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]]>Pour cette première semaine, le thème est : le logement.
Les problématiques du logement et du mal-logement sont des classiques du genre documentaire. Poser la question « où habites-tu ? », c’est interroger des réalités socio-économiques, la possibilité ou non pour une personne d’avoir accès à un toit et, si c’est le cas, quel genre de toit. C’est aussi questionner le territoire, le lieu d’ancrage ou la migration, donc à la fois la culture, l’héritage et un contexte géopolitique. Et enfin, c’est se plonger dans l’intimité des individus, des familles et des communautés, c’est découvrir des rituels et des habitudes, c’est comprendre comment les liens se créent entre quatre murs et comment les mémoires s’y construisent et s’y inscrivent…
Jean Loiseau et Philippe Lallet, 1994
Pour commencer, voici un très beau documentaire « Thalassa » produit par France 3. On y découvre la vie flottante de familles chinoises qui ont élu pour logis des bateaux, faute de moyens ou d’envie de payer un loyer au coeur la ville dense de Hong Kong. Un véritable village s’est construit sur l’eau, en contre-bas des impressionnants buildings. Une image presque onirique, comme un rêve d’enfant réalisé, qui n’est pourtant pas facile à vivre au quotidien. Qui sont ces gens qui mènent des vies qui tanguent et qui, pour certains, ne posent jamais le pieds à terre ?
A visionner sur le site de l’INA. Inscription nécessaire, mais les trois premiers mois sont gratuits !
Grégoire Darasse, 2016
En attendant l’été, c’est une rencontre avec Jessy, ancien ouvrier aujourd’hui à la rue, père d’une petite fille. On le suit dans ses errances parisiennes et dans ses réflexions. Il partage honnêtement face à la caméra ses états d’âmes, ses bons plans, ses désirs de calme, mais aussi son attachement à la rue. On découvre la réalité quotidienne d’un SDF débrouillard, qui se démène entre petits jobs, associations de solidarité et longues nuits dans le froid… en attendant l’été.
En accès libre ici, sur Vimeo, une production des Ateliers Varan.
Gaston Grabit, 1954
Ce court film muet présente l’installation d’une famille tsigane hongroise, les Zanko, dans leur nouveau lieu de vie. Ils plantes leurs tentes aux abords de Villeurbanne et constituent un petit village convivial. A travers les belles images en noir et blanc, on découvre les habitudes, les rituels et les gestes qui font leur quotidien. L’heure de déjeuner, l’heure de danser, l’heure du thé… On voit comment les liens humains et les habitudes qu’ils mettent en place participent à leur appropriation de ce nouvel environnement.
Un documentaire en libre accès sur Le Téléphérique.
Daniela de Felice, 2013
« J’ai l’impression que nous sommes venus la saluer. Saluer une période de dix ans que nous avons vécu ici ensemble ». Daniela de Felice capture les dernières images de la maison dans laquelle elle a grandi et dans laquelle elle a vu mourir son père. La maison sera vendue. Elle ne sera pas détruite, mais ce ne sera plus la même. En retraçant une partie de l’histoire de sa famille et en interrogeant le rapport que chacun entretient à ce lieu spécial, elle questionne aussi ce qui fait attache : le récit, la mémoire, les symboles.
Un film magnifique à voir sur Vimeo juste ici.
Bons visionnages et à bientôt, autour d’une nouvelle thématique !
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]]>C’est d’abord par ses photographies d’églises que j’ai découvert Julien Coquentin. Ce fut, je crois, une belle porte d’entrée vers son univers. Natif et habitant de l’Aveyron, Julien Coquentin est un photographe « assez sauvage et solitaire », comme il le dit lui-même, mais aussi un infirmier. Père de trois enfants, sa rencontre avec la photographie remonte à l’époque où sa grand-mère lui confiait ses vieux appareils. Sans vraiment en maîtriser le fonctionnement, il a d’abord fait des images lors de ses premiers voyages. Ensuite, raconte-t-il, « la photographie s’est emparée de mon existence quelques temps avant que ma première fille ne vienne au monde. Je crois qu’il s’est alors agi de trouver l’outil pour une exploration ininterrompue. Voilà 10 années que je photographie et c’est un peu comme s’il s’agissait de la première, tant il me reste à découvrir. Je remonte doucement le courant et m’initie, ces jours-ci confinés, aux joies du sténopé. »
Julien Coquentin a aujourd’hui son univers propre, à l’esthétique singulière. Des paysages brumeux, des lumières douces sur la pierre, une odeur de humus qui s’efface dans l’humidité. Ses images respirent, elles convoquent les sens et les souvenirs, elles aspirent le regard et le corps dans une profondeur enveloppante. Il capture les textures, la matérialité des choses, leur sensorialité. « Faire face à son objet, à sa matière, tourner autour pour en dire la sensation. Ce sont là des émotions que je retrouve aussi en forêt, on s’y ressent littéralement happé par l’élément, comme si la matière végétale, à la manière d’un grand tout, cherchait à vous confondre. »
« Faire face à son objet, à sa matière, tourner autour pour en dire la sensation. »
Invocatrices de souvenirs, d’ambiances et d’odeurs, ses images provoquent un voyage dans le temps, celui de notre propre mémoire ou de notre imaginaire. Dans Saisons Noires, il est d’ailleurs question d’une odeur qui vient réactiver des images d’enfance. La photographie a-t-elle ce pouvoir de convoquer les souvenirs, autant que les sens le peuvent ? « L’odorat est tout de même un sens très particulier qui a ce pouvoir de « stupéfier », par un voyage dans le temps fugace, mais ô combien brutal et délicieux. Cependant, bien sûr que la photographie nous transporte dans les époques, peut-être d’ailleurs n’a-t-elle guère d’autre fonction que celle-ci. »
J’aurais d’abord qualifié la démarche de Julien Coquentin de « documentaire », pour plusieurs raisons qui m’apparaissaient évidentes, avant de remettre en question mes définitions. Il faut dire que le genre documentaire a beaucoup évolué depuis ses débuts et qu’il n’est pas évident aujourd’hui de le séparer clairement de la photographie « plasticienne ». Julien Coquentin fait remarquer : « Il me semble que les frontières entre les genres photographiques ont tendance à s’estomper, c’est un lieu commun que de le dire. » Il se considère plutôt comme « un auteur, car la chose qui me plaît est bien de raconter des histoires. » Deux de ses séries, Saisons noires (réalisée sur ses terres d’enfance) et Tôt un dimanche matin (réalisée à Montréal), auxquelles il a consacré pour chacune deux ou trois ans, pourraient appartenir quant à elles à la photobiographie. Une forme de documentation, mais pas tout à fait celle du documentaire dans laquelle Julien Coquentin ne se reconnaît pas tellement, par manque de formation dans cette pratique spécifique.
« La chose qui me plaît est bien de raconter des histoires. »
En parcourant l’ensemble de son travail, j’ai été frappée par le potentiel fictionnel que portent ses images. Les présences humaines, qu’il s’agisse de passants d’un instant ou d’individus sur qui il prend le temps de s’arrêter pour un portrait, ont tous des auras de personnages de roman. Ils sont dans une telle harmonie avec leur environnement, comme ancrés dans des mondes sans faille, qu’il en sort une impression d’univers cinématographique et de mise en scène. Julien Coquentin explique : « René et Ginette (qui apparaissent dans La Dernière année et Saisons Noires) appartiennent à un conte, leur monde a disparu, et je crois que cette existence recroquevillée sur ce bout de terre ferait un très bon sujet de roman. Je ne force donc pas le trait. La lumière de la bergerie est une des plus belles qu’il m’ait été donnée de photographier, les innombrables toiles d’araignées font office de diffuseurs, ils sont vêtus à l’ancienne, bref toutes les conditions étaient réunies pour que ces « présences humaines » fassent reliefs. »
« René et Ginette appartiennent à un conte, leur monde a disparu. »
Ses photos sont toujours accompagnées de textes très poétiques. Ils ne sont pas là simplement pour décrire la série ou pour en situer le contexte, mais pour apporter une lecture parallèle aux images, pour ouvrir à d’autres univers, d’autres temporalités, participant à cette dimension fictionnelle. La série Tropiques, par exemple, commence ainsi :
« C’est un vieil homme dont je lave le corps chaque matin. Une chambre sans caractère, le silence, une île. J’ignore s’il parle ma langue, monsieur Yu est né en Chine. »
On comprend ensuite que les photographies de la série, dans lesquelles monsieur Yu n’apparaît pas, sont comme des divagations de l’esprit, des images mentales qui surgissent de ce lavage du corps.
« Je convoite au long du corps l’existence de monsieur Yu, tel le paysage du volcan exprimant nettement par l’érosion, les soubresauts de la terre, les années, les semaines déroulées. Je songe au long voyage, les mois dans la moiteur du bateau, l’Océan Indien de part en part. »
Sans ce texte qui l’accompagne, cette magnifique série n’aurait pas le même écho. Elle garderait toute sa beauté, mais raconterait autre chose, un autre paysage, un autre voyage. Tropiques est finalement « un conte, entrelacement d’images et de cinq nouvelles (à paraître en septembre) ».
Son travail est aussi marqué par des rencontres avec des lieux. Plusieurs villes, comme New York, Tokyo, Rome, mais aussi par des îles : Borneo en Asie du sud-est, ou encore Ouessant, au large de la Bretagne, à laquelle il a consacré la très belle série Après la mer. « Ouessant est un endroit particulier. Presqu’en dehors du monde pour celui ou celle débarquant du continent. Nous habitions une maison avec un piano qui souffrait de l’océan, c’était il y a cinq ans. Des livres, dont l’île était le thème essentiel, sur toutes les étagères, le ressac dans le lointain. J’ai été littéralement happé par l’endroit. » Ces images sont elles aussi porteuses de fiction. Comme si le ciel grondant, les maisons solitaires, les roches et les écumes étaient des paysages de roman, prêts à être animés par des personnages, des mystères ou des drames.
Pour finir, Julien Coquentin partage avec nous certaines de ses inspirations et certains des artistes dont il aime s’imprégner :
Musique : Soap & Skin
Mais aussi les Impromptus de Schubert
Lecture : Contes des mers du Sud de Jack London (qui lui ont inspiré Tropiques)
Photographie : Bryan Schutmaat
La parution du livre Tropiques est prévue pour septembre.
D’ici là, je vous invite vivement à parcourir l’univers de Julien Coquentin sur son site internet.
Vous pouvez aussi le retrouver sur la plateforme collaborative Hans Lucas, dont il est membre.
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]]>Vous avez manqué la première partie de l’article ? Commençons par le commencement !
Malgré la pandémie, certaines associations dont les actions sont indispensables à la survie de nombreuses personnes vulnérables continuent leur activité tout en s’adaptant au contexte perturbé. « Solidarité migrants Wilson » compte parmi celles-ci : une dizaine de bénévoles, héros du quotidien, distribuent 500 repas aux sans-abris lors des maraudes qui sont organisées deux fois par semaine entre Porte de la Chapelle et Porte d’Aubervilliers. Dans ces deux quartiers à la limite de Paris, énormément de gens, majoritairement des migrants, sont à la rue toute l’année et survivent grâce aux soutiens associatifs. Pas question de les laisser mourir de faim pendant la période du confinement. Alors on s’équipe de masques et de gants et on s’active toujours en cuisine.
Florent Bardos s’intéresse aux faces cachées de la pandémie, à ces gens qui trouvent des solutions, qui réaménagent leur mode de fonctionnement. « Photographe des alternatives », pourrait-on dire. Il s’est aussi rendu sur d’autres terrains, où les problématiques ne sont certes pas les mêmes, mais où le credo est toujours celui-ci : s’adapter et se réinventer.
Il nous fait voir par des images marquantes comment un gymnase à Saint-Mandé est devenu un centre de dépistage pour les personnes malades. On imagine comment les pas et les voix des soignants doivent résonner dans cette salle désertée, où en temps normal ont lieu des matchs et des entraînements bruyants. Florent Bardos nous emmène aussi dans l’église Saint-Roch à Paris, où la technologie a été mise au service des fidèles, puisque la messe du Jeudi Saint a été retransmise en direct sur Youtube. Chacun à son échelle accomplit sa mission, comme il peut, avec les moyens du bord.
Pour découvrir les autres très belles séries de Florent Bardos, c’est juste ici ! Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries consacrées au confinement.
Depuis le début du confinement, pour la majorité des Français, le quotidien s’est réduit à peu de choses. Ce sont tous les jours les mêmes espaces, les mêmes activités et les mêmes personnes qui rythment les journées. Plutôt que de voir ces motifs comme des répétitions lassantes, Claire Jachymiak choisit d’en voir la poésie. Elle documente son quotidien confiné et réalise avec ces images une série par semaine. On retrouve chaque fois son intérêt pour les ombres et les lumières, pour les activités familiales, pour les écrans aussi, qui diffusent des films ou des séances d’entraînement et qui proposent des échappées éphémères. On retrouve aussi ses animaux de compagnie, l’énergie des enfants qui jouent, les sorties autorisées, les éternelles tâches ménagères.
Son travail est une invitation à s’attarder sur la beauté des petites choses que l’on oublie de regarder quand le monde va trop vite. C’est une célébration du quotidien et de la banalité, de ces images et situations qui se répètent et qui, finalement, rassurent quand le monde autour est incertain. Dans chacune de ses séries, la monochromie est de rigueur. Une façon peut-être de se concentrer sur l’essentiel de l’image, sur les contrastes et les formes.
Lorsqu’elle n’est pas confinée, Claire Jachymiak réalise des reportages, souvent autour du monde rural. On retrouve dans plusieurs de ses séries ce même intérêt pour le quotidien : les vies des autres, les réalités et les territoires qu’elle côtoie de près ou de loin. Et elle pose toujours sur eux ce regard poétique, capable de déceler l’infime beauté des choses.
Pour découvrir davantage l’univers de Claire Jachymiak, c’est par là ! Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries "Confinement".
A quelques semaines des élections présidentielles, la Pologne est comme tous ses voisins européens touchée par le Covid-19. Pour le parti au pouvoir, Prawo i Sprawiedliwość (Droit et Justice), la crise sanitaire n’est pas une fatalité pour la vie politique : les élections auront bien lieu. Le 10 mai, les Polonais iront déposer dans des boîtes aux lettres installées à cet effet leur bulletin de vote. Une mesure qui est loin de générer l’enthousiasme parmi la population et les opposants du parti. En plus de faciliter la diffusion du virus, le maintien des élections jouerait en la défaveur des autres candidats qui ont dû interrompre leur campagne. L’actuel président ultraconservateur Andrezj Duda est en tête des sondages.
Pierre Le Tulzo nous fait voyager dans le quotidien de cette Pologne confinée, où il réside actuellement. Il a capté les atmosphères si particulières et les magnifiques lumières de la Basse-Silésie, région située au sud-ouest de la Pologne. Comme dans de nombreux autres pays dans le monde, le temps s’est arrêté. Les Polonais se sont quand même rendus au cimetière ce Vendredi Saint, munis des gants de protection, pour entretenir les tombes de leurs défunts.
Quand on parcourt son portfolio, on comprend que Pierre Le Tulzo est un voyageur. Il saisit en images des mondes si opposés qu’il est troublant de passer d’une série à une autre. Des parcours de migrants aux destins empêchés, un reportage sur des motards en pèlerinage, des portraits au flash des défilants à la Manif pour Tous, ou encore une série sur le quartier des banques à Genève… Des univers que tout semble séparer mais que Pierre Le Tulzo traverse comme un caméléon.
Vous pouvez retrouver son travail ici. Gros coup de cœur pour la série Inde 2012 ! Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries consacrées au confinement.
Comme mentionné dans le premier article, tous les photographes présentés ici sont membres d’Hans Lucas, plateforme collaborative qui soutient les photographes indépendants. C’est une mine d’or visuelle, mais aussi un moyen de faire le tour du monde à travers des regards atypiques. Je vous conseille d’y jeter un œil, sachant que vous risquez d’y passer la journée.
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]]>Sur l’île grecque de Lesbos, à Moria, près de 15 000 réfugiés attendent depuis des mois que leur situation se débloque enfin. C’est le plus gros campement d’Europe, où la population dépasse de plus de trois fois sa capacité d’accueil. Avec l’arrivée du Covid-19 en Grèce, la gestion du camps a été mise au second plan. Comment empêcher la propagation du virus là où la distanciation sociale est une vaste utopie ? Comment protéger les nombreuses personnes vulnérables, fragilisées davantage encore par les conditions de vie inacceptables qui font leur quotidien ? Alors que des cas sont déjà avérés, les autorités commencent à grillager la zone. Chacun se prépare au pire. Comme d’autres zones problématiques, parmi lesquelles la bande de Gaza, la pandémie pourrait être un désastre humain.
Le travail de Diane Grimonet porte régulièrement sur la question du logement. De ses défaillances, surtout. Des squats aux campements de réfugiés en passant par les hôtels-taudis, elle montre. J’allais dire « elle interroge », mais ses images sont tellement fortes et claires, et la réalité est telle qu’il n’y a rien à questionner, il n’y a qu’à voir et constater.
« Photographe humaniste » peut-on lire sur son blog, et c’est bien cela. Si elle s’intéresse à des problématiques sociales, ce n’est pas avec une froideur journalistique, mais au contraire en partant de la petite histoire pour parler de la grande. Toutes ses images respirent la tendresse et la reconnaissance des singularités. Sans doute faut-il beaucoup aimer les humains pour produire de tels tableaux. Diane Grimonet joint à ses photographies de parcours de vies, des paroles recueillies. Comme une passeuse d’histoires.
Pour découvrir le travail incontournable de Diane Grimonet, c’est juste ici ! Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries consacrées au confinement.
Des appartements, des lieux habités, des meubles, le quotidien. Et des corps qui deviennent meubles dans l’espace, qui viennent se fondre dans les murs, qui s’adaptent à leur environnement contraint. Des corps-espaces, des parcelles de terrain, des objets plastiques presque démontables. Des corps-lieux aux possibilités inexplorées, à l’égal de ces recoins du logis qui restent tapis dans l’ombre.
Dans la série « L’élément du décor », Clémence Losfeld se sert de sa propre flexibilité comme moyen d’exploration performative et invente de nouveaux modes d’investissement de l’espace par le corps. Le plier, le déplier, le tordre, le retourner, le redécouvrir en même temps que l’on redécouvre son chez-soi, cet espace quotidien qui s’éprouve d’abord physiquement.
Cette série pose aussi un regard poétique sur le rapport intime que l’on entretien avec son logis, sur la façon qu’on a, au sens littéral et au sens figuré, de l’embrasser. Comment on fait corps avec lui, surtout en ces temps confinés où il est à la fois un cocon et une prison. Ces photos surprenantes et décalées sont teintées d’absurdité, mais aussi et surtout d’une certaine mélancolie.
Clémence Losfeld est une jeune artiste, révélée par le Grand Prix Paris Match Photo Reportage Étudiant 2016. A la fois photographe de terrain et de l’intime, on la trouve aussi bien en manifs qu’auprès de personnes âgées dans les maisons de retraite ou dans le quotidien de gens en marge ou invisibilisés. De sa pratique photographique découlent des questionnements, parfois intimes, parfois sociétaux et d’autres fois encore à la croisée des deux.
Pour découvrir son travail, c'est par là ! Coup de cœur pour les séries "Battre en retraite" et "Vue sur mères" ! Et sur la plateforme Hans Lucas, toute sa série "L'élément du décor".
Patxi Beltzaiz a deux ports d’attache : celui de Marseille et l’Amérique latine. A Marseille, où il est confiné aujourd’hui, il documente depuis sa fenêtre la vie en temps de pandémie. Depuis les appartements voisins aux volets ouverts, de nouveaux liens se créent. On se rencontre, même séparés par les quelques mètres de la rue déserte en dessous. On fait voix commune pour remercier et soutenir le travail des soignants, des aidants et des autres. Et à 20h, on sort le grand jeu : tambour, accordéon, maquillage de carnaval. Comme un air de Mexique… Quand tout autour s’effondre, l’amour de la fête ne se laisse pas abattre.
On trouve dans le travail de Patxi Betlzaiz, notamment dans ses séries réalisées au Mexique, un intérêt pour le carnaval, la fête, la communauté, ainsi que pour le costume, le masque et le travestissement. Il immortalise ces univers du spectacle où tout est possible, où la célébration de la vie fait taire un instant la violence du monde.
A Marseille, il est animé par les problématiques sociales en cours. Sa pratique est intrinsèquement liée aux luttes qui lui tiennent à cœur, notamment au quartier populaire de La Plaine, menacé par la gentrification. Membre du collectif Contre-faits, Patxi Beltzaiz est guidé par « cette volonté implicite de parler, de donner à voir des réalités sociales oubliées ou détournées ».
Ce voyage dans le Marseille confiné nous fait entrer dans son univers, à la fois ancré dans la réalité et profondément poétique.
Retrouvez l’univers fascinant de Patxi Beltzaiz juste ici !
Tous les photographes présentés ici sont membres d’Hans Lucas, plateforme collaborative qui soutient les photographes indépendants. C’est une mine d’or visuelle, mais aussi un moyen de faire le tour du monde à travers des regards atypiques. Je vous conseille d’y jeter un œil, sachant que vous risquez d’y passer la journée.
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]]>L’article [FILM] CELLE QUI MANQUE est apparu en premier sur Hey Listen.
]]>Après plusieurs années passées loin de l’autre, Rareş Ienasoaie et sa soeur se retrouvent. A présent, ils ont chacun leur vie et rien, peut-être, ne les rassemble si ce n’est leur histoire, leur héritage, cette famille commune qui les a vus naître. Ioana habite désormais dans son camion, cette petite maison mobile à laquelle elle semble tant tenir. Accro à la morphine, les injections rythment son quotidien. Elle fait partie de ces « marginaux », ceux que les gens « normaux » bien intégrés à la société regardent du coin de l’oeil. Elle ne mène pas une vie de château, mais aujourd’hui elle va bien, dit-elle. Les années ont passées et elle s’est affirmée. A mesure que le temps passe, les désirs se déploient, se réalisent, le Surmoi sans doute s’amenuise. Elle raconte, dans l’intimité de son camion, le soir venu, les questions qui la traversent. Comment se débarrasser des fardeaux de l’enfance ? Comment devenir l’adulte que l’on veut être, quand il est à l’opposé des idées établies de ce qu’est le bonheur ? Que faire de la famille, de l’héritage, de ces « proches » devenus étrangers ? Qu’est-ce que l'(in)dépendance, qu’est-ce que la liberté ?
Ce documentaire, où un frère réalise le portrait de sa soeur, pose de multiples questions. A la fois celles du désir, de la réalisation de soi, de ce qu’être adulte veut dire, mais aussi sur les rapports de confiance, sur l’intimité partagée, celle d’une addiction vécue au quotidien et qui, dans la nuit, délie les langues et les souvenirs.
Ce film a été diffusé sur Tënk dans le cadre du festival Cinéma du réel. Il n'est donc hélas plus disponible en ligne. Mais vous pouvez avoir un aperçu du travail de Rareş Ienasoaie juste ici.
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]]>L’article [LITTERATURE] Claude Ponti, jongleur de mots est apparu en premier sur Hey Listen.
]]>Aujourd’hui c’est d’un super Monsieur dont je veux te parler qui m’en met plein les yeux à chaque fois que j’ouvre un de ses livres. J’ai nommé…….. Mister….. que dis-je… MASTER Claude Ponti !
Ce Monsieur (je mets une majuscule, je peux pas m’en empêcher !) c’est un faiseur d’histoires, un savant fou des stylos desquels naissent une multitude d’inventions littéraires et picturales, un Boris Vian qui dessine !
Ponti c’est un artiste qui écrit des albums, mais aussi des romans (tu ne le savais peut-être pas mais maintenant c’est bon !) et du théâtre (oui oui !) Il est également dessinateur et illustre lui-même ses histoires, si c’est pas badass ça !
C’est un poète qui prend les mots au pied de la lettre et donne ainsi naissance à des personnages loufoques tels que l’Ecoute-aux-portes, qui se cache derrière les portes pour écouter ce qu’il s’y passe de l’autre côté.
Ponti c’est un inventeur de créatures qui donnent envie de se cacher précipitamment sous la couette et de fermer les yeux très fort ou au contraire qui rassurent quand la nuit tombe.
Il jongle avec la langue française mais aussi avec les codes de la BD, de l’illustration ; une liberté d’expression qui se traduit souvent jusque dans la typographie qui se fait elle aussi vivante et à qui il arrive parfois de sortir de l’emplacement qui lui est réservé !
Ces albums ne sont que surprises et mettent du baume aux yeux.
Son œuvre m’a permis de faire des rencontres improbables en voyageant dans des mondes merveilleux où les bancs sont de grands voyageurs et les rideaux de pluie, véritablement des rideaux… de pluie ! Ce sont des albums qui m’ont (enfin !) fait découvrir la vraie histoires de Paris. Depuis toutes ces années tu pensais comme moi que Notre-Dame et L’Arc de Triomphe se tenaient debout grâce à une activité humaine prolifique, que nenni ! Ce sont les Zéfirottes qui sont derrière le maintient de ces merveilles architecturales !
Alors voilà cher toi,
J’espère que tu ne seras plus privé du merveilleux travail de ce grand Monsieur.
Quelques conseils pour tes escapades pontiesques :
● N’hésite pas à te plonger dans un de ses albums quand il fait triste pour toi car ils sont souvent croc-larmes.
● N’hésite pas non plus à les lire avant de dormir, ce sont des albums tasses-de-miel, doux et chauds, qui bercent et apaisent.
● Enfin, prend le temps de regarder attentivement les illustrations, il s’y cache souvent de drôles de petits détails et personnages qui reviennent au fil des pages et des albums.
Avec une préférence pour « Georges Lebanc » et « La nuit des Zéfirottes » pour ce qui est de ses albums et de « La tente », une pièce de théâtre où les mots et les sons se font portes ouvertes sur l’imaginaire.
Je te laisse et te souhaite de faire de douces découvertes,
Bécots doux.
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]]>L’article [MUSIQUE] Clara Ysé est apparu en premier sur Hey Listen.
]]>A découvrir absolument pour passer un bel été.
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]]>L’article [FILM] Conte d’été est apparu en premier sur Hey Listen.
]]>Conte d’été est sorti en 1996, c’est-à-dire avant le smartphone. Et les amours d’été sans smartphone, c’est beaucoup plus intéressant. Le décor : la Bretagne, un soleil, un garçon, une guitare et trois filles. Il y a l’incertitude de Gaspard, qui attend sa tendre Léna à Dinard et la guette tous les jours sur la plage. Il y a les « à demain » de Margaux, l’adorable serveuse de la crêperie qui n’est apparemment qu’une amie. Et puis les appels manqués de la ténébreuse Solene, rencontrée un samedi soir, qui est moins facile qu’elle en a l’air. Trois filles qui donnent du grain à moudre au jeune Gaspard et à son cœur indécis.
J’ai rarement vu tant de naturalisme dans les caractères des personnages. Tantôt romantiques et vaillants, tantôt jaloux et lâches, on s’identifie très vite à eux et on essaie de décrypter les rouages de leurs états d’âme instables. Difficile aussi de ne pas s’attendrir devant les baisers volés, les regards mielleux et les disputes insensées, qui caractérisent bien les histoires d »amour à la Rohmer ! Il y a plusieurs passages musicaux, chantés, joués à la guitare ou à l’accordéon, qui viennent rythmer le film avec beaucoup de justesse. Il y a surtout beaucoup de dialogues, certains profonds, d’autres plus futiles, qui tiennent une place centrale et construisent l’intrigue du début à la fin.
J’ai déjà entendu, de certaines bouches : « chez Rohmer, il ne se passe rien ! ». Au contraire, il s’en passe des choses, quand ça parle ! Encore faut-il avoir l’amour des mots, de la lecture entre les lignes et de la psychologie du quotidien…
Rohmer est décidément un réalisateur à connaître. Son esthétique est singulière et jubilatoire. Ses oeuvres ne plairont sans doute pas aux cinéphiles de l’action et aux amateurs de frissons, mais elles séduiront celles et ceux pour qui l’été a quelque chose de romantique et de mélancolique, de léger et de tragique à la fois.
Vous pouvez aussi écouter ce podcast France Culture : Philosopher avec Rohmer (2/3) / France Culture
Et si vous vivez à Strasbourg, venez donc au Cinéma Star !
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]]>L’article Theaster Gates au festival Do Ditsturb est apparu en premier sur Hey Listen.
]]>Performances, musiques, danses, films, installations et rencontres ont été présentés à un vaste public. Au sein de cet espace, artistes d’horizons différents se sont réunis pendant ces trois jours. Nous pouvions déambuler alors entre les œuvres, les prestations et les danses. Il y en avait pour tous les âges et tous les goûts !
L’objectif du festival ? Présenter l’art contemporain dans toute son innovation, son audace et son engagement. En effet, les artistes présents se sont fait les « éclaireurs » de notre siècle, les « philosophes » de notre temps ( pour reprendre les mots de Vittoria Matarrese, commissaire du Festival ). De nombreuses œuvres cette année ont été engagées et notamment sur la question de la place des femmes. L’Art se fait ici un vecteur idéal pour réveiller les consciences et élever notre société.
Parmi toutes ces œuvres, laissez-moi vous présenter celle qui m’a le plus émue. Il s’agit de la Danse de Malaga, vidéo réalisée par Theaster Gates. Ce dernier est un artiste américain et professeur au département des Arts Visuels à l’Université de Chicago.
Pour ce projet, il a travaillé avec les membres du groupe Monks et le chorégraphe américain Kyle Abraham. Dans cette oeuvre sont évoquées des « questions de race, de territoires, d’inégalités et de sexualités dans le nord des Etats-Unis depuis la fin de la Guerre de Sécession » et tout particulièrement sur l’île de Malaga. Celle-ci connut une grande tragédie. Sa population métissée fut contrainte à l’exil pour suivre une politique de purification de l’île. Cette oeuvre se fait alors le porte parole de sa douleur et de sa peine.
La richesse de cette oeuvre réside autant dans son message de justice que dans sa réalisation. La vidéo est présentée par adjonction d’épisodes séquencés. Ainsi, défilent sous nos yeux des chanteurs, danseurs, publicités et passages de la vie quotidienne. Ces messages sont exprimés par l’alternance d’un langage verbal et non-verbal. Lorsque les mots sont épuisés, la photographie et la danse viennent les substituer. Ces morceaux de vidéos nous plongent dans une atmosphère étrange, entre fascination et inquiétude. Voir des mouvements lents et sensibles accompagnés d’un chant a capella révèle toute la sensibilité et l’émotion de l’artiste. La musique fut composée par l’artiste, interprétée par le groupe Monks.
Ainsi, le festival ‘Do D!STURB’ fut une véritable bouffée de création artistique. Je fus enchantée de ces découvertes, de cette ambiance et de cet engagement. Les œuvres furent nombreuses et sensibles à différents sujets. Theater Gates a proposé, selon moi, des œuvres qui méritent toute notre attention. En voici une autre : So Bitter, this course of Darkness, évoquant les ravages que connut cette île.
J’espère que vous aussi, ce festival vous aura conquis, et que vous y retournerez l’année prochaine. En tout cas, moi j’irai sans hésiter !
Image de couverture : Capture d’écran de Dance of Malaga ©Theaster Gates and courtesy of the artist. Photo: Chris Strong
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]]>Cette lecture m’est arrivée au moment juste, alors que je recommençais à m’intéresser à la parapsychologie, aux « mondes parallèles » et aux dons surnaturels que certains possèdent. Quoi de mieux que la fiction pour explorer les tréfonds de l’âme humaine ?
Ici, on suit la correspondance entre Lou et Alexandra, deux meilleures amies qui étudient respectivement à Paris et New York. Très vite, on comprend que c’est plus que de l’amitié qui les lie. C’est aussi une vision de la vie, qui ne se limite pas au rationnel et au monde matériel. Au fil des pages, les lettres s’enchaînent. On y suit la vie des deux jeunes filles, leurs émerveillements quotidiens, leurs préoccupations et leurs grands projets. En avance sur leur époque, elles échangent aussi sur des thèmes très contemporains, comme l’homosexualité et l’écologie. Et elles ne sont pas seules. De mystérieux personnages interviennent à travers leurs mots et déclament d’impressionnantes prophéties.
17 ans et toutes ses dents est un roman épistolaire dynamique, à l’écriture élégante, qui aborde nombre de thèmes passionnants. Je vous souhaite de croiser sa route et de vous laisser surprendre par ses rebondissements, qui abondent jusqu’au bout !
Retrouvez le livre juste ici !
Illustration : Clarisse Pace
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