ce mois de juin, la Propriété Caillebotte dévoile son intérieur, dans lequel le peintre a non seulement grandi mais aussi travaillé, en s’inspirant souvent des scènes quotidiennes qu’il avait sous les yeux. Tout au […]

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A Yerres, la maison du célèbre impressionniste Gustave Caillebotte ouvre ses portes aux visiteurs après une vingtaine d’années de restauration.

En ce mois de juin, la Propriété Caillebotte dévoile son intérieur, dans lequel le peintre a non seulement grandi mais aussi travaillé, en s’inspirant souvent des scènes quotidiennes qu’il avait sous les yeux. Tout au long du parcours, on retrouve effectivement les décors de plusieurs toiles du maître comme si celui-ci venait de replier son chevalet une fois sa toile achevée. La salle de billard, notamment, nous plonge dans la fameuse toile de Gustave Caillebotte tant le mobilier et sa disposition y est fidèle. En effet, c’est le tableau lui-même qui a servi de modèle pour reconstituer cette salle.

Gustave Caillebotte, Le billard © Studio Sebert

De même, l’ensemble de la maison, appelée aussi « le Casin », a été entièrement réhabilitée afin de la rendre telle qu’elle était lorsque la famille Caillebotte y habitait, de 1860 à 1879. Le passage d’autres résidents y est aussi lisible, comme dans le parc qui a été réaménagé à la manière de l’art des jardins à l’anglaise par le cuisinier Pierre-Frédéric Borrel. Celui-ci a également effectué une rénovation conséquente du Casin, entre 1824 et 1844, faisant de lui un acteur-clef de l’histoire de la maison, dans laquelle sa personnalité transparaît.

Le Casin © Ville de Yerres

Outre la plongée dans le passé d’un artiste, la Maison Caillebotte constitue un témoignage direct du développement des arts décoratifs dans la seconde moitié du XIXe siècle, où la valorisation du savoir-faire des métiers d’arts ainsi que la vie bourgeoise se lisent dans ce mobilier typique de la Restauration. La chambre à coucher des parents de Gustave Caillebotte présente notamment la particularité d’avoir été restituée à l’identique, grâce à l’acquisition du mobilier original lors du récent projet de rénovation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chambre parentale  © Sébastien Erras

Le mode de vie de la bonne société de l’époque, à laquelle appartenait le peinte, se révèle tout au long de la visite du Casin, où les pièces sont aménagées en fonction de ces coutumes. La salle de billard – déjà évoquée – tenait par exemple lieu de « salon des hommes », tandis que celui des dames était décoré de papiers peints aux figures allégoriques dans une ambiance plus douce composée de verts et de jaunes. L’ensemble rassemble donc un intérieur complet de l’époque de la Restauration, unique en Ile-de-France.

Tandis que le rez-de-chaussée présente les pièces à vivres majeures de la maison, l’étage a été réaménagé à la façon d’un parcours muséal pour dresser l’histoire de cette demeure ainsi que des divers habitants qui s’y sont succédé. On en apprend plus sur les autres frères Caillebotte, Alfred, René ainsi que Martial, connu en tant que compositeur et interprète mais dont la palette s’avère plus riche encore. La visite révèle également un Gustave Caillebotte mécène et collectionneur, encourageant ses amis artistes par ses acquisitions. Certaines de ses toiles sont également exposées dans la pièce qui lui tenait lieu d’atelier, et on y retrouve les thèmes chers aux impressionnistes tels que des scènes de la vie courante dans un environnement naturel et fleuri, à travers des cadrages bien particuliers qui sont parti intégrante de la pratique de Gustave Caillebotte.

Gustave Caillebotte, Le mur du jardin potager. Courtoisie Comité Caillebotte, Paris

La Propriété Caillebotte propose une plongée dans l’environnement qui a donné aux toiles de Caillebotte une luminosité et des couleurs vives, tranchant avec les tons gris de ses scènes parisiennes. La déambulation à travers le parc et le Casin nous amène à suivre la trace des fameux tableaux du peintre et dresse un portrait de l’époque qui l’a connue.

 

Image COUV : Vestibule © Sébastien Erras


Infos pratiques :

Propriété Caillebotte, 8 rue de Concy, Yerres

Rer D direction Melun, arrêt « Yerres »

Ouverture du mardi au vendredi : 10h-12h / 14h-18h

Samedi, dimanche, jours feriés : 10h-18h

Tel : 01 80 37 20 61

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