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Tokyo, sexe et mort au coeur du travail de Nobuyoshi Araki

A l’occasion de l’exposition Araki au Musée Guimet, nous avons choisi de revenir sur quelques caractéristiques de cet artiste-photographe dont l’oeuvre oscille entre tradition japonaise et expérience personnelle.

Tokyo

Nobuyoshi Araki est un artiste originaire de Tokyo, ville qu’il a tenté de capter et de retranscrire à travers ses photographies. Depuis les années 1970, l’ensemble de son travail renvoi à cette ville, à ses traditions et à son atmosphère. Il a fait de Tokyo le thème central de son œuvre avec le sexe et la mort.

Nu Tokyo, 1989/2005, épreuve gélatino-argentique, 58,3 x 46,6 cm, Nobuyoshi Araki/Photo : Thierry Ollivier/Courtesy Taka Ishii Gallery

Nu Tokyo, 1989/2005, épreuve gélatino-argentique, 58,3 x 46,6 cm, Nobuyoshi Araki/Photo : Thierry Ollivier/Courtesy Taka Ishii Gallery

Une œuvre personnelle

Voyage Sentimental, 1971, épreuve gélatino-argentique, 35,4 x 43,2 cm, Collection Maison Européenne de la Photographie, Nobuyoshi Araki/Courtesy Taka Ishii Gallery

Voyage Sentimental, 1971, épreuve gélatino-argentique, 35,4 x 43,2 cm, Collection Maison Européenne de la Photographie, Nobuyoshi Araki/Courtesy Taka Ishii Gallery

De part leurs sujets licencieux, les œuvres d’Araki peuvent nous procurer le sentiment d’être un voyeur face à la vie privée de l’artiste. Dans l’une de ses premières série, le voyage sentimental, Araki partage le reportage sur son mariage avec Aoki Yoko ainsi que sa nuit de noces.

 

 

 

Les Femmes encordées

A cette série d’oeuvres mêlant la vie privée de l’artiste à la fiction, va s’en suivre de nombreuses œuvres polémiques. Le travail d’Araki a été à de nombreuses reprises condamné pour son obscénité. Il n’hésite pas à exposer la vision des poils pubiens, ou bien des organes génitaux. C’est notamment le cas dans ses photographies de femmes nues encordées qui ne sont pas sans nous rappeler l’art du bondage japonais du XVe siècle. Cette technique lui permet ainsi de suspendre le geste érotique. Malgré leur sujet, ces photographies sont d’une poésie surprenante : à la violence du cordage se superpose un visage féminin serein et détendu. Araki s’inscrit donc comme l’un des artistes qui ont permis de faire évoluer le cadre législatif japonais face aux productions artistiques.

La photographie comme document du passé

A travers ses différentes séries, Araki propose une véritable remise en cause de la photographie comme médium documentaire. Alors que ses images de fleurs témoignent d’un instant éphémère suspendu par l’appareil photographique, l’oeuvre constituant ainsi un document de ce moment passé, Araki préfère dans d’autres séries semer le trouble de la temporalité et du caractère documentaire de l’image photographique.

« La photographie est une parodie du monde. C’est une parodie du Je » témoigne Araki qui aime jouer sur les illusions en mêlant des photographies de sa vie personnelle à des images relavant de l’auto-fiction.

Un attachement à l’art traditionnel japonais

Imparfait - Futur, 1979-2011/2012, épreuve gélatino-argentique, 27 x 40,6 cm, courtesy Nobuyoshi Araki/Taka Ishii Gallery

Imparfait – Futur, 1979-2011/2012, épreuve gélatino-argentique, 27 x 40,6 cm, courtesy Nobuyoshi Araki/Taka Ishii Gallery

Malgré un engagement personnel dans son œuvre, Araki reste fortement attaché à la tradition japonaise. Il s’inscrit dans une continuité artistique que ce soit dans la reprise de sujets, de l’esthétique et de supports. Ses photographies érotiques ne sont pas sans nous rappeler les shunga (gravures japonaises érotiques dans le style ukiyo-e). Ses séries sont régulièrement déployées à l’horizontal rappelant les emaki (livres japonais se dépliant sur leur ensemble). De même, dans sa série Tokyo Tombeau, les photographies sont présentées en longueur, elles se juxtaposent comme une peinture japonaise sur rouleau.

L’oeuvre d’Araki tente ainsi de documenter ce qui est constitutif de la culture japonaise, tel Robert Frank avec la civilisation américaine des années 1960 avec son ouvrage The Americans. Araki mêle dans un travail très personnel, les traditions d’une civilisation, son esthétique, son état d’esprit, afin de dresser un portrait du Japon moderne, un pays entre les traditions extreme-orientales et la modernité occidentale apportée après la réouverture du pays sur le reste du monde en 1868.


Exposition au Musée Guimet jusqu’au 5 septembre 2016

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