documentaire – Hey Listen Blog d'actualités sur l'art. Sat, 18 Jul 2020 12:34:37 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.20 /heylisten.fr/wp-content/uploads/2018/09/cropped-logo-et-texte-hey-listen-2.png?fit=32,32 documentaire – Hey Listen 32 32 94317584 [DOCUMENTAIRE] Le logement à l’écran /documentaire-le-logement-a-lecran /documentaire-le-logement-a-lecran#respond Mon, 04 May 2020 11:57:06 +0000 /?p=3387 Dans les temps à venir, nous vous proposerons des sélections de films documentaires, autour de thématiques passionnantes sur lesquelles des réalisatrices et des réalisateurs ont posé des regards singuliers. Il vous sera possible de visionner la grande majorité des films en accès libre sur différentes plateformes !  Pour cette première semaine, le thème est : […]

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Dans les temps à venir, nous vous proposerons des sélections de films documentaires, autour de thématiques passionnantes sur lesquelles des réalisatrices et des réalisateurs ont posé des regards singuliers. Il vous sera possible de visionner la grande majorité des films en accès libre sur différentes plateformes ! 


Pour cette première semaine, le thème est : le logement.

Les problématiques du logement et du mal-logement sont des classiques du genre documentaire. Poser la question « où habites-tu ? », c’est interroger des réalités socio-économiques, la possibilité ou non pour une personne d’avoir accès à un toit et, si c’est le cas, quel genre de toit. C’est aussi questionner le territoire, le lieu d’ancrage ou la migration, donc à la fois la culture, l’héritage et un contexte géopolitique. Et enfin, c’est se plonger dans l’intimité des individus, des familles et des communautés, c’est découvrir des rituels et des habitudes, c’est comprendre comment les liens se créent entre quatre murs et comment les mémoires s’y construisent et s’y inscrivent…

 

Les lumières de Hong-Kong

Jean Loiseau et Philippe Lallet, 1994

Pour commencer, voici un très beau documentaire « Thalassa » produit par France 3. On y découvre la vie flottante de familles chinoises qui ont élu pour logis des bateaux, faute de moyens ou d’envie de payer un loyer au coeur la ville dense de Hong Kong. Un véritable village s’est construit sur l’eau, en contre-bas des impressionnants buildings. Une image presque onirique, comme un rêve d’enfant réalisé, qui n’est pourtant pas facile à vivre au quotidien. Qui sont ces gens qui mènent des vies qui tanguent et qui, pour certains, ne posent jamais le pieds à terre ?

A visionner sur le site de l’INA. Inscription nécessaire, mais les trois premiers mois sont gratuits !

En attendant l’été

Grégoire Darasse, 2016

En attendant l’été, c’est une rencontre avec Jessy, ancien ouvrier aujourd’hui à la rue, père d’une petite fille. On le suit dans ses errances parisiennes et dans ses réflexions. Il partage honnêtement face à la caméra ses états d’âmes, ses bons plans, ses désirs de calme, mais aussi son attachement à la rue. On découvre la réalité quotidienne d’un SDF débrouillard, qui se démène entre petits jobs, associations de solidarité et longues nuits dans le froid… en attendant l’été.

En accès libre ici, sur Vimeo, une production des Ateliers Varan.

 

La Tribu des Zanko

Gaston Grabit, 1954

Ce court film muet présente l’installation d’une famille tsigane hongroise, les Zanko, dans leur nouveau lieu de vie. Ils plantes leurs tentes aux abords de Villeurbanne et constituent un petit village convivial. A travers les belles images en noir et blanc, on découvre les habitudes, les rituels et les gestes qui font leur quotidien. L’heure de déjeuner, l’heure de danser, l’heure du thé… On voit comment les liens humains et les habitudes qu’ils mettent en place participent à leur appropriation de ce nouvel environnement.

Un documentaire en libre accès sur Le Téléphérique.

Casa

Daniela de Felice, 2013

« J’ai l’impression que nous sommes venus la saluer. Saluer une période de dix ans que nous avons vécu ici ensemble ». Daniela de Felice capture les dernières images de la maison dans laquelle elle a grandi et dans laquelle elle a vu mourir son père. La maison sera vendue. Elle ne sera pas détruite, mais ce ne sera plus la même. En retraçant une partie de l’histoire de sa famille et en interrogeant le rapport que chacun entretient à ce lieu spécial, elle questionne aussi ce qui fait attache : le récit, la mémoire, les symboles.

Un film magnifique à voir sur Vimeo juste ici.


 


Bons visionnages et à bientôt, autour d’une nouvelle thématique !

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Julien Coquentin, souvenirs et sensations /julien-coquentin-souvenirs-et-sensations /julien-coquentin-souvenirs-et-sensations#respond Sat, 18 Apr 2020 08:00:24 +0000 /?p=3354 Rencontre avec un photographe-conteur qui, par ses images et ses textes, nous transporte dans des fictions sans jamais quitter la terre. C’est d’abord par ses photographies d’églises que j’ai découvert Julien Coquentin. Ce fut, je crois, une belle porte d’entrée vers son univers. Natif et habitant de l’Aveyron, Julien Coquentin est un photographe « assez sauvage et […]

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Rencontre avec un photographe-conteur qui, par ses images et ses textes, nous transporte dans des fictions sans jamais quitter la terre.


C’est d’abord par ses photographies d’églises que j’ai découvert Julien Coquentin. Ce fut, je crois, une belle porte d’entrée vers son univers. Natif et habitant de l’Aveyron, Julien Coquentin est un photographe « assez sauvage et solitaire », comme il le dit lui-même, mais aussi un infirmier. Père de trois enfants, sa rencontre avec la photographie remonte à l’époque où sa grand-mère lui confiait ses vieux appareils. Sans vraiment en maîtriser le fonctionnement, il a d’abord fait des images lors de ses premiers voyages. Ensuite, raconte-t-il, « la photographie s’est emparée de mon existence quelques temps avant que ma première fille ne vienne au monde. Je crois qu’il s’est alors agi de trouver l’outil pour une exploration ininterrompue. Voilà 10 années que je photographie et c’est un peu comme s’il s’agissait de la première, tant il me reste à découvrir. Je remonte doucement le courant et m’initie, ces jours-ci confinés, aux joies du sténopé. »

Julien Coquentin a aujourd’hui son univers propre, à l’esthétique singulière. Des paysages brumeux, des lumières douces sur la pierre, une odeur de humus qui s’efface dans l’humidité. Ses images respirent, elles convoquent les sens et les souvenirs, elles aspirent le regard et le corps dans une profondeur enveloppante. Il capture les textures, la matérialité des choses, leur sensorialité. « Faire face à son objet, à sa matière, tourner autour pour en dire la sensation. Ce sont là des émotions que je retrouve aussi en forêt, on s’y ressent littéralement happé par l’élément, comme si la matière végétale, à la manière d’un grand tout, cherchait à vous confondre. »

« Faire face à son objet, à sa matière, tourner autour pour en dire la sensation. »

Invocatrices de souvenirs, d’ambiances et d’odeurs, ses images provoquent un voyage dans le temps, celui de notre propre mémoire ou de notre imaginaire. Dans Saisons Noires, il est d’ailleurs question d’une odeur qui vient réactiver des images d’enfance. La photographie a-t-elle ce pouvoir de convoquer les souvenirs, autant que les sens le peuvent ? « L’odorat est tout de même un sens très particulier qui a ce pouvoir de « stupéfier », par un voyage dans le temps fugace, mais ô combien brutal et délicieux. Cependant, bien sûr que la photographie nous transporte dans les époques, peut-être d’ailleurs n’a-t-elle guère d’autre fonction que celle-ci. »

Saisons noires © Julien Coquentin – Hans Lucas

Saisons noires © Julien Coquentin – Hans Lucas

Saisons noires © Julien Coquentin – Hans Lucas

J’aurais d’abord qualifié la démarche de Julien Coquentin de « documentaire », pour plusieurs raisons qui m’apparaissaient évidentes, avant de remettre en question mes définitions. Il faut dire que le genre documentaire a beaucoup évolué depuis ses débuts et qu’il n’est pas évident aujourd’hui de le séparer clairement de la photographie « plasticienne ». Julien Coquentin fait remarquer : « Il me semble que les frontières entre les genres photographiques ont tendance à s’estomper, c’est un lieu commun que de le dire. » Il se considère plutôt comme « un auteur, car la chose qui me plaît est bien de raconter des histoires. » Deux de ses séries, Saisons noires (réalisée sur ses terres d’enfance) et Tôt un dimanche matin (réalisée à Montréal), auxquelles il a consacré pour chacune deux ou trois ans, pourraient appartenir quant à elles à la photobiographie. Une forme de documentation, mais pas tout à fait celle du documentaire dans laquelle Julien Coquentin ne se reconnaît pas tellement, par manque de formation dans cette pratique spécifique.

« La chose qui me plaît est bien de raconter des histoires. »

Tôt un dimanche matin © Julien Coquentin – Hans Lucas

Tôt un dimanche matin © Julien Coquentin – Hans Lucas

En parcourant l’ensemble de son travail, j’ai été frappée par le potentiel fictionnel que portent ses images. Les présences humaines, qu’il s’agisse de passants d’un instant ou d’individus sur qui il prend le temps de s’arrêter pour un portrait, ont tous des auras de personnages de roman. Ils sont dans une telle harmonie avec leur environnement, comme ancrés dans des mondes sans faille, qu’il en sort une impression d’univers cinématographique et de mise en scène. Julien Coquentin explique : « René et Ginette (qui apparaissent dans La Dernière année et Saisons Noires) appartiennent à un conte, leur monde a disparu, et je crois que cette existence recroquevillée sur ce bout de terre ferait un très bon sujet de roman. Je ne force donc pas le trait. La lumière de la bergerie est une des plus belles qu’il m’ait été donnée de photographier, les innombrables toiles d’araignées font office de diffuseurs, ils sont vêtus à l’ancienne, bref toutes les conditions étaient réunies pour que ces « présences humaines » fassent reliefs. »

« René et Ginette appartiennent à un conte, leur monde a disparu. »

La dernière année © Julien Coquentin – Hans Lucas

La dernière année © Julien Coquentin – Hans Lucas

Ses photos sont toujours accompagnées de textes très poétiques. Ils ne sont pas là simplement pour décrire la série ou pour en situer le contexte, mais pour apporter une lecture parallèle aux images, pour ouvrir à d’autres univers, d’autres temporalités, participant à cette dimension fictionnelle. La série Tropiques, par exemple, commence ainsi :

« C’est un vieil homme dont je lave le corps chaque matin. Une chambre sans caractère, le silence, une île. J’ignore s’il parle ma langue, monsieur Yu est né en Chine. »

On comprend ensuite que les photographies de la série, dans lesquelles monsieur Yu n’apparaît pas, sont comme des divagations de l’esprit, des images mentales qui surgissent de ce lavage du corps.

« Je convoite au long du corps l’existence de monsieur Yu, tel le paysage du volcan exprimant nettement par l’érosion, les soubresauts de la terre, les années, les semaines déroulées.  Je songe au long voyage, les mois dans la moiteur du bateau, l’Océan Indien de part en part. »

Sans ce texte qui l’accompagne, cette magnifique série n’aurait pas le même écho. Elle garderait toute sa beauté, mais raconterait autre chose, un autre paysage, un autre voyage. Tropiques est finalement « un conte, entrelacement d’images et de cinq nouvelles paraître en septembre) ».

Tropiques © Julien Coquentin – Hans Lucas

Tropiques © Julien Coquentin – Hans Lucas

Tropiques © Julien Coquentin – Hans Lucas

 

Son travail est aussi marqué par des rencontres avec des lieux. Plusieurs villes, comme New York, Tokyo, Rome, mais aussi par des îles : Borneo en Asie du sud-est, ou encore Ouessant, au large de la Bretagne, à laquelle il a consacré la très belle série Après la mer. « Ouessant est un endroit particulier. Presqu’en dehors du monde pour celui ou celle débarquant du continent. Nous habitions une maison avec un piano qui souffrait de l’océan, c’était il y a cinq ans. Des livres, dont l’île était le thème essentiel, sur toutes les étagères, le ressac dans le lointain. J’ai été littéralement happé par l’endroit. » Ces images sont elles aussi porteuses de fiction. Comme si le ciel grondant, les maisons solitaires, les roches et les écumes étaient des paysages de roman, prêts à être animés par des personnages, des mystères ou des drames.

Après la mer © Julien Coquentin – Hans Lucas

Après la mer © Julien Coquentin – Hans Lucas

Pour finir, Julien Coquentin partage avec nous certaines de ses inspirations et certains des artistes dont il aime s’imprégner :

Musique : Soap & Skin

Mais aussi les Impromptus de Schubert

Lecture : Contes des mers du Sud de Jack London (qui lui ont inspiré Tropiques)

Photographie : Bryan Schutmaat


La parution du livre Tropiques est prévue pour septembre.

D’ici là, je vous invite vivement à parcourir l’univers de Julien Coquentin sur son site internet.

Vous pouvez aussi le retrouver sur la plateforme collaborative Hans Lucas, dont il est membre.

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La photographie en temps de pandémie 2/2 /la-photographie-en-temps-de-pandemie-2 /la-photographie-en-temps-de-pandemie-2#respond Wed, 15 Apr 2020 13:23:15 +0000 /?p=3322 Pour sortir un peu de nos appartements ou pour les regarder autrement, je vous propose de découvrir en ces temps confinés le travail de six photographes qui ouvrent des fenêtres sur le monde. Leur propre fenêtre parfois, depuis lesquelles ils redécouvrent le quotidien, et d’autres fois celles des autres, celles de contrées éloignées aux réalités […]

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Pour sortir un peu de nos appartements ou pour les regarder autrement, je vous propose de découvrir en ces temps confinés le travail de six photographes qui ouvrent des fenêtres sur le monde. Leur propre fenêtre parfois, depuis lesquelles ils redécouvrent le quotidien, et d’autres fois celles des autres, celles de contrées éloignées aux réalités peu médiatisées. Cette fois, on part de la région parisienne pour atterrir en Pologne, après un petit détour par une maison familiale…


Vous avez manqué la première partie de l’article ? Commençons par le commencement !

Florent Bardos

Malgré la pandémie, certaines associations dont les actions sont indispensables à la survie de nombreuses personnes vulnérables continuent leur activité tout en s’adaptant au contexte perturbé. « Solidarité migrants Wilson » compte parmi celles-ci : une dizaine de bénévoles, héros du quotidien, distribuent 500 repas aux sans-abris lors des maraudes qui sont organisées deux fois par semaine entre Porte de la Chapelle et Porte d’Aubervilliers. Dans ces deux quartiers à la limite de Paris, énormément de gens, majoritairement des migrants, sont à la rue toute l’année et survivent grâce aux soutiens associatifs. Pas question de les laisser mourir de faim pendant la période du confinement. Alors on s’équipe de masques et de gants et on s’active toujours en cuisine.

Florent Bardos s’intéresse aux faces cachées de la pandémie, à ces gens qui trouvent des solutions, qui réaménagent leur mode de fonctionnement. « Photographe des alternatives », pourrait-on dire. Il s’est aussi rendu sur d’autres terrains, où les problématiques ne sont certes pas les mêmes, mais où le credo est toujours celui-ci : s’adapter et se réinventer.

Il nous fait voir par des images marquantes comment un gymnase à Saint-Mandé est devenu un centre de dépistage pour les personnes malades. On imagine comment les pas et les voix des soignants doivent résonner dans cette salle désertée, où en temps normal ont lieu des matchs et des entraînements bruyants. Florent Bardos nous emmène aussi dans l’église Saint-Roch à Paris, où la technologie a été mise au service des fidèles, puisque la messe du Jeudi Saint a été retransmise en direct sur Youtube. Chacun à son échelle accomplit sa mission, comme il peut, avec les moyens du bord.

Pour découvrir les autres très belles séries de Florent Bardos, c’est juste ici !
Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries consacrées au confinement.

© Florent Bardos – Hans Lucas

© Florent Bardos – Hans Lucas

© Florent Bardos – Hans Lucas

© Florent Bardos – Hans Lucas

Claire Jachymiak

Depuis le début du confinement, pour la majorité des Français, le quotidien s’est réduit à peu de choses. Ce sont tous les jours les mêmes espaces, les mêmes activités et les mêmes personnes qui rythment les journées. Plutôt que de voir ces motifs comme des répétitions lassantes, Claire Jachymiak choisit d’en voir la poésie. Elle documente son quotidien confiné et réalise avec ces images une série par semaine. On retrouve chaque fois son intérêt pour les ombres et les lumières, pour les activités familiales, pour les écrans aussi, qui diffusent des films ou des séances d’entraînement et qui proposent des échappées éphémères. On retrouve aussi ses animaux de compagnie, l’énergie des enfants qui jouent, les sorties autorisées, les éternelles tâches ménagères.

Son travail est une invitation à s’attarder sur la beauté des petites choses que l’on oublie de regarder quand le monde va trop vite. C’est une célébration du quotidien et de la banalité, de ces images et situations qui se répètent et qui, finalement, rassurent quand le monde autour est incertain. Dans chacune de ses séries, la monochromie est de rigueur. Une façon peut-être de se concentrer sur l’essentiel de l’image, sur les contrastes et les formes.

Lorsqu’elle n’est pas confinée, Claire Jachymiak réalise des reportages, souvent autour du monde rural. On retrouve dans plusieurs de ses séries ce même intérêt pour le quotidien : les vies des autres, les réalités et les territoires qu’elle côtoie de près ou de loin. Et elle pose toujours sur eux ce regard poétique, capable de déceler l’infime beauté des choses.

Pour découvrir davantage l’univers de Claire Jachymiak, c’est par là !
Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries "Confinement".

Pierre Le Tulzo

A quelques semaines des élections présidentielles, la Pologne est comme tous ses voisins européens touchée par le Covid-19. Pour le parti au pouvoir, Prawo i Sprawiedliwość (Droit et Justice), la crise sanitaire n’est pas une fatalité pour la vie politique : les élections auront bien lieu. Le 10 mai, les Polonais iront déposer dans des boîtes aux lettres installées à cet effet leur bulletin de vote. Une mesure qui est loin de générer l’enthousiasme parmi la population et les opposants du parti. En plus de faciliter la diffusion du virus, le maintien des élections jouerait en la défaveur des autres candidats qui ont dû interrompre leur campagne. L’actuel président ultraconservateur Andrezj Duda est en tête des sondages.

Pierre Le Tulzo nous fait voyager dans le quotidien de cette Pologne confinée, où il réside actuellement. Il a capté les atmosphères si particulières et les magnifiques lumières de la Basse-Silésie, région située au sud-ouest de la Pologne. Comme dans de nombreux autres pays dans le monde, le temps s’est arrêté. Les Polonais se sont quand même rendus au cimetière ce Vendredi Saint, munis des gants de protection, pour entretenir les tombes de leurs défunts.

Quand on parcourt son portfolio, on comprend que Pierre Le Tulzo est un voyageur. Il saisit en images des mondes si opposés qu’il est troublant de passer d’une série à une autre. Des parcours de migrants aux destins empêchés, un reportage sur des motards en pèlerinage, des portraits au flash des défilants à la Manif pour Tous, ou encore une série sur le quartier des banques à Genève… Des univers que tout semble séparer mais que Pierre Le Tulzo traverse comme un caméléon. 

Vous pouvez retrouver son travail ici.
Gros coup de cœur pour la série Inde 2012 !

Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries consacrées au confinement.

© Pierre Le Tulzo – Hans Lucas

© Pierre Le Tulzo – Hans Lucas

© Pierre Le Tulzo – Hans Lucas

© Pierre Le Tulzo – Hans Lucas

 

Comme mentionné dans le premier article, tous les photographes présentés ici sont membres d’Hans Lucas, plateforme collaborative qui soutient les photographes indépendants. C’est une mine d’or visuelle, mais aussi un moyen de faire le tour du monde à travers des regards atypiques. Je vous conseille d’y jeter un œil, sachant que vous risquez d’y passer la journée. 😉

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La photographie en temps de pandémie 1/2 /la-photographie-en-temps-de-pandemie1 /la-photographie-en-temps-de-pandemie1#respond Fri, 10 Apr 2020 15:24:52 +0000 /?p=3286 Pour sortir un peu de nos appartements ou pour les regarder autrement, je vous propose de découvrir en ces temps confinés le travail de six photographes qui ouvrent des fenêtres sur le monde. Leur propre fenêtre parfois, depuis lesquelles ils redécouvrent le quotidien, et d’autres fois celles des autres, celles de contrées éloignées aux réalités […]

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Pour sortir un peu de nos appartements ou pour les regarder autrement, je vous propose de découvrir en ces temps confinés le travail de six photographes qui ouvrent des fenêtres sur le monde. Leur propre fenêtre parfois, depuis lesquelles ils redécouvrent le quotidien, et d’autres fois celles des autres, celles de contrées éloignées aux réalités peu médiatisées. Nous partons aujourd’hui pour l’île de Lesbos, les rues de Marseille et le fond des armoires…


Diane Grimonet

Sur l’île grecque de Lesbos, à Moria, près de 15 000 réfugiés attendent depuis des mois que leur situation se débloque enfin. C’est le plus gros campement d’Europe, où la population dépasse de plus de trois fois sa capacité d’accueil. Avec l’arrivée du Covid-19 en Grèce, la gestion du camps a été mise au second plan. Comment empêcher la propagation du virus là où la distanciation sociale est une vaste utopie ? Comment protéger les nombreuses personnes vulnérables, fragilisées davantage encore par les conditions de vie inacceptables qui font leur quotidien ? Alors que des cas sont déjà avérés, les autorités commencent à grillager la zone. Chacun se prépare au pire. Comme d’autres zones problématiques, parmi lesquelles la bande de Gaza, la pandémie pourrait être un désastre humain.

Le travail de Diane Grimonet porte régulièrement sur la question du logement. De ses défaillances, surtout. Des squats aux campements de réfugiés en passant par les hôtels-taudis, elle montre. J’allais dire « elle interroge », mais ses images sont tellement fortes et claires, et la réalité est telle qu’il n’y a rien à questionner, il n’y a qu’à voir et constater.

« Photographe humaniste » peut-on lire sur son blog, et c’est bien cela. Si elle s’intéresse à des problématiques sociales, ce n’est pas avec une froideur journalistique, mais au contraire en partant de la petite histoire pour parler de la grande. Toutes ses images respirent la tendresse et la reconnaissance des singularités. Sans doute faut-il beaucoup aimer les humains pour produire de tels tableaux. Diane Grimonet joint à ses photographies de parcours de vies, des paroles recueillies. Comme une passeuse d’histoires.

Pour découvrir le travail incontournable de Diane Grimonet, c’est juste ici !
Et sur la plateforme Hans Lucas, ses séries consacrées au confinement.

© Diane Grimonet – Hans Lucas

© Diane Grimonet – Hans Lucas

© Diane Grimonet – Hans Lucas

© Diane Grimonet – Hans Lucas

 

Clémence Losfeld

Des appartements, des lieux habités, des meubles, le quotidien. Et des corps qui deviennent meubles dans l’espace, qui viennent se fondre dans les murs, qui s’adaptent à leur environnement contraint. Des corps-espaces, des parcelles de terrain, des objets plastiques presque démontables. Des corps-lieux aux possibilités inexplorées, à l’égal de ces recoins du logis qui restent tapis dans l’ombre.

Dans la série « L’élément du décor », Clémence Losfeld se sert de sa propre flexibilité comme moyen d’exploration performative et invente de nouveaux modes d’investissement de l’espace par le corps. Le plier, le déplier, le tordre, le retourner, le redécouvrir en même temps que l’on redécouvre son chez-soi, cet espace quotidien qui s’éprouve d’abord physiquement.

Cette série pose aussi un regard poétique sur le rapport intime que l’on entretien avec son logis, sur la façon qu’on a, au sens littéral et au sens figuré, de l’embrasser. Comment on fait corps avec lui, surtout en ces temps confinés où il est à la fois un cocon et une prison. Ces photos surprenantes et décalées sont teintées d’absurdité, mais aussi et surtout d’une certaine mélancolie.

Clémence Losfeld est une jeune artiste, révélée par le Grand Prix Paris Match Photo Reportage Étudiant 2016. A la fois photographe de terrain et de l’intime, on la trouve aussi bien en manifs qu’auprès de personnes âgées dans les maisons de retraite ou dans le quotidien de gens en marge ou invisibilisés. De sa pratique photographique découlent des questionnements, parfois intimes, parfois sociétaux et d’autres fois encore à la croisée des deux.

Pour découvrir son travail, c'est par là !
Coup de cœur pour les séries "Battre en retraite" et "Vue sur mères" !

Et sur la plateforme Hans Lucas, toute sa série "L'élément du décor".

© Clémence Losfeld – Hans Lucas

© Clémence Losfeld – Hans Lucas

© Clémence Losfeld – Hans Lucas

© Clémence Losfeld – Hans Lucas

Patxi Beltzaiz

Patxi Beltzaiz a deux ports d’attache : celui de Marseille et l’Amérique latine. A Marseille, où il est confiné aujourd’hui, il documente depuis sa fenêtre la vie en temps de pandémie. Depuis les appartements voisins aux volets ouverts, de nouveaux liens se créent. On se rencontre, même séparés par les quelques mètres de la rue déserte en dessous. On fait voix commune pour remercier et soutenir le travail des soignants, des aidants et des autres. Et à 20h, on sort le grand jeu : tambour, accordéon, maquillage de carnaval. Comme un air de Mexique… Quand tout autour s’effondre, l’amour de la fête ne se laisse pas abattre.

On trouve dans le travail de Patxi Betlzaiz, notamment dans ses séries réalisées au Mexique, un intérêt pour le carnaval, la fête, la communauté, ainsi que pour le costume, le masque et le travestissement. Il immortalise ces univers du spectacle où tout est possible, où la célébration de la vie fait taire un instant la violence du monde.

A Marseille, il est animé par les problématiques sociales en cours. Sa pratique est intrinsèquement liée aux luttes qui lui tiennent à cœur, notamment au quartier populaire de La Plaine, menacé par la gentrification. Membre du collectif Contre-faits, Patxi Beltzaiz est guidé par « cette volonté implicite de parler, de donner à voir des réalités sociales oubliées ou détournées ».

Ce voyage dans le Marseille confiné nous fait entrer dans son univers, à la fois ancré dans la réalité et profondément poétique.

Retrouvez l’univers fascinant de Patxi Beltzaiz juste ici !

© Patxi Beltzaiz – Hans Lucas

© Patxi Beltzaiz – Hans Lucas

© Patxi Beltzaiz – Hans Lucas

© Patxi Beltzaiz – Hans Lucas

 

Tous les photographes présentés ici sont membres d’Hans Lucas, plateforme collaborative qui soutient les photographes indépendants. C’est une mine d’or visuelle, mais aussi un moyen de faire le tour du monde à travers des regards atypiques. Je vous conseille d’y jeter un œil, sachant que vous risquez d’y passer la journée. 😉

 

À très vite pour la suite de l’article…

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[FILM] CELLE QUI MANQUE /celle-qui-manque /celle-qui-manque#respond Wed, 08 Apr 2020 19:20:14 +0000 /?p=3281 L’un des pouvoirs de la pratique documentaire ne réside-t-il pas dans cette capacité à entendre et à voir sans juger ? A écouter les singularités sans, dans un premier temps, avoir à les commenter et à donner son avis ? C’est ce que ce film, Celle qui manque, m’a rappelé. Après plusieurs années passées loin de […]

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L’un des pouvoirs de la pratique documentaire ne réside-t-il pas dans cette capacité à entendre et à voir sans juger ? A écouter les singularités sans, dans un premier temps, avoir à les commenter et à donner son avis ? C’est ce que ce film, Celle qui manque, m’a rappelé.

Après plusieurs années passées loin de l’autre, Rareş Ienasoaie et sa soeur se retrouvent. A présent, ils ont chacun leur vie et rien, peut-être, ne les rassemble si ce n’est leur histoire, leur héritage, cette famille commune qui les a vus naître. Ioana habite désormais dans son camion, cette petite maison mobile à laquelle elle semble tant tenir. Accro à la morphine, les injections rythment son quotidien. Elle fait partie de ces « marginaux », ceux que les gens « normaux » bien intégrés à la société regardent du coin de l’oeil. Elle ne mène pas une vie de château, mais aujourd’hui elle va bien, dit-elle. Les années ont passées et elle s’est affirmée. A mesure que le temps passe, les désirs se déploient, se réalisent, le Surmoi sans doute s’amenuise. Elle raconte, dans l’intimité de son camion, le soir venu, les questions qui la traversent. Comment se débarrasser des fardeaux de l’enfance ? Comment devenir l’adulte que l’on veut être, quand il est à l’opposé des idées établies de ce qu’est le bonheur ? Que faire de la famille, de l’héritage, de ces « proches » devenus étrangers ? Qu’est-ce que l'(in)dépendance, qu’est-ce que la liberté ?

Ce documentaire, où un frère réalise le portrait de sa soeur, pose de multiples questions. A la fois celles du désir, de la réalisation de soi, de ce qu’être adulte veut dire, mais aussi sur les rapports de confiance, sur l’intimité partagée, celle d’une addiction vécue au quotidien et qui, dans la nuit, délie les langues et les souvenirs.

Ce film a été diffusé sur Tënk dans le cadre du festival Cinéma du réel. 
Il n'est donc hélas plus disponible en ligne. 
Mais vous pouvez avoir un aperçu du travail de Rareş Ienasoaie juste ici.

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Winter Family, L’entretien 2/2 /winter-family-lentretien-2-2 /winter-family-lentretien-2-2#respond Thu, 21 Mar 2019 20:41:18 +0000 /?p=3173 Winter Family, c’est le duo d’artistes composé de Ruth Rosenthal et de Xavier Klaine. [Pour lire la première partie de l’article, c’est ici !] Cette fois, ils nous parlent de légitimité, du statut d’artiste et de souffrance agréable… Après une longue tournée en France avec H2 Hébron (Nanterre-Amandiers, TNB, MC93…), Ruth et Xavier vont se […]

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Winter Family, c’est le duo d’artistes composé de Ruth Rosenthal et de Xavier Klaine. [Pour lire la première partie de l’article, c’est ici !] Cette fois, ils nous parlent de légitimité, du statut d’artiste et de souffrance agréable…


Après une longue tournée en France avec H2 Hébron (Nanterre-Amandiers, TNB, MC93…), Ruth et Xavier vont se consacrer aux concerts et à la création d’un nouvel album. On dit souvent (moi la première) qu’il y a quelque chose de mystique dans leur musique. Déjà parce que l’orgue y est très présent, ensuite parce que Ruth a ce timbre de voix grave et solennel qui rappelle les cantiques. C’est d’ailleurs dans une église dont sa tante avait les clés que Xavier s’est exercé à l’orgue. Aujourd’hui, ils savent comment s’y prendre pour pouvoir jouer dans ces lieux saints, ce qui n’est finalement pas si compliqué, puisqu’ils ne sont pas du tout anticléricaux.

Tous les deux sont athées, mais aiment les lieux chargés d’énergie.

Vous avez plus de chance de les croiser à une soirée techno qu’à la première d’une pièce de théâtre. Ils s’y sentent plus à l’aise et craignent moins le moment fatidique où on leur demandera leur avis. « Les concerts, c’est pas pareil. T’aimes ou t’aimes pas, et personne n’en parle ensuite pendant des heures avec un air d’expert » Parmi ses derniers coups de cœur, Ruth nomme quand même Milo Rau. Et le hip-hop marocain.  Xavier cite Théo Mercier, Nicolas Roggy, Yasmeen Godder, Philou Petit ainsi que Meytal Blanaru, Nico Teen et Guy Marc Hinant.

Vivre de ses créations, on se doute bien, n’est pas chose facile. Surtout avec le développement des réseaux sociaux, qui a changé toute la donne ces dernières années. Xavier raconte que dans les années 90, faire son auto-promotion n’allait pas du tout de soi. « Maintenant, même un micro label aux USA te demandera d’avoir une data fan base de 15 000 membres. Sinon, c’est même pas la peine d’envoyer tes démos. Quand j’étais gamin, avec mes groupes de hardcore Alive The Roupettes ou Blockheads, on collait parfois des affiches ou on filait des flyers avant de jouer, et encore, c’était le maximum de l’humiliation envisagée pour un groupe. C’était ponctuel et drôle. Maintenant, c’est complètement intégré de se sur-vendre sur les réseaux quotidiennement. Les salles te demandent de partager l’event, les labels de faire tourner l’info de sortie d’album, d’un nouveau clip, etc. C’est étrange, on est devenus directeurs de la communication bénévoles de nos projets »

 

Le duo, qui a vécu dans plusieurs pays, remarque que le statut d’artiste n’est pas perçu pareil dans toutes les cultures. « Aux États-Unis, il n’y a pas de subventions publiques donc l’underground musical est très ramassé, intense, vivace, avec un niveau incroyable, question de survie, mais la création théâtrale est quasi impossible.

En Israël, il y a très peu d’argent consacré à la création. Etre artiste est un métier comme un autre, le statut d’artiste n’est pas fantasmé comme en France. Et la très grande majorité des artistes doivent nécessairement travailler à côté, c’est banal et accepté.

Ruth était au pupitre lumières à l’Opéra National de Tel Aviv et bossait dans deux restaurants le jour pour survivre. Et pourtant il y a un grand nombre de projets intéressants dans ce pays. Il faut dire que les sujets sont malheureusement brûlants”

Au vu de leur expérience dans la musique et le théâtre, on pourrait penser que Winter Family ne connaît ni le doute, ni le syndrome de l’imposteur. Pourtant, Xavier ressent parfois encore ce manque de légitimité, notamment lorsqu’il travaille avec des techniciens qui ont beaucoup plus d’expérience et de savoir que lui. Ruth, quant à elle, adopte plutôt l’attitude inverse. Elle ne se sent ni musicienne, ni comédienne, elle n’a pas le bac, elle fait les choses comme elle le sent et ça l’amuse beaucoup. « Peut-être que je suis un imposteur » (rires).

 

Tous les deux sont d’accord pour dire que ce qui importe le plus, c’est de prendre du plaisir.

Pour eux, ce qui compte dans un parcours, c’est davantage l’honnêteté, le travail et les rencontres qu’un diplôme reconnu.

Xavier ajoute :  » La rencontre par hasard avec le chorégraphe Paco Decinà a changé ma vie. J’étais pas très bien, je me suis remis à la musique brutalement pour lui proposer un truc au piano à l’arrache. Et ça lui a plu, il m’a proposé de monter sur scène avec ses danseurs et j’ai bossé avec lui pendant 5 ans. Tout a changé « .

Quand pour terminer, on leur demande quels conseils ils donneraient à un jeune qui veut se lancer dans une voie artistique, Ruth soupire et dit : « Moi je ne me sens pas trop de donner des conseils. L’important, peut importe ce qu’on fait, c’est d’être honnête. Faire ce dont tu as vraiment envie. C’est pas toujours facile, parce que tu veux du public, tu veux être aimée. » Xavier continue : « C’est ambigu de vouloir faire des choses un peu raides et en même temps de vouloir absolument plaire à tout le monde… Ce boulot, c’est une souffrance agréable, c’est parfois intense, mais franchement pas bien méchant comparé à la plupart des autres boulots sur cette planète”

 

Juste ici, retrouvez la chaîne Youtube de Winter Family !

 

Image de couverture © JB Toussaint

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Winter Family, L’entretien 1/2 /winter-family-lentretien-1-2 /winter-family-lentretien-1-2#respond Fri, 15 Mar 2019 23:41:54 +0000 /?p=3148 Il y a quelques temps déjà, je vous ai parlé du duo Winter Family et de leur album South from Here, qui m’a rendue un peu accro. Depuis, ils ont poursuivi leur grande tournée en France et j’ai pu voir deux de leurs spectacles à la MC93. J’ai rarement vu plus brut et radical au […]

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Il y a quelques temps déjà, je vous ai parlé du duo Winter Family et de leur album South from Here, qui m’a rendue un peu accro. Depuis, ils ont poursuivi leur grande tournée en France et j’ai pu voir deux de leurs spectacles à la MC93. J’ai rarement vu plus brut et radical au théâtre, et moi quand c’est honnête, ça me touche. Ruth Rosenthal et Xavier Klaine partagent avec nous un peu de leur univers et de leur réalité.


Xavier Klaine a grandi en Lorraine. Formé à la musique classique au conservatoire et à la géopolitique sur les bancs de la Sorbonne, il s’est épris pour les drones de l’orgue et le métal. Ruth, quant à elle, est née à Haïfa, en Israël. Elle a étudié à la School of Visual Theatre, une école d’art pluridisciplinaire à Jérusalem où elle a pratiqué le théâtre, l’écriture et la marionnette.

C’est lors d’une soirée à Jaffa que Ruth Rosenthal et Xavier Klaine se sont trouvés. Ruth a pris un micro, a improvisé quelques paroles, presque en blaguant. Et surprise, ça sonnait bien. A la fin de la soirée, elle a proposé à Xavier, qui était en Israël pour rendre visite à des amis, de faire la musique de son prochain spectacle. Le spectacle n’a jamais eu lieu mais le duo, baptisé Winter Family, ne s’est plus quitté.

A cette époque, Ruth travaillait à l’opéra de Tel Aviv à la lumière et dans restaurants, tandis que Xavier jonglait entre sa passion pour la musique et un job bureaucratique qui ne lui plaisait pas.

Depuis, le duo a voyagé entre Israël, les États-Unis et la France, a produit un livre, trois albums magnifiques et de nombreux spectacles, sans compter leurs nombreuses collaborations avec d’autres artistes.

Quand on leur demande s’ils font du théâtre documentaire, ils acquiescent sans hésiter.

Dans leurs spectacles, pas de place pour la fiction ou l’illusion du quatrième mur.

Tous les ingrédients sont documentaires, issus du réel et fortement politiques. Leurs deux dernières créations, Jérusalem Plomb Durci et H2 Hébron, abordent les relations conflictuelles entre Israël et la Palestine.

A l’origine du premier, il y a un enregistrement radiophonique créé pour France culture.

A écouter juste ici !

« Quand il est passé à la radio, on l’a écouté dans un petit transistor. A l époque on habitait à la campagne. On s’est dit que c’était bien, mais que ça manquait de ce dont on voulait parler : la dictature. On arrivait pas à transmettre ça uniquement avec le son. Alors on a décidé de faire un spectacle. »

La Winter Family a joué Jérusalem Plomb Durci en Israël, dans un petit théâtre plutôt de gauche. Beaucoup ont aimé, beaucoup aussi ont choisi de ne pas venir. Ruth explique : « Moi j’ai plutôt un entourage de gauche. Mais c’est quand même difficile d’en parler, parce que les gens en ont marre, parce que ça ne sert à rien d’en parler et que rien ne change. Soit t’es activiste, et j’ai des amis qui le sont, soit tu prends de la distance. Ça se comprend, mais c’est critiquable. »

En France, le spectacle a provoqué différentes réactions. Lorsqu’ils ont joué au Festival d’Avignon en 2012, le duo a reçu des menaces, aussi bien pro-israéliennes que pro-palestiniennes, pour arrêter le festival.

Montrer ce que les gens ne connaissent pas, c’est prendre des risques.

Côté public, ils se sont vus reprocher d’employer le terme de « dictature » pour parler d’Israël, ou à l’inverse, de ne pas assez parler de la Palestine.

Pour H2 Hébron, Ruth et Xavier se sont rendus sur place, à Hébron, cette ville palestinienne si représentative de l’occupation. Ils ont recueilli des témoignages de soldats, d’habitants et de colons, qu’ils ont mis bout à bout pour en faire le texte d’une visite guidée. Visite qui se déroule autour d’une maquette de la ville, réalisée en impression 3D avec une incroyable précision. Durant le spectacle, le public n’est pas ménagé : c’est un flot d’informations qui déferle au-dessus de bruits parasites, dans une ambiance oppressante et dérangeante, puisqu’on se retrouve à manger une glace sous des lampes chauffantes, surpris par des bruits d’explosion.

C’est ça le théâtre documentaire, c’est du réel. Parfois, ça cogne.

Ce n’est pas fini ! On revient très vite avec la suite de l’article !
N’hésitez pas à nous suivre sur Facebook pour être informé de sa publication 🙂

 

Image de couverture © JB Toussaint

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Céline et Vincent : le documentaire par la photographie /celine-et-vincent-le-documentaire-par-la-photographie /celine-et-vincent-le-documentaire-par-la-photographie#respond Tue, 19 Feb 2019 20:32:28 +0000 /?p=3121 Céline et Vincent ont choisi de faire de la photo le centre de leur vie. A bord de leur camion et accompagnés de leur lapin, ils parcourent les routes françaises et européennes et questionnent le monde dans lequel ils vivent. Ils se sont notamment engagés dans un projet à long terme sur la question de […]

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Céline et Vincent ont choisi de faire de la photo le centre de leur vie. A bord de leur camion et accompagnés de leur lapin, ils parcourent les routes françaises et européennes et questionnent le monde dans lequel ils vivent. Ils se sont notamment engagés dans un projet à long terme sur la question de l’immigration, loin des clichés médiatiques : Europe 2050. 

 


 

Hey Listen : Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec la photographie ?

Céline : Je me rappelle des portes ouvertes de l’école dans laquelle j’ai étudié, l’Institut Saint-Luc. J’avais seize ans. Pour le concours d’entrée, j’ai demandé à mon oncle de me prêter son argentique. Toutes les photos de la pellicule étaient floues. Je me souviens aussi du premier appareil photo que j’ai acheté. C’était sur une braderie, un boîtier allongé violet, avec deux modes : 20-36 ou format panoramique.

Vincent : Moi, je me rappelle de ma première rencontre avec un appareil photo. Chez mes parents, il y avait le boîtier de mon père dans une vitrine. J’avais une attirance un peu spécifique pour cet objet, je le trouvais beau. Et je me rappelle des pellicules que ma mère faisait développer chez Maxicolor. On recevait les enveloppes par La Poste.

Portrait d’une famille vivant dans une courée, avril 2008. Lille, France – 20 avril 2008.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce médium ?

V : J’aime bien la partie un peu psychorigide, technique, contrôlée, avec des réglages. Le mélange entre quelque chose de créatif et la contrainte technique. J’aime aussi que l’image en photo soit synthétique, qu’elle suffise, pas comme au cinéma.

C : Pour moi, ça été de garder le souvenir d’une image. S’attarder sur quelque chose qui ne nous marquerait pas forcément sans la photographie. Et le côté « balade », se laisser attirer par ce qui nous entoure. J’aimais bien dire que c’est comme une extension de la main.

   « J’ai une certaine nostalgie de l’argentique, parce qu’il y a l’odeur de chimie, une sorte de rituel, de protocole »

Depuis vos débuts, à quel point avez-vous changer de regard ?

C : Ce qui a changé pour moi, ça a été de ne plus faire de photo tous les jours. Au début, je ne comprenais pas comment on pouvait en avoir assez. Il y avait quelque chose de spontané, un regard novice, expérimental. Après, je suis passée à quelque chose de plus construit.

V : Je pense pas que pour moi le souci technique ait changé, même si je suis plus exigeant. En revanche, l’idée de construction, de série, de narration, a évolué. Je suis passé du studio à l’extérieur.

Plan rapproche de la barriere construite par la Macedoine à la frontiere grecque pour empecher les migrants de prendre la route des Balkans, janvier 2018. Idomeni, Grece – 6 janvier 2018.

Préférez-vous l’argentique ou le numérique ? Pratiquez-vous les deux ?

C : C’est différent. On pratique les deux. Moins l’argentique par souci économique et technique. Mais j’ai une certaine nostalgie de l’argentique, parce qu’il y a l’odeur de chimie, une sorte de rituel, de protocole.

 

Quelle place votre pratique prend-elle dans votre vie ?

C : Beaucoup de place. Même si on ne fait pas assez de photo.

V : Oui, ça prend énormément de temps et de place, puisqu’on a organisé toute notre vie autour de ça. En revanche, ce n’est pas la partie prise de vue qui nous occupe le plus, malheureusement. Je n’ai pas l’impression de faire autre chose. Des schémas électriques, des plans de camion, des sauvegardes… Pour pouvoir en vivre, on doit faire beaucoup d’autres choses par ailleurs : organiser notre vie en fonction de ça, chercher des sources de financement, faire des sites web, s’occuper des portfolios. Toute la partie administrative prend beaucoup de temps.

C : On devrait faire plus de photos.

V : Et des choses un peu plus légères.

J’ai lu dans votre bio une phrase de Céline à l’intention de Vincent : « tu fais des images, pas des photos ». Céline, qu’entendais-tu par là ?

C : A l’époque où l’on s’est rencontrés, Vincent faisait du studio et moi de la photographie en extérieur. Dans le studio, il y a une part de mise en scène, de scénarisation. Moi j’étais plus portée sur l’image instantanée, documentaire. Je considérais le travail de Vincent plus comme des images.

V : Céline a une vision de la photographie qui est plus proche de ce que la photo a apporté quand elle est apparue : garder sur une pellicule un instant T qu’on ne pouvait pas saisir autrement, pas par la peinture par exemple.

C : La photographie de Vincent s’approche plus de la peinture.

 

Le fait de travailler en duo a-t-il changé votre rapport à la photographie ?

V : Comme je me suis pris dans la figure que je ne faisais pas des images, je me suis dit que j’allais essayer de faire des photos ! (rires)

C : Et moi je me suis pris dans la figure qu’il fallait assumer les photos qu’on faites !  Mon rapport au sujet a beaucoup changé. On a le souci de défendre ce qu’on fait. Avant, ça ne m’aurait pas dérangée de faire du bénévolat pour approcher les gens, pour pouvoir faire des photos. Aujourd’hui, ça me dérangerait.

V : Comme c’est un travail écrit ensemble, ça suppose de composer avec la façon de faire de l’autre. Je dirais que d’une part, je me suis confronté à des sujets auxquels je ne me serais pas confronté seul. Et d’autre part, l’idée de construction, de travaux sur le long terme a changé l’horizon temporel que j’envisageais pour la production d’un travail, sa rigueur d’écriture.

 

Quel lien faites-vous entre la pratique de la photographie et celle du documentaire ? Pouvez-vous imaginer l’une sans l’autre ? L’une prime-t-elle sur l’autre ?

V : Pour moi, la pratique documentaire est une pratique de la photographie parmi d’autres. La distinction que je ferais, c’est ce qui concerne le temps. La pratique photographique peut être relativement courte, alors que la caractéristique de la pratique documentaire, c’est le temps et la narration sur le long terme. Ma pratique de la photo n’est pas exclusivement documentaire, mais en ce moment c’est le documentaire qui prime.

Façade d’un centre de demandeurs d’asile, couvert de neige, poussette de bebe garee devant la porte dans la neige, centre de demandeurs d’asile de la Croix rouge, novembre 2017. Pukalaidun, Finlande – 22 novembre 2017.

Pour vous, la rencontre humaine découle-t-elle de la pratique photographique ?

C : Non, par contre la photographie m’a permis de faire des rencontres que je n’aurais pas faites. La photographie te permet d’aller là où tu ne serais pas allé sans elle.

V : C’est vrai qu’on s’est retrouvés dans des situations qui ne se seraient pas posées. Je ne me suis jamais fait autant contrôler par la police qu’en faisant de la photographie, en Hongrie par exemple… C’est vrai que depuis que je fais des images, j’ai rencontré plus de personnes. Notamment Céline.

 

La photographie est-elle avant tout un prétexte à la rencontre ?

C : Non, pas pour moi.

V : Non plus, si j’ai envie de rencontrer quelqu’un, je n’ai pas besoin de la photographie pour ça.

   « La photographie te permet d’aller là où tu ne serais pas allé sans elle. »

Diriez-vous que votre intérêt pour le documentaire est plus motivé par la rencontres des individualités, des petites mythologies, ou par la compréhension d’une histoire collective, d’un contexte politique ?

V : Les deux, ça dépend. Et puis très souvent, le contexte politique détermine aussi les petites histoires individuelles pour lesquelles on rencontre les gens.

Une poupee posee sur un canape, dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, novembre 2015. Linz, Autriche – 25 novembre 2015.

Vous considérez-vous comme des artistes engagés ?

C : Non, nous ne sommes pas des artistes. On ne devrait pas se présenter comme artiste. Photographes engagés, peut-être, mais pas artistes.

V : On a des convictions, des trucs à défendre. Mais ce qui m’énerve fondamentalement, c’est que très souvent la notion d’art, d’artistes, permet d’introduire un clivage, souvent méprisant. Dire « ça c’est de l’art et ça, ça n’en est pas », c’est une distinction qui est établie par les artistes pour valoriser leurs productions. Ça me gonfle cette idée d’art. Donc engagés oui, artistes certainement pas.

 

En 2015, vous vous êtes lancés dans un projet conséquent : Europe 2050. Comment est née cette initiative ?

C : Elle est née d’une envie de partir, d’abord. On s’est dit que ce serait chouette de voyager et de faire de la photo. On a commencé à Calais, où on a fait le premier portrait. C’est ce qui nous a décidés à avoir cette démarche de rencontrer les gens de façon transparente, franche. Et ce qui nous avait dérangés, c’est qu’on avait accosté cette personne parce qu’on savait que c’était un migrant. C’est dommage, parce qu’à chaque fois qu’on aborde ces gens, c’est parce que ce sont des migrants. Ça nous a questionnés. Quand on est revenus, on avait quelques photos, un propos et une envie de développer les choses. Et on a fait un second voyage.

Centre ville de Sofia, entre les boulevards Maria Luisa à l’Ouest et Vasili Levski à l’Est. Les croix gammées et les slogans racistes sont très nombreux, peu ont fait l’objet de recouvrement ou de tentative d’effacement. En revanche une part non négligeable a été recouverte par des slogans « anti-fa » de contestation, janvier 2016. Sofia, Bulgarie – 10 janvier 2016.

Jusqu’ici, qu’avez-vous appris de ces voyages, ces rencontres, sur le plan politique et humain mais aussi artistique ?

V : Documenter le sujet de l’immigration nous a permis de mieux le percevoir, d’en comprendre le traitement médiatique et comment nous, on voulait le traiter. L’immigration en Europe, c’est quand même la lose. C’est un sujet qui est particulièrement mal abordé, mal traité, avec une gestion collective déplorable. On laisse des gens dans une certaine misère. La gestion de la crise migratoire par l’Union européenne, par les différents pays européens, c’est un bazar sans nom.

C : Disons qu’il est censé y avoir une certaine cohérence de traitement des cas, mais on se rend compte que, pays par pays, chacun fait avec ses moyens et ses possibilités.

  « Engagés, oui. Artistes, certainement pas. »

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

C : Elles ont été à la fois relationnelles, parce que ce n’est pas facile de vivre à deux 24h/24, mais aussi matérielles. Les principales difficultés étaient liées à notre mode de vie et de transport : trouver des toilettes, se brosser les dents, ça n’a pas toujours été évident.

V : C’est aussi parce qu’on avait pas un gros camion avec tout le confort moderne. Quand on vit dans 4m³ avec un lapin, on a vite fait le tour. Surtout quand il pleut, qu’il y a de la neige, qu’il fait froid, que c’est humide…

C : Il y a aussi les difficultés de la langue. Même si Vincent se débrouille assez bien en anglais, moi un peu moins. On est quand même limité dans son vocabulaire. C’est dommage. Il y a des phrases que je n’ai pas comprises, des sentiments que je percevais un peu moins.

: Et puis quand même, il y a la difficulté du sujet. Voir les gens pleurer, voir les gens tristes, voir le traitement de leurs dossiers, c’est pas drôle, c’est pesant cette misère permanente. Il y a eu une accumulation de souffrances rencontrées qui a été pesante à un moment. Et quand tu vois la stupidité qui caractérise la gestion de cette « crise » migratoire, en dépit de tout bon sens et de toute humanité, c’est aberrant.

Temoignages ecrits, plusieurs demandeurs d’asile ont note leur age et leur ville, village d’origine, ainsi que l’alaphabet et les chiffres dans leur langue maternelle. Salzbourg, Autriche – 20 november 2015.

Ce projet change-t-il votre façon de voir le monde au quotidien ?

V : Non, moi je l’ai toujours trouvé aussi stupide et médiocre. Ça a confirmé un peu ce que je pensais de l’être humain, avec cette logique animale qui fait qu’il est dominé par ses préjugés. Réfléchir ça lui fait mal au cerveau, alors c’est chacun pour soi.

C : Moi, ce qui a changé, c’est que je me suis rendue compte qu’on pouvait se laver avec 1,5L d’eau. Quand on rentre, on se dit qu’on gaspillera un peu moins, qu’on consommera moins. Finalement, on retombe très vite dans les habitudes et la facilité que la société nous donne.

 

Comment êtes-vous accompagnés dans votre démarche ?

C : On est entrés sur une plate-forme de diffusion, Hans Lucas, qui nous accompagne.

V : Ils mettent en contact des productions photographiques avec des diffuseurs, notamment la presse. On est aussi aidés par des amis proches pour les relectures textuelles (François Rougier) et photographiques (Marc Dubord et Bernard Minier).

C : Et ma mère nous suit aussi dans notre travail. C’est la première à s’y intéresser.

 

Y a-t-il d’autres envies photographiques que vous espérez concrétiser ?

V : Ces travaux-là, j’aimerais qu’on puisse les développer, les pérenniser. Et puis j’aimerais avoir le luxe d’avoir un endroit où faire des natures mortes de temps en temps, ou des portraits.

C : Moi j’aimerais bien qu’on puisse développer un peu plus de sujets à court terme, comme celui de la vie sur la route et des chômeurs.

Photo issue de la série Une vie sur la route | sujet en cours |

Espérez-vous quelque chose en particulier du projet Europe 2050 ?

V : J’aimerais bien qu’on arrive un peu à diffuser nos convictions, nos points de vue. Parce que quand on entend que les demandeurs d’asile roulent en belle bagnole, qu’ils portent des fringues de marque et qu’ils gagnent 1500€ par mois, ça m’énerve. J’aimerais bien qu’on essaie un peu de réhabiliter l’esprit critique et qu’on laisse tomber ces photos de presse trop émotionnelles qui ne renseignent rien. Pour dépasser les préjugés, il faut se battre, il y a du boulot. On y arrivera pas, mais on essaie.

C : On est entourés d’images chocs, on nous parle d’émotion tout le temps, c’est ça qui prime. J’étais aussi à un moment à cette recherche d’images qui marquent les esprits, mais en fait ce ne sont pas celles qui feront changer les choses et qui feront réfléchir.

V : On voit toutes ces photos de gamins morts sur les plages, ça n’a rien changé à la vision que les Européens ont des migrants.

C : J’espère qu’on perde cette envie d’aller chercher l’image qu’on attend.

 


Toutes les photos sont créditées © Brugère Isaert | Hans Lucas


Le site web de Céline et Vincent : https://soeurlaroute.com

Le blog dédié à Europe 2050 : https://www.europe2050.com/a-propos

La plateforme Hans Lucas : http://www.hanslucas.com/isaertbrugere/photo

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