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Philip Corner, une nouvelle vision du monde par la musique

Avez vous déjà entendu le son croquant d’une carotte mâchée à votre oreille ? Le gong métallique d’une poêle à paella ? Le son scintillant produit par des galets en bronze que l’on agite ? Si ce n’est pas encore le cas, il est temps d’aller vous immiscer au cœur de l’exposition monographique de Philip Corner à la Fondation du Doute !

La ville de Blois, située à 2h de Paris en voiture, abrite la Fondation du Doute possédant la plus grosse collection d’art Fluxus d’Europe. Ayant pour fond premier la collection personnelle de l’artiste Ben Vauthier, elle se démarque par sa volonté de rapprocher l’art et la vie. Fluxus a pour idée de rendre accessible l’art à tous, jouant du côté participatif des œuvres, ouvrant les voies à plusieurs modes d’expressions tels que la vidéo, le mail art, le eat art, le multiple, l’happening, ou encore la musique expérimentale avec les travaux du célèbre John Cage. Mêlant musique et corps, son déploiement dans l’espace, ainsi que son mouvement, sa résonance et son rapport avec la nature, Philip Corner expérimente dans cette catégorie. L’idée est alors de produire des sons proches de la nature, comme le faisait John Cage qui enregistrait des sons dans la rue ainsi que des sons « naturels » comme le glouglou de l’eau dans un coquillage ou le crépitement d’un feu. Le son devient alors une matière que l’on peut utiliser et tout le monde devient alors capable de faire de la musique.

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Philip Corner est un musicien, compositeur et performeur, écrivain et artiste visuel qui a été actif sur la scène de la Nouvelle Musique pendant presque 50 ans. Son apprentissage le mena en Corée, où il étudia la musique traditionnelle ainsi que l’art de la calligraphie – son maître Kim Ki-Sung lui attribua le pseudonyme Gwan Pok (« Celui qui Contemple la Cascade »). Un travail qui influencera fortement le développement de nouvelles formes de notations graphiques chez Philip Corner et qui l’amènera à l’utilisation de gongs et autres métaux résonnants dans son travail, ainsi que des sons extra-musicaux incluant le corps et la respiration. Tout comme John Cage, dans sa relation professionnelle avec Merce Cunningham, une intime connexion avec la danse va se faire sentir très tôt, atteignant un point culminant avec le Judson Dance Theater dès sa formation en 1962.

Le mot « partition » vient du latin partitio qui veut dire partage, répartition. Le but chez Corner est de « partager l’expérience la plus simple, la plus minimale pour une aventure sonore maximale » – Alain Goulesque, directeur de la Fondation du Doute.

Il faut bien comprendre qu’avant toute production de musique il y a son « entendement » afin de la concevoir dans son intégralité. Philip Corner joue ainsi de cette notion en proposant des Ear Papers, « papiers d’écoute », où l’exercice est au final assez difficile car il y a à la fois peu et beaucoup à entendre. L’exposition rassemble à la fois son travail graphique et auditif afin que le spectateur puisse capter l’étendu de son œuvre. Un mur entier est donc consacré à ses partitions qui, originales, peuvent faire penser aux partitions d’Eric Satie donnant des indications au musicien quand à la façon de jouer son morceau. Corner s’adresse lui aussi au spectateur par ce biais, leur indiquant les modes d’écoute ou des actions pour produire des sons à entendre. En parallèle, sa musique est écoutable en permanence dans tout l’espace d’exposition et un lien indissociable se créé alors entre les œuvres, tout comme les liens du corps, des éléments naturels et de la pensée méditative à la musique.

Philip Corner - VISIT TO KATERINA, 1990 (Visite à Katerina) 30 x 40 cm (22 feuilles), objets collés sur papier. Coll. Caterina Gualco

Philip Corner – VISIT TO KATERINA, 1990 (Visite à Katerina) 30 x 40 cm (22 feuilles), objets collés sur papier. Coll. Caterina Gualco

« Pour moi, Philip est la musique ; sa musique, mais aussi la musique des nombreux auteurs que j’ai appris à connaître à travers lui. Ce n’est pas tout : pour moi, Philip est l’un des exemples les plus aboutis du maillon qui peut unir la musique à l’art visuel, sujet qui me passionne et dont Fluxus constitue une mine inépuisable. » – Caterina Gualco

Crédits photographiques de l’image à la Une : Philip Corner – Edition ear paper, DR


Exposition jusqu’au 8 mai 2016

Fondation du Doute, 14 rue de la Paix, 41000 Blois

www.fondationdudoute.fr

Mercredi au dimanche : 14h-18h30

Tarif normal 7€ – Tarif réduit 5€ – Tarif jeune (6-17 ans) 3€

 

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