Eugène Boudin, l’atelier de la lumière
Dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste, le MUMA nous propose cet été une exposition sur Eugène Boudin – artiste dont l’oeuvre est profondément attachée à la région normande, à son atmosphère et à ses ciels tout particulièrement.
« Ciels. De beaux et grands ciels tout tourmentés de nuages, chiffonnés de couleurs profonds, entrainant. Rien dessous s’il n’y a rien. » – Eugène Boudin.
Eugène Boudin entretient un lien profond avec la région et tout particulièrement avec le Havre, ville pour laquelle il a réalisé des copies de chefs-d’oeuvre au début de sa carrière, lieu qu’il a représenté tout au long de sa vie. Ainsi, dès l’entrée de l’exposition nous est présenté Le coup de vent devant Frascati , vision qui est mise en parallèle avec la vue de cette même baie que l’on aperçoit derrière les parois vitrées du bâtiment du MUMA. Ainsi le ton est donné, le lien semble évident, comme si le temps s’était arrêté, comme si rien n’avait changé depuis. Nous avons alors le même point de vue que celui d’Eugène Boudin au moment de créer son tableau puisque suite aux ravages de la guerre, le grand hôtel La Frascati a laissé place à l’actuel Musée Malraux . Cela permet ainsi de montrer d’entrée de jeu le lien entre la Normandie et cet artiste généralement considéré comme le précurseur de l’impressionnisme.
Grâce au fond d’atelier d’Eugene Boudin, l’exposition permet de revenir sur sa manière de créer, son évolution en tant qu’artiste, mais aussi sur une partie de son œuvre plus intime qui n’était pas dédiée au marché. Par la mise en parallèle de ses œuvres expérimentales avec ses chefs-d’œuvre, le MUMA nous invite à comprendre la démarche d’Eugène Boudin ainsi qu’à redécouvrir son œuvre, bien plus subversive qu’elle n’y parait.
Débutant sur son ascension en tant qu’artiste, l’exposition présente ses deux parrains, Thomas Couture et Troyon, qui l’ont recommandé afin qu’il obtienne une bourse pour se rendre à Paris. Vous pourrez ensuite observer les premières copies qu’Eugène Boudin a réalisé pour le musée du Havre depuis la capitale, ainsi que ses premières œuvres autonomes, et ce toujours dans une volonté de souligner son caractère d’autodidacte, ainsi que les liens que celui-ci a toujours entretenu avec la région normande.
La visite se poursuit de manière thématique, en revenant sur les grands thèmes qui ont parcourus l’intégralité de son œuvre. Contrairement à ses successeurs impressionnistes, Eugène Boudin n’a pas réalisé de séries, mais certains de ses sujets ont été représentés à de multiples reprises. C’est notamment le cas des ciels, des scènes de plages ou bien des marines. Mais peu importe le sujet, on constate chez l’artiste une volonté constante de retranscrire l’atmosphère d’un moment et d’un lieu particulier à travers son travail sur la lumière. Baudelaire caractérise ainsi en 1859 les œuvres d’Eugène Boudin de « beautés météorologiques ». Les plages normandes deviennent alors le sujet propice à cette volonté de retranscrire « une impression vrai », une atmosphère caractéristique de la Normandie avec cette nouvelle bourgeoisie qui se donne en spectacle dans un paysage aménagé, signe de sa modernité.
« Parfois en me promenant mélancolique, je regarde cette lumière qui inonde la terre, qui frémit sur l’eau, qui joue sur les vêtements et j’ai des défaillances de voir combien il faut de génie pour saisir tant de difficultés, combien l’esprit de l’homme est borné, de ne pouvoir mettre toutes ces choses ensemble dans sa tête et puis encore je sens que la poésie est là, et comment l’arracher. J’entrevois parfois ce qu’il faudrait exprimer. » – Eugène Boudin, mars 1854.
Mais surtout, cette exposition présente grâce à ses œuvres restées dans le cadre personnel, un artiste qui a su proposer un art relevant d’avantage de l’esquisse que de l’esthétique académique. On découvre alors un artiste qui dès la fin du XIXe siècle a su mettre en valeur le geste, sa perception, mais surtout son « impression ». Terme qu’il emploie d’ailleurs pour parler de son œuvre avant même l’attribution de l’expression au mouvement par Louis Leroy en 1874.
Ainsi le MUMA nous présente Eugène Boudin dans toute sa dualité, en mettant en relation les œuvres qu’il avait réalisé pour le marché avec celles issues de son fond d’atelier. Le visiteur est alors plongé au cœur du processus de création de l’artiste, et redécouvre ainsi l’oeuvre de celui qui fut le maître de Monet.
Musée d’art Moderne André Malraux
2, boulevard Clemenceau
76600 Le Havre
jusqu’au 26 septembre 2016
Plein tarif: 10€
Entrée gratuite pour les moins de 26 ans et pour tous le premier samedi de chaque mois.
muma-lehavre.fr
normandie-impressionniste.fr