Bethléem, le long des murs

Voyager en Palestine est définitivement une expérience humaine hors du commun. Plus ou moins positive selon les avis, très complexe en tout cas. C’est aussi une expérience culturelle et artistique surprenante, puisque c’est l’occasion de découvrir des traditions, des monuments religieux… et du street art ! Petit aperçu des murs de Bethléem, cette ville si particulière où les artistes sont aussi talentueux que révoltés.


Avant d’arriver à Bethléem, j’avais entendu parler du fameux « mur de la séparation », qui marque physiquement la frontière entre Israël et la Palestine sur plus de 700km. J’avais aussi entendu que Banksy, artiste urbain aux œuvres éminemment politiques, y avait réalisé quelques pochoirs. Selon certains, la seule oeuvre restante qui soit vraiment de sa patte serait une hirondelle en plein vol, pas sur le mur lui-même, mais pas loin à côté. Je ne m’attendais pas à y trouver un mur couvert de dessins et de slogans. Et pourtant, on peut maintenant considérer le « mur de la séparation » comme une véritable galerie à ciel ouvert. Une galerie engagée bien sûr, qui appelle à la libération de la Palestine et à la paix entre les peuples. « Make hummus, not war », peut-on lire quelque part sur le haut mur de béton.

En contemplant les œuvres qui couvrent cette barrière imposante, on se surprend parfois à rire. D’un rire très très jaune, en fait. Des personnages historiques et fictifs sont cités ou détournés, créant un melting pot de références assez surprenant. On y croise Nelson Mandela, Donald Trump, Alice au pays des Merveilles ou encore Rick et Morty.

Il y a d’autres quartiers à Bethléem où l’art envahit les murs. Durant mon séjour, je logeais au centre culturel Ibdaa, situé à l’entrée du « Dheisheh camp », construit en 1949 pour accueillir des réfugiés palestiniens. En me promenant dans les environs, j’ai vu de nombreux portraits peints sur les murs. Toujours des hommes, plutôt jeunes, le regard droit. Un vendeur de falafels m’a expliqué qu’il s’agissait de palestiniens du quartier tombés sous les balles de l’armée israélienne, chaque fois pour des raisons peu valables. Leurs visages continuent de peupler les lieux, à la fois comme des hommages affectueux et des dénonciations de la violence miliaire engendrée par l’occupation.

Jusque dans le centre culturel où je dormais le soir, les murs étaient aux couleurs de la libération palestinienne. Sur trois étages, dans la cage d’escaliers ainsi que dans la salle à manger, on pouvait voir sur de très belles fresques des paysages palestiniens, des visages révoltés ou encore des messages d’espoir.

Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer des artistes palestiniens, mais j’imagine que leurs productions, qu’elles se veuillent engagées ou non, sont toujours marquées par cette situation complexe dans laquelle vit toute la population de la Cisjordanie.


Le site internet du centre culturel Ibdaa, c’est juste ici !

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