Maur Cyriès, la musique sur les routes

Rencontre avec Maur Cyriès, un jeune compositeur, chanteur et musicien au parcours atypique…

Le jour commence tout juste à décliner sur la butte Montmartre. A la terrasse d’un café, Maur attend. De sa main gauche il tient un bouquin, de l’autre une cigarette sortie d’un étui en cuir. Sur son bras est encrée une pieuvre, reine des invertébrés. A sa gueule comme à son look, on devine qu’il s’agit d’un baroudeur.

Du haut de ses 26 ans, il a déjà parcouru un bon bout de chemin. Au sens propre comme au figuré, d’ailleurs. Très tôt, il s’engage dans une pratique musicale. A 3 ans, il tape sur tout ce qu’il a sous la main. Aujourd’hui, quand on écoute ce qu’il réalise lui-même de A à Z, on imagine le travail acharné qu’il a fourni les années passées. En revanche, difficile de deviner les péripéties que Maur a traversées avant d’atterrir ici, à la terrasse de ce café montmartrois.

Alors qu’il est en études de cinéma, Maur se fait percuter sur un passage piéton. Il a seulement 19 ans et il tombe dans un coma dont, heureusement, il sortira presque sans séquelle. Lors de son séjour à l’hôpital, il est entouré d’estropiés, de marginaux, de voyous couverts de cicatrices. Ces personnages le marquent et nourriront plus tard son inspiration.

En sortant de cette épreuve, le jeune homme se sent en profond décalage avec son environnement. Mais il est vivant, plus vivant que jamais. Il convainc son entourage de le laisser partir au Cambodge, fait ses valises et embarque seul dans cette aventure. C’est le début d’un périlleux voyage « initiatique ». Là-bas, il fuit tout ce qui lui est familier et qui le ramène à sa zone de confort. Il est assoiffé d’humanité, s’enrichit de chaque rencontre et de chaque nouvelle expérience, voyage avec l’esprit ouvert tel un reporter. Et surtout, il crée, compose, explore des univers sonores.

C’est à Paris qu’il est finalement venu s’installer pour mener à bien ses projets musicaux. Seul dans son appartement, il compose assidûment, surtout une fois la nuit tombée. Mais il aime aussi travailler de jour, pour tenter de cerner la subtilité de l’énergie solaire. Pour Maur, il y a quelque chose de transcendantal dans la création, comme si la mélodie venait à lui naturellement. L’inspiration, il la trouve dans la marche, dans l’action. Et lorsqu’il tient un jet créatif, il ne le lâche pas et s’y adonne pleinement, pendant 15h s’il le faut. Ensuite, il travaille la mélodie, l’affine, cherche sa forme aboutie.

Les univers qui nourrissent son inspiration sortent à la fois des films de Jim Jarmusch, des livres signés Paul Verlaine ou Jack London et des peintres symbolistes comme Gustave Moreau. Dans sa musique comme dans son identité graphique, Maur s’identifie au 19ème siècle. Pas à l’image que l’on en a généralement – Paris, de jour, en pleine révolution industrielle – mais plutôt au siècle des bandits, des voyous, celui de l’Europe du nord que l’on connaît mal. Le genre musical de Maur est tout à fait hybride. Tenter de l’étiqueter est voué à l’échec. Une sorte de rock alternatif sombre aux sonorités orientales, peut-être ? En tout cas, on s’imagine bien l’écouter de nuit. Soit dans une cave embrumée par des nuages de cigarettes, soit lors d’une promenade en solitaire sous la voie lactée.

Depuis ses débuts, Maur a beaucoup évolué. Il a commencé, comme tout le monde, par des cris du cœur, essentiels mais chaotiques. Et puis il a appris à structurer, à travailler d’une manière plus réfléchie et plus mesurée. S’il devait guider un jeune passionné, il lui conseillerait de développer son propre style, son identité et de ne pas chercher à se lier à une communauté ou à une tendance.

Jusqu’ici, Maur Cyriès a su tirer profit des aléas de la vie. La preuve en est que, malgré son jeune âge, son travail est extrêmement mature. S’il ne décide pas de devenir astronome ou ethnologue, il continuera sans doute sur cette voie encore longtemps. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.

Retrouvez Maur Cyriès sur Instagram , Soundcloud et son site officiel !

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