Picasso « 1932 : année érotique »

L’exposition Picasso « 1932 : année érotique » est dédiée à une année entière de la vie du peintre, au cours de laquelle ses productions, d’une richesse particulière, nous font plonger dans l’univers de leur créateur. Suivant un ordre chronologique, nous découvrons ainsi plus de 100 tableaux, dessins, gravures et sculptures. Déployer l’œuvre de Picasso tout en dévoilant sa personnalité aux yeux du monde, un pari réussit pour le Musée Picasso.

Le Rêve, Pablo Picasso, 1932, Huile sur toile, Collection privée de Steven Cohen. © Succession Picasso 2017

Le rêve s’intègre dans une série de tableaux initiée en janvier 1932, dans laquelle Picasso prend appuie sur la posture de la femme assise dans un fauteuil afin d’exploiter le thème de l’érotisme, qu’il poursuivra, tel un fil conducteur, tout au long de l’année. Si, parmi d’autres, nous retenons Le rêve , c’est tout d’abord parce que l’œuvre accroche le regard grâce à ses couleurs vives qui mettent en lumière la position sensuelle de la femme – qui laisse en réalité bien peu de place à l’ambiguïté ! Ce n’est pas par hasard que le visage du modèle, nommée Marie-Thérèse (qui fut une des maîtresses célèbres de Picasso) est divisé en deux parties : la supérieure, de couleur mauve, représentant un sexe masculin. Élisabeth Cowling écrira, au sujet de cette figure qu’elle « tient beaucoup plus de l’idole post-freudienne que de la représentation de la femme réelle ».
L’érotisme dont Picasso se revendique fait de la figure même de la femme l’incarnation de la sexualité. C’est également dans ce but qu’il crée la Femme au fauteuil rouge , qui adopte sensiblement le même maintien.

Femme au fauteuil rouge, Pablo Picasso, 1932, Paris, Huile sur toile Paris, musée national Picasso-Paris Photo © RMN-Grand Palais (musée national Picasso-Paris)/ Thierry Le Mage © Succession Picasso – Gestion droits d’auteur RMN : 16-524562 © Succession Picasso 2017

En décomposant ainsi le corps de son modèle, Picasso met en place une véritable harmonie entre sexualité et créativité : l’acte sexuel et l’acte créateur, ainsi mélangés dans une création, deviennent proprement interchangeables.
Mais l’année 1932, c’est également celle de la première rétrospective des œuvres de Picasso, organisée au sein de la galerie George petit. Cet événement fastueux servira au peintre afin d’asseoir son succès. On y dénombre, le jour de l’ouverture, plus de 2000 visiteurs, qui viennent admirer non moins de 223 tableaux.
Un nouveau Picasso voit le jour, celui qui se confronte à la presse et qui n’hésite pas à se dévoiler par son truchement. « Rien ne peut être fait sans solitude. Je me suis créé une solitude que personne ne soupçonne », confie-t-il ainsi.


Picasso devant la sculpture La femme au jardin lors de l’exposition du 16 juin au 30 juillet 1932 à la galerie Georges Petit. Anonyme, 1932, Paris, Épreuve argentique, musée national Picasso-Paris © Succession Picasso 2017

Explorant les thèmes les plus variés, Picasso se trouve, en 1932, au sommet de son art. Sa réputation fait un bond en avant tandis que ses créations ne cessent de proliférer. L’exposition du Musée Picasso nous expose l’œuvre d’un artiste dont le rayonnement ne cessera point au fil des années.
Photo de couverture : Nu couché, Pablo Picasso, 4 Avril 1932, Boisgeloup, Huile sur toile, Paris, musée national Picasso Paris Photo (C) RMN Grand Palais (musée national Picasso Paris) / René Gabriel Ojéda

Musée Picasso – Paris

Du 10 octobre 2017 au 18 février 2018

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