Le petit théâtre de la démesure d’Antoine Plateau pour la maison Hermès
Le Miroir de la Ville de Poitiers a souhaité interroger le sujet qu’est « l’exposition », saisissant l’opportunité de l’arrivée d’Antoine Plateau, nouveau décorateur en charge des vitrines du siège historique de la Maison Hermès. L’usage de la vitrine évoque un espace d’exposition placé au coeur de la ville et ouvert à tous. C’est un élément qui happe le regard du passant et qui devient un théâtre vivant où l’artiste et l’artisan peuvent travailler de concert.
Le Miroir 2016 – Poitiers est un projet culturel unique, placé dans un théâtre rénové au coeur de la ville. Il promet une diversité de l’image et de ses formes, ainsi qu’une abolition des frontières entre les disciplines, les genres et les époques. La participation d’Antoine Plateau aux vitrines de la Maison Hermès est l’occasion rêvée pour accorder au décorateur une complète liberté de création dans la ville. Dessinateur compulsif, il est passionné de formes, de matières, de textures et de couleurs, tout en utilisant peu le numérique, lui préférant l’expérimentation grandeur nature. Respectant la tradition mise en place chez Hermès, il travaille avec des artistes créant ainsi des « conversations » au fil des projets, mêlant savamment les créations des artistes invités et la réalisation par les artisans de la Maison Hermès. Il sollicite ainsi des compétences étonnantes dans le champ des métiers d’art tel que le plumassier Marcy ou les vanniers de Vilaine-les-Rochers, qui ont réalisé un mini grand huit. Ces objets singuliers sont alors placés dans ces décors, destinés au seul regard des passants.
« Déjà l’automne« , vitrine mêlant dans une pénombre automnale une cible plantée de flèches et des cages vides. La cible et ses occupants – rappelant le travail de Jasper Johns – peuvent appeler à l’animalité face à la l’enfermement vide et inquiétant que procurent les cages. Antoine Plateau place ainsi une création artisanale d’un blanc immaculé au coeur de ces barreaux de fer, pouvant alors représenter l’homme contrebalancé entre les interdis de la société et son côté sauvage. Ainsi, avec peu d’éléments, le décorateur arrive à évoquer de nombreuses choses.
Dans le plaisir de la contemplation et d’une passion pour le décor et la mise en scène, Antoine Plateau s’est consacré essentiellement aux décors de théâtre et de cinéma après avoir étudié, exercé et enseigné le stylisme. On retrouve alors cette épure, cette fantasmagorie, ces impressions contradictoires que l’on ressent lorsque l’on découvre « les métaphores de la matière« . C’est l’art de faire apparaître des objets réels dans une salle obscure – tel que le cinéma – ici placé dans une clarté immaculée. Ce nouveau terrain d’expression pour les artistes permet d’explorer une nouvelle manière de voir l’art dans l’espace public, mélangeant l’aspect « sous vitrine » du musée et de l’oeuvre in situ. Il réalise plusieurs séries tournant autour de la nature, de la science et parfois une pointe d’humour leur est accordée.
Une balade étonnante et rafraîchissante, qui place l’art dans une nouvelle dimension, comme de petits théâtres dans la ville.
Chapelle Saint-Louis du collège Henri IV
19 juin – 18 septembre 2016
Entrée libre