hey listen – Hey Listen Blog d'actualités sur l'art. Mon, 22 Jul 2019 13:05:52 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.10 /heylisten.fr/wp-content/uploads/2018/09/cropped-logo-et-texte-hey-listen-2.png?fit=32,32 hey listen – Hey Listen 32 32 94317584 César, la rétrospective /cesar-la-retrospective /cesar-la-retrospective#respond Wed, 14 Mar 2018 21:51:14 +0000 /?p=2881 Le Centre Pompidou invite à (re)découvrir l’œuvre de César à travers une rétrospective consacrée au sculpteur, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort. C’est sous le commissariat de Bernard Blistène, Directeur du Musée national d’art moderne de Paris, que s’est ouverte cette exposition, en décembre dernier. César Baldaccini, connu sous le nom de César, […]

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Le Centre Pompidou invite à (re)découvrir l’œuvre de César à travers une rétrospective consacrée au sculpteur, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort. C’est sous le commissariat de Bernard Blistène, Directeur du Musée national d’art moderne de Paris, que s’est ouverte cette exposition, en décembre dernier.

César Baldaccini, connu sous le nom de César, est un sculpteur français. Originaire de Marseille, il a étudié à l’École des Beaux-arts de Marseille en 1935, avant de poursuivre son parcours artistique aux Beaux-arts de Paris. Il y rencontre des acteurs majeurs de la scène artistique du 20e siècle, notamment des sculpteurs tels que Pablo Picasso, Germaine Richier ou Alberto Giacometti. Cette exposition offre une appréhension privilégiée de l’œuvre menée par César pendant près d’une cinquantaine d’années. Les volumes des sculptures de ses diverses séries se découvrent dans une déambulation libre au sein de l’espace dégagé d’une seule et même pièce.

Atelier de la rue Lhomond 1967 Photo © Michel Delluc

L’exposition dépeint combien César était un artiste proche des matériaux, dont le travail peut s’assimiler, dans une certaine mesure, à celui d’un artisan. Le sculpteur disait que, jeune, il aurait aimé travailler des matériaux dits « nobles », tels que le bronze ou le marbre, mais que par manque de moyens il s’est tourné vers des matériaux de récupération, tels que les rebuts d’usines alentours. Le métal, bien que d’abord utilisé par simple nécessité, finit par devenir une évidence pour César, qui fait de ce matériau l’élément principal de son travail, à force de se laisser guider par ce dernier dont il ne cesse d’expérimenter les possibilités et de tester les limites.

Les séries d’œuvres Compressions, Empreintes et Expansions composent le noyau du travail « brut » de César. Tirées d’expérimentations sur la matière, elles sont le témoin de l’importance de la manipulation et de l’interaction avec le matériau pour César, qui considérait le travail manuel de l’artiste comme une étape indispensable à toute création. Si cette conception de la création artistique s’apparente à une vision classique de l’art, la mise en œuvre par César se faisait néanmoins l’écho du progrès technique, qu’il embrasse franchement. Par exemple, une découverte majeure pour César fut celle d’une presse américaine géante, trouvée au hasard chez un ferrailleur à Gennevilliers. Il est immédiatement fasciné par sa taille, puisqu’elle permet de transformer une voiture entière en un bloc de ferraille compressé. C’est justement grâce à cette machine qu’il réalise les fameuses Compressions, qui ont la part belle dans l’exposition. Réalisées à partir de 1959 et jusqu’en 1970, les créations de cette série marquent en effet un tournant majeur dans sa carrière. Ce geste radical bouleverse la sculpture moderne et inaugure un terrain créatif que le sculpteur ne cessera d’explorer.

A l’inverse des Compressions, les Expansions consistent en un écoulement et un gonflement de matière, dont le volume augmente pendant la conception. C’est la découverte de la mousse de polyuréthane par l’artiste qui initie ces œuvres, car César se plait à tester les différentes possibilités de ce mélange de résine, à travers diverses manipulations qui laissent néanmoins libre court à la matière. Le processus était parfois réalisé en public lors de happenings, de 1967 à 1969.

Le travail de la fonderie, plus traditionnel, est essentiel pour César, qui porte une relation particulière aux métaux et à ce qu’il expérimente avec leurs différentes déclinaisons. L’artiste s’intéressait par exemple au bronze tout autant qu’à la fonte de fer, notamment pour réaliser plusieurs versions des Expansions, à partir de moulages des originaux. Il est aussi le premier artisan à utiliser la soudure à l’arc, utilisée par exemple pour réaliser les sculptures animales de son « bestiaire ».

César Chauve-souris 1954 Fer forgé 144 x 215 x 12 cm MNAM / Centre Pompidou, Paris © SBJ / Adagp, Paris 2017 Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI Service de la documentation photographique du MNAM / Dist. RMN-GP

Si le matériau et toutes les possibilités qu’il recouvre fascinait César, le pendant intellectuel de son travail l’intéressait tout autant. Le

César Fanny Fanny 1990 Bronze soudé 200 × 120 × 260 cm Collection particulière, Courtesy Fondation César, Bruxelles © SBJ / Adagp, Paris 2017 Photo © DR

travail physique était, pour lui, indissociable du travail mental. Il disait éprouver la nécessité de toucher pour pouvoir penser, et plus spécialement, pour imaginer. Considérant l’art comme une sorte de jeu, il prenait plaisir à penser ses créations tout comme à appréhender la matière, avec beaucoup de dérision.

« Lorsque je fais un Fer, je suis sculpteur et lorsque je fais une Compression, je suis artiste. », disait César (en référence à deux de ses séries), qui portait effectivement un regard lucide, non seulement sur sa création, mais aussi sur son inscription dans l’histoire de l’art. Ainsi, bien que fervent pratiquant du geste spontané, il n’en gardait pas moins un œil ouvert sur une démarche plus large, ancrée dans le paysage artistique de son temps. Il était notamment pleinement engagé dans le mouvement artistique du Nouveau Réalisme, qui émerge en parallèle du mouvement Pop Art aux Etats-Unis.  Prônant de « nouvelles approches perceptives du réel », le Nouveau Réalisme – entre abstraction et figuration – s’intéressait beaucoup aux objets du quotidien de son époque, tout comme le faisait César, par exemple avec les carrosseries de véhicules qui passaient dans sa presse.

« En changeant d’échelle, l’objet change de qualité »

La démarche créatrice de César se porte aussi sur des jeux d’échelle, notamment grâce à l’utilisation d’un outil traditionnel de sculpture : le pantographe.  César effectue d’importants agrandissements par le biais de cet instrument en bois dont les tiges articulées permettent de reproduire un dessin en l’agrandissant ou bien en le réduisant, sans en modifier les proportions initiales. Il s’est servi de ce procédé pour réaliser, entre autres, ses Empreintes humaines. César reproduit par exemple son propre pouce ainsi que le sein d’une danseuse du Crazy Horse, autours desquels on se déplace dans l’espace d’exposition, ainsi confrontés à ces fragments de corps humains.

César Sein 1967 Résine de polyuréthane laquée 82 × 266 × 193 cm Musée d’art de Toulon Photo © Lothaire Hucki © villa Noailles, 2016

Au travers des créations de ses séries des Expansions, Empreintes et Compressions – entre autres – la pratique artistique de César constitue donc, tout en même temps qu’un travail manuel, une véritable démarche conceptuelle qui mérite d’y jeter un œil !

 

Légende photo de couverture : Photomontage anticipant l’installation du Pouce de 6m devant le Centre Pompidou pour la rétrospective César / Architectes : Renzo Piano et Richard Rogers, 1977 / Pouce © SBJ / Adagp, Paris 2017 / Courtesy Luxembourg & Dayan, Photo © Daniel Gonzalez / Bâtiment © Studio Piano & Rogers, Photo © Centre Pompidou / Georges Meguerditchia


Jusqu’au 26 mars au Centre Pompidou, à Paris

Lundi-Dimanche :  11h – 21h
–  sauf jeudi : 11h-23h  
et fermé le mardi –

 

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Isabelle Fauve-Piot, la sculpture de l’être en devenir /isabelle-fauve-piot-entretien /isabelle-fauve-piot-entretien#respond Mon, 29 Jan 2018 11:00:17 +0000 /?p=2822 C’est lors d’une matinée pluvieuse, à Saint-Remy-lès-Chevreuse, que j’ai rencontré Isabelle. En combinaison de travail, portant un casque de soudure, en pleine création à mon arrivée. Nous nous sommes donc installées au fond de son atelier, assez grand pour contenir toutes ses sculptures, afin d’échanger. Hey Listen : tu n’as pas un parcours comme les […]

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C’est lors d’une matinée pluvieuse, à Saint-Remy-lès-Chevreuse, que j’ai rencontré Isabelle. En combinaison de travail, portant un casque de soudure, en pleine création à mon arrivée. Nous nous sommes donc installées au fond de son atelier, assez grand pour contenir toutes ses sculptures, afin d’échanger.

Hey Listen : tu n’as pas un parcours comme les autres, plus scientifique, pourrais-tu nous le présenter en quelques mots ?

Vue d’atelier, Danseuse, Isabelle Fauve-Piot.
Crédit photographique : Manon Raoul

Isabelle : j’ai un parcours un peu atypique, car j’étais très bonne en mathématiques, et même si l’idée de faire les Beaux-Arts était en moi, il n’était pas spécialement question de faire un cursus artistique dans ma famille. Cela paraissait trop particulier, voire “extraterrestre”, que d’aller faire les Beaux-Arts à l’époque, et comme j’étais naturellement à l’aise avec les mathématiques, j’ai fait Maths-Sup, Maths-Spé et je suis rentrée à l’École Centrale de Lyon. À l’époque, lorsque tu sortais de Centrale, le travail, il y en avait ! J’ai donc facilement trouvé, mais très vite, je me suis dit “mais qu’est-ce que je fais là ?” Sauf que, j’étais jeune, amoureuse, et je me suis mariée. J’ai eu des enfants.. Mais cela ne me nourrissait pas “intellectuellement parlant” et je suis donc partie.

En 2009, j’ai fait toute une année de formation en céramique, et là, je me suis dit que mon chemin n’était pas du tout d’être ingénieur, mais que c’était l’art. Très technique, la formation m’a permis de travailler la terre et a été très enrichissante. Suite à cela, l’année suivante, j’ai intégré l’École des Beaux-Arts de Versailles où j’ai refait le cursus entier, car j’avais besoin de me déconditionner de 15 ou 20 ans de fonctionnement de type ingénieur. J’ai donc rencontré de nombreuses personnes, vu des expositions et surtout beaucoup lu, afin de comprendre ce qui m’animait au plus profond.

Ce parcours à l’École des Beaux-Arts a vraiment été formidable pour moi, j’ai beaucoup appris sur moi-même. Généralement, on dit aux élèves de produire beaucoup au départ, sans réfléchir, puis, dans un second temps, d’observer ce qui en ressort. Personnellement, je n’étais pas du tout dans cette démarche-là, j’ai, encore une fois, beaucoup lu, et, ayant une formation scientifique, je me suis intéressée à l’infiniment petit, l’infiniment grand, des livres d’astrophysiciens, de physiciens, de philosophes autour de la matière, etc. Et par-dessus, j’y ai ajouté mon parcours personnel, car j’ai fait un burn-out en 2004, il a donc fallu que je me reconstruise ensuite. Je suis donc partie sur “qu’est-ce que c’est que d’être”, “la conscience d’être, qu’est-ce que cela veut dire”, “qu’est-ce qui est important”, etc.

J’ai produit des choses, j’amenais peu de choses, mais mes jurys se passaient souvent bien, car, comme toutes mes recherches s’accompagnaient de lectures, d’analyses, de notes, de résumés, de livres mis en regard les uns avec les autres, il y avait tout un processus. C’est en fin de troisième année, où, tout d’un coup, j’ai vu cette histoire de vibration, le vide, l’énergie du vide, que le vide est à la base de la matière, qu’il est l’absence et la matière la présence. Je me disais, “il n’y aurait presque rien, et en même temps, presque tout !”.

Tout d’un coup, un jour, j’ai vu une tête en métal toute fine et je me suis dit “Voilà ! C’est ça qu’il faut que je fasse !”, sauf que je ne savais pas souder, que je ne savais pas où l’on achetait de l’acier. J’ai réalisé une première tête en métal et il a fallu tout apprendre sur le tas, ce qui a été très fastidieux, en faisant de grands croquis à échelle 1 de tous les côtés, pour voir comment j’allais faire.

Isabelle Fauve-Piot, Conscience, vue d’exposition en Sologne.
Crédit photographique : Isabelle Fauve-Piot

HL : comment procèdes-tu pour souder ? Utilises-tu les services d’une entreprise ?

Isabelle : au départ, lorsque j’étais aux Beaux-Arts, je soudais dehors dans le froid car l’école n’avait pas d’atelier dédié, et mes amis m’amenaient des cafés pour me tenir chaud ! J’en ai eu rapidement marre et j’ai donc eu mon premier atelier dans la résidence d’artistes TDF aux Molières, près de Limours, qui faisait 12m2. L’histoire a commencé comme ça ! Comme j’étais au départ céramiste, j’aimais beaucoup le feu et j’ai donc proposé pour mon diplôme un travail autour du feu avec des œuvres tant en terre qu’en acier.

Je réalise donc mes sculptures moi-même, mais pour les galvaniser, j’ai besoin de l’aide d’une entreprise spécialisée. L’acier est un métal qui s’oxyde, y compris dans une maison, c’est certes plus long, mais cela s’oxyde tout de même. Je me suis donc posé la question du traitement de mes sculptures : je peux ne pas en faire et accepter la rouille et les aléas du temps avec des morceaux qui peuvent tomber un jour, ou les traiter pour les protéger.

Il y a différents traitements possibles, certains très faciles à appliquer comme le Rustol ou un vernis que j’utilise pour les sculptures d’intérieur, car cela protège un peu et c’est suffisant pour des sculptures restant en intérieur. La galvanisation, quant à elle, est le seul procédé qui protège pour au minimum 30 ans l’acier. Une couche de zinc pénètre directement l’acier, et au bout de 30 ans, tu peux le dézinguer et recommencer.

Cliquer pour visualiser le diaporama.

Il existe deux méthodes pour galvaniser une production : une à froid où l’application se fait directement au pinceau, mais ce n’est pas le procédé de base et cela ne protège pas longtemps ; et le procédé à chaud, dans d’immenses installations où la sculpture passe dans tout un champ de préparations où elle est nettoyée par des produits chimiques pour finir dans un bain de zinc en fusion à 450°C pendant 10 minutes, et là, ça ne bouge plus.

L’entreprise avec laquelle je travaille s’appelle Galva Union, j’ai galvanisé deux de mes pièces avec eux, plus une création les concernant, L’humain au cœur de l’entreprise. C’est un sujet qu’il m’intéresse de développer, car toutes les entreprises prônent l’idée de l’humain au cœur de l’entreprise, or ce n’est pas forcément le cas. J’aime l’idée que des sculptures mettent en avant cette idée prometteuse. Galva Union m’a ainsi demandé une sculpture de ce type que j’ai réalisé en intégrant une tête en 3D dans leur logo en 2D.

HL : de quoi as-tu besoin pour réaliser tes sculptures ?

Isabelle : j’achète des tiges d’acier qui font trois mètres de long de différents diamètres : 3, 4, 5, jusque 14 mm. Elles me servent à réaliser les sculptures. Et je commande aussi des plaques pour le socle de l’œuvre, et c’est d’ailleurs à partir de cette plaque au sol que je commence à créer.

HL : tu as trois thématiques dans tes sculptures : “Conscience de l’être”, “Introspection” et “Les messagers”. Travailles-tu encore sur les trois ?

Isabelle : “Les messagers” sont issus de ma formation de céramiste, tout comme “Introspection”. Ils ont démarré à cette période. Tandis que toute la partie de mon travail en acier, “Conscience de l’être”, est née pendant ma période aux Beaux-Arts.

Il m’arrive encore parfois de travailler sur mes premières thématiques, par exemple avec “Les messagers”.Je collabore depuis deux ans avec un compositeur de musique électro-acoustique, Charles Platel. Nous allons travailler autour des “Messagers” pour créer un environnement sonore adapté. Mais en dehors de ce projet, je n’en réalise plus.

A l’époque des « Messagers », je ne travaillais pas l’acier et j’ai fait réaliser la partie métallique de ces sculptures par un ferronnier d’art. Depuis mon diplôme aux Beaux-Arts en 2014, je suis à temps plein sur mes sculptures. Je me suis focalisée sur l’acier et j’ai ainsi réalisé plusieurs grandes pièces. L’acier est plus original, plus léger. Avec la terre, c’est compliqué de donner l’idée de la vibration et les grandes pièces sont lourdes. L’acier correspond vraiment à ce que j’ai envie de transmettre : une forme de fragilité, de présence et de vibration.

HL : tes sculptures sont donc possiblement exposées en extérieur, y a-t’il un lien avec la nature ?

Isabelle : oui, certaines comme Conscience qui a été exposée à la Biennale de Sculpture Monumentale de Sologne, et Vibration. L’idée de plus en plus présente dans mon travail, est de représenter un être en devenir. Je considère que l’on apprend toute la vie. Il est donc intéressant de retrouver l’analogie entre un végétal qui pousse et un être qui grandit au fur et à mesure de ses expériences. La sculpture est alors une représentation des racines d’un végétal qui pousse, ayant encore des branches en formation. J’aime associer le végétal, le minéral et l’humain.

HL : te représentes-tu au travers de tes sculptures ? Est-ce toi qui grandis ?

Isabelle Fauve-Piot dans son atelier.
Crédit photographique : Manon Raoul

Isabelle : totalement. J’ai énormément changé depuis 10 ans. C’est comme devenir soi-même. J’ai aujourd’hui 49 ans, et j’ai tout de même fonctionné durant 20 ans sur ce que je pensais être vraiment bien, je pensais que c’était ce qu’il fallait faire et j’étais très reconnue dans ma vie professionnelle.

Les codes sociétaux et familiaux que je m’imaginais étaient ceux que l’on m’avait inculqués étant petite. Or, je me suis rendu compte à un moment donné que ma nature profonde n’était pas en cohérence avec ça. Je me suis alors dit : je passe à côté de ma vie ! Même si ma réussite sociale était bien plus éclatante hier qu’aujourd’hui, il y a un gros décalage entre une réussite vu de l’extérieur et un ressenti intérieur. Je me disais “je suis à côté de la plaque”, je suis donc repartie de zéro et je me suis découverte petit à petit. On se rend compte que la vie est faite d’une succession d’expériences.

En ce qui me concerne, ce vers quoi je dois aller, c’est parfois clair et parfois non. Je peux tourner en rond pendant deux, trois semaines autour d’une sculpture et rien ne vient, donc ce n’est pas la peine de souder, et puis d’un coup, l’idée est là et c’est d’une grande précision. Anima, c’était ça pendant six mois ! J’avais déjà fait une grande tête de cheval et j’avais envie d’en faire un du sabot jusqu’aux oreilles, mais ça ne venait pas. Et d’un coup, ça y est, Anima était là ! J’ai alors acheté des livres sur les chevaux, j’ai fait des croquis, j’ai appelé mon quincaillier et le lendemain, 8h, j’étais là à souder, et ce pendant cinq mois !

HL : mais tes sculptures vibrent ! Est-ce assez solide ?

Isabelle : oui, effectivement, elles vibrent. Au départ, j’avais peur quand je les prenais en main, car cela bougeait beaucoup, et puis finalement, non, c’est assez solide ! Petit à petit, j’ai fait de moins en moins de dessins et repères dans l’espace sauf pour Conscience, car je l’ai proposé sur la base d’un croquis, étant un projet à la base. Mais maintenant je ne travaille plus vraiment ainsi. J’ai une bonne vision dans l’espace ! Et il faut être tenace, car c’est plusieurs mois de travail.

HL : quelles sont les étapes de réalisation de tes sculptures ?

Isabelle : il y a trois étapes. Tout d’abord, je réalise un volume dans vide, je pars de rien. C’est très fatigant, et c’est l’étape la plus difficile. Tant que je n’ai pas le rendu d’un volume qui me convient, je recommence. La complexité de mes sculptures, c’est que l’on peut tourner autour, donc on peut tout d’abord être satisfait puis, en se déplaçant autour, se rendre compte que cela ne va pas et recommencer. Ensuite, je retravaille tout pour le côté esthétique et j’enlève beaucoup de matière à ce moment-là.

Techniquement, au départ, il faut que tout tienne, mais à la fin, les éléments sont chaînés, donc je peux enlever au fur et à mesure des tiges. Il y a une sensation qui doit être présente, une résonnance. Et tant qu’elle n’est pas là, ce n’est pas fini. Enfin, la phase de finition : je vérifie toutes les soudures, je protège l’acier (galvanisation ou autre) et je réfléchis au transport.

Vue de l’aterlier d’Isabelle Fauve-Piot
Crédit photographique : Manon Raoul

HL : tes études d’ingénieur doivent t’être utiles ?

Isabelle : effectivement, Maths-Sup, Maths-Spé développent un état de concentration important et qu’il ne faut jamais lâcher. Je pars toujours du principe que cela va être possible. Cela peut être difficile, long, mais le lendemain matin, je suis là et je recommence. Je pense que cela vient de mes études, j’ai acquis cette capacité, ou je l’avais peut-être déjà en moi. Parfois j’en bave, mais une fois fini, je suis contente !

HL : quelles sont tes inspirations artistiques ?

Isabelle : il y en a plusieurs, comme Antony Gormley qui travaille sur l’espace qu’occupe le corps ; Jaume Plensa qui construit le corps humain par le langage en réalisant de grandes têtes avec des lettres ; Yves Klein avec l’idée du vide ; mais aussi des philosophes comme Gaston Bachelard, des astrophysiciens, etc.

Aujourd’hui, j’y pense moins. C’est toujours intéressant, mais on ne trouve pas son style. On est soi-même et il faut se détacher de ce que l’on voit de l’extérieur. C’est une phase indispensable que de parcourir un chemin intérieur pour trouver son art. Un artiste, c’est quelqu’un qui met ses tripes sur la table. On va au fond des choses, même si parfois cela remue beaucoup.

HL : quels conseils donnerais-tu à des jeunes souhaitant se lancer dans une carrière d’artiste ?

Isabelle : c’est difficile. C’est un métier de solitude, il ne faut pas avoir peur du “vide”, de soi et il ne faut compter que sur soi-même. En entreprise, tu ne te poses pas la question “que vais-je faire aujourd’hui ?” Alors qu’artiste, tu n’as personne derrière toi. C’est une grande responsabilité au niveau de soi-même, il faut se motiver seul.

Mais c’est un métier où tu fais de très belles rencontres, car les artistes sont des personnes très sensibles et très riches.

De nos jours, il faut aussi gagner sa vie. Dans un premier temps, il faut avoir un travail rémunérateur. Certains ont mis 20 ans pour en vivre, c’est compliqué. Mais lorsqu’on en ressent l’envie, il faut le faire. J’en ai eu envie à 18 ans et je n’ai pas osé, il a fallu que j’aie un burn-out pour remettre tout en question, ce que je ne souhaite à personne. Personnellement, je suis indépendante grâce à ma première vie professionnelle, c’est ça aujourd’hui qui me permet de me lancer dans des projets fous. Même si la société est ainsi, l’artiste ne doit pas produire pour vendre, sinon il se retrouve brimé dans sa création. Il ne faut pas y perdre son âme…

 

Le site internet de l’artiste : http://www.isabellefauvepiot.fr/

Vue de l’aterlier d’Isabelle Fauve-Piot
Crédit photographique : Manon Raoul

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ELO EDEN, l’illustrateur prometteur /elo-eden-lillustrateur-prometteur /elo-eden-lillustrateur-prometteur#respond Sun, 19 Nov 2017 14:39:46 +0000 /?p=2775 C’est à l’occasion d’une petite exposition sur le Batofar que Gaëlle a découvert les illustrations d’Elo Eden. Il a accepté de lui raconter ses débuts et de partager quelques conseils aux jeunes qui voudraient se lancer dans le métier ! Hey Listen : Quel a été ton parcours ? Elo Eden : J’ai commencé à dessiner à 3 ou […]

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C’est à l’occasion d’une petite exposition sur le Batofar que Gaëlle a découvert les illustrations d’Elo Eden. Il a accepté de lui raconter ses débuts et de partager quelques conseils aux jeunes qui voudraient se lancer dans le métier !

Hey Listen : Quel a été ton parcours ?

Elo Eden : J’ai commencé à dessiner à 3 ou 4 ans. Ma mère avait peu de moyens financiers, donc tout ce que j’avais, c’était des feuilles et un stylo. Je reproduisais ce que je voyais à la télévision.

J’ai fait un bac L option arts plastiques, puis je suis rentré à l’école Pivaut à Nantes, où j’ai suivi une formation de quatre ans avec une année préparatoire. Je voulais d’abord faire de la BD et finalement j’ai fait graphisme/illustration. Je suis ensuite parti sur Paris et j’ai commencé à mettre mes dessins sur Instagram et à avoir des followers. Maintenant, je crée mon site.

HL : Qu’est-ce que t’a apporté ta formation ?

EE : Souvent, quand les gens dessinent, ils recopient une image et cherchent simplement à la faire le mieux possible, sans chercher à développer une idée, sans intention derrière. L’école Pivaut nous incite à détruire ça, à détruire le modèle et à avoir notre propre style avec un fini cohérent.

Les profs étaient super : ils avaient la notion de la couleur, de l’espace… Ils savaient nous guider. Avant, je dessinais beaucoup au stylo bic, au crayon, à la mine de plomb. C’est en rentrant à l’école Pivaut que j’ai commencé à utiliser la couleur et l’aquarelle. Les profs ont vu que j’avais un style particulier, très coloré, alors que je partais du noir et blanc. Ils m’ont encouragé vers cette voie et le jury de fin de diplôme a trouvé ça super.

Et les élèves autour de moi avaient vraiment un bon niveau, c’était motivant.

 

HL : Ce n’est pas trop dur de sortir de l’école ensuite ?

EE : Si un peu. Au début, j’ai signé deux ou trois contrats de graphiste. Mais ce que j’aimais vraiment c’était l’illustration. Quitte à avoir un job alimentaire à côté. Pendant longtemps, j’ai réussi à vendre mes dessins et presque à en vivre. Maintenant, j’ai un boulot de vendeur.

J’ai commencé par les vendre sur Instagram, ensuite c’était par rencontres, par contact. Maintenant je vais le faire plus officiellement sur mon site, avec le statut d’auto-entrepeneur.

HL : Comment travailles-tu?

EE : Je travaille avec de la musique, seul. J’écoute Brigitte Mainler, Missy Eliot, Polo & Pan, Sebastian. Des choses entre la techno, la pop, la trap… des noms un peu bizarre qu’on donne à une musique parce qu’on ne sait pas dans quelle case la mettre. Lana del Rey, aussi.  

Je commence par me faire un bibliothèque d’images, puis à 14h je commence à bosser et je peux finis vers 2h du matin.

C’est dur d’être son propre patron. C’est comme quand tu commences à ranger, puis que tu vois une vidéo Youtube : tu passes à une autre, tu regardes des vidéos de chats et au bout de 3h, tu finis par te demander « qu’est-ce que je fais là ? ».

Très souvent, j’ai mon idée en tête et je commence à dessiner au bic. Je trouve ça assez sympa, tu peux moduler ton trait. A l’école, on nous a appris à ne pas gommer. Ensuite je mets la couleur, et enfin les lumières.

HL : Quelle est ton étape préférée dans la création ?

EE : Je suis rarement satisfait quand c’est abouti, mais j’adore l’étape du croquis. Je trouve mes croquis meilleurs que mes illustrations finies.

HL : A partir de quels modèles dessines-tu ?

EE : Ça peut être aussi bien à partir de photos, de modèles vivants… souvent, ce sont des amis ou des gens dans la rue qui m’inspirent. J’essaie de retenir leur visage en les fixant, même si je passe peut-être pour un psychopathe. J’utilise aussi des photos sur Facebook ou Instagram.

Je ne fais que des portraits. Peut-être que ça évoluera mais pour l’instant, je ne fais que ça.

 

HL : Est-ce que tu as cherché ton style ou il est venu naturellement ?

EE : C’est le problème le plus commun chez les illustrateurs : la peur de ne pas trouver son style. On voit un style qu’on aime bien et on se dit « je veux avoir le même ». Un peu comme quand on voit quelqu’un de beau dans la rue et qu’on veut lui ressembler. Mais même si on met les mêmes vêtements que lui, on aura pas les même traits, le même physique.

C’est en dessinant en essayant de ressembler à d’autres gens que je me suis rendu compte que j’avais un style à moi. Les gens autour reconnaissaient mon style. Donc j’ai arrêté de me prendre la tête à essayer de ressembler aux autres.

HL : Quels artistes t’inspirent ?

EE : Agnes Cecile m’inspire vraiment. Et Lana Del Rey, dans sa façon d’être, dans son univers, son image. J’écoute des rappeurs aussi, mon père écoutait du rap ou de la musique d’Afrique. J’aime bien quand les genres se mélangent.

HL : Tu as seulement 22 ans et tu arrives quasiment à vivre de ton travail. Est-ce que tu pensais y arriver ?

EE : Je ne me posais pas la question jusqu’à récemment. Parmi mes amis de Pivaut, les très bons ont signé dans des éditions, mais même eux ont du mal à en vivre.

Parfois je me dis que c’est un peu dur, que j’aurais pu être graphiste. Dans des maisons comme Dior par exemple. Ou j’aurais pu faire du droit ou faire une fac de langue et être tranquille. Mais finalement je ne suis pas scolaire, je déconnecte très vite. Donc je préfère faire des choses sympas et me dire que ça va peut-être se vendre.

HL : Avoir 22 ans quand on est illustrateur, c’est un atout ou un handicap ?

EE : C’est toujours positif dans l’esprit des gens. Mais il faut faire attention à ceux qui abusent de ta bonne volonté. Certains clients peuvent te proposer de faire une affiche pour eux en prétextant que ça te fera une affiche pour ton book. Mais tu ne demandes pas à un maçon de construire une maison pour son book, ça ne marche pas comme ça.

HL : Comment te vois-tu dans 10 ans ?

EE : Je me vois soit sur Paris soit à New York. J’aimerais beaucoup y aller. L’idée que j’en ai, c’est que les artistes ne viennent pas d’un héritage, ce ne sont pas des « fils de ». Les gens se font un nom par eux-même. Ou Paris, j’aime beaucoup. L’ambiance, les gens, même s’ils sont un peu grognons.

J’aimerais bien que mon site marche vraiment et que je puisse vendre grâce à ça. Travailler avec des galeries aussi, pour être représenté dans d’autres pays. En Allemagne, en Amérique.

Si pour une raison ou une autre tu n’aurais pas pu faire illustrateur, qu’aurais-tu fait ?

Si je n’avais pas eu cette passion pour le dessin, j’aurais été une autre personne. Mais sinon, j’aurais peut-être étudié l’univers. Ou j’aurais été infirmier.

Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui veut être illustrateur ?

De faire ce qu’il aime, vraiment. Il faut oser faire ce que tu aimes, quoi qu’en dise ta famille, parce que ce que tu dessines, c’est ce que tu es.

Il y a des chemins plus facile qu’être illustrateur, donc surtout il faut pas déprimer quand les gens disent que ce n’est pas un vrai métier. Essayer de s’entourer de gens positifs, qui t’aident à survivre aux obstacles, qui sont de bons conseils et qui ont des contacts. Et ne pas se laisser entraîner par la folie de la jeunesse : lorsque tu vas en soirée pour t’amuser, tu n’es pas en train de dessiner.

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Site officiel

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Cadrage sur l’Europe /cadrage-sur-leurope /cadrage-sur-leurope#respond Tue, 17 Oct 2017 10:05:21 +0000 /?p=2705 A l’Atelier Néerlandais, l’ambassade des Pays-Bas et le Nederlands Fotomuseum ont coproduit l’exposition L’Europe autrement ! qui s’y tiendra jusqu’au 17 décembre. Une bonne occasion de regarder l’Europe, tant évoquée et questionnée, à travers l’objectif des photographes… L’exposition propose un regard croisé sur l’identité de l’Europe et des citoyens qui la composent, par trois photographes. […]

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A l’Atelier Néerlandais, l’ambassade des Pays-Bas et le Nederlands Fotomuseum ont coproduit l’exposition L’Europe autrement ! qui s’y tiendra jusqu’au 17 décembre. Une bonne occasion de regarder l’Europe, tant évoquée et questionnée, à travers l’objectif des photographes…

L’exposition propose un regard croisé sur l’identité de l’Europe et des citoyens qui la composent, par trois photographes. Les séries des Néerlandais Nico Brick et Otto Snoeck se mêlent ainsi aux célèbres clichés du Français Henri Cartier-Bresson. Le noir et blanc de ce dernier répond à la contemporanéité des deux autres, contrastant notamment avec les couleurs vives des images crues d’Otto Snoeck.

Avec sa série Parlements de l’Union européenne, Nico Brick adopte une approche qu’on pourrait qualifier d’analytique, par ses cadrages systématiques des différentes salles de parlement à travers toute l’Union européenne. L’agencement de ces pièces désertes, comme leur décors et leur mobilier dit quelque chose de l’identité de son pays, qui nous est ainsi révélée dans ces photographies en polyptyques.

Parliament, Strasbourg, EU © Nico Bick

L’Europe d’Otto Snoeck dans sa série Nation est plus vivante et s’oppose à l’apparente neutralité de Nico Brick. Le photographe pose un regard à la fois acerbe, léger, et chargé d’humour sur divers rassemblements nationalistes dans plusieurs pays européens. A travers cette approche franche et sans concession, les peuples européens sont rapprochés les uns des autres, ainsi raillés ensemble dans ces clichés. La scénographie participe, elle aussi, de cette idée de partage puisque les photographies reproduites sont posées telles quelles au sol, par bloc d’affiches que chaque visiteur est libre de ramener sous son bras.

Italy, Rome, after the soccer game Italy – France, 9 July 2006 © Otto Snoek

France, Paris, Fête nationale, 14 July © Otto Snoek

Ces photographies disposées au sol répondent ainsi aux tirages en noir et blanc d’Henri Cartier-Bresson, qui sont, eux, à contempler le long des murs. Dans sa série Les Européens, le célèbre photographe français a immortalisé l’Europe dans un moment de transition, l’après-guerre. Lui aussi, comme Snoeck, se concentre principalement sur les scènes quotidiennes, avec une certaine poésie, et dresse de cette Europe un portrait humaniste plutôt que politique.

The Berlin wall, West Berlin, West Germany, 1962 © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

Tous participent à composer un portrait singulier de l’Europe, de 1929 à aujourd’hui, à travers diverses approches photographiques que l’exposition met en regard.

L’Europe autrement ! est à visiter jusqu’au 12 décembre à l’Atelier Néerlandais.

Gare Saint Lazare, Place de l’Europe, Paris, France, 1932 © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos


Atelier Néerlandais

121 rue de Lille, 75007 Paris

Ouvert du mardi au dimanche, 13h-19h

Tarif plein : 4€ ; Tarif réduit : 2€

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L’Autre : de l’image à la réalité 3/3 : L’autre nous /lautre-nous /lautre-nous#respond Fri, 13 Oct 2017 12:38:59 +0000 /?p=2696 « L’Autre nous », c’est le nom que Blandine Roselle, a attribué au troisième volet du cycle d’expositions présenté actuellement à la Maison Populaire : « L’Autre : de l’image à la réalité ». Tandis que les deux premiers volets du cycle interrogeaient notre rapport à l’héritage, à la culture et à ceux que nous nommons « étrangers », « L’Autre nous » porte un […]

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« L’Autre nous », c’est le nom que Blandine Roselle, a attribué au troisième volet du cycle d’expositions présenté actuellement à la Maison Populaire : « L’Autre : de l’image à la réalité ».

Tandis que les deux premiers volets du cycle interrogeaient notre rapport à l’héritage, à la culture et à ceux que nous nommons « étrangers », « L’Autre nous » porte un regard critique sur l’avenir et imagine l’homme du futur confronté à de nouveaux enjeux sociaux, économiques et planétaires. Au lieu de rabâcher l’éternel scénario catastrophiste que nous montrent la majorité des films de science-fiction, il est ici question de réfléchir aux possibles conséquences de l’hyper-industrialisation pour les anticiper.

Beb-deum, Mondiale TM, 2016-2017, vue de l’installation, images numériques et vidéos

Mondiale TM, œuvre majeure de l’exposition, occupe largement l’espace : il s’agit d’un ensemble d’images numériques réalisée par Beb-Deum, auteur et illustrateur. Son travail questionne les phénomènes de mondialisation et de transhumanisme avec un regard critique et un style graphique inimitable. Pour ce projet, Beb-Deum a collaboré avec Alain Damasio, auteur de science-fiction. Ensemble, ils ont réalisé le livre Mondiale TM, dans lequel ils imaginent un monde peuplé de clones en quête d’identité. Les personnages, sortis de l’imagination de Beb-Deum, sont tatoués, percés, maquillés, dans une tentative de se démarquer des autres et d’échapper à la fatalité du prototype. Finalement, ils sont quasiment tous identiques les uns aux autres et composent ensemble un portrait unique de l’homme marqué par la mondialisation économique et culturelle.

Beb-deum, Mondiale TM, 2016-2017, vue de l’installation, images numériques et vidéos

Lucy et Jorge Orta, duo d’artistes préoccupés par des thèmes sociétaux et scientifiques, présentent quant à eux une formidable installation composée de combinaisons sérigraphiées et reliées entre elles. Cette œuvre, qui a également fait l’objet de performances, met l’accent sur l’interdépendance entre les hommes, mais aussi entre l’homme et la nature. Les combinaisons sont des symboles de révolte et d’interconnexion entre les humains, mais aussi les outils d’un élan contestataire qui doit avoir lieu pour l’intérêt général.

Lucy + Jorge Orta, Nexus Architecture x25, 2001, installation

Enfin, le troisième artiste exposé est Pascal Marquilly, qui a été accueilli à la Maison Populaire en résidence. Il présente dans une salle à part son œuvre Ombres de Chimères une installation visuelle et sonore. La musique en fond, qui parvient à nos oreilles comme un murmure, a quant à elle été conçue par Samir Odeh Tamimi. Dans la quasi-obscurité, des images défilent en ombre sur les murs. Elles nous apparaissent comme des rêves ou des cauchemars d’enfants, mais sont à l’origine des images de guerre issues de la presse.

Pascal Marquilly, Ombres de Chimère, 2017, Installation

Ces trois œuvres, chacune à leur manière, nous invitent à nous interroger sur le type d’humanité vers lequel nous souhaitons évoluer. Elles nous permettent de rencontrer « L’Autre nous », celui du futur et que nous construisons aujourd’hui.


Du 4 octobre au 9 décembre 2017

Maison Populaire

9 bis rue Dombasle, 93100 Montreuil

Entrée libre

www.maisonpop.fr

 

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L’Art du Pastel, de Degas à Redon /art-du-pastel /art-du-pastel#respond Mon, 02 Oct 2017 10:00:32 +0000 /?p=2687 Du 15 septembre 2017 au 8 avril 2018, le Petit Palais lève le voile sur l’un des pans les plus secrets de sa collection… Plus de 130 pastels, sélectionnés par Gaëlle Rio, la commissaire de l’exposition qui est également Conservatrice au Petit Palais, sont exceptionnellement visibles pendant 6 mois ! D’une extrême fragilité, ces pièces délicates […]

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Du 15 septembre 2017 au 8 avril 2018, le Petit Palais lève le voile sur l’un des pans les plus secrets de sa collection… Plus de 130 pastels, sélectionnés par Gaëlle Rio, la commissaire de l’exposition qui est également Conservatrice au Petit Palais, sont exceptionnellement visibles pendant 6 mois !

D’une extrême fragilité, ces pièces délicates sont d’ordinaire conservées en réserve, à l’abri de la lumière et des vibrations causées par les transports : elles ne sont ainsi que rarement montrées et n’ont jamais été prêtées ! Dès l’introduction, nous apprenons qu’après un âge d’or atteint au XVIIIe siècle, le pastel semble être tombé en désuétude au siècle suivant. Il est alors supplanté par la peinture à l’huile et, dès lors, surtout employé pour les esquisses et les dessins préparatoires. C’est donc un véritable renouveau qui s’opère dans le dernier quart du XIXe siècle : soutenue par la critique, la technique finit par s’imposer pour elle-même. C’est cet éveil d’un nouvel intérêt pour le médium, et son rôle incontournable dans l’émergence de nouveaux sujets et de formes esthétiques modernes, que l’exposition s’emploie à démontrer, à travers un intéressant parcours chrono-thématique. Nous y rencontrons des noms aussi célèbres que ceux de Berthe Morisot, Auguste Renoir, Paul Gauguin, Mary Cassatt ou encore Edgar Degas. Du beau monde !

Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842). « La Princesse Radziwill (1781-1808) ». Pastel et sanguine sur papier, vers 1800-1801. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

L’exposition se déploie en cinq temps : la scénographie matérialise bien le passage entre différents univers grâce aux couleurs des cloisons, qui changent à chaque étape de la visite. Le premier espace traite ainsi de la période précédent le renouveau du pastel, avec notamment le très beau portrait de la princesse Radziwill d’Elisabeth Vigée-Lebrun, qui accueille le spectateur dès son entrée. Sont ensuite traités successivement les thèmes du pastel naturaliste, impressionniste, mondain et symboliste.

Le pastel est présenté comme un matériau léger et extrêmement pratique, ne nécessitant ni préparation ni temps de séchage. Il s’agit donc d’un médium très prisé des naturalistes et impressionnistes souhaitant croquer la réalité sur le vif. Cette recherche est notamment visible dans le tableau Dans le parc, de Berthe Morisot. Comme on peut l’observer, l’artiste y saisit l’instant d’une promenade à grands traits rapides et spontanés. Ce faisant, elle abandonne la transcription fidèle du réel, au profit du rendu de ses vibrations lumineuses et mouvantes.

Berthe Morisot (1841-1895). « Dans le parc ». Pastel, vers 1874. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais

Passés maîtres dans leur art, les pastellistes excellent dans le rendu des chairs et des étoffes et sont donc sollicités pour des commandes de portraits bourgeois. Des artistes comme Pierre Carrier-Belleuse exécutent même d’audacieuses compositions, comme le nu de Sur le Sable de la dune, dont le modelé rivalise aisément avec celui que l’on pourrait contempler dans une peinture à l’huile !

Pierre Carrier-Belleuse (1851-1932). « Sur le sable de la dune ». Pastel sur toile, 1896. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

Le pastel a cependant une particularité, qui a très bien été explorée et développée par les artistes symbolistes. Le bâton dépose sur la toile une fine couche de poudre pouvant  être estompée pour créer des effets de « sfumato » vaporeux. Cette aura mystérieuse peut, dans certaines compositions, traduire le trouble engendré par la vision d’une figure féminine à la fois attirante et repoussante. La « femme fatale », thématique récurrente chez les symbolistes, est parfaitement illustrée dans l’exposition par le tableau Sur Champs d’or de Charles-Lucien Léandre. La muse, à l’expression malicieuse, apparaît dans une étrange pénombre malgré la luminosité d’un arrière-plan doré surréel. Ses contours sont diffus, comme dans un rêve ou dans une réalité altérée par la prise de substances psychotropes.

Charles-Lucien Léandre (1862-1930). « Sur champ d’or : Madame Lemoine, soeur de l’artiste », 1897. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

Un point très intéressant réside dans la mise en relation du travail de ces hommes et de ces femmes pastellistes avec celui de l’artiste contemporain Irving Petlin. Un espace, au centre de l’exposition, est dédié à l’accrochage de deux de ses pastels et à la diffusion de la vidéo de l’une de ses interviews. Une application, en version française ou anglaise, téléchargeable pour peu que l’on dispose d’un smartphone, est également disponible pour les plus curieux. En plus d’informations complémentaires sur certaines œuvres, elle permet d’accéder à deux autres vidéos sensibilisant le public au travail de la commissaire et des restaurateurs.

Odilon Redon (1840-1916). « Vieil ange ». Pastel et fusain sur papier beige collé sur papier, 1892-1895. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

L’exposition, dont le discours est d’un abord très accessible, permet donc de découvrir des œuvres à l’esthétique recherchée, d’une virtuosité parfois impressionnante. Rarement visibles, leurs techniques et thématiques sont de plus très variées. Franchement, foncez-y ! Il faut cependant essayer d’y aller en évitant les périodes de fréquentation élevée car les cloisons forment des espaces assez réduits, où la circulation, et surtout la contemplation des œuvres, sont rendues difficiles lorsqu’il y a trop de monde. A la sortie de l’exposition, assez brève, il est possible de poursuivre sa visite avec un second accrochage, de plus grande envergure : celui des œuvres d’Anders Zorn, artiste suédois qui n’a pas ou peu employé le pastel au cours de sa carrière mais a expérimenté d’autres médiums. Ce sont deux expositions à taille humaine, qui permettent en plus d’apprécier le magnifique écrin que constitue le Petit Palais. Si ensuite vous avez mal aux jambes, vous pouvez tout à fait revenir plus tard afin de découvrir le reste des collections permanentes : celles-ci sont en accès libre et gratuit pour tous tout au long de l’année !


L’Art du Pastel, de Degas à Redon – Petit Palais

Jusqu’au 8 avril 2018

Plein tarif : 10 euros ; Tarif réduit : 8 euros

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Christian Dior, couturier du rêve /christian-dior-couturier-du-reve /christian-dior-couturier-du-reve#respond Sun, 24 Sep 2017 08:46:36 +0000 /?p=2666 C’est à l’occasion du soixante dixième anniversaires de la maison Dior, dont le premier défilé paru en 1947, que le musée des Arts Décoratifs choisit de représenter une exposition retraçant l’évolution de celle-ci. L’influence du fondateur, Christian Dior, est très importante et continua de perdurer à travers les années et malgré les changements de directeur. Cette […]

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C’est à l’occasion du soixante dixième anniversaires de la maison Dior, dont le premier défilé paru en 1947, que le musée des Arts Décoratifs choisit de représenter une exposition retraçant l’évolution de celle-ci. L’influence du fondateur, Christian Dior, est très importante et continua de perdurer à travers les années et malgré les changements de directeur.

Mannequin portant un modèle Dior ‘New Look’ lors du défilé de mode Christian Dior à Paris, en France, circa 1950.

Cette exposition nous amène à découvrir un univers haut en couleurs qui nous transporte loin de nos vies de tous les jours. Entre simplicité et démesure, les créations représentées nous offrent une nouvelle vision de la femme, à la fois élégante et moderne à la sortie de la deuxième guerre mondiale.

Nous débutons l’exposition avec une présentation de la vie de Christian Dior. Né en 1905 dans une famille d’industriels, rien ne semble prédire le jeune homme à s’orienter vers la mode. Pourtant, une chiromancienne lui dira : «  Les femmes vous seront bénéfiques, et c’est par elles que vous réussirez ». Prophétie qui se réalise bien des années plus tard. Lorsqu’après avoir été galeriste, notre artiste découvre la couture et donne à Paris ses lettres de noblesse. Il en fait alors, la capitale de la mode, à la sortie de la Deuxième Guerre Mondiale.

Un détail retient toute l’attention de Christian Dior et viendra ponctuer toutes ses créations : le parfum. Une robe sans parfum étant, selon lui, inachevée. Il se lance alors, dès 1947, dans la création d’une seconde société qui se concentrera sur les divers fragrances. La première, Miss Dior, sortira à l’occasion du lancement de la collection New Look. Ce dernier étant le premier défilé de la Maison qui plaça Dior sur le devant de la scène.

Miss Dior, parfum

Toute une partie de l’exposition est consacrée à la présentation des différents parfums. Ils nous montre toute l’importance qu’ils revêtent pour Christian Dior. Bien plus qu’un simple détail, ils viennent sublimer les tenues créées. De plus, ils témoignent d’un attachement tout particulier du fondateur pour les senteurs de son enfance. Elles qui influenceront la création de ses fragrances tout au long de sa vie. 

Mais l’histoire de la Maison Dior n’est pas uniquement celle de celui qui la créa. Plusieurs directeurs, parmi les plus grands de la haute couture, prirent le relais à sa suite. C’est alors les noms d’Yves Saint-Laurent, de Marc Bohan, ou encore de John Galliano qui se succèdent. Autant de directeurs qui surent, chacun à leur manière, ajouter leur touche personnelle à l’édifice institué par monsieur Dior.

 

 

Dior

Le thème du voyage et de l’exotisme demeure l’un des plus prisés par les créateurs, qui oscillent entre démesure et sobriété. Certaines tenues pouvant tout aussi bien frôler l’exotisme comme la plus simple banalité. L’ajout d’un détail, d’un accessoire, suffit bien souvent à faire la différence. Il faut se démarquer sans pour autant tomber dans l’excentricité. Un art que contrôlait déjà Christian Dior à la perfection.

Un pari réussi pour le Musée des Arts décoratifs qui nous plonge dans le monde à la fois sensationnel et codifié de la haute couture.


Musée des Arts Décoratifs 

Jusqu’au 7 janvier 2018

 

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Dans l’atelier de Sabatina Leccia /dans-latelier-de-sabatina-leccia /dans-latelier-de-sabatina-leccia#respond Tue, 19 Sep 2017 11:28:38 +0000 /?p=2611 Le site des Grands Voisins, dans le 14ème arrondissement de Paris, regorge d’espaces où les artistes viennent travailler, exposer, se rencontrer. L’artiste-brodeuse Sabatina Leccia a accepté de nous ouvrir les portes de son atelier pour nous faire découvrir son univers. Hey Listen : Qu’est-ce qui vous a amené à employer cette technique artistique qui mêle la […]

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Le site des Grands Voisins, dans le 14ème arrondissement de Paris, regorge d’espaces où les artistes viennent travailler, exposer, se rencontrer. L’artiste-brodeuse Sabatina Leccia a accepté de nous ouvrir les portes de son atelier pour nous faire découvrir son univers.

Hey Listen : Qu’est-ce qui vous a amené à employer cette technique artistique qui mêle la peinture et la broderie ?

Sabatina Leccia : Un jour j’étais dans la rue, ou peut-être dans les transports en commun. Dans mon sac, il y avait de l’encre et un tissus et, par accident, l’encre s’est renversée sur mon tissus. Quand je suis rentrée chez moi et que j’ai découvert ça, j’étais un peu dépitée. Mais à l’époque, je brodais déjà et, très vite, je me suis dit « finalement, elle est pas mal cette tâche, je pourrais l’exploiter et broder dessus »… Tout est parti de là.

HL : Qu’est-ce qui vous plaît dans l’association de ces deux techniques ?

SL : Ce qui m’intéresse, c’est le côté imprévu. On ne peut jamais contrôler exactement la couleur, la forme que va prendre la tâche. Dans la broderie aussi, il y a quelque chose d’imprévu. Je ne fais jamais de dessin au préalable, je me laisse guider par mes intuitions. C’est ce qui donne des tableaux organiques

HL : Comment êtes-vous arrivée aux Grands Voisins ?

SL : C’était un coup de chance ! Je cherchais un atelier et Aude, avec qui je partage cet espace, m’a dit de postuler aux Grands Voisins. Mais quand j’ai envoyé mon dossier, c’était trop tard. Finalement Aude a eu un atelier plus grand que prévu et elle m’a proposé de le partager avec elle.

On est arrivées en avril 2016 mais il a fallu tout réaménager, puisqu’ici c’est un ancien laboratoire pour les souris. On a dû refaire la peinture, monter les étagères (qui sont en fait des bancs récupérés), bref tout installer.

HL : C’est important pour vous, d’être dans un environnement agréable?

SL : Oui, moi je trouve ça plus encore chouette qu’une résidence d’artistes. Parce qu’il n’y a pas que des artistes ici, il y a aussi des gens qui font de l’agriculture urbaine, des associations, des hébergés, tous ces gens d’univers différents qui se rencontrent. Ça nous amène nous-même vers d’autres horizons.

HL : Concrètement, qu’est-ce que vous faites dans votre atelier ?

SL : On fait tout. De l’administratif, beaucoup d’administratif… Aussi de la création, des recherches d’idées, on échange avec Aude ou avec d’autres personnes, on peut s’allier avec d’autres résidents pour monter des projets…

Comme l’ambiance est détendue et sereine, c’est un lieu de travail mais pas que. Ça peut être aussi un lieu de détente.

HL : Quelles sont pour vous les conditions idéales pour travailler ?

SL : J’aime bien les fins de journée, c’est plus calme puisque j’ai fini toutes les tâches administratives et que ça se calme sur le site des Grands Voisins. Il y a moins de bruit dans le couloir, la lumière est plus douce, il fait moins chaud.

HL : Avez-vous besoin de rituels pour vous mettre à travailler ?

SL : Non, généralement j’arrive et je m’y mets sans problème. Je suis quelqu’un d’assez disciplinée. Même quand je travaillais seule chez moi, une heure après être levée, je commençais à travailler. Ça m’angoisse de rester sans rien faire.

HL : Est-ce que vous travaillez en musique ou en silence ?

SL : J’aime bien travailler en musique, j’aime aussi le silence. Quand j’avais des grandes commandes de tableaux, j’écoutais beaucoup d’émissions. C’était génial parce que ça m’a appris pleins de choses que j’ai ensuite eu envie d’introduire dans mon travail.

HL : A quoi ressemble l’atelier idéal ?

SL : Plus de place, c’est toujours bien ! Je trouve ça agréable d’avoir des endroits qui ne sont pas saturés, pour pouvoir respirer et avoir l’esprit clair.

Parfois je me dis que l’atelier idéal est peut-être au milieu de la nature, dans la forêt. J’ai fait une résidence en Estonie et j’ai adoré. C’est un pays très calme, très en lien avec la nature. C’est agréable de créer dans de nouvelles conditions, je pense qu’on fait des choses différentes.

HL : L’agitation de Paris ne vous inspire pas particulièrement ?

SL : Je fais le contre-pieds, puisque quand je brode, c’est un moment très méditatif. Je pense que j’ai développé ça pour contraster avec l’extérieur. Peut-être que dans la forêt je ferais quelque chose de plus agité.

HL : Ça vous apaise de travailler de cette manière ?

SL : Oui, ça m’est arrivé de faire des journées entières de broderie. C’est dur de sortir et de voir les voitures, les gens excités, parce qu’on se déconnecte de la réalité.

Comme mon travail est très répétitif, ça me libère l’esprit. On est dans une action simple et calme donc ça fait venir pleins de choses, les idées, l’imagination…

C’est drôle, je donne des ateliers pour adultes le soir et, à la fin du cours, ils me disent « Je suis content, je vais bien dormir ce soir ». Ça les apaise.

HL : Quand les idées vous viennent-elles ?

SL : Ça peut être n’importe quand. J’ai un carnet où je les note. J’aime bien avoir une trace.

Trouver des idées, c’est un travail constant mais pas fatiguant, c’est quelque chose qui t’habite. Ça fait partie de ton être donc tu y penses tout le temps…


Le site officiel de l’artiste : http://www.sabatinaleccia.com/

Pour vous initier à la broderie artistique avec Sabatina Leccia :

Chez Flanelle, atelier de styliste
24, rue de Montreuil – 11e
07 64 09 86 97
www.atelier-de-styliste.com

 

Le Poisson Bleu

19 Rue Ternaux, 75011 Paris

06 16 98 10 64

https://www.lepoissonbleu.info/

 

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Diorama au Palais de Tokyo, la nouvelle exposition de Laurent Le Bon /diorama-au-palais-de-tokyo /diorama-au-palais-de-tokyo#respond Mon, 14 Aug 2017 19:23:58 +0000 /?p=2643 Après son exposition sur les Jardins au Grand Palais, Laurent Le Bon nous propose une nouvelle exposition toute aussi poétique au Palais de Tokyo : Diorama ! Cette saison le Palais de Tokyo ne s’intéresse pas à un artiste ou à une thématique explorée par ces derniers, mais à un dispositif d’exposition : le diorama. […]

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Après son exposition sur les Jardins au Grand Palais, Laurent Le Bon nous propose une nouvelle exposition toute aussi poétique au Palais de Tokyo : Diorama !

Cette saison le Palais de Tokyo ne s’intéresse pas à un artiste ou à une thématique explorée par ces derniers, mais à un dispositif d’exposition : le diorama. Ce système de présentation très utilisé dans les musées américains fait apparaître le sujet dans son environnement recomposé afin de donner une illusion de réel au visiteur. Le diorama est né au début du XIXe siècle avec les tableaux de jeux de lumière et de profondeur réalisés par Louis Daguerre (et oui Monsieur n’a pas fait qu’inventer la photographie!). C’est à partir de ce dispositif illusionniste découlant de la mise en espace que va se développer le diorama tel que nous le connaissons aujourd’hui dans les musées d’histoire naturelle. Cet été au Palais de Tokyo ce n’est donc plus la muséologie qui expose les artistes, mais les artistes qui s’inspirent de ce dispositif muséographique pour créer des tableaux en reliefs.

Mathieu Mercier, Sans titre (couple d’axolotls), 2012
Showcase, neon light, earth, aquarium, water, couple of axolotls, 219,5 x 180 x 330 cm
Exhibition view of Sublimations, Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac
Photo: André Morin / le Crédac
Courtesy of the artist and le Crédac.
© ADAGP, Paris 2017

Vue de l’exposition « Dioramas », Palais de Tokyo (14.06 – 10.09.2017)
Tatiana Trouvé, Sans titre, 2017
Matériaux divers
Courtesy de l’artiste
Photo : Aurélien Mole

C’est notamment ce que propose Tatiana Trouvé – lauréate du prix Marcel Duchamp 2007- avec son installation visible depuis les différents espaces de l’exposition. Cette œuvre, est constituée d’une multitude de points de vue sur un même espace impénétrable et définit par des vitrines sommairement posées. Il s’agit bien de l’espace de l’oeuvre qui est matérialisé avec ce diorama, l’oeuvre, jamais visible dans son ensemble et dans laquelle le mystère de réel subsiste.

Une fois de plus, le Palais de Tokyo nous propose donc une expérience immersive cassant les tabous des musées des Beaux-Arts, pour s’inspirer des sciences naturelles. Cette exposition nous fait naturellement retomber en enfance, bien loin des clichés souvent attribués à l’art contemporain. On peut donc s’émerveiller devant une lionne suspendue au moment où elle attrape sa proie, une reproduction miniature d’un atelier d’artiste du XIXe, ou encore – pour les étudiants en muséologie – devant les vitrines reconstituées du musée des Arts et Traditions Populaires de Georges-Henri Rivière.

Vue de l’exposition « Dioramas », Palais de Tokyo (14.06 – 10.09.2017)
Erich Böttcher, Mouflon de Dall, Denali National Park, 1997
Matériaux divers, 400 x 190 x 238 cm. Brême, Ubersee-Museum Bremen
Photo : Aurélien Mole

Une exposition qui se situe au croisement de diverses disciplines et qui se démarque pour son audace et son humour. Et pour ceux qui hésiteraient encore, je vous laisse avec cette citation de Baudelaire qui achèvera de vous convaincre, que vous soyez féru d’art contemporain ou non.
« Je désire être ramené vers les dioramas dont la magie brutale et énorme sait m’imposer une utile illusion ».

Légende de la photo de couverture :

Dulce Pinzón, Nostalgia, Historias del Paraíso série, 2011
Impression, 76,2 x 101,6 cm
Courtesy K-Echo Photo, Galéria Patricia Conde (Mexico) et H Gallery (Paris)


Palais de Tokyo

Jusqu’au 10 septembre 2017

 

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Jung, l’art et la psyché /jung-lart-et-la-psyche /jung-lart-et-la-psyche#respond Tue, 01 Aug 2017 10:47:25 +0000 /?p=2596 Si vous avez bien lu le précédent article de la série « L’art comme thérapie », vous avez compris à quel point le travail de Freud a été déterminant dans la construction de l’art-thérapie. Mais ce cher Sigmund est loin d’être le seul à s’être intéressé à la création artistique. Comme promis, c’est à un […]

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Si vous avez bien lu le précédent article de la série « L’art comme thérapie », vous avez compris à quel point le travail de Freud a été déterminant dans la construction de l’art-thérapie.

Mais ce cher Sigmund est loin d’être le seul à s’être intéressé à la création artistique. Comme promis, c’est à un contemporain de Freud que nous nous intéressons aujourd’hui. Il s’appelle Carl Gustav Jung et il a été psychiatre en clinique avant de créer sa propre discipline : la psychologie analytique. Nous n’allons pas nous attarder sur sa relation conflictuelle avec Sigmund Freud, mais il faut savoir que leurs théories et méthodes divergent sur plusieurs points, notamment à propos de l’origine des névroses et de l’organisation de l’inconscient.

La psychologie analytique développée par Jung repose sur l’idée que nos actes ne sont pas guidés uniquement par un inconscient personnel, comme le soutient Freud, mais aussi par un inconscient collectif, commun aux individus d’une même société. Dans l’inconscient collectif, on trouverait des figures (appelées « archétypes ») comme le Soleil, l’Enfant-divin, l’Ombre ou encore l’Arbre de vie. Ces figures varient d’un mythe, d’une religion ou d’une civilisation à une autre, mais ils sont toujours porteurs d’une même symbolique. L’Ombre, par exemple, correspond à la partie refoulée de nous-même, à ce que nous cachons par honte ou par peur du jugement. C’est par exemple le Mr Hyde dans l’œuvre de Stevenson, c’est aussi le cygne noir du Lac des cygnes. Mais attention, les archétypes ne se manifestent pas de la même manière chez tous les membres d’une société.
Chaque individu « assimilera » un archétype à sa manière en fonction de son inconscient personnel, c’est-à- dire en fonction de ce qu’il a vécu. Pour Jung, il ne faut pas chercher à éradiquer la névrose, mais plutôt à trouver un équilibre entre les contenus qui semblent s’opposer dans sa psyché. « Ce que le malade doit apprendre, ce n’est pas comment on se débarrasse d’une névrose mais comment on l’assume et la supporte. » Il faut donc aider le patient à prendre conscience de sa personnalité propre. Pour cela, il est nécessaire d’enclencher un processus d’« individuation », qui consiste à distinguer son individualité de la collectivité. 

Puisque l’exploration de soi-même est largement facilitée par la création artistique, l’art-thérapeute qui s’inscrit dans une démarche jungienne va accompagner le patient dans la production d’images (peinture, dessin, objet). Il va ensuite tenter d’effectuer une analyse de la création en suggérant des correspondances entre ce qui est représenté par le patient et les archétypes théorisés par Jung. Au lieu, comme Freud, d’interpréter les symboles en s’appuyant uniquement sur le vécu de la personne et son approche de la sexualité, les art-thérapeutes jungiens vont enrichir l’analyse en tenant compte des archétypes, qui relèvent de l’inconscient collectif. Cette méthode est donc moins arbitraire et plus riche de sens.

 
Dans ce cadre, la création vise à représenter les différentes facettes de la personnalité du patient en les distinguant de l’inconscient collectif. Il va en effectuer une synthèse visuelle dans le but de les accepter. Cet exercice de synthèse s’effectue en quatre étapes qui abordent les quatre archétypes principaux : la persona (l’image que nous renvoyons aux autres), l’ombre (les aspects cachés/refoulés de notre personnalité), l’anima-animus (notre rapport au sexe opposé) et le Soi (la totalité de notre être).
Chaque séance permettra l’exploration d’une figure à travers l’image et pourra être suivie ou précédée d’un dialogue. Le rôle du thérapeute va être à la fois de mettre à l’aise le patient et d’évaluer le contenu de sa production plastique. Il va notamment être attentif aux couleurs utilisées et à leur répartition dans l’espace : est-ce que ce sont les couleurs sombres ou les couleurs claires qui prennent le dessus ? Quelles peuvent être la symbolique de ces couleurs ? Il va aussi s’intéresser à l’organisation des figures sur le support : sont-elles disposées de manière harmonieuse, désordonnée ou selon un schéma binaire ? Un élément s’impose-t-il face à l’autre ? En travaillant à la fois sur les archétypes et sur les aspects uniques et individuels de l’image, il devient plus évident de construire une vision d’ensemble de la personnalité du patient. C’est à partir de ces supports visuels que va pouvoir s’opérer un changement concret sa vision de lui-même et sa manière d’appréhender les choses.
Il est difficile de se rendre compte de ce à quoi ressemble une séance d’art-thérapie d’approche jungienne, mais vous pouvez vous initier vous-même en étudiant les archétypes et en réfléchissant au sens qu’ils ont pour vous. Encore mieux, vous pouvez prendre vos crayons ou vos pinceaux et faire votre propre synthèse visuelle…

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